La déclaration d'AlUla a tourné la page des tensions dans le Golfe

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Publié le Jeudi 09 décembre 2021

La déclaration d'AlUla a tourné la page des tensions dans le Golfe

La déclaration d'AlUla a tourné la page des tensions dans le Golfe
  • Aujourd'hui, près d'un an après la signature de la déclaration d'AlUla, nous pouvons enfin affirmer qu'elle a tenu bon
  • Des jours meilleurs attendent toute la région, avec des efforts de réconciliation allant au-delà de l'Arabie saoudite, des EAU, du Qatar et de Bahreïn

En janvier, le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a invité les dirigeants des cinq autres États membres du Conseil de coopération du Golfe à une réunion à AlUla, où il a présenté son projet de réconciliation commune. La déclaration d'AlUla a été signée en présence de représentants de l'Égypte, des États-Unis, de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique.

À l'époque, même les plus optimistes se contentaient de dire: «Surveillons la situation. Nous avons six mois, le cas échéant, pour mettre l'accord à l'épreuve. Les différences sont multiples et entremêlées, aux niveaux individuel et collectif, et les projets de réconciliation ne peuvent se concrétiser sans concessions difficiles...»

Aujourd'hui, près d'un an après la signature de la déclaration d'AlUla, nous pouvons enfin affirmer qu'elle a tenu bon. Les projets de réconciliation ont lentement avancé et la plupart des questions litigieuses, du juridique au politique, ont été réglées ou abordées. Il faut dire aussi que tous les gouvernements ont fait des concessions. Les projets de réconciliation du Golfe se sont accompagnés d'accords surprenants et prometteurs, notamment ceux entre l'Égypte et la Turquie qui ont eu lieu après plusieurs réunions approfondies.

Le prince héritier a entamé lundi sa tournée des cinq autres capitales du CCG en débarquant à Mascate. Son parcours développera ce qu'il a commencé à AlUla en janvier. Sa visite a été précédée d'annonces de nouvelles avancées à la suite de l'accord de réconciliation: la Turquie a exprimé son désir d'élargir le cercle du projet de réconciliation avec l'Arabie saoudite sous les auspices de l'émir du Qatar; la visite du prince héritier d'Abu Dhabi, Cheikh Mohammed ben Zayed al-Nahyane, à Ankara il y a deux semaines; la visite cette semaine du conseiller à la sécurité nationale des Émirats arabes unis (EAU) à Téhéran, où il a rencontré le président iranien; et les rencontres saoudo-iraniennes qui ont eu lieu ces derniers mois dans la capitale irakienne, Bagdad.

Ainsi, l'année s'achève avec l'annonce du succès de la déclaration d'AlUla, qui a tourné la page sur tous les points de désaccord dans le Golfe et dont les effets positifs se répercutent sur tous les enjeux régionaux, apaisant la plupart des tensions.

En réalité, l'augmentation du niveau et du nombre des tensions dans la région ne provient pas de nulle part; elle est plutôt la conséquence indirecte des révolutions de 2011 qui ont provoqué des écroulements simultanés dans les pays de la région et créé des vides et des crises dépassant de loin les capacités de gestion de ces pays. Ceux-ci se sont ensuite transformés en échecs et en guerres en Libye, en Syrie et au Yémen. Les crises continuent de menacer la stabilité de l'Irak, du Soudan, de la Tunisie et du Liban.

«Le projet de réconciliation lancé par le prince héritier, Mohammed ben Salmane, en janvier a eu des effets positifs sur toutes les questions régionales.»

Abdulrahman al-Rashed

Rappelons-nous que tous les pays ont traversé dix années difficiles, durant lesquelles chacun d’eux a cherché à former des alliances pour sécuriser ses frontières, afin d'empêcher le chaos de s'étendre, tout en secourant les pays en crise ou au bord de l'abîme. Des désaccords, tant dans le Golfe que dans les cercles régionaux plus étendus, sont nés de ces tensions collectives.

Les efforts du Golfe cette année ont mis fin aux divergences, le projet de réconciliation reposant sur de nombreux détails et concessions de toutes les parties, et ses résultats s'étendant à l'Égypte et à la Turquie. On ne peut pas dire qu'il incluait également l'Iran, car les divergences avec Téhéran sont plus complexes et délicates, couvrant des questions régionales telles que le Yémen, l'Irak, la Syrie et le Liban. Réduire les tensions avec l'Iran, si l’on ne peut de manière adéquate se réconcilier avec ce pays, reste un moyen utile de parvenir à une pacification régionale collective.

Plus important encore, ces multiples projets de réconciliation ont été testés sur le terrain et, onze mois après la signature de la déclaration d'AlUla, ils promettent du succès. Des jours meilleurs attendent toute la région, avec des efforts de réconciliation allant au-delà de l'Arabie saoudite, des EAU, du Qatar et de Bahreïn.

Ces multiples projets de réconciliation construiront un vaste écran protecteur, empêchant la propagation de tensions dangereuses, des bords de notre région vers son centre. Les conflits aux extrémités de la région, entre l'Iran et l'Azerbaïdjan, et avant cela entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie, ainsi qu’entre la Turquie et la Grèce, et récemment la guerre civile en Éthiopie, sont tous des différends distincts qui peuvent alimenter l'axe de la discorde arabe et nous menacer.

 

Abdulrahman al-Rashed est un journaliste et intellectuel saoudien. Il est l'ancien directeur général de la chaîne d'information Al-Arabiya et l'ancien rédacteur en chef d'Asharq al-Awsat.

     

Clause de non-responsabilité: Les opinions exprimées dans cette rubrique sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com