"24h pour le Liban" à l'iMA: Pour un dépassement du communautarisme

Manifestation en protestation contre le manque de progrès de l’enquête sur l’explosion au port de Beyrouth, à Baabda (Liban) le 12 septembre (Photo, Anwar AMRO/AFP).
Manifestation en protestation contre le manque de progrès de l’enquête sur l’explosion au port de Beyrouth, à Baabda (Liban) le 12 septembre (Photo, Anwar AMRO/AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 27 septembre 2020

"24h pour le Liban" à l'iMA: Pour un dépassement du communautarisme

  • Des experts aux compétences diverses se sont succédé en duplex, entre Paris et Beyrouth,pour exprimer leur souffrance vis-à-vis d’un pays « écrabouillé » par les désastres successifs
  • C’est « la citoyenneté » qui peut « conduire l’État à s’affranchir de son système communautaire » pour Dominique Eddé, écrivaine

Le coup d’envoi par l’Institut du Monde Arabe à Paris de « 24h pour le Liban », une série d’évènements organisés en soutien à Beyrouth après l’explosion, a été donné jeudi 24 septembre . Plusieurs intervenants, aux compétences diverses s’y sont donné rendez-vous pour discuter d’un sujet précis : la notion de citoyenneté dans le Liban d’aujourd’hui.

La conférence s’est déroulée en duplex, entre Paris (à l’IMA) et Beyrouth (à l’Institut Français), les invités étant reliés par visio-conférence. Se sont exprimés Dominique Eddé (écrivaine), Karim Emile Bitar (universitaire aux multiples casquettes, spécialiste du Moyen-Orient), Sibylle Rizk (directrice des politiques publiques de l’ONG Kulluna Irada), Jean-Paul Chagnollaud (président de l’iReMMO) et Nadim Houry (directeur du think tank Arab Reform Initiative).

Ces experts se sont succédé pour exprimer leur souffrance vis-à-vis d’un pays « écrabouillé » par les désastres successifs, mais aussi leurs espoirs de voir émerger des solutions nouvelles, par le biais de la jeunesse libanaise.

Le ton était donné avant même le début de la conférence : une projection de clichés de la photographe libanaise Myriam Boulos retraçant les violences auxquelles Beyrouth fait face depuis un an :  la révolution d’octobre 2019, les manifestations de janvier 2020 et, bien sûr, les dégâts causés par la terrible explosion du 7 août 2020.

Tant de plaies terriblement récentes rendant plus visibles les divisions qui accablent le pays sur fond de  faillite de l’Etat. C’est ce que les intervenants se sont attaché à analyser.

« Ce dont je rêve, c’est que les Libanais brûlent leur carte d’identité »

Interrogée par Arab News en Français, Sibylle Rizk dresse un constat accablant du communautarisme qui règne dans le pays.

« Le système politique en place au Liban est un système communautaire en vertu duquel un petit nombre de chefs sectaires dirigent le pays par consensus ou par des droits de véto réciproques qui conduisent - la plupart du temps ces dernières années - à la paralysie et l’inertie. Aucun de ces chefs ne rend des comptes à l’ensemble des Libanais, mais assoit son pouvoir sur sa capacité à assurer des “services” aux membres de sa communauté auxquels il est lié par des relations d’allégeances proches des systèmes claniques. Il n’y a donc pas à proprement parler de relation entre des élus ou des pouvoirs étatiques et des citoyens à qui ils rendent des comptes. »

Même son de cloche pour Nadim Houry qui dénonce « des lois » qui ne sont « pas les mêmes pour tout le monde », conduisant ainsi à « diviser le pays ». C’est aller jusqu’à avouer son « rêve », que « les Libanais brûlent leur carte d’identité où est mentionnée leur confession ».

Selon Dominique Chagnollaud, « le repli sur soi, sur sa famille, sur sa communauté » sont sommes toute assez logiques « quand on ne peut pas compter sur l’État. C’est un cercle vicieux ». Dominique Eddé renchérit en soulignant la nécessité de séparer l’État du confessionnalisme. C’est « la citoyenneté » qui peut « conduire l’État à s’affranchir de son système communautaire ».

Les influences extérieures, facteur d’affaiblissement d’un État morcelé

« Tout au long de l’histoire du Liban, les guerres libanaises et les crises successives s’expliquent par la projection de conflits externes sur des situations internes qui étaient propices non seulement à les accepter mais aussi à les aiguiser, à les fomenter, à en créer de nouveaux. C’est ainsi que le Liban est devenu à travers l’Histoire une caisse de résonance de conflits extérieurs » explique Karim Émile Bitar, pour Arab News en Français. D’après lui, « ne possédant pas de valeurs citoyennes et d’un État suffisamment fort, il ne peut s’en prémunir ».

Pour Sibylle Rizk, « il n’y a pas de citoyens au Liban. Cela leur est confisqué. Ils sont dans un État failli, qui n’existe pas. Le système en place au Liban est archaïque, nous ne sommes pas sortis du système politique hérité de l’Empire Ottoman. Le pays n’a de République que le nom, c’est une façade. ».

Un passé à affronter pour que s’écrive le futur

A l’issue de la guerre civile (1975-1990) qui a déchiré le pays, les chefs de milice arrivés au pouvoir ont fait inscrire dans la Constitution une loi amnistiant tout crime commis durant cette période. Ce que Bitar qualifie de « loi scélérate d’amnistie ». Il est appuyé par Houry pour qui cette « amnistie-amnésie » va « à l’encontre de la justice ». « Mettre fin à l’impunité est une pierre angulaire de la construction citoyenne ». « Rendez-vous compte, martèle-il : les livres d’histoire s’arrêtent à 1975 ! ».

C’est là un enjeu crucial, car « la question de la mémoire est indissociable de la construction de la citoyenneté ».

Malgré ces constats alarmants d’une société libanaise en quête d’identité fédératrice, les intervenants s’accordent sur quelques motifs d’espoir. « La révolution d’octobre a fait quelques brèches » nous dit Houry. Durant cette période, explique Bitar, « les gens manifestaient en tant que citoyens, et non en tant que membres d’une communauté ».

Et d’appuyer son propos : on observe « l'émergence de partis citoyens en quête de changement qui peinent toutefois à se fédérer à ce stade » - cela même si l’explosion a quelque peu changé la donne. Il y a également des « liens qui se forment entre les exaspérés de ce système et la diaspora » pouvant former un « levier de changement politique ».

« Seule une union sacrée des opposants pourra permettre l’émergence d’une nouvelle classe politique ». Et avec elle, peut-être, l’espoir de voir les Libanais revendiquer ce qu’ils méritent d’être : des citoyens.


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Short Url
  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Short Url
  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Short Url
  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.