Le Parlement jordanien renvoie son accord d’énergie avec Israël à la commission de l’agriculture

Le Premier ministre Bishr al-Khasawneh (à gauche) répondant aux propos des députés lors de la session spéciale de mercredi sur l’accord d’échange énergie solaire contre eau que la Jordanie a conclu avec Israël et les Émirats arabes unis. (Photo fournie)
Le Premier ministre Bishr al-Khasawneh (à gauche) répondant aux propos des députés lors de la session spéciale de mercredi sur l’accord d’échange énergie solaire contre eau que la Jordanie a conclu avec Israël et les Émirats arabes unis. (Photo fournie)
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Publié le Jeudi 16 décembre 2021

Le Parlement jordanien renvoie son accord d’énergie avec Israël à la commission de l’agriculture

  • Sur les 130 députés, 91 au total sont montés à la tribune lors de la séance extraordinaire de mercredi consacrée à l’accord
  • Certains députés ont rejeté les critiques de leurs collègues à l’égard du gouvernement, affirmant que la Jordanie, pauvre en ressources, n’avait d’autre choix que de coopérer avec Israël pour résoudre ses problèmes d’eau

AMMAN: La Chambre basse du Parlement jordanien a renvoyé mercredi l’accord sur l’échange énergie solaire contre eau conclu avec Israël à sa commission de l’agriculture pour qu’elle consulte des experts avant de donner son avis définitif sur cet accord controversé.

Sur les 130 députés, 91 au total sont montés à la tribune lors de la séance extraordinaire de mercredi consacrée à l’accord, la majorité d’entre eux attaquant le gouvernement pour avoir conclu l’accord avec Israël et suggérant d’autres solutions pour résoudre les problèmes d’eau du pays.

Le 22 novembre, la Jordanie a conclu une déclaration d’intention avec Israël et les Émirats arabes unis afin d’étudier la faisabilité d’un projet conjoint d’échange énergie solaire contre eau. Cette déclaration a été signée à l’Expo 2020 de Dubaï par le ministre jordanien de l’Eau et de l’Irrigation, Mohammed al-Najjar, la ministre émiratie du Changement climatique et de l’Environnement, Mariam al-Mheiri, et la ministre israélienne de l’Énergie, Karine Elharrar.

S’adressant à la Chambre, le Premier ministre Bishr al-Khasawneh a réaffirmé que la déclaration d’intention «n’est pas un accord mais donne seulement le feu vert à la faisabilité de deux projets liés».

Mettant en garde contre des niveaux «sans précédent» de pénurie d’eau en Jordanie, M. Al-Khasawneh a précisé que la Jordanie, pauvre en ressources, recevrait 200 millions de mètres cubes d’eau par an dans le cadre du projet proposé.

Il a ajouté que les ressources annuelles en eau de la Jordanie étaient d’environ 90 mètres cubes par personne, ce qui est inférieur au seuil international de 500 mètres cubes par personne. La Jordanie est classée comme le deuxième pays le plus sec du monde.

«Si la situation de l’eau n’est pas réglée, la part d’eau par habitant en Jordanie atteindra 60 mètres cubes d’ici à 2040.»

Le député vétéran Saleh al-Armouti a critiqué le gouvernement pour avoir signé l’accord avec Israël, expliquant que le pays pourrait résoudre son dilemme de l’eau en mettant en œuvre une série de projets de collecte de l’eau et de dessalement.

Ce député au franc-parler, de tendance islamiste, a appelé à une motion de censure contre le gouvernement pour sa «trahison des constantes nationales, principalement en ce qui concerne la Palestine».

Rejetant toute forme de normalisation avec «l’ennemi sioniste», le député vétéran Khalil Attiyeh a également proposé des solutions alternatives aux problèmes d’eau de la Jordanie, notamment le creusement de plus de puits d’eau souterraine, le dessalement et des projets de traitement des eaux usées.

Le député Ahmed Qatawneh a appelé à la tenue d’un sondage national sur la question de l’échange énergie contre eau, affirmant que le projet prévu affecterait la souveraineté de la Jordanie sur l’eau et l’énergie.

En revanche, certains députés ont rejeté les critiques de leurs collègues à l’égard du gouvernement, affirmant que la Jordanie, pauvre en ressources, n’avait d’autre choix que de coopérer avec Israël pour résoudre ses problèmes d’eau.

Le député Hussein Harasis a souligné que la Jordanie aurait choisi d’autres alternatives à Israël si elles existaient, tandis que son collègue, le député Najeh Odwan, a estimé que le fait de traiter avec les juifs n’avait jamais été un problème, ajoutant que le prophète Mahomet lui-même l’avait fait.

Le président de la Chambre, Abdelkarim al-Dughmi, a demandé à la commission parlementaire de l’agriculture et de l’eau de rencontrer l’ancien ministre de l’Eau, Munther Haddadine, pour une séance de consultations.

M. Haddadine avait auparavant déclaré à la chaîne de télévision gouvernementale Al-Mamlaka que la Jordanie disposait de grandes réserves d’eau souterraine qui pourraient répondre à ses besoins pendant les 500 prochaines années. Il avait de même appelé à l’utilisation de technologies avancées pour creuser plus profondément afin d’atteindre l’eau.

Selon le site d’information américain Axios, un immense parc solaire dans le désert jordanien sera construit dans le cadre du projet et produira une énergie propre qui sera vendue à Israël en échange d’eau dessalée.

Selon Axios, le parc solaire serait construit par Masdar, une société d’énergie alternative appartenant au gouvernement des Émirats arabes unis.

Le plan prévoit que ce parc solaire soit opérationnel d’ici à 2026 et conçu pour produire 2% de l’énergie d’Israël d’ici à 2030, Israël payant 180 millions de dollars (1 dollar = 0,89 euro) par an.

 Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Iran: deux « terroristes  » tués dans une frappe de drone

Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
Téhéran, photo d'illustration. (AFP).
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  • La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche
  • Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone

TEHERAN: Les forces iraniennes ont tué jeudi soir deux "terroristes" dans une frappe de drone dans la région du Sistan-Baloutchistan (sud-est) qui abrite une minorité ethnique, a annoncé un média officiel.

"Une attaque de drone menée par des forces de sécurité contre une voiture transportant des terroristes à proximité de Zahedan a entraîné la mort de deux terroristes", a indiqué l'agence Irna, sans fournir des détails.

La province du Sistan-Baloutchistan, l'une des plus pauvres du pays, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche, qui adhère à l'islam sunnite plutôt qu'à la branche chiite prédominante en Iran.

Le groupe jihadiste Jaish al-Adl (Armée de la Justice en arabe), basé au Pakistan, avait revendiqué ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières dans cette zone. Formé en 2012, il est considéré comme une "organisation terroriste" par l'Iran, ainsi que par les Etats-Unis.

Le 9 avril, le groupe avait revendiqué une attaque contre un véhicule de la police, qui avait coûté la vie à cinq policiers.

Jaish al-Adl avait déjà revendiqué une double attaque le 4 avril contre une base des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, à Rask, et un poste de police à Chabahar, dans la même région. Seize membres des forces de l'ordre et 18 assaillants avaient été tués, selon un bilan des autorités.


Tensions Israël-Hezbollah, discussions pour une trêve à Gaza

Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
Des personnes se rassemblent sur le site d'une frappe israélienne sur un véhicule dans la région de la plaine d'Adloun, entre les villes de Sidon et Tyr, au sud du Liban, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué
  • De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière

JERUSALEM: L'armée israélienne et le Hezbollah libanais ont échangé des tirs de missiles dans la nuit de jeudi à vendredi alors qu'une délégation égyptienne est attendue en Israël, dans l'espoir de faire avancer les pourparlers pour une trêve et la libération d'otages à Gaza.

L'armée israélienne a fait état de "deux tirs de missiles anti-chars" ayant touché le nord d'Israël depuis le Liban dans la nuit et dit avoir ciblé les "sources de ces frappes" avec des tirs d'artillerie.

Des avions militaires ont frappé des "infrastructures" du Hezbollah dans le secteur de Kfarchouba, a précisé l'armée israélienne dans un bref communiqué.

De son côté, le Hezbollah libanais, mouvement soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, a revendiqué dans un communiqué des tirs ayant "touché" les forces israéliennes à la frontière.

L'armée israélienne avait annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, d'où le Hezbollah mène des attaques contre l'armée israélienne qui frappe, elle, des positions du mouvement chiite allié du Hamas palestinien.

Le Hamas et Israël sont engagés depuis plus de six mois dans une guerre dans la bande de Gaza, où l'armée israélienne se prépare à une opération terrestre à Rafah, "dernier" bastion du mouvement islamiste située dans le sud du territoire.

Détruire ou libérer 

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent, en cas d'offensive, un bain de sang dans cette ville du sud de la bande de Gaza frontalière avec l'Egypte, refuge pour près d'un million et demi de Palestiniens.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu estime qu'une offensive sur Rafah est nécessaire pour "vaincre" le Hamas et libérer les plus de cent otages toujours retenus à Gaza.

Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a annoncé jeudi que le cabinet de guerre s'était réuni "pour discuter des moyens de détruire les derniers bataillons du Hamas".

Mais selon des médias israéliens, le cabinet a discuté d'un nouveau projet de trêve associée à une libération d'otages, avant une visite prévue vendredi d'une délégation égyptienne, pays médiateur à l'instar du Qatar et des Etats-Unis.

D'après le site Walla, qui cite un haut responsable israélien sans le nommer, les discussions portent plus précisément sur une proposition pour libérer dans un premier temps 20 otages considérés comme des cas "humanitaires".

Un responsable politique du Hamas, Ghazi Hamad, a de son côté assuré à l'AFP depuis le Qatar qu'un assaut sur Rafah ne permettrait pas à Israël d'obtenir "ce qu'il veut", soit d"éliminer le Hamas ou récupérer" les otages.

Un « accord maintenant »

Jeudi, des proches d'otages ont une nouvelle fois manifesté à Tel-Aviv, pour faire pression sur le gouvernement afin qu'il obtienne leur libération.

Certains avaient les mains liées et teintées de rouge, la bouche couverte d'un sparadrap marqué du chiffre "202", le nombre de jours écoulés depuis le 7 octobre, ou portaient une pancarte avec les mots "Un accord sur les otages maintenant".

Le Hamas a diffusé mercredi une vidéo de l'otage Hersh Goldberg-Polin, un geste considéré par la presse locale comme visant entre autres à faire pression sur Israël dans les pourparlers.

Parlant vraisemblablement sous la contrainte, cet Israélo-américain âgé de 23 ans accuse dans cette vidéo M. Netanyahu et les membres de son gouvernement d'avoir "abandonné" les otages.

Les dirigeants de 18 pays, dont les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et le Brésil, ont appelé jeudi le Hamas à "la libération immédiate de tous les otages". "L'accord sur la table pour libérer les otages permettrait un cessez-le-feu immédiat et prolongé à Gaza", poursuit le texte.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée depuis Gaza contre Israël par des commandos du Hamas, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas et lancé une opération militaire à Gaza ayant fait jusqu'à présent 34.305 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

« C'est allé trop loin »

Dans la nuit de jeudi à vendredi des témoins ont fait état de bombardements à Gaza, notamment dans le secteur de Rafah où des rescapés ont tenté jeudi de récupérer des objets dans les décombres après des frappes.

"Assez de destruction, assez de guerre. Assez de sang versé d'enfants, de femmes, de personnes âgées et de civils non armés (...) c'est allé trop loin (...) Laissez les gens vivre", a lancé l'un d'eux, Samir Daban, au milieu des gravats.

Alors que les 2,4 millions d'habitants du territoire assiégé sont confrontés à un désastre humanitaire, les Etats-Unis ont commencé à construire un port temporaire et une jetée face au littoral de Gaza, qui permettra à des navires militaires ou civils de déposer leurs cargaisons d'aide.

Washington avait annoncé début mars la construction de ce port artificiel face aux difficultés d'acheminement de l'aide internationale par voie terrestre depuis l'Egypte, en raison des contrôles très stricts imposés par Israël.

Ces développement interviennent alors qu'aux Etats-Unis, un mouvement de protestation contre la guerre à Gaza se généralise.

De Los Angeles à Atlanta, d'Austin à Boston, le mouvement d'étudiants américains pro-palestiniens grossit d'heure en heure après être parti il y a plus d'une semaine de l'université Columbia à New York.


Soudan: Washington s'alarme d'une possible offensive «  imminente  » des paramilitaires au Darfour

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire. (AFP).
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  • "Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué
  • "Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté

WASHINGTON: La diplomatie américaine a alerté mercredi d'une possible offensive "imminente" de paramilitaires au Soudan sur la ville d'el-Facher, au Darfour, un carrefour pour l'aide humanitaire dans ce pays ravagé par plus d'un an de guerre et au bord de la famine.

"Les Etats-Unis appellent toutes les forces armées du Soudan à immédiatement cesser leurs attaques sur el-Facher", a déclaré le porte-parole du département d'Etat Matthew Miller dans un communiqué.

"Nous sommes alarmés par des éléments faisant état d'une offensive imminente des Forces de soutien rapide (FSR) et de ses milices affiliées", a-t-il ajouté.

Depuis un an, la guerre fait rage entre les forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), sous le commandement du général Mohamed Hamdane Daglo, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire.

El-Facher fait office de hub humanitaire pour le Darfour, région où vivent environ un quart des 48 millions d'habitants du Soudan. Accueillant de nombreux réfugiés, la ville avait jusque là été relativement épargnée par les combats.

Mais depuis mi-avril, des bombardements et des affrontements ont été rapportés dans les villages environnants.

"Les Etats-Unis sont extrêmement troublés par les informations crédibles selon lesquelles les FSR et ses milices affiliées ont rasé de nombreux villages à l'ouest d'el-Facher", a relevé Matthew Miller, ajoutant qu'une offensive sur la ville "mettrait les habitants dans une situation de danger extrême".

El-Facher est la seule capitale des cinq Etats du Darfour que les FSR ne contrôlent pas.

Vendredi, l'ONU avait déjà alerté sur ce "nouveau front" du conflit. Il pourrait "entraîner un conflit intercommunautaire sanglant à travers le Darfour" et freiner encore plus la distribution de l'aide humanitaire dans une région "déjà au bord de la famine", selon la sous-secrétaire générale de l'ONU pour les Affaires politiques Rosemary DiCarlo.

La région a déjà été ravagée il y a plus de 20 ans par la politique de la terre brûlée menée par les Janjawids --les miliciens arabes depuis enrôlés dans les FSR-- sous le président de l'époque Omar el-Béchir.

Le nouveau conflit au Soudan, qui a débuté le 15 avril 2023 a déjà fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de plus de 8,5 millions de personnes, selon l'ONU.