Le monde doit augmenter sa pression sur le régime iranien

Des partisans du Hezbollah, l'un des nombreux mandataires que l'Iran a implantés à travers le Moyen-Orient, lors d'une procession au Liban. (Getty Images)
Des partisans du Hezbollah, l'un des nombreux mandataires que l'Iran a implantés à travers le Moyen-Orient, lors d'une procession au Liban. (Getty Images)
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Publié le Mercredi 22 décembre 2021

Le monde doit augmenter sa pression sur le régime iranien

Le monde doit augmenter sa pression sur le régime iranien
  • Les cadres supérieurs du CGRI ont le dernier mot en ce qui concerne la politique étrangère de Téhéran et le soutien aux mandataires
  • L'Iran a également recours à ses compagnies aériennes commerciales, telles que Mahan Airlines, pour faire passer des armes en contrebande au Liban et en Syrie

Les sanctions imposées par les États-Unis à la République islamique n'ont pas réussi à dissuader le régime de Téhéran de renforcer et d'enhardir ses mandataires, ses groupes terroristes et ses milices. Cela est dû au fait que le parrainage du terrorisme a constitué une stratégie cohérente et un pilier central de la politique étrangère du régime depuis sa création, en 1979.
Le 7 décembre dernier, le département de la justice des États-Unis a annoncé la plus grande saisie d'armes iraniennes à ce jour après que la marine américaine a arrêté deux navires dans la mer d'Oman à l’occasion d'une opération de sécurité de routine. Les armes comprenaient cent soixante et onze missiles antichars guidés, huit missiles sol-air, des composants de missiles de croisière d'attaque terrestre, de missiles de croisière antinavires ainsi que d'autres pièces pour missiles et pour drones.
Les livraisons d'armes ont très probablement été orchestrées par le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI). Ce dernier est désigné comme une organisation terroriste par le département d'État américain et il constitue l'épine dorsale de l'establishment religieux en Iran. Il contrôle en grande partie les centres économiques et idéologiques du pays.
Les cadres supérieurs du CGRI ont le dernier mot en ce qui concerne la politique étrangère de Téhéran et le soutien aux mandataires. Cette organisation est également engagée dans la répression nationale des dissidents, dans l'emprisonnement des opposants ainsi que dans la suppression de la liberté d'expression, de presse et de réunion.
Le bureau de Washington du groupe d'opposition, le Conseil national de la résistance iranienne, a précédemment publié un livre de 175 pages intitulé La Montée de l'empire financier des Gardiens de la révolution dans lequel il révèle que le CGRI contrôle plus de la moitié de la production économique de l'Iran et qu’il possède de grands organismes économiques ainsi que des fondations religieuses telles qu’Astan Quds Razavi, dans la ville de Machhad, au Nord-Est.
En outre, le groupe a publié un autre livre détaillé consacré aux quinze centres de formation terroriste d’Iran, au sein desquels le CGRI dispense une formation idéologique, militaire et tactique à des recrues étrangères, qui sont ensuite envoyées dans des pays du Moyen-Orient et au-delà pour mener des activités terroristes.
Les grosses cargaisons d'armes, qui étaient à destination des Houthis, au Yémen, constituent une autre violation de la résolution 2140 des Nations unies, qui a pourtant été adoptée par le régime iranien. Malheureusement, le Conseil de sécurité de l'ONU est resté silencieux, probablement parce qu'il ne veut pas ruiner l’espoir de relancer l'accord nucléaire avec la République islamique.
Pendant ce temps, les Houthis ont la chance d'avoir l'Iran comme puissant allié. Leurs soutiens iraniens ne les laisseront pas manquer de munitions. Le gouvernement iranien poursuit la contrebande d'armes et de technologies illicites au Yémen.
Cela devrait également donner un aperçu des tactiques et des stratégies à long terme des mandataires formés et armés par les Iraniens à travers le Moyen-Orient. Leurs plans et leur agenda semblent reposer sur ces quatre piliers: la déstabilisation, le conflit, l'assassinat et le rejet de toute solution d'origine sunnite ou occidentale.
Il convient de mentionner que le conflit au Yémen dépasse pour le régime iranien le simple fait de narguer ses rivaux du Golfe. Cela ressemble plutôt à un objectif idéologique: unir le monde musulman sous son propre régime islamiste, qui considère que toute tentative de paix ne fait que retarder le processus.
Le régime iranien utilise diverses méthodes pour faire passer des armes en contrebande. Plusieurs navires iraniens qui transportent des armes vers les Houthis ont déjà été interceptés. L'Iran a également recours à ses compagnies aériennes commerciales, telles que Mahan Airlines, pour faire passer des armes en contrebande au Liban et en Syrie.

 

Sans une pression coordonnée de la communauté internationale, en particulier du Conseil de sécurité de l'ONU, le régime iranien ne modifiera pas l'un de ses principes fondamentaux : parrainer et armer des groupes terroristes et des milices à travers le Moyen-Orient.

Dr Majid Rafizadeh

Selon l'ancien ambassadeur d'Israël auprès de l'ONU, Danny Danon, «la force iranienne Al-Qods emballe des armes, des munitions et des technologies de missiles pour le Hezbollah dans des valises et les envoient via des vols de Mahan Air. Ces avions volent directement vers l'aéroport du Liban ou de Damas et, de là, les armes sont transférées au sol au Hezbollah».
Exporter la révolution de la République islamique vers d'autres nations est l'un des principaux objectifs des dirigeants iraniens à travers l'autonomisation de leurs milices et de leurs groupes terroristes dans d'autres pays. En réalité, cette mission fait partie de la Constitution iranienne, qui doit, selon son préambule, «fourni[r] la base nécessaire pour assurer la poursuite de la révolution dans le pays et à l'étranger».
Le document indique encore que l'armée iranienne et le CGRI «seront responsables non seulement de la garde et de la préservation des frontières du pays, mais aussi de l'accomplissement de la mission idéologique du djihad [chiite] à la manière de Dieu; c'est-à-dire étendre la souveraineté de la loi de Dieu [chiite] à travers le monde dans l'espoir que ce siècle verra l'établissement d'un gouvernement saint universel et la chute de tous les autres.»
En un mot, sans pression coordonnée de la communauté internationale, en particulier du Conseil de sécurité de l'ONU, le régime iranien ne modifiera pas l'un de ses principes fondamentaux, qui consiste à parrainer et à armer des groupes terroristes et des milices à travers le Moyen-Orient.

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com