Les Arméniens en Turquie se sentent mal à l'aise, révèle un député turc

Garo Paylan (Photo AN)
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Publié le Vendredi 02 octobre 2020

Les Arméniens en Turquie se sentent mal à l'aise, révèle un député turc

  • Ankara a perdu sa neutralité dans le processus de règlement du conflit du Haut-Karabakh, a déclaré Garo Paylan à Arab News
  • Le climat actuel rappelle les précédents génocides anti-arméniens

ANKARA : Les récents affrontements entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie dans la région montagneuse du Haut-Karabakh semblent évoluer vers un conflit auquel participent tous les acteurs régionaux, en particulier la Turquie et la Russie, que ce soit à travers des tentatives de contrôle des informations, l'utilisation de drones, ou l'emploi de mercenaires étrangers.

Garo Paylan, l’un des rares membres arméniens du parlement turc et membre du Parti démocratique du peuple (HDP) d’opposition, a vivement critiqué la politique récente de la Turquie sur la question du Haut-Karabakh.

« La Turquie est actuellement le seul pays qui soutienne la guerre, bien qu'elle soit membre du groupe de l'OSCE Minsk, qui est chargé de négocier un règlement du conflit du Karabakh », a déclaré Paylan à Arab News. « Il semble qu’Ankara a perdu toute neutralité dans ce processus. »

L'Azerbaïdjan et l'Arménie organisent depuis un certain temps des exercices militaires conjoints avec la Turquie et la Russie respectivement, ce qui a probablement permis d'améliorer leurs capacités militaires sur ce terrain difficile, dans les rudes conditions hivernales qui arrivent. L'armée azérie utilise des drones de fabrication turque.

Selon Paylan, l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Turquie seront tous perdants si le conflit au Karabakh est autorisé à se poursuivre, tandis que la Russie sera la seule gagnante. Il croit que Moscou profite de la Turquie pour rendre l'Azerbaïdjan et l'Arménie beaucoup plus dépendants, dans une région riche en énergie.

La coopération énergétique de la Turquie avec l’Azerbaïdjan est en hausse, alors qu’en parallèle on observe une diminution de ses importations en provenance de la Russie et d’Iran, ses principales sources d’autrefois. La Turquie envisage de créer une base militaire permanente en Azerbaïdjan.

Toutefois, dans quelle mesure la Turquie est prête à risquer de saper ses relations avec la Russie, ou est-ce que Ankara tentera d'utiliser cette crise pour obtenir une lettre de change sur Moscou, là est la question, puisque les deux pays soutiennent des parties opposées dans les conflits libyen et syrien.

Pendant ce temps-là, l'escalade actuelle des tensions régionales a des répercussions directes sur les citoyens d'origine arménienne en Turquie.

Des convois de voitures battant le drapeau de l'Azerbaïdjan et sonnant du klaxon participent régulièrement à des manifestations à Istanbul, en particulier dans les zones où la majorité des habitants sont arméniens. Les manifestations ont commencé lundi dans le quartier où se trouve le siège du Patriarcat arménien.

Paylan a appelé à plusieurs reprises les autorités à lutter contre la montée alarmante des incidents de discours de haine contre les Arméniens dans les médias sociaux et les grands médias, tout en mettant en garde contre le potentiel de crimes de haine suscité par le soutien agressif du gouvernement à l'Azerbaïdjan. Ibrahim Karagul, rédacteur en chef d'un grand journal pro-gouvernemental en Turquie, a récemment appelé la Turquie à larguer « accidentellement » une bombe sur la capitale arménienne, Erevan.

Avant la Première Guerre mondiale, on estimait à 2,4 millions d'Arméniens vivant en Turquie. On compte environ 60 000 aujourd’hui, principalement des résidents d'Istanbul.

Omer Celik, le porte-parole du parti au pouvoir pour la justice et le développement, a déclaré que le gouvernement ne permettrait pas aux manifestants de menacer les citoyens arméniens. Mais le fait que le président Recep Tayyip Erdogan soit resté silencieux suscite des critiques.

D’après Paylan, le conflit du Karabakh a déclenché une montée du nationalisme et du racisme, et représente désormais un réel danger pour les Arméniens en Turquie.

« Tout discours de haine envers le peuple arménien fait de nos propres citoyens une cible imminente. Le gouvernement utilise ce conflit pour la consommation intérieure. Les citoyens d'origine arménienne sont devenus des boucs émissaires et font l'objet d'une flambée de racisme et de discours de haine », a-t-il déclaré.

Hrant Dink, journaliste et intellectuel turco-arménien bien connu, a été tué en 2007 dans une attaque armée par un jeune ultranationaliste turc à Istanbul, dont le procès est toujours en cours. Cette affaire est devenue un symbole de crimes haineux contre les minorités en Turquie et continue d'être entravée par des allégations d'implication de l'État 13 ans plus tard, puisque tous les détails n'ont toujours pas été révélés.

Avant son meurtre, Dink a confié : « Je me sens comme une colombe, craintive et libre en même temps. Mais je sais que les gens de ce pays n'oseraient jamais faire du mal à une colombe. »

Paylan pense que la communauté arménienne partage présentement les mêmes sentiments.

« Le climat actuel me rappelle les précédents génocides anti-arméniens. Nous avons connu cette tendance inquiétante au cours des quatre dernières générations », a déclaré Paylan.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
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  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
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  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.


Turquie: le principal parti d'opposition dans l'attente d'une décision judiciaire cruciale

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  • "Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !"
  • "Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes"

ANKARA: Le principal parti d'opposition au président turc Recep Tayyip Erdogan, le CHP, attend lundi une décision judiciaire cruciale qui pourrait chambouler sa direction en raison d'une accusation de fraudes.

Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche à Ankara à la veille de cette audience pour soutenir le CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate) qui rejette les accusations et estime que les autorités tentent de l'affaiblir par un "procès politique".

"Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !".

"Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes. Quiconque représente une menace démocratique pour lui est désormais sa cible", a affirmé M. Özel.

"Ce procès est politique, les allégations sont calomnieuses. C'est un coup d'État et nous résisterons", a-t-il martelé.

"Il ne s'agit pas du CHP mais de l'existence ou de l'absence de démocratie en Turquie", a déclaré pour sa part Ekrem Imamoglu aux journalistes vendredi, après avoir comparu devant un tribunal pour des accusations sans lien avec cette affaire.

Lorsque Özgür Özel a pris sa direction en novembre 2023, le CHP était en crise mais, en mars 2024, il a conduit le parti à une éclatante victoire aux élections locales.

Depuis l'arrestation du maire d'Istanbul en mars dernier, M. Özel a su galvaniser les foules, s'attirant les foudres du pouvoir en organisant chaque semaine des rassemblements, jusque dans des villes longtemps considérées comme des bastions du président Erdogan.

Peines de prison 

L'audience doit débuter à 10H00 (07H00 GMT), devant le 42e tribunal civil de première instance de la capitale turque. Elle doit statuer sur la possible annulation des résultats du congrès du CHP en novembre 2023.

Pendant ce congrès, les délégués avaient évincé le président de longue date du parti, Kemal Kilicdaroglu, tombé en disgrâce, et élu Özgür Özel.

L'acte d'accusation désigne M. Kilicdaroglu comme étant la partie lésée et réclame des peines de prison pouvant aller jusqu'à trois ans pour M. Imamoglu et dix autres maires et responsables du CHP, accusés de "fraude électorale".

Si la justice le décidait, M. Özel pourrait donc se voir démettre de ses fonctions à la tête de cette formation.

Le 2 septembre, un tribunal a destitué la direction de la branche d'Istanbul du CHP en raison d'accusations d'achats de votes au cours de son congrès provincial et nommé un administrateur pour prendre le relais.

Cette décision, qui a été largement perçue comme pouvant faire jurisprudence, a déclenché de vives protestations et entraîné une chute de 5,5% de la Bourse, faisant craindre que le résultat de lundi ne nuise également à la fragile économie de la Turquie.

Si le tribunal d'Ankara déclarait les résultats du congrès du CHP nuls et non avenus, cela pourrait annoncer le retour de son ancien leader Kemal Kilicdaroglu, qui a accumulé une série de défaites électorales ayant plongé le parti dans une crise.

Selon certains observateurs, l'affaire s'apparente à une tentative des autorités de saper le plus ancien parti politique de Turquie, qui a remporté une énorme victoire contre l'AKP (Parti de la justice et du développement, conservateur) du président Erdogan aux élections locales de 2024 et gagne en popularité dans les sondages.

Sa popularité a augmenté depuis qu'il a organisé les plus grandes manifestations de rue de Turquie en une décennie, déclenchées par l'emprisonnement en mars de son candidat à la présidence de la République, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu.

Dans une tentative de protéger sa direction, le CHP a convoqué un congrès extraordinaire le 21 septembre. Si le tribunal destituait M. Özel et rétablissait M. Kilicdaroglu, les membres du parti pourraient donc tout simplement réélire Özgür Özel six jours plus tard.