Les services secrets extérieurs français rendent hommage à leurs morts

Le Premier ministre français Jean Castex était présent lors de la cérémonie (Photo, AFP).
Le Premier ministre français Jean Castex était présent lors de la cérémonie (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 18 janvier 2022

Les services secrets extérieurs français rendent hommage à leurs morts

  • Le chef du gouvernement s'est déplacé pour témoigner de la reconnaissance de la Nation aux agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE)
  • Quelques dizaines de membres de familles d'espions tombés pour la France ont ensuite chacun une rose blanche devant la flamme du soldat inconnu

PARIS: La liste, lue à haute voix, ne comprenait que des prénoms ou des pseudonymes. Les services secrets extérieurs français ont rendu hommage lundi, sous l'arc de Triomphe, à leurs agents morts en opération en présence du Premier ministre Jean Castex.

Le chef du gouvernement s'est déplacé pour témoigner de la reconnaissance de la Nation aux agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), "tombés dans la dignité silencieuse de l'anonymat", selon les termes d'un document officiel, en présence d'une poignée de ses agents, dûment masqués pour ne pas sortir de l'ombre, ainsi que d'anciens hauts responsables de l'administration.

Quelques dizaines de membres de familles d'espions tombés pour la France ont ensuite déposé chacun une rose blanche devant la flamme du soldat inconnu, alors que le prénom ou pseudonyme (impubliables) de leur proche disparu était appelé au micro par deux jeunes membres du service, un civil et une militaire.

Equipé d'une épée, aidé d'un enfant et d'un adolescent venus avec leurs familles, le chef du gouvernement avait auparavant, sans un mot, ravivé la flamme. Il était notamment accompagné de la ministre des Armées Florence Parly, et du patron de la DGSE Bernard Emié. Deux gerbes ont été déposées.

La cérémonie intervenait l'année du 40e anniversaire de la création de la DGSE en janvier 1982, sur les ruines du prestigieux Bureau central de renseignements et d'action (BCRA), services de renseignement de la Résistance auprès du général de Gaulle.

"Nos morts ne vont jamais aux Invalides", rappelle-t-on à la DGSE, par opposition à un soldat tué au combat. "On les honore au sein du service. L'hommage est officiel mais pas public".

Une loi d'airain exigeante, difficile pour les proches de ceux que Pierre Brossolette, numéro deux de la BCRA, appelait les "soutiers de la gloire". Car si la fierté leur est permise, ils n'ont pas la consolation de voir leur père ou mère, époux ou épouse, fils ou fille entrer aux Invalides devant les caméras de télévision dans un cercueil recouvert du drapeau tricolore.

Les espions morts pour la France sont aussi absents du monument aux morts en opérations extérieures du Parc-André Citroën, à Paris, comme du frontispice des monuments officiels érigés un peu partout en France.  

Unis dans la clandestinité

La DGSE a donc inauguré le 8 novembre 2019 un monument aux morts situé à l'intérieur des locaux de la DGSE, un mur de bleuets anonymes d'apparence mais à l'intérieur desquels figurent le prénom ou le pseudonyme du disparu. "Chaque famille sait où est le bleuet de son défunt", précise l'agence.

Selon plusieurs sources, quelque 200 agents seraient morts en activité depuis 1982. Mais même leur nombre exact reste confidentiel. "Revendiquer un chiffre exact c'est déjà sortir de la clandestinité. A chaque mort de plus, on serait obligé d'actualiser et donc d'expliquer", justifie-t-on à la DGSE, surnommée tout à tour "Mortier", mais aussi la "piscine", la "centrale" ou, plus souvent encore, "la boîte".

Certains sont sortis post-mortem de la clandestinité, comme Jacques Merrin, tué à Beyrouth dans sa voiture en 1988, ou Denis Allex, exécuté en 2013 par ses ravisseurs en Somalie au terme d'une opération militaire pour le libérer qui avait échoué.  

Mais la plupart demeurent dans l'ombre. Leurs familles sont suivies et aidées. Les espions "sont unis dans la clandestinité, dans la vie et dans la mort", assure la DGSE, évoquant une "solidarité fraternelle".

Au passage, les services s'assurent aussi que rien, dans ce que l'agent a laissé derrière lui, ne peut compromettre leur mission. Et la famille est tenue de conserver la discrétion à laquelle elle était liée de son vivant. Car si une veuve d'agent se déclare comme telle, "elle va être assaillie par les médias, voire tamponnée par un service étranger qui voudra en savoir un peu plus", explique un ancien haut-responsable de la "boîte".

A la fin de la cérémonie, pendant que retentissaient des musiques militaires, le plus jeune des deux enfants s'est présenté seul devant la flamme, imperméable au protocole. Pour saluer, à sa manière d'enfant, un père ou une mère héroïque mais absent à jamais, anonyme pour l'éternité, dont le pays venait de saluer l'engagement.


Mayotte provoque des frictions entre extrêmes droites française et allemande

Marine Le Pen (au centre), candidate du Rassemblement national (RN) à l'élection présidentielle française de 2022, pose avec des sympathisants lors d'une visite de campagne sur la place Mamoudzou à Mayotte, le 18 décembre 2021. (Photo Ali Al-Daher AFP)
Marine Le Pen (au centre), candidate du Rassemblement national (RN) à l'élection présidentielle française de 2022, pose avec des sympathisants lors d'une visite de campagne sur la place Mamoudzou à Mayotte, le 18 décembre 2021. (Photo Ali Al-Daher AFP)
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  • Dans une question écrite au Bundestag cette semaine, l'AfD a appelé le gouvernement fédéral «à prendre position sur les résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies selon lesquelles la France doit restituer l'archipel de Mayotte aux Comores
  • «L’AfD ferait mieux de s'occuper des problèmes de l’Allemagne et je suis fâchée de cette situation», a déclaré la cheffe de file du Rassemblement national (RN)

MAMOUDZOU, France : La dirigeante d'extrême droite française Marine Le Pen, en visite à Mayotte samedi, s'est dite «fâchée» contre son allié allemand au Parlement européen, l'AfD, qui «ferait mieux de s'occuper des problèmes de l'Allemagne» au lieu de questionner l'appartenance à la France de cet archipel de l'océan Indien.

Dans une question écrite au Bundestag cette semaine, l'AfD (Alternative für Deutschland) a appelé le gouvernement fédéral «à prendre position sur les résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies selon lesquelles la France doit restituer l'archipel de Mayotte à l'Union des Comores».

«L’AfD ferait mieux de s'occuper des problèmes de l’Allemagne et je suis fâchée de cette situation», a déclaré la cheffe de file du Rassemblement national (RN). «Je vais leur expliquer la raison pour laquelle les Mahorais ont par trois fois déjà exprimé leur souhait d'être Français».

Lors de la proclamation de l'indépendance des Comores, Mayotte a choisi de rester en France par deux référendums en 1974 et 1976. Un troisième référendum en 2009 a fait de Mayotte un département.

Un porte-parole de l'Afd, Matthias Moosdorf, a expliqué à l'AFP que son parti n'avait «pas imaginé que le RN serait contrarié par cette question» et que cette question visait l'ambivalence, selon l'Afd, pratiquée par le gouvernement allemand sur les référendums d'autodétermination, ce dernier ne reconnaissant pas le résultat de celui organisé en Crimée en 2014.

«Ce parallèle avec la Crimée est particulièrement maladroit», a jugé Mme Le Pen qui compte donner à ses alliés «quelques leçons de géopolitique».

Les relations entre les deux partis, qui siègent dans le même groupe «Identité et démocratie» au Parlement européen sont tendues depuis la révélation d'un projet secret d'expulsion massive d'étrangers et de citoyens allemands réputés non-intégrés si l'AfD arrivait au pouvoir.

L'affaire avait provoqué des manifestations d'ampleur contre l'extrême droite dans toute l'Allemagne. Et Mme Le Pen avait déclaré être «en total désaccord» avec cette idée.

Par ailleurs, sur les relations avec les Comores dont sont issus nombre d'immigrants arrivant sur Mayotte, Mme Le Pen a appelé à «siffler la fin de la récréation», les accusant de «vouloir récupérer Mayotte par la démographie».

Elle a évoqué des mesures de rétorsion comme le gel des avoirs des dirigeants comoriens ou la suppression de visas.


Expulsion vers l'Algérie d'un imam officiant en France

Un agent de sécurité se tient à l'entrée de la Grande Mosquée dans le quartier d'Empalot à Toulouse, le 23 juin 2018, lors de son inauguration après 13 ans de rénovation. (Photo Eric Cabanis AFP)
Un agent de sécurité se tient à l'entrée de la Grande Mosquée dans le quartier d'Empalot à Toulouse, le 23 juin 2018, lors de son inauguration après 13 ans de rénovation. (Photo Eric Cabanis AFP)
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  • Mohamed Tataïat était arrivé en France en 1985 comme imam détaché algérien
  • Il a été expulsé vendredi soir vers l'Algérie, après sa condamnation définitive pour provocation à la haine et à la violence envers la communauté juive, ont annoncé les autorités

PARIS : L'imam de nationalité algérienne, Mohamed Tataïat, qui officiait à Toulouse dans le sud de la France, a été expulsé vendredi soir vers l'Algérie, après sa condamnation définitive pour provocation à la haine et à la violence envers la communauté juive, ont annoncé les autorités.

Dans un message posté sur le réseau social X, le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a fait valoir qu'«une nouvelle fois, la loi immigration (avait permis) d'expulser dans son pays d'origine en moins de 24 heures un +imam+ de Toulouse, prêcheur de haine et condamné par la justice».

L'un des avocats de l'imam a dénoncé une «expulsion manu militari». «Il n'y avait pas d'urgence, il est sur le territoire français depuis 40 ans, il a des enfants, il travaille, il n'a pas fait parler de lui depuis sept ans, et là il se retrouve dans un avion en direction de l'Algérie», a réagi auprès de l'AFP Me Jean Iglesis.

Une audience pour examiner une requête en référé des avocats de l'imam à l'encontre de cet arrêté d'expulsion était prévue lundi au tribunal administratif de Paris, a ajouté Me Iglesis.

«Ce qui se passe est d'une certaine gravité (...) C'est une défiance à l'égard de la défense et de l'autorité judiciaire», a poursuivi le conseil de l'imam, affirmant notamment qu'il n'avait pas pu avoir accès à son client lorsqu'il était en instance d'expulsion à l'aéroport de Toulouse.

Mohamed Tataïat était arrivé en France en 1985 comme imam détaché algérien. Il avait rejoint Toulouse deux ans plus tard pour exercer au sein de la mosquée du quartier Empalot.

En juin 2018, le préfet du département de Haute-Garonne avait signalé des propos tenus lors d'un prêche le 15 décembre à la mosquée En Nour, caractérisant, selon lui, «une provocation à la haine et à la discrimination à l'égard des juifs».

Le 31 août 2022, l'imam avait été condamné par la cour d'appel de Toulouse à 4 mois de prison avec sursis pour ce prêche.

Le 19 décembre dernier, la Cour de cassation a rejeté le pourvoi de M. Tataïat, rendant ainsi sa condamnation définitive.

Le 5 dernier avril, le ministre de l'Intérieur avait signé son arrêté d'expulsion.


Consulat d'Iran à Paris: un homme interpellé après une alerte

La police française a bouclé vendredi le consulat iranien à Paris suite à des informations selon lesquelles un homme menaçait de se faire exploser. (Reuters)
La police française a bouclé vendredi le consulat iranien à Paris suite à des informations selon lesquelles un homme menaçait de se faire exploser. (Reuters)
La police française a bouclé vendredi le consulat iranien à Paris suite à des informations selon lesquelles un homme menaçait de se faire exploser. (Reuters)
La police française a bouclé vendredi le consulat iranien à Paris suite à des informations selon lesquelles un homme menaçait de se faire exploser. (Reuters)
La police française a bouclé vendredi le consulat iranien à Paris suite à des informations selon lesquelles un homme menaçait de se faire exploser. (Reuters)
La police française a bouclé vendredi le consulat iranien à Paris suite à des informations selon lesquelles un homme menaçait de se faire exploser. (Reuters)
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  • En réalité, aucun explosif n'a été retrouvé «ni dans les locaux du consulat, ni dans le véhicule» du suspect, a annoncé la Préfecture de police de Paris, après l'interventionde la BRI (brigade de recherche et d'intervention)
  • «Selon les premiers éléments, il s'agit d'un homme né en 1963 en Iran», a poursuivi le parquet, ajoutant qu'il était sorti de lui-même du consulat

PARIS: Un homme a été interpellé vendredi après une alerte lancée par le consulat d'Iran à Paris. Un individu aurait été vu dans ses locaux "porteur d'une grenade ou d'un gilet explosif", selon l'intitution.
En réalité, aucun explosif n'a été retrouvé "ni dans les locaux du consulat, ni dans le véhicule" du suspect, a annoncé la Préfecture de police de Paris, après l'interventionde la BRI (brigade de recherche et d'intervention), une unité d'élite de la police
Le parquet de Paris a également affirmé à l'AFP qu'"aucune matière explosive" n'avait été retrouvée "à ce stade, ni sur lui, ni sur place".
"Selon les premiers éléments, il s'agit d'un homme né en 1963 en Iran", a poursuivi le parquet, ajoutant qu'il était sorti "de lui-même" du consulat et qu'il "aurait proféré des menaces de passage à l'acte violent".
"Les vérifications et comptes-rendus se poursuivent afin de préciser la situation judiciaire", selon la même source.
L'affaire avait débuté vers "11H00" avec le signalement d'un homme qui "aurait été aperçu par un seul témoin entrant dans le consulat, rue de Fresnel, porteur d'une grenade ou d'un gilet explosif", avait rapporté un peu auparavant la PP à l'AFP.
En début d'après-midi un périmètre de sécurité avait été mis en place tout autour du consulat, situé dans le 16e arrondissement de Paris près du Trocadéro.
Le trafic sur les lignes de métro 9 et 6 desservant la station Trocadéro, la plus proche du consulat d'Iran, a été interrompu, pour des raisons de sécurité, comme l'a annoncé la RATP sur X.
Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a mobilisé, outre la BRI, d'importantes forces de l'ordre, a constaté un journaliste de l'AFP sur place. Le préfet répondait à une "demande d'intervention" du consulat.
Le consulat et l'ambassade d'Iran partagent le même bâtiment, mais ont des entrées différentes: le 4 avenue d'Iena pour l'ambassade et le 16 rue Fresnel pour le consulat.
Après l'interpellation du suspect, le dispositif sécuritaire était toujours bien en place et une vingtaine de journalistes étaient présents, notamment des journalistes étrangers, selon le journaliste de l'AFP.
Deux camions de police bloquaient le croisement de la rue de la Manutention et de la rue Fresnel où se trouve le consulat d’Iran.
La France a relevé son dispositif Vigipirate en urgence attentat, son plus haut niveau, après l'attentat survenu en mars à Moscou dans une salle de spectacle.