Le patriarche libanais met en garde contre les appels à un report du scrutin

Le patriarche maronite Bechara Boutros Rahi à Bkerké, au Liban, le 30 octobre 2021. (Reuters).
Le patriarche maronite Bechara Boutros Rahi à Bkerké, au Liban, le 30 octobre 2021. (Reuters).
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Publié le Lundi 31 janvier 2022

Le patriarche libanais met en garde contre les appels à un report du scrutin

  • Évoquant la décision de Saad Hariri de ne pas se présenter aux élections, le cardinal Bechara Boutros Rahi a fait part de sa surprise
  • La décision de M. Hariri a bouleversé le paysage électoral et a accentué les incertitudes auxquelles le Liban, qui traverse une crise financière très grave, se trouve confronté

BEYROUTH: Dimanche dernier, le cardinal Bechara Boutros Rahi, le patriarche chrétien maronite, a fait savoir que la décision prise par le principal politicien sunnite du Liban qui consiste à se retirer de la vie politique et à boycotter les élections législatives du mois de mai ne devait pas servir de prétexte pour réclamer un report du scrutin.

Évoquant la décision de Saad Hariri de ne pas se présenter aux élections, le cardinal a en effet fait part de sa surprise. Il espère que les sunnites participeront malgré tout aux élections pour que ces dernières «expriment la position de tous les Libanais».

La décision de M. Hariri a bouleversé le paysage électoral et a accentué les incertitudes auxquelles le Liban, qui traverse une crise financière très grave, se trouve confronté.

«Nous sommes tous appelés à faire face aux tentatives qui ont pour but de contourner les élections législatives, compte tenu de l’importance de ces dernières», a affirmé le cardinal Rahi, qui a rappelé que ce serait le nouveau Parlement qui élirait le successeur de l’actuel président du Liban, Michel Aoun.

Faisant allusion à la décision de M. Hariri, le patriarche chrétien a déclaré: «Il ne sera pas permis que certains invoquent la situation actuelle pour réclamer un report du scrutin.» Il n'a toutefois pas précisé à quels partis il faisait référence.

Au Liban, en 2018, les élections ont accordé la majorité au Hezbollah, ce groupe chiite lourdement armé et soutenu par l'Iran, ainsi qu'à ses alliés, au rang desquels figure M. Aoun. Ses opposants espèrent changer la donne au mois de mai prochain.

Le patriarche Rahi se montre critique à l'égard du Hezbollah. Il estime que ce groupe a desservi le Liban en le plongeant dans les conflits régionaux.

Désigné comme groupe terroriste par Washington, le Hezbollah fait partie d'une alliance pilotée par l'Iran qui se dispute le contrôle de la région avec les pays arabes du Golfe alliés des États-Unis.

Si aucun grand parti libanais n'a appelé à un report des élections, de nombreux observateurs estiment qu’une telle décision conviendrait à certains acteurs influents qui n’affrontent pourtant pas le Hezbollah lors de ce scrutin, comme le parti chrétien des Forces libanaises.

En effet, les pays occidentaux exigent que les élections se déroulent dans les délais prévus. Saad laisse derrière lui une communauté sunnite fragmentée.

Vendredi dernier, Bahaa Hariri, le frère aîné de Saad, a annoncé qu’il se lançait dans l’arène politique. Il a affirmé qu'il allait «suivre la voie» de son père, Rafic Hariri. Bahaa envisage de soutenir certains candidats, sans pour autant se présenter lui-même aux élections.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Paris condamne l'attaque qui a coûté la vie à deux soldats de Bahreïn

Une attaque imputée aux Houthis a été menée sur le territoire de l’Arabie saoudite: elle a tué deux militaires bahreïnis près de la frontière sud avec le Yémen. (Photo BNA).
Une attaque imputée aux Houthis a été menée sur le territoire de l’Arabie saoudite: elle a tué deux militaires bahreïnis près de la frontière sud avec le Yémen. (Photo BNA).
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  • Le texte condamne «cette attaque délibérée contre les forces de la Coalition au Yémen et s’associe aux autorités saoudiennes pour présenter ses condoléances»
  • Cet incident a été largement condamné par les pays du Conseil de coopération du Golfe

RIYAD: Réagissant à l’annonce de la mort, le 25 septembre dernier, de plusieurs soldats des Forces de défense de Bahreïn (BDF) engagés dans la Coalition arabe au Yémen, l'ambassade de France en Arabie saoudite a publié un communiqué.

Le texte condamne «cette attaque délibérée contre les forces de la Coalition au Yémen et s’associe aux autorités saoudiennes pour présenter ses condoléances aux forces de la Coalition ainsi qu’au royaume du Bahreïn».

Rappelons qu’une attaque imputée aux Houthis a été menée sur le territoire de l’Arabie saoudite et qu’elle a tué deux militaires bahreïnis près de la frontière sud avec le Yémen.

Cet incident a été également largement condamné par les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ainsi que par l'Égypte, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) et la Ligue arabe.


L’Initiative de paix arabe est la «pierre angulaire» de tout accord avec Israël, selon l’envoyé saoudien

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  • Mardi, M. Al-Sudairi a dirigé la première délégation diplomatique saoudienne en Cisjordanie occupée depuis les malheureux accords d’Oslo en 1993
  • Les envoyés ont traversé la frontière par voie terrestre à partir de la Jordanie

DJEDDAH: L’Initiative de paix arabe, proposée par l’Arabie saoudite en 2002, fera partie intégrante de tout éventuel accord de normalisation avec Israël, a déclaré mardi l’envoyé du Royaume en Palestine.

«La question palestinienne est un pilier fondamental», affirme Nayef al-Sudairi, le nouvel ambassadeur non résident, après s’être entretenu avec le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Maliki, à Ramallah, pour tenir des discussions et présenter ses lettres de créance.

«Il est indéniable que l’initiative arabe […] est la pierre angulaire de tout accord à venir.»

M. Al-Sudairi rappelle qu’il y avait autrefois une ambassade saoudienne dans le quartier de Cheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, et espère «qu’il y aura à nouveau une ambassade là-bas».

L’initiative de 2002 proposait d’établir des relations diplomatiques entre les pays arabes et Israël en échange de son retrait de la Cisjordanie, de Jérusalem-Est, de Gaza et du plateau du Golan tout en parvenant à une solution juste pour la cause palestinienne.

Mardi, M. Al-Sudairi a dirigé la première délégation diplomatique saoudienne en Cisjordanie occupée depuis les malheureux accords d’Oslo, en 1993. Les envoyés ont traversé la frontière par voie terrestre à partir de la Jordanie.

Les accords d’Oslo étaient censés conduire à un État palestinien indépendant, mais des années de négociations au point mort et de violences meurtrières ont fait de toute solution pacifique un rêve lointain.

Le gouvernement d’extrême droite de Benjamin Netanyahou a étendu les colonies israéliennes illégales en Cisjordanie occupée et au moins 242 Palestiniens ont été tués jusqu’à présent cette année après une escalade de la violence de la part des colons et de l’armée israélienne.

Les États-Unis, qui ont négocié les pourparlers entre Israël et les Palestiniens dans le passé, n’ont fait aucune avancée majeure vers une solution à deux États depuis l’échec de leurs efforts il y a près de dix ans.

Washington exhorte désormais Israël et l’Arabie saoudite à normaliser leurs relations diplomatiques à la suite d’accords similaires qui impliquent les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc. Dans un entretien accordé à la télévision américaine la semaine dernière, le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, affirme qu’«on se rapproche chaque jour un peu plus» d’un accord.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Tout-à-l'égout, routes asphaltées, restaurants: Bagdad s'offre un lifting

Des ouvriers réhabilitent une route dans le cadre de travaux publics à la périphérie de Bagdad le 15 septembre 2023 (Photo, AFP).
Des ouvriers réhabilitent une route dans le cadre de travaux publics à la périphérie de Bagdad le 15 septembre 2023 (Photo, AFP).
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  • Les travaux de réhabilitation s'enchaînent pour apporter eau et électricité dans les quartiers informels, privés d'infrastructures, construire des ponts et réaménager avenues et trottoirs
  • La fragile stabilité retrouvée depuis la défaite du groupe djihadiste Etat islamique, en 2017, permet aussi l'ouverture de centres commerciaux, cafés et restaurants

BAGDAD: Routes asphaltées, tout-à-l'égout, restaurants et hôtels de luxe: grâce à une relative stabilité après des décennies de conflits, Bagdad, la capitale de l'Irak, s'offre un lifting, une des priorités du gouvernement qui veut utiliser cette vitrine pour démontrer son efficacité.

A travers la métropole de neuf millions d'habitants, les travaux de réhabilitation s'enchaînent pour apporter eau et électricité dans les quartiers informels, privés d'infrastructures, construire des ponts et réaménager avenues et trottoirs.

La fragile stabilité retrouvée depuis la défaite du groupe djihadiste Etat islamique, en 2017, permet aussi l'ouverture de centres commerciaux, cafés et restaurants, dans un Irak habitué à faire la une des journaux pour des guerres ou des attentats.

Sur les bords du Tigre, le complexe des Mille et une nuits offre 12 restaurants, plusieurs salles de fêtes, des boutiques et un bowling: en ce soir de week-end, ils sont quelques dizaines, venus en famille ou entre amis, à faire tomber des quilles et fumer le narguilé.

Construit dans le parc d'un ancien palais de Saddam Hussein, le complexe a été inauguré fin 2022, lancé par "de jeunes investisseurs qui s'intéressent au tourisme" et aux loisirs, explique son directeur exécutif, Falah Hassan.

"L'Irak est une terre fertile pour les investissements", ajoute-t-il. Même s'il reconnaît certains "obstacles" comme "la situation sécuritaire" ou la "bureaucratie".

"Il faut s'adresser à mille guichets avant d'obtenir une seule autorisation", déplore-t-il.

«Corruption systémique»

La Banque mondiale estimait fin juillet que "le climat d'investissement en Irak demeurait médiocre", citant "l'absence de législation favorable aux entreprises, un environnement sécuritaire instable, des inefficacités administratives et une corruption systémique".

Une réalité que les autorités s'engagent à changer, cherchant à attirer les investisseurs, notamment du Golfe.

Fin août, le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani assistait au coup d'envoi de la construction du luxueux hôtel et complexe résidentiel Rixos, premier investissement qatari à Bagdad.

"Du Premier ministre au plus petit fonctionnaire, nous serons aux côtés de l'investisseur, du secteur privé, pour réaliser des projets à Bagdad et dans les provinces", promettait-il.

Plus récemment à la tribune de l'ONU, M. Soudani rappelait que "la première de nos priorités est la lutte contre l'épidémie de la corruption".

"Ces dernières années, l'élite politique irakienne et ses partenaires en affaires ont préféré investir leur fortune dans des projets locaux, refuge pour des gains mal acquis", souligne l'analyste Hayder Al-Shakeri sur le site internet du think-tank IRIS, de l'Université américaine d'Irak-Souleimaniyeh.

Il évoque "des complexes résidentiels haut de gamme, des centres commerciaux, des universités privées".

Toujours est-il que les autorités défendent une politique de modernisation des infrastructures. Ainsi pour les budgets 2023-2025, les dépenses d'investissement se montent annuellement à 37 milliards de dollars, soit trois fois le montant effectif de 2022 selon le rapport de la Banque mondiale.

Des largesses rendues possibles par la manne pétrolière et de colossales réserves en devises étrangères, atteignant plus de 100 milliards de dollars.

«Jusqu'à quand?»

Rassemblant ministères, entreprises publiques et les services du génie de l'armée et des anciens paramilitaires du Hachd al-Chaabi, une cellule spéciale oeuvre à réhabiliter les quartiers informels "privés de services depuis plus de 20 ans", explique à l'AFP l'ingénieur Abdel Razzak Abd Mhessein.

Ses équipes sont à la tâche dans les ruelles terreuses du quartier de Koufa, en périphérie de Bagdad. Un bulldozer creuse la chaussée pour installer des canalisations, tandis qu'un camion benne évacue les gravats.

"Nous avons un budget d'environ 200 milliards de dinars (150 millions de dollars) pour des travaux d'infrastructures: eau, tout-à-l'égout...", ajoute l'ingénieur Abd Mhessein, dirigeant la cellule de Bagdad.

"Il y a plus de 1.093 quartiers informels à Bagdad et un plan a été préparé pour y effectuer progressivement des travaux", ajoute-t-il.

Au sein de l'opinion publique, l'accueil est mitigé.

"C'est ce dont nous rêvions, des routes asphaltées et des services", s'enthousiasme Abou Ali Al-Bahadli, un journalier de 55 ans. "Avant on ne pouvait pas sortir quand il pleuvait, la chaussée était boueuse, les égouts débordaient."

Un voisin est plus circonspect: malgré les travaux, sa rue est toujours privée d'électricité et d'eau courante. "Dites moi quel responsable accepterait de rester une heure seulement sans eau", assène Ahmed Radi, un fonctionnaire de 45 ans.

"Quand vont-ils installer des trottoirs? Des caniveaux pour l'eau de pluie?", plaide-t-il. "On rentre du travail fatigué. Il n'y a pas d'eau, pas d'électricité. Jusqu'à quand?"