Veolia s'engage à ne pas lancer d'OPA hostile sur Suez, toujours opposé à la fusion

L'énergéticien a en effet prévenu qu'il n'examinerait « une offre alternative » à celle de Veolia « que s'il s'agit d'une offre ferme et à un prix au moins égal à celui de Veolia » (Photo, AFP)
L'énergéticien a en effet prévenu qu'il n'examinerait « une offre alternative » à celle de Veolia « que s'il s'agit d'une offre ferme et à un prix au moins égal à celui de Veolia » (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 05 octobre 2020

Veolia s'engage à ne pas lancer d'OPA hostile sur Suez, toujours opposé à la fusion

  • Philippe Varin, son président du conseil d'administration, a fait savoir que pour le groupe, « l'opération proposée, notamment la première étape d'achat du bloc de 29,9% des actions de Suez (détenues) par Engie, reste hostile »
  • La contre-proposition transmise mercredi à Engie par Ardian n'est pour l'instant qu'une lettre d'intention

PARIS : Pour tenter de convaincre Engie de lui céder d'ici lundi soir ses parts dans Suez, Veolia s'est engagé dimanche à ne pas lancer d'OPA hostile sur son rival, qui a toutefois aussitôt rejeté cette déclaration pacifique en assurant que, pour lui, l'opération restait « hostile ».

Jugeant que l'affaire avait assez duré, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a appelé dimanche soir les deux groupes à « parvenir à un accord amiable dans les prochaines heures ».

Le ministre a fait état de « progrès dans les discussions » au cours du week-end, montrant selon lui qu'un « accord est possible entre Veolia et Suez sur la cession de l'actif d'Engie dans Suez » avant lundi soir. 

Veolia a annoncé fin août son intention de constituer un géant du secteur en rachetant son rival historique Suez: d'abord en rachetant auprès d'Engie les 29,9% qu'il détient dans Suez, puis en lançant une offre publique d'achat (OPA) sur le reste du capital.

Face à l'hostilité de Suez et aux garanties exigées par l'Etat, actionnaire d'Engie à hauteur de 23,6%, Veolia a relevé mercredi l'offre faite à ce dernier, pour la porter à 3,4 milliards d'euros. Dimanche, il a fait un pas de plus en s'engageant, comme l'exigeait l'Etat, à ne pas lancer d'OPA hostile sur Suez. 

La réaction de Suez ne s'est pas fait attendre: Philippe Varin, son président du conseil d'administration, a fait savoir que pour le groupe, « l'opération proposée, notamment la première étape d'achat du bloc de 29,9% des actions de Suez (détenues) par Engie, reste hostile ».

« L’offre a été considérée comme hostile par notre conseil d'administration: comment pouvez-vous déclarer que vous espérez un accord amical dans les heures à venir? », s'est interrogée pour sa part l'intersyndicale de Suez, à l'adresse du ministre.

« bric-à-brac d'actifs »

Dimanche soir, Suez a réaffirmé dans un communiqué son soutien au projet alternatif porté par le fonds français Ardian, un « projet de croissance » qui permettra notamment de doubler la part de l'actionnariat salarié.

Problème: entre Ardian et Veolia, Engie semble clairement pencher en faveur du second. L'énergéticien a en effet prévenu qu'il n'examinerait « une offre alternative » à celle de Veolia « que s'il s'agit d'une offre ferme et à un prix au moins égal à celui de Veolia ».

La contre-proposition transmise mercredi à Engie par Ardian n'est pour l'instant qu'une lettre d'intention. Reste donc à savoir si Ardian, qui a les faveurs de la direction et des syndicats de Suez, est en mesure de déposer, avant lundi soir, une offre ferme d'un montant minimum de 3,4 milliards d'euros. 

Dimanche, une quarantaine de députés majoritairement LREM ont demandé à Bruno Le Maire de laisser le temps à Ardian de « formuler une offre solide et crédible ». « Eu égard à l'importance des enjeux, il paraît opportun que ce temps lui soit laissé », écrit le député Pierre Person, qui va déposer lundi, symboliquement, une proposition de loi pour interdire les OPA hostiles pendant la crise sanitaire. 

De son côté, l'ancien ministre de l'Economie Arnaud Montebourg a appelé le gouvernement à agir contre le « dépeçage » d'un groupe plus que centenaire, fustigeant ce qu'il estime être « une distribution oligarchique d'avantages dans un cercle restreint d'amis privilégiés du pouvoir ».

Pour une source proche de Suez, « c'est scandaleux qu'on ne nous laisse pas quelques jours pour sauver notre boîte ». 

« Sous couvert d'offre amicale, la proposition de Veolia revient à constituer un bric-à-brac d'actifs hétéroclites, qui n'aura pas d'avenir stratégique, et répond à la seule volonté de Veolia de remplir ses obligations en matière de concurrence. C'est une logique de défaisance, pas une logique industrielle », ajoute une deuxième source proche.

Au contraire, « lors des discussions entre les deux groupes, Suez a fait des propositions constructives pour préserver son rang d'acteur mondial dans l'eau et les services à l'environnement, ainsi que l'intégrité de son socle industriel en France. Tout en offrant de renforcer Veolia sur certains segments où la société est particulièrement faible à l'international », a-t-elle fait valoir. 


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.