Algérie: quelle stratégie pour éviter un déficit important des ressources en eau?

Unité de dessalement d'eau de mer. Ain Benian, Alger (fournie)
Unité de dessalement d'eau de mer. Ain Benian, Alger (fournie)
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Publié le Lundi 28 février 2022

Algérie: quelle stratégie pour éviter un déficit important des ressources en eau?

  • En raison des changements climatiques, l’Algérie est soumise à une situation de stress hydrique depuis deux décennies, selon Farès Kessasra, expert en environnement et climat
  • Abdelmadjid Tebboune a ordonné l’accélération des travaux pour la réalisation de forages et de stations de dessalement d’eau de mer pour répondre aux besoins en eau de l’Algérie

PARIS: L’Algérie enregistre un déficit important en matière de ressources en eau. Selon les chiffres officiels du ministère des Ressources en eau, le taux national de remplissage des barrages est estimé à 37,66 %. La région de l’est du pays enregistre un taux de 61,92%, suivie de la région est avec 22,80%, puis du centre avec 18,33 %. Farès Kessasra, maître de conférences à l’université de Jijel, expert en environnement et climat, et consultant auprès de l’Unesco a souligné, dans une déclaration à la presse, qu’en raison des changements climatiques, l’Algérie était soumise à une situation de stress hydrique depuis deux décennies. «Les changements climatiques ne sont pas une vue de l’esprit, mais une réalité qu’on peut observer avec le manque de pluies, mais aussi par les pics de chaleur qui favorisent l’évaporation des eaux de barrage», a-t-il indiqué.

Unité de dessalement de l'eau de mer (fournie)
Unité de dessalement de l'eau de mer (fournie)

Pour y remédier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a ordonné l’accélération des travaux pour la réalisation de forages et de stations de dessalement d’eau de mer pour répondre aux besoins cruciaux en matière de disponibilité des ressources en eau dans le pays. Le chef de l’État a exigé de fournir les capacités foncières et les conditions nécessaires permettant d’achever les projets de construction de cinq stations de dessalement d’eau de mer.

Pour rappel, le ministère des Ressources en eau a lancé le projet de réalisation de 700 forages, dont 320 sont opérationnels. Avec d’autres départements ministériels, notamment du ministère de l’Agriculture, 1200 forages sont programmés dont 577 sont déjà réceptionnés.

Dessalement d’eau de mer, une nouvelle stratégie pour assurer la sécurité hydrique.

Le premier responsable du secteur a indiqué que la réalisation de stations de dessalement de l'eau de mer était l'unique option pérenne pour venir à bout du problème de perturbations de l'alimentation en eau potable. Pour ce faire, Karim Hosni, ministre des Ressources en eau, a demandé l’accélération des travaux de construction de cinq stations réparties dans la région nord du pays: Tipaza, Boumerdès, Bejaïa, El Tarf et Oran. Ces unités auront une capacité de production de 300 000 m3/jour chacune.

Le projet de réalisation des unités de dessalement d’eau de mer, situées à l’est et à l’ouest d’Alger – Fouka (Tipaza) et Cap Djenat (wilaya de Boumerdès) – décidé dans le cadre d’un plan national et adopté lors du Conseil des ministres du 25 juillet 2021, vont permettre d’augmenter la contribution de l’eau dessalée à hauteur de 70% des ressources globales de la capitale.

Sonatrach impliquée

Le groupe public Sonatrach compte contribuer à la mise en œuvre du programme d’urgence de construction des unités de dessalement d’eau de mer. En juillet 2021, un partenariat entre deux filiales du groupe, Algerian Energy Compagny (AEC) et la Société nationale de génie civil et bâtiment (GCB) a été conclu avec la société Cosider canalisation pour la réalisation de trois stations de dessalement à Bordj el Kiffan, El Marsa (Alger) et Corso (Boumerdès). Selon le ministère de tutelle, ces unités qui alimenteront la région est de la capitale. Ces réalisations vont permettre de réduire de 72% le recours aux eaux superficielles dans la capitale.

Mohammed Arkab, ministre de l’Énergie et des Mines, avait indiqué, lors de la cérémonie de signature, qu’un plan d’urgence prévoyait dans une première phase la réalisation d’une unité d’une capacité de 250 000 m3/j à Alger Ouest, d’une deuxième à Cap Djenat de 400 00 m3/j et d’une troisième de de 250 000 m3/j à El Tarf.

Mohamed Arkeb, ministre algérien de l'Énergie et des Mines (fournie)
Mohamed Arkeb, ministre algérien de l'Énergie et des Mines (fournie)

D’autres usines sont à l’étude et concerneront les wilayas d’Oran, Mostaganem, Jijel, Skikda, Bejaïa et Tizi Ouzou. L’objectif est d’implanter une station de dessalement dans chaque wilaya du littoral algérien.

Interrogé par Arab News en français sur l’urgence de la mobilisation des ressources non conventionnelles et les modalités de l’établissement d’une stratégie efficace pour répondre à l’urgence, Ahmed Kettab, professeur émérite, consultant international et conférencier en ressources en eau, stratégies, hydropolitique et hydrodiplomatie, souligne que «la mobilisation des ressources en eau non conventionnelles est indispensable et incontournable pour le futur. Toutes les eaux usées doivent être traitées et réutilisées (irrigation, industrie, loisirs…), le dessalement doit aussi être poursuivi, sous réserve qu’il soit un complément aux barrages, aux eaux souterraines et aux eaux usées existantes, et qu’on bénéficie d’un transfert de technologie», ajoute-t-il.

Ahmed Kettab, professeur émérite, consultant international et conférencier en ressources en eau, stratégies, hydropolitique et hydrodiplomatie
Ahmed Kettab, professeur émérite, consultant international et conférencier en ressources en eau, stratégies, hydropolitique et hydrodiplomatie

Pour y parvenir, l’expert affirme qu’il est nécessaire pour l’Algérie d’établir une nouvelle stratégie et vision à l’horizon 2030/2050 tenant compte des potentialités, du savoir-faire et des moyens matériels et humains. «Des assises sur l’eau, une nouvelle loi sur l’eau, une autorité de régulation, un conseil national de l’eau (dépendant du président la République) et une réorganisation profonde du secteur de l’eau deviennent une urgence et une nécessité absolue», observe-t-il.

Ahmed Kettab qui mobilise depuis deux décennies, à l’échelle nationale et internationale,  sur des impératifs importants – disponibilité et qualité de l’eau et préservation des ressources pour tous – souligne «que la nouvelle stratégie de l’eau en Algérie vise à valoriser davantage les expériences rentables, et à donner un nouveau souffle aux efforts déployés par les pouvoirs publics en matière d’économie de l’eau, de bonne gestion et de rentabilité».

Des solutions existent

L’expert international rassure. Les solutions existent et sont nombreuses, dit-il, car l’Algérie a de réelles capacités à surmonter cette crise de l’eau et à mener une politique efficace à l’horizon 2030/2050, et surtout pour les générations futures. «Nos moyens humains, nos ressources en eau du nord et du sud nous permettent aisément de donner de l’eau à tous les Algériens en quantité et en qualité si notre gestion est rationnelle». Il ajoute que «le domaine de l’eau est vaste, pluridisciplinaire, complexe et touche plusieurs secteurs et ministères (ressources en eau, agriculture, environnement, intérieur, tourisme, industrie, énergie, société civile, universités, recherche…)».

Pour cette raison, il recommande une réorganisation totale du secteur de l’eau, ressource qui sera de plus en plus rare dans les années à venir. «Le devenir de l’Algérie passe par la mise en place de mécanismes nouveaux dans le cadre d’une gestion durable des ressources en eau, en faisant appel à toutes les compétences algériennes pour assurer la sécurité hydrique et alimentaire», conclut-il.


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.