L’ONU qualifie les Houthis de groupe terroriste, étend l'embargo sur les armes

Le Conseil de sécurité de l'ONU a imposé lundi un embargo sur les armes aux Houthis du Yémen (Photo, Reuters).
Le Conseil de sécurité de l'ONU a imposé lundi un embargo sur les armes aux Houthis du Yémen (Photo, Reuters).
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Publié le Mardi 01 mars 2022

L’ONU qualifie les Houthis de groupe terroriste, étend l'embargo sur les armes

  • La désignation des Houthis comme groupe terroriste dénonce leurs attaques contre les civils au Yémen
  • Le Conseil de sécurité a condamné le nombre croissant d'attaques menées par les Houthis contre des cibles civiles

NEW YORK: Le Conseil de sécurité des Nations unies a voté lundi en faveur de l'adoption d'un projet de résolution sur le Yémen qui étend la portée de l'embargo sur les armes visant les dirigeants de la milice houthie, dont Abdulmalik Al-Houthi, à l'ensemble des membres du groupe soutenu par l'Iran.
Par ailleurs, le Conseil a, pour la première fois, désigné les Houthis comme un groupe terroriste, à la suite d'une série d'attaques transfrontalières de drones et de missiles ciblant les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite, et d'un large éventail de violations touchant le peuple yéménite et la communauté internationale.
Il a même renouvelé les sanctions financières et l'interdiction de voyager imposées aux hauts responsables de la milice houthie pour une année supplémentaire.
La résolution 2624 du Conseil de sécurité, qui a été soumise par les EAU, condamne la poursuite de la livraison d'armes et de composants d'armes aux Houthis de l'extérieur du Yémen, en violation de l'embargo sur les armes établi par la résolution 2216 en 2015. Elle exhorte ainsi tous les États membres de l'ONU à intensifier leurs efforts «pour lutter contre la contrebande d'armes et de composants à travers les voies terrestres et maritimes, afin de garantir l'application de l'embargo.»
L'Iran est accusé de fournir aux Houthis des entraînements ainsi qu'un arsenal croissant d'armes et de technologies sophistiquées, notamment des missiles guidés antichars, des mines marines, des drones chargés d'explosifs, des missiles balistiques et de croisière et des véhicules maritimes sans pilote.
11 des 15 membres du Conseil de sécurité ont voté en faveur de la résolution. L'Irlande, le Mexique, le Brésil et la Norvège s'en sont abstenus en raison de préoccupations humanitaires.
Avant le vote de lundi, les négociations étaient particulièrement intenses au moment où les membres du Conseil se demandaient si les Houthis devaient ou non être désignés comme une organisation terroriste. Certains exprimaient leur crainte que cette désignation n'entrave les efforts que déploie l'émissaire de l'ONU au Yémen pour négocier la paix, et qu'elle n'ait un effet négatif sur les opérations humanitaires dans le pays.
Des dizaines de milliers de civils ont été tués dans la guerre. Au bord de la famine, le Yémen subit l'une des pires crises humanitaires au monde.
La résolution rappelle que les nouvelles mesures «ne devraient pas avoir de répercussions humanitaires négatives sur la population civile du Yémen, ni sur l'accès des civils à l'aide humanitaire, aux importations commerciales ou aux transferts de fonds.»
Elle appelle également les États à se conformer pleinement aux principes du droit international, y compris le droit humanitaire et les droits de l'Homme, dans l'application des sanctions.
En plus des attaques transfrontalières qui se poursuivent contre les EAU et l'Arabie saoudite, la désignation des Houthis comme groupe terroriste dénonce leurs attaques contre les personnes et les infrastructures civiles au Yémen, leur «politique de violence sexuelle et de répression à l'encontre des femmes actives et professionnelles», leur recrutement d'enfants pour la guerre, leur incitation à la violence contre les groupes religieux, et leur utilisation aveugle de mines terrestres.
Selon le texte de la résolution, «les Houthis ont également empêché l'acheminement de l'aide humanitaire au Yémen». De plus, les violences sexuelles et les violences contre les enfants pendant les conflits armés sont des actes punissables qui «menacent la paix, la sécurité et la stabilité du Yémen.»
Le Conseil de sécurité a également condamné «le plus fermement possible» le nombre croissant d'attaques menées par les Houthis contre des cibles civiles et commerciales, ainsi que leur saisie de navires commerciaux en mer Rouge, au large des côtes du Yémen. Les membres ont exigé la libération de l'équipage du navire «Rawabi» battant pavillon des Émirats arabes unis, qui est détenu par le groupe terroriste depuis mi-janvier.
Lana Nusseibeh, représentante permanente des EAU auprès de l'ONU, a salué l'adoption de la résolution et le classement des Houthis sur la liste des sanctions contre le Yémen, en réponse à leurs «violations flagrantes et à leurs attaques atroces.»
Cela permettra de réduire les capacités militaires du groupe et de prévenir ses actions hostiles à l'égard des navires civils qui menacent les routes maritimes et le commerce international, développe-t-elle.
Nusseibeh a appelé les Houthis à cesser leurs attaques terroristes et transfrontalières, à revenir à la table des négociations et à prendre part à un processus politique sérieux.
«Nous insistons sur le fait qu'il n'y a pas de solution militaire à la crise au Yémen», affirme-t-elle. «La seule façon de surmonter la crise actuelle est de déployer des efforts concertés pour parvenir à une solution politique dirigée et assumée par le Yémen, sous les auspices des Nations Unies.»
Dans leur explication du vote, les membres du Conseil ont condamné les attaques contre les EAU et l'Arabie saoudite. Trine Heimerback, représentante permanente adjointe de la Norvège, a soutenu l'application de sanctions ciblées qui pourraient aider à frayer «un chemin vers un accord politique et contribuer à la protection des civils.»
«Une action conjointe du Conseil visant à limiter les capacités des Houthis à lancer des attaques et à nuire aux civils est donc la bienvenue», ajoute-t-elle.
Heimerback indique toutefois que la résolution ne répond pas à la principale préoccupation de la Norvège concernant les effets négatifs qu'elle pourrait avoir sur le processus de paix et les opérations humanitaires au Yémen.
Elle explique que son pays craignait que cette nouvelle désignation, «en l'absence d'une définition claire (par la charte de l'ONU), n'ait un impact négatif sur les efforts que déploie l'ONU pour faciliter une solution politique au Yémen (et) des conséquences humanitaires involontaires (qui) pourraient avoir de lourdes répercussions sur les efforts que fournit l'ONU pour répondre aux nombreux besoins humanitaires au Yémen.»
Quant à l'ambassadeur du Kenya auprès des Nations Unies, Martin Kimani, il précise que son pays était alarmé par «la tendance croissante des groupes transnationaux à mener des attaques en dehors d'un territoire sur lequel ils sont engagés dans des processus de paix.»
Et d'ajouter que les attaques des Houthis contre les EAU et l'Arabie saoudite «franchissent un seuil inacceptable (et) contredisent les efforts que déploie ce conseil pour rétablir la paix au Yémen.»
«Il est temps que le Conseil de sécurité limite les incitations de ces groupes qui lancent des attaques transfrontalières dans le but d'attirer l'attention», demande Kimani.
«Les sanctions qui sont imposées aujourd'hui permettent à ces groupes de comprendre qu'ils devront cesser leurs attaques extérieures pour avoir la chance d’être reconnus comme acteurs politiques légitimes.»
«Le Conseil ne doit pas tolérer le contrôle qu’exercent les Houthis sur la population yéménite ni la façon dont ils manipulent l’aide humanitaire», poursuit-il.
«Nous sommes certainement conscients, à l'heure actuelle, que les attaques menées contre les personnes et les biens représentent l'un des facteurs les plus graves à l'origine des crises humanitaires», déclare Kimani. «La lutte contre le terrorisme n'annule pas le soutien à l'action humanitaire.»
«Il faudrait permettre aux organisations humanitaires de mieux fonctionner dans l'espace (humanitaire) pour qu'elles ne soient pas exploitées par des groupes. Sinon, nous discuterons de l'emprisonnement de populations entières (comme moyen) de faire valoir la réponse humanitaire à leur crise.»
L'émissaire kényan a également transmis les préoccupations de certains membres du Conseil concernant la désignation des Houthis comme organisation terroriste, au motif qu'une telle désignation n'est pas clairement définie par la charte des Nations Unies.
«Le terrorisme est reconnaissable par l'intuition humaine», a indiqué Kimani. «Une attaque contre un aéroport, comme celle dont nous avons été témoins aux Émirats arabes unis, relève d'un acte terroriste», tout comme la fusillade de 2013 contre des dizaines de civils dans un centre commercial de Nairobi, «que l'ONU ait ou pas une position juridique officielle» à ce sujet.
Il appelle enfin les membres du Conseil à «s'unir contre le terrorisme» rappellant la nécessite de lutter contre «l'incitation des groupes – que nous essayons de mener vers des processus nationaux de stabilisation et de paix – aux attaques transfrontalières.»


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.


L'Arabie saoudite et l'Iran réaffirment leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin

Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
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  • Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a participé mardi à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint

RIYAD : L’Arabie saoudite et l’Iran ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin lors d’une réunion tenue mardi à Téhéran.

Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a assisté à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint entre l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine.

Les parties saoudienne et iranienne « ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin dans son intégralité, ainsi que leur volonté de renforcer les relations de bon voisinage entre leurs pays, dans le respect de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Organisation de la coopération islamique et du droit international », a indiqué l’Agence de presse saoudienne dans un communiqué.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont également salué le rôle positif continu joué par la Chine ainsi que son soutien constant à la mise en œuvre de l’Accord de Pékin.

De son côté, la Chine a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre son soutien et à encourager les démarches entreprises par le Royaume et l’Iran pour développer leurs relations dans divers domaines.

Les trois pays ont salué les progrès continus dans les relations saoudo-iraniennes et les perspectives qu’ils offrent à tous les niveaux, a ajouté la SPA.

Les trois pays ont également appelé à une cessation immédiate des agressions israéliennes en Palestine, au Liban et en Syrie.

Ils ont en outre condamné tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.