Les femmes palestiniennes luttent pour améliorer leur statut social

Rula Salameh, militante féministe palestinienne de Jérusalem-Est, reçoit l’équipe d’Arab News dans son bureau, le 6 mars dernier. (Photo AN par Mohammed Najib)
Rula Salameh, militante féministe palestinienne de Jérusalem-Est, reçoit l’équipe d’Arab News dans son bureau, le 6 mars dernier. (Photo AN par Mohammed Najib)
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Publié le Mardi 08 mars 2022

Les femmes palestiniennes luttent pour améliorer leur statut social

  • Les femmes palestiniennes de Cisjordanie et celles qui sont citoyennes d'Israël ont réalisé des exploits aussi remarquables que concrets au cours des dernières années
  • Les associations de femmes palestiniennes militent contre toutes formes de discrimination liée au genre dans la société

RAMALLAH: Les femmes palestiniennes de Cisjordanie et celles qui sont citoyennes d'Israël ont réalisé des exploits aussi remarquables que concrets au cours des dernières années. Il est aujourd’hui monnaie courante de les voir accéder à des postes tels que ministre adjoint des Affaires étrangères, gouverneur d'une grande ville, ministre, ambassadrice, juge, directrice d'entreprise ou officier de haut rang dans les services de sécurité. 

Cependant, ces accomplissements ne traduisent pas nécessairement la mentalité de la société quant au rôle, à l'efficacité, au statut ou à l'égalité des femmes par rapport aux hommes.

La militante Rula Salameh, pour sa part, n'est pas satisfaite de la situation des femmes palestiniennes.

Elle explique à Arab News que les femmes palestiniennes n'ont toujours pas acquis leurs droits malgré les engagements qu’elles ont pris aux côtés des hommes dans la lutte contre l'occupation israélienne. Leur statut ne reflète toujours pas le fait qu'elles représentent la moitié de la société.

«Pour le moment, les femmes disposent de deux moyens pour accéder à des postes de direction: soit si le parti politique auquel elles appartiennent est assez puissant pour les mettre en avant, soit leurs parents sont très influents et peuvent les faire parvenir à un poste supérieur», explique Salameh, originaire de Jérusalem-Est. «Ainsi, une femme qui n'appartient pas à une faction politique forte et qui n'a pas la chance d’avoir des parents influents ne pourra accéder à des postes de direction.» 

Selon les statistiques, le pourcentage de femmes palestiniennes instruites dépasse celui des hommes palestiniens instruits. Pourtant, les hommes continuent d’occuper des postes clés de direction.

Salameh est également en colère contre les femmes dirigeantes au sein de la communauté. Selon elle, nombreuses sont celles qui refusent, le moment venu, de céder les postes de pouvoir qu'elles ont atteints à des femmes dirigeantes plus jeunes. Par ailleurs, beaucoup d’entre elles occupent simultanément plusieurs postes de haut niveau, ce qui ne permet pas aux autres de progresser.

Les associations de femmes palestiniennes militent contre toutes formes de discrimination liée au genre dans la société, notamment à travers des efforts qui visent à faire adopter des lois dissuasives contre les crimes dits «d'honneur». Toute interruption du travail du Conseil législatif palestinien signifie qu'aucun progrès réel n'est réalisé à cet égard. 

Ghassan Khattib, vice-président de l'université de Beir Zeit, estime que la situation des femmes palestiniennes est pire que celle de leurs homologues dans d'autres pays arabes. Selon lui, le renforcement de leur position passe nécessairement par une indépendance économique et une plus grande participation au marché du travail dans le but d’améliorer leur statut au sein de la famille et de la société.

Actuellement, les femmes palestiniennes actives sur le marché du travail ne représentent que 19% de la population totale.

«Si les femmes ne sont pas économiquement indépendantes, il leur est difficile d'avoir un rôle, un statut et un poids dans la prise de décision ou de contribuer à la vie publique», fait savoir Khattib. «Combien de femmes directrices d'entreprises [y a-t-il] et combien de présidentes d'université?» La société, patriarcale, marginalise les femmes pour des raisons culturelles.

«Le meilleur moyen de promouvoir le statut des femmes dans la société palestinienne réside dans la facilitation de leur accès à l'éducation et dans une plus grande participation au marché du travail», ajoute-t-il.

Safa Hassaneh, une militante, déclare à Arab News que les femmes palestiniennes dont les maris sont arrêtés ou tués se retrouvent contraintes de porter une grande responsabilité familiale.

Hassaneh est d'accord avec Salameh pour dire que les lois ne rendent pas justice aux femmes et que ces dernières doivent lutter pour améliorer leur statut social et pour être représentées.

Alia Sobh, une autre militante de Bethléem, estime que, malgré la participation des femmes palestiniennes à de nombreux aspects de la société, leur position demeure faible. Elle fait notamment référence au premier tour des élections municipales qui se sont tenues en Cisjordanie en décembre dernier. En effet, certaines candidates aux sièges du conseil municipal n'ont pas eu le droit d’ajouter leur photo sur les affiches de la campagne électorale. Elles ont mis à la place le cliché d’une rose parce que leur mari leur a interdit de rendre leur portrait public.

Dans certaines familles et dans certaines régions, le nom complet des femmes ne figure pas sur les faire-part de mariage.

Selon Sobh, l’emprise des partis politiques sur les associations de femmes empêche la promulgation de lois qui rendent justice aux femmes et leur permettent d’évoluer dans la société.

Cependant, la situation des femmes palestiniennes qui vivent en Israël semble légèrement différente de celle que connaissent les habitantes de Cisjordanie. En effet, Samah Diab, militante de Tamra, en Galilée, explique à Arab News que les associations de femmes parviennent à faire entendre leur voix contre le gouvernement israélien.

«Par leur approche centrée sur l’humain, les femmes peuvent apporter un véritable changement; les femmes arabes qui vivent en Israël ont fait des progrès, mais elles aspirent à en faire davantage», souligne Diab.

Maqbola Nassar, d'Arrabeh en Galilée, affirme à Arab News que la doctrine de survie adoptée par les femmes arabes en Israël leur a permis de réaliser de nombreux exploits. Nassar note à cet égard que 60% des étudiants arabes sont des femmes. En effet, les femmes arabes considèrent l'éducation comme une stratégie vitale pour atteindre leurs objectifs. Entre autres exploits, Nassar rappelle que les femmes ont également réussi à réduire la fréquence des mariages précoces et de la polygamie.

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Des Soudanais déplacés par le conflit se réfugient provisoirement dans l'État d'Al-Jazirah

Des passants près de l'entrée de l'hôpital Medani Heart Centre à Wad Madani, la capitale de l'État d'Al-Jazirah dans le centre-est du Soudan, le 25 mai 2023 (Photo, AFP).
Des passants près de l'entrée de l'hôpital Medani Heart Centre à Wad Madani, la capitale de l'État d'Al-Jazirah dans le centre-est du Soudan, le 25 mai 2023 (Photo, AFP).
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  • Al-Jazirah a jusqu'à présent accueilli le plus grand nombre de personnes déplacées par le conflit qui sévit dans la capitale Khartoum
  • L'État est confronté à une pénurie de produits de base habituellement distribués de Khartoum vers les zones périphériques

WAD MADANI, SOUDAN: Des centaines de milliers de civils soudanais ont été déplacés depuis le début des affrontements entre les forces armées soudanaises et les Forces paramilitaires de soutien rapide, il y a six semaines. La grande majorité d'entre eux ont choisi de rester dans le pays.

L'État d'Al-Jazirah, situé à seulement trois heures de route au sud-est de Khartoum, a jusqu'à présent accueilli le plus grand nombre de personnes fuyant le conflit dans la capitale soudanaise. Il représente ainsi un microcosme de la crise des déplacés.

Les personnes fuyant vers Al-Jazirah sont épargnées par le difficile périple à travers les ponts, les cours d'eau et les frontières internationales pour trouver refuge. Toutefois, nombre d'entre elles se heurtent à de nouvelles difficultés à leur arrivée dans les camps de déplacés, avec un accès limité aux soins de santé, aux abris et à la nourriture.

Compte tenu du nombre croissant de personnes déplacées, Al-Jazirah est confrontée à d'alarmantes pénuries de médicaments, de carburant et de nourriture – des biens qui, dans des circonstances normales, seraient distribués depuis Khartoum vers les différents États périphériques du Soudan.

De la fumée s'élève dans le sud de Khartoum durant les combats opposant les forces de deux généraux rivaux au Soudan, le 6 mai 2023 (Photo, AFP).

Asaad al-Sir Mohammed, commissaire du Soudan chargé de l'aide humanitaire, indique que les organisations humanitaires sont actives sur le terrain à Al-Jazirah pour faire face à l'afflux de personnes déplacées. Mais les moyens sont déjà limités.

«Nous sommes en réseau avec toutes les organisations du Soudan», a-t-il indiqué à Arab News. «Des organisations spécialisées dans la prise en charge des réfugiés nous accompagnent actuellement. Nous collaborons avec l'Organisation mondiale de la santé et le Programme alimentaire mondial.»

Certaines organisations se sont engagées à coordonner leur action avec le ministère soudanais de la Protection sociale, la Commission d'aide humanitaire et la Commission des réfugiés, notamment le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Alight, ZOA, le Conseil danois pour les réfugiés, Medical Teams International et Islamic Relief.

«Nous envisageons d'absorber le premier traumatisme des déplacés et de leur fournir un logement digne. Ensuite, les organisations interviendront», a déclaré M. Mohammed. «Plusieurs organisations, dont Médecins sans frontières, ont déjà commencé à travailler dans le cadre de leur mandat.»

Un patient est transporté sur un brancard à l'hôpital Medani Heart Centre à Wad Madani, la capitale de l'État d'Al-Jazirah dans le centre-est du Soudan, le 25 mai 2023 (Photo, AFP).

Cependant, malgré une étroite coordination entre les comités de service et les autorités de l'État d'Al-Jazirah, M. Mohammed estime que le nombre de personnes déplacées risque d'entraîner des pénuries encore plus importantes si les agences d'aide et le Comité suprême de Khartoum n'agissent pas rapidement.

Les producteurs alimentaires locaux sont notamment contraints d'augmenter leur production afin de répondre à l'augmentation du nombre de bouches à nourrir et à l'effondrement des chaînes d'approvisionnement en provenance de la capitale.

Mudther Abdul Karim, qui représente les producteurs de farine locaux, a déclaré à Arab News que les sept plus grandes minoteries d'Al-Jazirah devront probablement faire face à une augmentation de leur charge de travail en raison de la fermeture de plusieurs unités à Khartoum liée aux combats.

Toutes les minoteries d'Al-Jazirah ont été obligées de fonctionner à plein régime, explique M. Abdul Karim. Les autorités ont pris des mesures pour importer de la farine des minoteries de l'État de la mer Rouge et des pays voisins afin de répondre à l'augmentation de la demande.

Un Soudanais récolte des oignons dans la région d’Al-Jazirah, au sud de Khartoum, le 11 mai 2023. Alors que les combats à Khartoum ne montrent aucun signe de répit, les propriétaires de petites entreprises se sont retrouvés à perte, sans aucune perspective de rattraper les semaines de ralentissement sans précédent (Photo, AFP).

Pour ce qui est du carburant, bien que l'État bénéficie d'un approvisionnement direct via un pipeline de 217 kilomètres de long relié à la raffinerie d'Al-Jely, de nombreux citoyens sont encore contraints de faire la queue pendant plus de deux jours pour faire le plein de leurs voitures et de leurs jerrycans.

Pour faire face à la marée humaine qui fuit Khartoum, Fatah Al-Rahman Taha, ministre soudanais de la Protection sociale, a indiqué à Arab News que le camp 5 dans l'État d'Al-Qadarif, qui accueillait les Éthiopiens déplacés par la guerre du Tigré, était rouvert afin d'accueillir de nouveaux arrivants.

«Le problème de la guerre est une réalité imposée, mais les nuages se dissiperont et le Soudan se relèvera», a affirmé M. Taha.

Un homme passe devant une station-service fermée à Wad Madani, la capitale de l'État d'Al-Jazirah dans le centre-est du Soudan, le 18 mai 2023 (Photo, AFP).

Les combats au Soudan ont tué plus de 1 800 personnes, selon le projet ACLED (Armed Conflict Location and Event Data Project). Les Nations unies indiquent que plus d'un million de personnes sont déplacées à l'intérieur du pays, et que 300 000 autres ont fui vers les pays voisins.

Les civils, de plus en plus désespérés, attendent de brèves accalmies pour fuir ou pour recevoir de l'aide, car les combats ont réduit les réserves de nourriture, d'eau et d'électricité de Khartoum.

Il n'est pas facile de s'échapper de la zone de conflit. Les conseils aux voyageurs occidentaux indiquent que l'aéroport international de Khartoum est fermé, que les vols d'évacuation depuis la base aérienne de Wadi Saeedna, au nord de Khartoum, sont interrompus et que les possibilités d'évacuation depuis Port-Soudan sont limitées.

Par conséquent, les personnes cherchant à quitter le Soudan par des moyens commerciaux doivent le faire à leurs risques et périls. Par ailleurs, la sécurité et la fiabilité des compagnies aériennes locales suscitent de vives inquiétudes, nombre d'entre elles étant interdites d'exploitation dans l'espace aérien international.


Au Maroc, accusations de laxisme judiciaire après le viol d'une mineure

La famille d'une mineure marocaine violée a dénoncé lundi la peine de prison, selon elle indulgente, infligée aux six accusés dans cette affaire (Photo, AFP).
La famille d'une mineure marocaine violée a dénoncé lundi la peine de prison, selon elle indulgente, infligée aux six accusés dans cette affaire (Photo, AFP).
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  • Fatima-Zahra, âgée de 15 ans au moment des faits, a été violée par six hommes dans un village près de Tata (sud-est du pays) en 2021
  • En décembre 2021, le tribunal de première instance d'Agadir (sud) a condamné les six accusés à un an de prison chacun pour «attentat à la pudeur sur mineure»

RABAT: La famille d'une mineure marocaine violée a dénoncé lundi la peine de prison, selon elle indulgente, infligée aux six accusés dans cette affaire qui rappelle un cas similaire ayant scandalisé le Maroc il y a quelques semaines.

Fatima-Zahra, âgée de 15 ans au moment des faits, a été violée par six hommes dans un village près de Tata (sud-est du pays) en 2021, ce qui a provoqué une grossesse, a indiqué l'oncle de l'adolescente qui a requis l'anonymat.

A la suite d'une plainte de la famille, "les investigations ont abouti à l'identification d'un suspect principal, qui est l'entraîneur de la jeune fille dans une équipe de football locale, ainsi que cinq autres hommes l'ayant également violée", a précisé l'oncle, à la veille du procès en appel des accusés.

La police a pu arrêter cinq suspects tandis que le sixième est toujours en fuite.

En décembre 2021, le tribunal de première instance d'Agadir (sud) a condamné les six accusés à un an de prison chacun pour "attentat à la pudeur sur mineure".

Un verdict "injuste et illogique", a regretté le parent de la victime, affirmant que sa nièce, mère d'un enfant de huit mois, était "dans un état inimaginable".

La famille appelle "à ce que justice lui soit rendue".

«Répétition»

Le procès en appel dans cette affaire doit s'ouvrir mercredi devant un tribunal d'Agadir, où les accusés comparaîtront en liberté car ils ont purgé leur peine.

Selon les médias marocains, ce drame résonne comme une "répétition" d'un autre cas où trois hommes accusés de viol à répétition sur une fillette de 11 ans avaient été condamnés en mars dernier en première instance à deux ans de prison, des peines dont la clémence avaient choqué l'opinion.

Après une forte mobilisation de la société civile, l'un des accusés a finalement écopé en appel de 20 ans de prison ferme et ses deux complices de 10 ans chacun.

Au Maroc, ONG et médias tirent fréquemment la sonnette d'alarme sur les cas de violences sexuelles contre les mineurs et appellent à des sanctions plus sévères.


La réélection d'Erdogan inquiète les kurdes de Syrie

Le président turc Tayyip Erdogan s'adresse à ses partisans après sa victoire au second tour de l'élection présidentielle au palais présidentiel d'Ankara tôt le 29 mai 2023 (Photo, AFP).
Le président turc Tayyip Erdogan s'adresse à ses partisans après sa victoire au second tour de l'élection présidentielle au palais présidentiel d'Ankara tôt le 29 mai 2023 (Photo, AFP).
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  • Les Kurdes en Turquie – environ un cinquième des 85 millions d'habitants de ce pays – ont voté principalement en faveur de Kiliçdaroglu
  • Tout au long de la campagne électorale, Erdogan n'a cessé d'attaquer son rival en le traitant de «terroriste»

QAMICHLI: Au marché de Qamichli, l'inquiétude prévaut lundi au lendemain de la réélection du président turc Recep Tayyip Erdogan qui menace régulièrement d'attaquer ces zones sous administration kurde du nord de la Syrie.

"En tant que Kurdes, nous ne souhaitions pas qu'Erdogan soit réélu", affirme, en kurde, Hozan Abou Bakr, propriétaire d'une boutique de vêtements qui discute avec ses voisins des répercussions du scrutin en Turquie.

"Nous voulions (le candidat de l'opposition) Kemal Kiliçdaroglu, non pas parce qu'il est meilleur, mais parce qu'il s'était allié aux Kurdes et qu'il n'est peut-être pas aussi mauvais qu'Erdogan", ajoute cet homme de 30 ans.

Les Kurdes en Turquie – environ un cinquième des 85 millions d'habitants de ce pays – ont voté principalement en faveur de M. Kiliçdaroglu, le chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), battu par M. Erdogan dimanche.

Tout au long de la campagne électorale, M. Erdogan n'a cessé d'attaquer son rival en le traitant de "terroriste", en raison de l'appui que lui ont apporté des responsables du parti pro-Kurde HDP.

Peuple sans État, les Kurdes sont répartis entre la Turquie, l'Irak, la Syrie et l'Iran.

À la faveur de la guerre en Syrie, ils ont établi une administration autonome dans de vastes secteurs du nord et du nord-est de ce pays.

Mais ils s'inquiètent que le président turc ne mette à exécution ses menaces répétées d'attaquer ces zones kurdes, et redoutent également un rapprochement entre Damas et Ankara dont ils feraient les frais.

«Nous ne voulons pas nous battre contre la Turquie»

La Turquie a lancé depuis 2016 trois offensives sur le sol syrien contre les forces kurdes dans le nord, qui lui ont permis de contrôler une bande frontalière de 120 km de longueur côté syrien.

Ankara a aussi mené en novembre une campagne de raids contre les combattants kurdes dans le nord de la Syrie et a brandi la menace d'une offensive terrestre.

La Turquie considère comme "terroriste" le Parti de l'Union démocratique (PYD), dont la branche armée, les YPG, a été le fer de lance de la lutte contre le groupe État islamique dans le nord de la Syrie avec l'appui des États-Unis, au grand dam de la Turquie.

Hizny Souleiman, un autre commerçant du marché de Qamichli, confie "craindre qu'Erdogan n'attaque à nouveau le peuple kurde".

Devant sa boutique d'électroménager, Mohammad Achraf assure : "Nous ne voulons pas nous battre contre la Turquie (…) nous voulons juste vivre en paix, surtout que toute la région est en guerre."

Le soulèvement pacifique en Syrie qui a dégénéré en guerre civile a fait plus d'un demi-million de morts. Près de la moitié des Syriens sont désormais des réfugiés ou des déplacés.

"La victoire d'Erdogan constitue sans aucun doute un développement négatif pour les Kurdes, notamment en Syrie", a estimé l'analyste Mutlu Civiroglu, spécialiste de la question kurde.

Selon lui, les Kurdes syriens auront affaire à "davantage d'attaques de drones et à la montée en puissance des groupes armés syriens soutenus par la Turquie".

"Les Kurdes sont déjà dans une situation difficile qui va s'accentuer, le gouvernement d'Erdogan voyant les Kurdes comme une menace pour la sécurité nationale", a poursuivi M. Civiroglu.

«Erdogan va poursuivre sa politique passée»

M. Erdogan a tenté ces derniers mois de se rapprocher de son homologue syrien Bachar al-Assad, notamment grâce à une médiation russe, ce qui, selon l'analyste, constitue "une autre inquiétude pour les Kurdes syriens".

"Nous ne pouvons pas prédire les agissements d'Erdogan, mais tout rapprochement entre lui et Bachar al-Assad se fera aux dépens des Kurdes", affirme pour sa part Saleh Muslim, qui copréside le PYD.

Pour sa part, M. Assad a exigé en préalable à toute rencontre avec son homologue le retrait des forces turques stationnées dans le nord de la Syrie sous contrôle rebelle et la fin du soutien d'Ankara aux groupes rebelles opposés à Damas.

"Il semble qu'Erdogan va poursuivre sa politique passée, et nous devons être prêts à toutes les éventualités", ajoute-t-il.

Il assure : "le plan d'Erdogan se fonde sur l'éradication des Kurdes partout, dont les Kurdes syriens s'il le peut."