Au Soudan, le tout jeune foot féminin est une victoire malgré les défaites

Face aux voisines du Soudan du Sud, ses joueuses se sont inclinées 6 à 0. Et avant cela, elles ont perdu contre l'Egypte, la Tunisie, l'Algérie et le Liban. (AFP)
Face aux voisines du Soudan du Sud, ses joueuses se sont inclinées 6 à 0. Et avant cela, elles ont perdu contre l'Egypte, la Tunisie, l'Algérie et le Liban. (AFP)
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Publié le Mardi 08 mars 2022

Au Soudan, le tout jeune foot féminin est une victoire malgré les défaites

  • Créée il y a moins d'un an, l'équipe nationale féminine du Soudan enchaîne les défaites, mais son existence même est une victoire
  • Aujourd'hui, les joueuses rencontrent le Soudan du Sud sans avoir vraiment pu s'entraîner dans un pays où, chaque semaine, de nouveaux manifestants sont tués dans la répression des manifestations

KHARTOUM: Sous les vivats des supporters d'un petit stade près de Khartoum, Salma al-Majidi encourage ses footballeuses: créée il y a moins d'un an, l'équipe nationale féminine du Soudan enchaîne les défaites, mais son existence même est une victoire.


Aujourd'hui, les joueuses rencontrent le Soudan du Sud sans avoir vraiment pu s'entraîner dans un pays où, chaque semaine, de nouveaux manifestants sont tués dans la répression des manifestations qui dénoncent depuis octobre le putsch du général Abdel Fattah al-Burhane.


Pas de quoi pour autant entamer la détermination de Mme Majidi, 30 ans, qui a déjà brisé plusieurs tabous dans le pays, sorti en 2019 d'une dictature militaro-islamiste interdisant, entre autres, aux femmes de jouer au foot.


Pour contourner cette interdiction, elle a rejoint le terrain sur le banc et elle est devenue la première femme à entraîner des hommes dans le monde arabe où le foot est le sport-roi et où les femmes sont souvent mises de côté, en politique comme sur la pelouse.

«Tout premiers pas»
Si Salma al-Majidi a collectionné les victoires avec les équipes masculines, elle le reconnaît: "les filles font encore leurs tout premiers pas dans les tournois internationaux".


La preuve? Face aux voisines du Soudan du Sud, ses joueuses se sont inclinées 6 à 0. Et avant cela, elles ont perdu contre l'Egypte, la Tunisie, l'Algérie et le Liban.


"Même si elles ont beaucoup moins d'expérience que les autres, elles s'améliorent", dit-elle toutefois à l'AFP.


Et surtout, dans l'un des pays les plus pauvres au monde, ses joueuses ne doivent pas seulement composer avec des équipements décrépits mais aussi avec des troubles qui perturbent le calendrier des entraînements et même des matches officiels.


Ainsi, le 26 octobre, elles devaient accueillir les Algériennes pour un match retour de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) dames et tenter de prendre leur revanche après un douloureux 14 à 0.


Mais le putsch 24 heures plus tôt a forcé l'équipe algérienne des Fennecs à quitter le Soudan dans la précipitation, avant que la répression ne s'enclenche et fasse, depuis, près d'une centaine de morts et des centaines de blessés.


Mais peu importe les annulations et les défaites, balaie d'un revers de la main la capitaine Fatma Jadal qui a longtemps joué en secret sous la dictature.


A l'époque, raconte-t-elle à l'AFP, "on devait chercher des endroits isolés" car "les gens étaient contre" l'idée que les femmes jouent au foot. Et "quand ils nous voyaient jouer, ils nous chassaient des terrains".   

Coups de fouet 
Exaspérées d'être traitées en "citoyens de seconde zone", les femmes ont été à la pointe de la "révolution" de 2019 qui a forcé l'armée à démettre l'autocrate venu de ses rangs, Omar el-Béchir.


Quelques mois plus tard, alors que les civils prenaient en main la transition, ils forçaient leurs partenaires militaires à supprimer plusieurs lois discriminatoires pour les femmes.


Et ils créaient même le premier tournoi de football féminin du pays.


Mais aujourd'hui, les militaires ont débarqué les civils du gouvernement et, pour les femmes, les libertés gagnées de haute lutte pourraient disparaître, s'inquiète la capitaine Jadal.


"Un pouvoir uniquement militaire va nous ramener à l'époque des restrictions de Béchir donc on n'en veut vraiment pas", lance-t-elle.


Un pessimisme que ne partage pas l'entraîneuse Majidi car, pour elle, la "révolution" a déjà fait changer les mentalités. 


"Les Soudanais acceptent plus le foot féminin qu'avant", dit-elle.


Et pour les convaincre un peu plus, Mme Majidi a déjà un nouvel objectif en tête: le championnat féminin du CECAFA, l'un des championnats de foot les plus anciens d'Afrique, prévu en mars.


"Même sans aller en finale, il faut au moins qu'on arrive à rester dans la course pendant quelques tours", souligne-t-elle.


Liban: l'armée achèvera de désarmer le Hezbollah près de la frontière avec Israël d'ici trois mois

L’armée libanaise doit achever le désarmement du Hezbollah dans la partie du sud du pays proche de la frontière avec Israël d'ici trois mois, a déclaré mardi à l'AFP le ministre des Affaires étrangères du Liban, Youssef Raggi. (AFP)
L’armée libanaise doit achever le désarmement du Hezbollah dans la partie du sud du pays proche de la frontière avec Israël d'ici trois mois, a déclaré mardi à l'AFP le ministre des Affaires étrangères du Liban, Youssef Raggi. (AFP)
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  • En août, le gouvernement avait demandé à l’armée de préparer un plan de désarmement d’ici la fin de l’année
  • Le chef de l'armée Rodolphe Haykal l’a présenté le 5 septembre en Conseil des ministres, mais le texte ne respecte pas pleinement l'échéance fixée par l'exécutif

BEYROUTH: L’armée libanaise doit achever le désarmement du Hezbollah dans la partie du sud du pays proche de la frontière avec Israël d'ici trois mois, a déclaré mardi à l'AFP le ministre des Affaires étrangères du Liban, Youssef Raggi.

Le Hezbollah pro-iranien est sorti très affaibli d'une guerre avec Israël à laquelle un cessez-le-feu a mis fin le 27 novembre 2024 mais refuse de remettre ses armes, accusant le gouvernement libanais de faire le jeu d'Israël et des Etats-Unis.

En août, le gouvernement avait demandé à l’armée de préparer un plan de désarmement d’ici la fin de l’année. Le chef de l'armée Rodolphe Haykal l’a présenté le 5 septembre en Conseil des ministres, mais le texte ne respecte pas pleinement l'échéance fixée par l'exécutif.

M. Raggi a précisé que le plan présenté par l'armée et qui vise à assurer le monopole des armes par l’Etat sur l'ensemble du Liban, comportait cinq phases.

La première stipule que "le désarmement sera achevé au sud du fleuve Litani", à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne, d'ici "trois mois", soit fin novembre 2025, selon le ministre.

À cette date, "il ne restera plus ni dépôts, ni armes, ni transferts d’armes, ni combattants, ni présence armée" dans la zone située au sud du fleuve Litani, a-t-il ajouté.

Parallèlement, la mise en œuvre de cette première étape s'accompagnera de "mesures de sécurité" sur l'ensemble du territoire, a poursuivi M. Raggi.

Selon lui, l'armée "renforcera et multipliera les postes de contrôle, interdira le transport et le port d'armes (…) sans toutefois effectuer de perquisitions ou d'arrestations, et sans saisir les armes stockées. Mais au moins, le transfert d’armes d’une région à une autre ne sera plus autorisé".

"Plus de temps" 

Le chef de la diplomatie a ajouté que les quatre autres étapes concerneront progressivement les autres régions du Liban, "mais sans échéances précises".

La zone frontalière a longtemps constitué un bastion du Hezbollah, qui y avait notamment creusé des tunnels pour ses combattants et ses armes. En juin déjà, le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, avait déclaré que l'armée libanaise avait démantelé "plus de 500 positions militaires et dépôts d'armes" dans le sud du pays.

Vendredi, le gouvernement libanais a salué le plan présenté par le commandant en chef de l’armée. Le ministre de l’Information, Paul Morcos, avait expliqué que "l’armée libanaise allait entamer la mise en œuvre du plan mais dans la limite des moyens disponibles, qui sont restreints sur les plans logistique, matériel et humain".

M. Raggi a confirmé mardi que "le commandant chef de l’armée nous a dit qu’il n’y avait pas les moyens humains, matériels et techniques pour tout faire dans le délai fixé par le gouvernement, et qu’il lui fallait plus de temps".

"Pression diplomatique" 

En août, le gouvernement avait également approuvé les objectifs d’une proposition américaine faite par l’émissaire Tom Barrack, détaillant un calendrier et des modalités de désarmement, et prévoyant aussi le retrait israélien de cinq positions encore occupées dans le sud.

Le gouvernement libanais reproche à Israël de ne pas avoir respecté la feuille de route apportée par l'émissaire américain.

Mais selon M. Raggi, "le monopole des armes n’est pas liée à la proposition de M. Barrack mais découle de la Constitution".

Le ministre a par ailleurs demandé qu’"Israël cesse ses attaques et se retire du sud", affirmant que le Liban exerçait un "pression diplomatique" en ce sens.

Conformément à l'accord de cessez-le-feu, surveillé par les Etats-Unis, la France et l'ONU, le Hezbollah devait retirer ses forces et démanteler toute infrastructure militaire au sud du Litani.

Israël, qui devait de son côté retirer ses troupes du Liban, s'est maintenu dans cinq positions frontalières et mène régulièrement des frappes sur le territoire libanais, disant viser le Hezbollah, très affaibli par la guerre.


Explosions à Doha, Israël affirme avoir frappé des responsables du Hamas

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  • Les autorités du Qatar ont confirmé des frappes contre des domiciles de responsables du Hamas et condamné une attaque "lâche"
  • Un responsable du Hamas à Gaza dit à l'AFP que l'équipe de négociations du mouvement avait été "ciblée" à Doha. On ignorait dans l'immédiat si les frappes avaient fait des victimes

DOHA: L'armée israélienne a annoncé avoir mené mardi des frappes contre des responsables du mouvement islamiste palestinien Hamas, après que des explosions ont été entendues à Doha, la capitale du Qatar.

Les autorités du Qatar ont confirmé des frappes contre des domiciles de responsables du Hamas et condamné une attaque "lâche".

"L'armée et le service de sécurité intérieure (Shin Bet) ont mené une frappe ciblée contre la haute direction de l'organisation terroriste Hamas", a dit l'armée israélienne dans un communiqué, sans préciser le lieu de l'attaque.

Un responsable du Hamas à Gaza dit à l'AFP que l'équipe de négociations du mouvement avait été "ciblée" à Doha. On ignorait dans l'immédiat si les frappes avaient fait des victimes.

Plusieurs explosions ont été entendues à Doha, où résident les responsables du Hamas qui ont participé aux négociations sur un cessez-le-feu à Gaza ces derniers mois.

De la fumée s'est élevée d'un quartier, selon des journalistes de l'AFP dans la capitale qatarie.

La police a bloqué l'accès au lieu des explosions.

Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, Israël a tué plusieurs chefs et hauts responsables du Hamas après avoir juré de détruire le mouvement.

"Depuis des années, ces membres de la direction du Hamas dirigent les opérations de l'organisation terroriste, sont directement responsables du massacre brutal du 7 octobre et ont orchestré et géré la guerre contre l'Etat d'Israël", selon le communiqué de l'armée.

"L'Etat du Qatar condamne fermement l'attaque lâche menée par Israël qui a visé des immeubles résidentiels abritant plusieurs membres du bureau politique du Hamas", a écrit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Majed al-Ansari sur X.

Le jour des frappes à Doha, la branche armée du Hamas a revendiqué l'attaque commise la veille à Jérusalem qui a coûté la vie à six Israéliens.

"Les Brigades Al-Qassam revendiquent leur responsabilité dans l'attaque par balles qui a eu lieu hier matin, lundi (...), près du carrefour de la colonie de Ramot", indique-t-il dans un communiqué.

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a sommé lundi le Hamas de se rendre sous peine d'être anéanti, après que le président américain Donald Trump a adressé un "dernier avertissement" au mouvement islamiste palestinien, l'exhortant à libérer tous les otages.

"Ceci est un dernier avertissement aux assassins et violeurs du Hamas à Gaza et dans les hôtels de luxe à l’étranger: libérez les otages et déposez les armes, ou Gaza sera détruite et vous serez anéantis", a déclaré M. Katz sur X.

"Aujourd'hui, un ouragan dévastateur frappera le ciel de la ville de Gaza et les toits des tours terroristes trembleront", ajoute-t-il, notant que "l'armée israélienne poursuit ses opérations comme prévu et se prépare à étendre ses manœuvres pour conquérir" Gaza-ville.


Liban: frappe israélienne contre le Hezbollah au sud de Beyrouth, selon une source de sécurité

"Un drone ennemi a pris pour cible il y a peu de temps une voiture près de la mosquée de Zarout, entre les villes de Jiyeh et Barja, dans l'Iqlim el-Kharrub", a rapporté l'Agence nationale de presse. (AFP)
"Un drone ennemi a pris pour cible il y a peu de temps une voiture près de la mosquée de Zarout, entre les villes de Jiyeh et Barja, dans l'Iqlim el-Kharrub", a rapporté l'Agence nationale de presse. (AFP)
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  • Une frappe de drone israélien a blessé un membre du Hezbollah mardi près de Barja, au sud de Beyrouth, au lendemain de frappes meurtrières dans l’est du Liban
  • Ces attaques surviennent malgré le cessez-le-feu en vigueur depuis novembre 2024, alors que le Liban amorce un plan pour désarmer le Hezbollah

BEYROUTH: Une frappe de drone israélien a visé et blessé mardi un membre du Hezbollah pro-iranien à une trentaine de kilomètres au sud de Beyrouth, a indiqué à l'AFP une source de sécurité libanaise.

Cette frappe est intervenue au lendemain de raids israéliens sur des sites du Hezbollah dans l'est du Liban qui ont fait cinq morts.

"Un drone ennemi a ciblé il y a peu une voiture près d'une mosquée" entre les localités de Jiyé et Barja, a indiqué l'Agence nationale d'information (ANI).

"Un membre du Hezbollah", qui se trouvait dans la voiture visée, "a été blessé", a déclaré une source de sécurité.

Un photographe de l'AFP a vu une petite voiture calcinée, qui a heurté le mur d'une mosquée à l'entrée de la bourgade de Barja.

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre 2024, Israël mène régulièrement des frappes, affirmant notamment viser des sites et des membres du Hezbollah pro-iranien.

Lundi, cinq personnes ont été tuées et cinq autres blessées dans des frappes israéliennes qui ont visé la région du Hermel, dans le nord-est du Liban, selon le ministère de la Santé.

Sur X, le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, avait indiqué que l'aviation israélienne avait visé "plusieurs sites du Hezbollah, dont des positions de la force Radwane", unité d'élite du mouvement.

Le président libanais Joseph Aoun a "fermement condamné" les "attaques" de lundi, qui sont intervenues alors que l'armée libanaise doit entamer l'exécution d'un plan pour désarmer le Hezbollah.

Le mouvement pro-iranien, allié du Hamas palestinien, est sorti très affaibli de la guerre contre Israël, à laquelle le cessez-le-feu a mis fin en novembre 2024.