ONU: Les EAU appellent à confier aux femmes un rôle clé dans les efforts de redressement post-conflit

Les Émirats arabes unis assurent la présidence tournante du Conseil de sécurité en mars (Photo, ONU/Manuel Elías).
Les Émirats arabes unis assurent la présidence tournante du Conseil de sécurité en mars (Photo, ONU/Manuel Elías).
Short Url
Publié le Mercredi 09 mars 2022

ONU: Les EAU appellent à confier aux femmes un rôle clé dans les efforts de redressement post-conflit

  • Une meilleure inclusion des femmes pourrait augmenter le PIB mondial de 28 000 milliards de dollars selon la ministre émiratie Mariam Almheiri
  • Elle s'exprimait lors d'une réunion organisée par les Émirats arabes unis pour souligner les avantages économiques de l'inclusion des femmes

NEW YORK: Les Émirats arabes unis ont appelé mardi la communauté internationale à prendre des mesures pour garantir que les femmes jouent un rôle plus important dans les efforts de redressement post-conflit.
Ils ont également exhorté le secteur privé à faire sa part pour encourager et développer des sociétés pacifiques, un pilier essentiel de l'égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.
Cela fait 22 ans que l'ONU a adopté une résolution appelant à renforcer le rôle des femmes dans le secteur de la reconstruction post-conflit. Toutefois, les écarts et les inégalités persistants liés au genre continuent d'entraver la mise en œuvre de cette résolution et empêchent la participation «pleine, égale et significative» des femmes, a souligné Mariam Almheiri, ministre émiratie du Changement climatique et de l'Environnement.
Elles «jouent un rôle essentiel dans les efforts de redressement et de secours, mais leur inclusion reste sous-évaluée et leur accès aux opportunités, aux ressources et aux marchés reste limité», a-t-elle déclaré alors qu'elle présidait une réunion spéciale du Conseil de sécurité des Nations unies à New York intitulée «Faire progresser les femmes, la paix et la sécurité par le biais de partenariats: l'inclusion et la participation économiques des femmes comme élément clé de la consolidation de la paix».
Les Émirats arabes unis assurent la présidence tournante du Conseil de sécurité en mars et la réunion était l'un des événements phares du mois. Elle visait à souligner «l'importance de l'inclusion économique des femmes et des partenariats public-privé pour la prévention des conflits et le redressement post-conflit», selon Lana Nusseibeh, représentante permanente des Émirats auprès de l'ONU.
Avant la réunion, Nusseibeh a révélé qu'elle examinerait également la façon dont «les partenaires internationaux et les partenariats public-privé peuvent jouer un rôle positif dans les situations de conflit et créer les conditions d'une paix et d'une sécurité durables».
Le Mackenzie Global Institute estime que le produit intérieur brut mondial pourrait augmenter de 28 000 milliards de dollars (1 dollar américain = 0,92 euro) d'ici 2025 si les écarts entre les sexes au sein de la population active étaient réduits et si la présence des femmes aux postes de direction était accrue. Pourtant, malgré cet énorme potentiel de croissance économique, les femmes sont toujours exclues, a avisé Almheiri.
«Les femmes ne doivent pas seulement bénéficier d'un redressement post-conflit durable, elles doivent être aux commandes en tant que planificatrices, décideuses et celles qui assurent la mise en œuvre dans tous les secteurs de la société, afin de garantir une consolidation durable de la paix», a-t-elle ajouté.
Le rôle du secteur privé dans les efforts en faveur de l'égalité des sexes s'est considérablement accru depuis l'adoption de la résolution historique 1325 des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité en octobre 2000. Cette résolution qui a été la première à lier les femmes au programme de la paix et de la sécurité en tenant compte des effets des conflits sur les femmes et leur contribution potentielle à la résolution des conflits et à la paix durable.
Almheiri a décrit le secteur privé comme un partenaire essentiel des initiatives en faveur de l'égalité des sexes. Elle a signalé qu'il serait vain de négliger le rôle qu'il doit jouer dans la réalisation des objectifs de la résolution visant à donner aux femmes les moyens de jouer un rôle de premier plan dans toute une série de domaines, notamment la lutte contre le changement climatique, la réponse aux crises humanitaires et la lutte contre les pandémies.
«Les partenariats public-privé peuvent tirer parti de leur rôle unique et multidimensionnel au sein des communautés, non seulement pour améliorer les moyens de subsistance individuels, l'autonomie et l'autosuffisance des femmes dans des contextes fragiles, mais aussi pour renforcer les opportunités des femmes de s'engager pleinement, équitablement et de manière significative dans leurs communautés et de reconstruire leurs nations», a-t-elle indiqué.
Sima Bahous, sous-secrétaire générale et directrice exécutive d'ONU Femmes, a déploré le fait que, malgré l'appel du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres à un cessez-le-feu mondial au début de la pandémie de la Covid-19, le contraire se soit produit. Les dépenses militaires ont augmenté, les coups d'État se sont multipliés et le monde a vu le «système multilatéral à bout de souffle».
Elle a déclaré qu’en raison de la pandémie et des guerres continues, le monde a reculé de plusieurs décennies en matière d'égalité des sexes, tout en ajoutant qu'il était encore possible de changer de cap.
«Il est clair pour moi, plus que jamais, que nous avons besoin d'un autre modèle de gouvernance à ce sujet», a ajouté Bahous.
Les pays où les femmes sont marginalisées sont beaucoup plus susceptibles de s’enliser dans la guerre, a-t-elle souligné, alors que l’investissement dans l’autonomisation économique des femmes produit «d'énormes avantages pour la paix et la prospérité».
«Nous savons que les femmes sont plus susceptibles de dépenser leurs revenus pour les besoins familiaux et de contribuer davantage au redressement économique», a déclaré Bahous au conseil. «Et pourtant, la reconstruction et les investissements à grande échelle après un conflit sont dominés par les hommes et profitent massivement aux hommes, tandis que l'exclusion, la discrimination et les normes de genre archaïques tiennent les femmes à l’écart de l'emploi, de la terre, de la propriété, de l'héritage, du crédit et de la technologie.»
Elle a déclaré que cette vérité s'applique à toutes les zones de conflit inscrites à l'ordre du jour du Conseil de sécurité. En Afghanistan, par exemple, Bahous a révélé que les conséquences d'un «nouvel apartheid entre les sexes comprennent la chute brutale de l'emploi des femmes depuis la prise du pouvoir par les Talibans».
Au Yémen, la présence égale des femmes dans la population active augmenterait le PIB de 27% dans un pays qui connaît la pire crise humanitaire au monde, a-t-elle estimé.
«Plus de la moitié des pays fragiles et touchés par les conflits dans lesquels oeuvre la Banque mondiale se trouvent en Afrique subsaharienne, où les pertes économiques dues aux inégalités entre les sexes s'élèvent à 2,5 milliards de dollars», a soutenu Bahous.
S'agissant de l'Ukraine, elle a indiqué que sur près de 1,5 million de personnes qui ont fui le pays depuis l'invasion russe, la majorité sont des femmes et des enfants.
«Ici aussi, nous risquons un recul des droits des femmes et de leur accès à l'emploi et aux moyens de subsistance», a-t-elle ajouté.
Selon Bahous, la solution est évidente: «Nous avons besoin de plus d'engagement, d'une plus grande responsabilisation et d'un partage des responsabilités.»
Elle a affirmé aux membres du conseil qu'ils pouvaient faire beaucoup plus afin de promouvoir l'inclusion des femmes.
«Le Conseil de sécurité pourrait utiliser ses résolutions pour appeler à l’engagement et à l’inclusion significatifs des femmes non seulement dans la consolidation de la paix, la prévention des conflits et le redressement économique, mais aussi dans la prise de décision», a-t-elle estimé.
«De même, dans la priorité accordée aux entreprises dirigées par des femmes, aux femmes dans la prestation de services de première ligne et au soutien de l'économie des soins dans toutes les initiatives de reconstruction et de relance.»
Elle a également souligné les moyens par lesquels les institutions du secteur privé pourraient devenir des leaders du changement.
«Si les femmes sont engagées de manière significative, elles peuvent jouer un rôle positif dans l’instauration d'une paix durable en faveur du programme sur les femmes, la paix et la sécurité.
«Nous disposons du plan directeur et de l'analyse de rentabilité pour soutenir l'inclusion économique des femmes; ce dont nous avons besoin, c'est d'une volonté politique pour y parvenir.»


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: un mort dans une frappe sur une voiture imputée à Israël

Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors d'un bombardement israélien le 22 avril 2024, dans un contexte de tensions transfrontalières persistantes alors que les combats se poursuivent entre Israël et les militants du Hamas à Gaza. (Photo de Jalaa MAREY / AFP)
Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors d'un bombardement israélien le 22 avril 2024, dans un contexte de tensions transfrontalières persistantes alors que les combats se poursuivent entre Israël et les militants du Hamas à Gaza. (Photo de Jalaa MAREY / AFP)
Short Url
  • La frappe a visé une voiture dans la région côtière de Tyr, à environ 35 kilomètres au nord de la frontière avec Israël, selon un photographe
  • L'armée a formé un cordon sécuritaire tandis que des membres du Hezbollah inspectaient le véhicule

BEYROUTH: Une personne a été tuée dans une frappe imputée à Israël qui a visé mardi un véhicule dans le sud du Liban, loin de la frontière, ont indiqué un média d'Etat et un journaliste de l'AFP.

Le Hezbollah libanais échange quotidiennement des tirs avec Israël depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, il y a plus de six mois.

La frappe a visé une voiture dans la région côtière de Tyr, à environ 35 kilomètres au nord de la frontière avec Israël, selon un photographe de l'AFP qui a vu le véhicule entièrement carbonisé.

L'armée a formé un cordon sécuritaire tandis que des membres du Hezbollah inspectaient le véhicule, selon cette source.

L'agence nationale d'information (Ani, officielle), a de son côté fait état d"un martyr" lorsqu'un "drone a visé une voiture dans la région d'Abou el Assouad, au nord du fleuve Litani".

Depuis environ une semaine, le Hezbollah, allié du Hamas, a intensifié ses frappes contre des sites militaires israéliens sur fond de tensions entre Israël et l'Iran.

Lundi, le Hezbollah a dit avoir visé un quartier général militaire dans le nord d'Israël avec des "dizaines" de roquettes Katioucha, "en réponse" à des raids sur des villages du sud du Liban.

Les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre ont fait 377 morts du côté libanais, essentiellement des combattants du mouvement libanais ainsi que quelque 70 civils, selon un décompte de l'AFP.

Dans le nord d'Israël, onze soldats et huit civils ont été tués d'après l'armée. Des dizaines de milliers d'habitants ont dû fuir la zone de part et d'autre de la frontière.


Les Saoudiens obtiennent des visas de cinq ans dans le cadre de la mise à jour des règles de l'UE-Schengen

La mise en œuvre de la règle des visas de cinq ans marque une étape importante dans le renforcement des relations interpersonnelles entre l'UE et le CCG. (AFP)
La mise en œuvre de la règle des visas de cinq ans marque une étape importante dans le renforcement des relations interpersonnelles entre l'UE et le CCG. (AFP)
Short Url
  • La Commission européenne a adopté trois décisions d'application actualisant les règles de délivrance des visas à entrées multiples pour l’Arabie saoudite, Oman et Bahreïn
  • Les experts considèrent également qu'il s'agit d'un premier pas vers une dérogation à l'accord de Schengen

LONDRES : L'Union européenne (UE) a annoncé lundi l'assouplissement des règles en matière de visas pour les citoyens d'Arabie saoudite, d'Oman et de Bahreïn

La Commission européenne a adopté trois décisions d'application actualisant les règles de délivrance des visas à entrées multiples pour les trois pays du Golfe. 

L'annonce a été faite lors du forum de haut niveau UE-CCG sur la sécurité et la coopération régionales à Luxembourg, où le ministre des Affaires étrangères du Royaume, le prince Faisal ben Farhane, dirige la délégation saoudienne, qui comprend également l'ambassadeur auprès de l'UE, Haifa al-Jedea, et la conseillère du ministère des Affaires étrangères, Manal Radwan. 

La réunion a porté sur le renforcement de la sécurité et de la coopération stratégique entre les États du Golfe et l'UE, ainsi que sur l'évolution de la situation dans la bande de Gaza et ses environs et sur l'importance d'un cessez-le-feu immédiat. 

En vertu des nouvelles règles en matière de visas, les ressortissants vivant à Bahreïn, à Oman et en Arabie saoudite pourront bénéficier de visas à entrées multiples, ce qui leur permettra de se rendre dans l'UE plusieurs fois sur une période de cinq ans avec le même visa. 

Le code des visas actualisé fait partie d'un concept connu sous le nom de «cascade», une «approche harmonisée» de la délivrance de visas à entrées multiples ayant une longue durée de validité pour tous les demandeurs admissibles, y compris ceux qui voyagent pour la première fois. 

Pendant la durée de validité de ces visas, les titulaires bénéficient de droits de voyage équivalents à ceux des ressortissants exemptés de visa. 

Cette mise à jour vise à uniformiser les règles en matière de visas pour tous les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) dont les citoyens ont besoin d'un visa pour accéder à l'espace Schengen. 

La mise en œuvre de la règle des visas de cinq ans marque une étape importante dans le renforcement des relations interpersonnelles entre l'UE et le CCG. 

Elle s'inscrit également dans le contexte de la communication conjointe de l'UE sur un «partenariat stratégique avec le Golfe», qui couvre également les relations de l'UE avec le Royaume, Oman et Bahreïn. 

Les experts considèrent également qu'il s'agit d'un premier pas vers une dérogation à l'accord de Schengen. 

L'espace Schengen – qui comprend 29 pays européens et constitue la plus grande zone de libre circulation au monde – s'est étendu en février dernier à la Bulgarie et à la Roumanie, éliminant ainsi tous les contrôles aux frontières aériennes et maritimes. Une décision sur la suppression des contrôles terrestres sera prise ultérieurement. 

En novembre, les pays du Golfe ont annoncé leur intention de mettre en place un visa touristique unifié similaire à celui de Schengen, afin de rationaliser les efforts logistiques des résidents et des touristes. 

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Tunis, Alger et Tripoli pour un travail commun contre «le danger» de l'immigration clandestine

Une photo fournie par le service de presse de la présidence tunisienne montre le président Kais Saied (au centre) organisant un mini-sommet du Maghreb aux côtés du président algérien Abdelmadjid Tebboune (à gauche) et du président du Conseil présidentiel libyen basé à Tripoli, Mohamed al-Menfi, à Tunis le 22 avril, 2024. (AFP)
Une photo fournie par le service de presse de la présidence tunisienne montre le président Kais Saied (au centre) organisant un mini-sommet du Maghreb aux côtés du président algérien Abdelmadjid Tebboune (à gauche) et du président du Conseil présidentiel libyen basé à Tripoli, Mohamed al-Menfi, à Tunis le 22 avril, 2024. (AFP)
Short Url
  • Les trois présidents ont aussi tenu à l'importance d'organiser périodiquement «ces réunions consultatives non seulement pour évoquer des dossiers politiques mais aussi économiques et sociaux»
  • Le Maroc et la Mauritanie n'ont pas été conviés à cet évènement

TUNIS: Les dirigeants de la Tunisie, de l'Algérie et de la Libye sont convenus à l'issue d'une réunion consultative à Tunis de lutter ensemble contre les impacts de l'immigration clandestine et d'unir leurs positions et leurs discours sur cette question.

A l'invitation du chef de l’Etat tunisien Kais Saied, le président algérien Abdelmajid Tebboune et le président du conseil présidentiel libyen Mohamed al-Menfi ont participé lundi à une première réunion consultative au Palais présidentiel de Carthage dans la banlieue nord de Tunis.

A l'issue de cette réunion, "les trois dirigeants sont convenus à la formation des équipes communes (...) qui seront chargées de sécuriser les frontières communes (des trois pays) du danger et des impacts de l'immigration non organisée", selon une déclaration lue par le ministre tunisien des Affaires étrangères Nabil Ammar.

Ils ont aussi tenus dans cette déclaration commune à "unir les positions et le discours" dans leur traitement de ce sujet avec les autres pays "frères et amis concernés par ce phénomène", a ajouté le ministre.

Les trois présidents ont aussi tenu à l'importance d'organiser périodiquement ces réunions consultatives non seulement pour évoquer des dossiers politiques mais aussi économiques et sociaux".

Le Maroc et la Mauritanie n'ont pas été conviés à cet évènement.

Le principe d'une rencontre maghrébine tripartite, organisée tous les trois mois, avait été décidé par les trois dirigeants lorsqu'ils s'étaient vus en marge d'un sommet sur le gaz à Alger début mars.

Dans un communiqué, les trois pays avaient souligné "la nécessité d'unifier et intensifier les efforts pour relever les défis économiques et sécuritaires, au service des intérêts" de leurs peuples.

Des médias marocains comme Hespress et Le 360 ont accusé l'Algérie de vouloir "former une alliance maghrébine contre le Maroc", son grand rival régional, et dénoncé une "manoeuvre destinée à faire croire que l'Algérie n'est pas isolée dans son voisinage".

Pour sa part, le chef de la diplomatie algérienne Ahmed Attaf a défendu ces initiatives comme destinées à combler un vide, alors que l'Union du Maghreb arabe (UMA), créée il y a 35 ans, est "dans le coma".

L'UMA a été fondée à Marrakech en 1989 avec l'ambition de renforcer les liens politiques et économiques entre Maroc, Algérie, Mauritanie, Tunisie et Libye mais des tensions récurrentes entre Rabat et Alger ont provoqué une impasse et le dernier sommet des dirigeants remonte à 1994.