Les pourparlers au Yémen portent sur les aides, les soins aux blessés et l’ouverture des routes

Une conférence sur la guerre dévastatrice au Yémen est organisée par le Conseil de coopération du Golfe à Riyad, le 30 mars 2022. (AFP)
Une conférence sur la guerre dévastatrice au Yémen est organisée par le Conseil de coopération du Golfe à Riyad, le 30 mars 2022. (AFP)
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Publié le Vendredi 01 avril 2022

Les pourparlers au Yémen portent sur les aides, les soins aux blessés et l’ouverture des routes

  • Les Houthis intensifient le conflit et enlèvent plusieurs universitaires, selon des sources, alors que des négociations de paix se tiennent à Riyad
  • Le CCG et la Coalition pour restaurer la légitimité au Yémen sont déterminés à respecter le cessez-le-feu malgré les violations commises par la milice soutenue par l’Iran

RIYAD: Jeudi, les pourparlers de paix yéménites organisés sous l’égide du Conseil de coopération du Golfe (CCG) se sont poursuivis à Riyad. Les discussions ont porté sur l’ouverture de couloirs humanitaires, les soins médicaux pour les blessés et les handicapés et la suppression des barricades qui bloquent les routes entre les villes du pays ravagé par la guerre.

Les négociations, qui ont débuté mercredi et prendront fin le 7 avril, ont rassemblé des centaines de politiciens yéménites, de chefs de tribus, de responsables militaires et de sécurité, anciens et actuels, d’organisations non gouvernementales et d’oulémas. Les Houthis ont refusé de se joindre à la conférence, au cours de laquelle les participants ont également discuté du développement économique, de la sécurité et de la liberté de la presse.

Le député Abdelkarim Chaiban a indiqué que son groupe de discussion se concentrait sur les moyens d’améliorer la situation humanitaire au Yémen, notamment en fournissant des soins médicaux au nombre croissant de blessés et de personnes handicapées, et en ouvrant des couloirs pour permettre aux organisations humanitaires d’entrer dans les villes du pays. Il a déclaré que le Yémen devait veiller à ce que toutes les aides apportées contribuent à assurer le développement durable du pays, plutôt que de promouvoir une dépendance à l’égard des colis alimentaires qui «créerait une société de mendiants». 

Les Houthis, soutenus par l’Iran, refusent de participer à la conférence et cherchent à négocier directement avec l’Arabie saoudite. Ils exigent également la levée de ce qu’ils considèrent comme un «blocus» de l’aéroport de Sanaa et des restrictions imposées au port maritime de Hodeidah.

Afin de créer les conditions propices au succès des négociations de paix, la Coalition pour restaurer la légitimité au Yémen a annoncé mardi soir qu’elle cesserait toutes les opérations militaires au Yémen, y compris les frappes aériennes, pendant les pourparlers et le mois de ramadan. Elle a appelé les Houthis à accepter ces efforts de paix.

Toutefois, les Houthis auraient exploité ce cessez-le-feu en intensifiant leurs attaques contre la ville de Marib, située dans le centre du pays et contrôlée par le gouvernement, et contre la province de Hajjah, dans le nord, déclenchant des combats acharnés avec les loyalistes.

Jeudi, le ministère yéménite de la Défense et les médias locaux ont indiqué que les troupes de l’armée avaient repoussé une offensive des Houthis dans la zone de Bani Hassan, au nord du district d’Abes à Hajjah.

Par ailleurs, jeudi, le chef d’état-major de l’armée yéménite a assuré que malgré les violations commises par les Houthis, l’armée était déterminée à mettre fin aux hostilités sur le terrain, conformément à la déclaration de la Coalition. «De par notre longue expérience, nous savons que la milice iranienne agressive et terroriste ne se conformera à aucun accord ou appel à la paix car la paix menacera son existence», a écrit le lieutenant-général Saghir ben Aziz sur Twitter.

L’escalade des Houthis sur le terrain est survenue alors que des politiciens et des défenseurs des droits de l’homme yéménites ont critiqué le mouvement pour avoir enlevé trois universitaires et militants yéménites qui se rendaient à Riyad pour participer aux négociations.

Selon les médias locaux et des proches, les Houthis ont enlevé Hamoud al-Awdi, un professeur de sociologie octogénaire de l’université de Sanaa, ainsi que les militants Abderrahmane al-Olifi et Khaled Chouaib, dans la province d’Ibb, alors qu’ils se dirigeaient vers les zones contrôlées par le gouvernement avant de se rendre à Riyad.

Les trois hommes avaient obtenu la permission de l’autorité houthie à Sanaa et avaient prévenu les dirigeants de la milice de leur voyage. Selon leurs proches, les Houthis les ont transférés d’Ibb au centre de détention des services de renseignement de Sanaa et ont interdit à leurs familles de leur rendre visite ou de les contacter.

Khaled al-Rouwaishan, ancien ministre yéménite de la Culture et écrivain au franc-parler, a affirmé que l’enlèvement des trois hommes allait à l’encontre de leur dernier engagement à échanger des centaines de prisonniers avec le gouvernement yéménite. «Alors que nous attendions que vous libériez des centaines de personnes, selon votre annonce faite y a deux jours, vous avez arrêté un éminent universitaire âgé de plus de 80 ans!», a écrit M. Al-Rouwaishan sur sa page Facebook, faisant référence à Hamoud al-Awdi.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.