Israël ne peut pas se plaindre de la violence quand c’est l’État hébreu qui la provoque

Photo d’une femme palestinienne qui porte son enfant traversant la route. (Reuters)
Photo d’une femme palestinienne qui porte son enfant traversant la route. (Reuters)
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Publié le Samedi 02 avril 2022

Israël ne peut pas se plaindre de la violence quand c’est l’État hébreu qui la provoque

Israël ne peut pas se plaindre de la violence quand c’est l’État hébreu qui la provoque
  • La violence ne vient pas seulement des Arabes chrétiens et musulmans et des Palestiniens
  • Si les Israéliens veulent éviter plus de violence, ils doivent tout d'abord mettre fin à la leur

La violence n'est certainement pas la réponse au conflit sans fin entre Palestiniens et Israéliens car les pertes de vies humaines sont toujours regrettables et tragiques, quelle que soit l’origine ethnique ou la nationalité des victimes. Mais jusqu'à ce qu'il y ait un effort sincère du gouvernement israélien pour choisir la paix basée sur les compromis et reconnaître les droits des Palestiniens comme les Palestiniens ont reconnu les droits des Israéliens, personne ne devrait être surpris que la violence continue sur le terrain.

Il y a de la violence dans tous les pays et toutes les villes du monde. Vous pouvez réduire la violence, mais la réalité est que vous ne pourrez jamais l'arrêter définitivement. Chicago, par exemple, comptait près de 800 homicides en 2021, soit plus de 2 meurtres par jour. Et pourtant, contrairement à Israël et à la Palestine où la violence est alimentée par la religion et l'identité nationale, Chicago n'est pas sous une occupation militaire qui pratique la discrimination entre les personnes sur la base de la religion et de l'origine nationale.

Diaa Hamarsheh, 27 ans, un Palestinien du village de Yabad en Cisjordanie occupée par Israël, a été tué par les forces de sécurité israéliennes la semaine dernière après avoir assassiné cinq Israéliens. Les forces israéliennes ont aussitôt arrêté les membres de la famille de Hamarsheh et détruiront probablement la maison et les biens de sa famille, une pratique tout aussi criminelle que tout ce que Hamarsheh a pu faire.

Le lendemain, des soldats israéliens ont attaqué un camp de réfugiés palestiniens près de Jénine en Cisjordanie, tuant deux Palestiniens et en blessant 14 autres pour avoir manifesté contre les raids.

Le président américain Joe Biden a présenté ses condoléances aux familles des victimes de Hamarsheh en déclarant qu'il s’agissait d’une « menace terroriste », mais n'a rien dit sur les victimes palestiniennes tuées par les israéliens.

Quelle est la différence entre Hamarsheh qui tue des Israéliens et les Israéliens qui tuent des Palestiniens ?

Pourquoi toute cette violence ? Israël refuse de s'engager dans des négociations dans le but de créer un État palestinien. Au lieu de cela, il continue à contrôler la terre qu'il occupait depuis 1967 et envisage d'annexer la majeure partie de la Cisjordanie pour qu'elle fasse partie d'Israël.

Dans une telle atmosphère de violence commise par l'État contre des millions de civils opprimés qui se voient refuser leur droit à l'égalité, ne vous attendriez-vous pas à ce que certains de ces opprimés se fâchent, se révoltent et se tournent vers la violence ?

 Ray Hanania

Bien sûr, quand l’État d’Israël affirme qu'il annexera la Cisjordanie, il ne s’agit pas que d'annexer la terre, mais continuer d'exclure les civils palestiniens. Israël saisira la terre mais continuera d'emprisonner les chrétiens et les musulmans dans un système d'apartheid raciste en leur refusant les droits légitimes de tout citoyen.

Dans une telle atmosphère de violence commise par l'État contre des millions de civils opprimés qui se voient refuser leur droit à l'égalité, ne vous attendriez-vous pas à ce que certains de ces opprimés se fâchent, se révoltent et se tournent vers la violence ?

La violence ne vient pas seulement des Arabes chrétiens et musulmans et des Palestiniens. Elle vient aussi des Juifs et des Israéliens. Mais quand un Israélien tue un Palestinien, le gouvernement israélien tape sur les doigts du coupable en lui infligeant une légère peine, ou souvent pas de peine du tout. Ils n'arrêtent pas les membres de la famille des terroristes israéliens et Ils ne détruisent pas leurs maisons.

Les médias minimisent toujours la gravité des atrocités commises par les Israéliens. Ils ne stéréotypent pas, ne diabolisent pas et ne diffament pas une race ou une religion entière d'Israéliens ou de Juifs à cause des actions d'un ou deux criminels, comme ils le font pour les Palestiniens et les non-Juifs. Israël et les médias diffament l'ensemble du peuple arabe et palestinien pour chaque acte en les traitant tous de terroristes.

Si les Israéliens veulent que la violence des Palestiniens s'arrête, ils doivent, eux aussi, cesser leur violence envers les Palestiniens. Si Israël veut que la haine des Palestiniens à leur encontre cesse, ces derniers doivent à leur tour freiner leur haine contre les Palestiniens, car il y a autant ou même plus de haine venant des Juifs et des Israéliens contre les Arabes que la haine qui vient du côté des Arabes, chrétiens et musulmans, et des Palestiniens.

Faut-il en finir avec la violence ? Certainement, mais comment? Nous devons mettre fin au racisme. Nous devons mettre fin à la discrimination. Nous devons mettre fin au principe de deux poids, deux mesures, à l'hypocrisie, à la diabolisation et aux mensonges adoptés par Israël et les médias occidentaux pro-israéliens et non-objectifs.

C'est presque comme si les Israéliens ne voulaient pas arrêter la violence. Le gouvernement israélien veut arrêter et condamner la violence palestinienne, mais ne veut pas arrêter la violence des Israéliens. Je crois qu'ils cherchent la violence. La violence leur permet de rejeter la paix, de justifier leur politique xénophobe et anti-palestinienne. La violence devient leur prétexte.

Même lorsque les Palestiniens renoncent à la violence, le gouvernement israélien se tourne vers la violence afin de provoquer davantage de violence, comme il l'a fait lorsque le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin a accepté de reconnaître le statut d'État palestinien et a entamé des négociations afin de parvenir à une solution à deux États. Avant même que le processus n'en arrive à mettre en place une véritable paix, Yigal Amir, un colon juif fanatique de 25 ans inspiré par la rhétorique anti-paix extrémiste de l'ancien Premier ministre Benjamin Netanyahu, a assassiné Rabin pour avorter ce processus de paix.

En tuant Rabin, Amir et les politiciens extrémistes qui l'ont inspiré ont anéanti le mouvement pacifiste, alimentant de plus en plus la violence, que les extrémistes israéliens utilisent comme prétexte pour refuser la paix ou la solution à deux États.

La violence permet à beaucoup d’Israéliens de justifier dans leur propre esprit le vol continu des terres palestiniennes, le déni éternel des droits des non-juifs et, plus important encore, de se présenter comme « victimes » et non comme oppresseurs.

Si les Israéliens veulent éviter plus de violence, ils doivent tout d'abord mettre fin à leur propre violence. Si Israël est le gouvernement bien établi et reconnu dans ce conflit, les Palestiniens sont, par contre, un peuple qui demeure encore sous l’occupation et l’oppression.

 

·       Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur primé de la mairie de Chicago. Il peut être contacté sur son site Web personnel à l'adresse www.Hanania.com. Twitter : @RayHanania

 

·       Les opinions exprimées par les auteurs dans cette section sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com