L'Irak, nouvelle terre d'opportunités pour des Libanais épuisés par la crise

L'ophtalmologiste libanais Georges Cherfan examine un patient à l'hôpital spécialisé ophtalmologique et ORL de Beyrouth dans la capitale irakienne Bagdad, le 2 mars 2022 (Photo, AFP).
L'ophtalmologiste libanais Georges Cherfan examine un patient à l'hôpital spécialisé ophtalmologique et ORL de Beyrouth dans la capitale irakienne Bagdad, le 2 mars 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 03 avril 2022

L'Irak, nouvelle terre d'opportunités pour des Libanais épuisés par la crise

  • La monnaie nationale libanaise a vu sa valeur fondre de près de 90% depuis 2019
  • Le salaire minimum mensuel, de 675 000 livres libanaises, ne vaut guère plus de 30 dollars au marché noir

BAGDAD: Un jour du printemps 2021, Akram Johari a décidé de plier bagages et de partir, direction l'Irak, devenu récemment une nouvelle terre d'opportunités pour des Libanais à la recherche d'une vie meilleure alors que leur pays s'enfonce dans une profonde crise sans précédent.

La monnaie nationale libanaise a vu sa valeur fondre de près de 90% depuis 2019. Le salaire minimum mensuel, de 675 000 livres libanaises, ne vaut guère plus de 30 dollars au marché noir. Environ 80% de la population vit désormais en dessous du seuil de pauvreté de l'ONU.

Akram Johari, 42 ans, tenait un restaurant près de Beyrouth. Il a lui aussi été emporté par la déferlante: au moment de son départ il y a un an, ses revenus ne valaient pas plus qu'une centaine de dollars. 

"Je n'ai pas eu assez de temps pour chercher du travail dans le Golfe et j'ai dû me décider rapidement. C'est pour ça que je suis venu à Bagdad et que j'ai commencé à chercher du travail par le biais d'Instagram", explique le père de famille.

Depuis un mois, Akram est gérant d'un restaurant à Bagdad et son salaire lui permet enfin de soutenir sa famille restée au Liban.

L'Irak et le Liban sont proches culturellement et partagent la même langue, malgré des différences dialectales. Mais, surtout, à leur arrivée en Irak, les Libanais obtiennent un visa valable pendant plus d'un mois et aisément renouvelable.

«Le mouvement s'amplifie»

Selon les autorités irakiennes, plus de 20 000 Libanais se sont rendus en Irak entre juin 2021 et février 2022, sans compter les pèlerins qui visitent les villes saintes chiites de Najaf et Kerbala.

"Le mouvement s'est récemment amplifié", explique à l'AFP Ali Habhab, ambassadeur du Liban à Bagdad. 

Le diplomate estime que le secteur de la santé est particulièrement concerné avec "des dizaines de médecins libanais qui travaillent dans des hôpitaux" irakiens.

De prime abord, l'Irak apparaît comme une destination baroque pour refaire sa vie. 

Après la guerre contre l'Iran (1980-1988), l'invasion emmenée par les Américains en 2003, le guerre civile de 2006-2009, puis l'offensive du groupe jihadiste Etat islamique (EI) en 2014 et enfin le vaste mouvement de contestation fin 2019, l'Irak ne véhicule pas l'image d'une terre de promesses.

Pourtant, depuis que Bagdad a proclamé sa "victoire" contre l'EI fin 2017, le pays a renoué avec une relative stabilité.

Les Libanais "connaissent bien l'environnement irakien", note l'économiste irakien Ali al-Rawi. "Il y a beaucoup d'espace pour les entreprises libanaises car la plupart des sociétés étrangères ont peur d'investir".

Mais l'image est trompeuse. Nombre d'Irakiens sont frappés de plein fouet par la crise économique et sociale. 

Dans un pays dont les revenus proviennent à 90% du pétrole, le taux de chômage des jeunes est de 40% et un tiers des 40 millions d'Irakiens vit dans la pauvreté. 

Des milliers d'Irakiens cherchent à quitter leur pays, comme l'a encore montré la vague de migration kurde vers l'Europe durant l'automne et l'hiver derniers.

Médecins libanais

Les Libanais qui s'installent en Irak travaillent généralement dans le secteur des services et de la santé. On compte plus de 900 entreprises libanaises en Irak. La plupart sont actives dans les domaines du tourisme, de la restauration ou de la santé.

Avant la crise, les Irakiens se rendaient souvent au Liban pour consulter des médecins bien mieux équipés que chez eux. 

Mais avec la dépression, "beaucoup de médecins ont quitté le Liban", souligne Michael Cherfan, responsable libanais d'un centre ophtalmologique à Beyrouth qui a ouvert une succursale à Bagdad. 

L'ouverture de l'antenne irakienne l'année dernière a permis aux patients irakiens de s'épargner le voyage à Beyrouth. Mais elle constitue aussi pour les médecins libanais un bon moyen de compenser les pertes financières qu'ils subissent en restant au Liban.

"Nos médecins viennent ici (à Bagdad) à tour de rôle. Chaque semaine, un ou deux médecins viennent faire passer des examens et opérer des patients", explique M. Cherfan.

L'argent, même s'il permet de le faire vivre lui et sa famille, est loin de suffire à Akram Johari. Il se rend au moins une fois par mois au Liban. Mais "je suis triste de ne pas avoir ma fille de deux mois à mes côtés", soupire-t-il.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".