«Pour nos enfants»: un missile frappe la gare bondée de Kramatorsk, 50 morts

Des objets personnels de victimes et des bâches tachées de sang sont vus sur le quai au lendemain d'une attaque à la roquette contre la gare de la ville de Kramatorsk, dans le Donbass (est de l'Ukraine), le 8 avril 2022. (AFP).
Des objets personnels de victimes et des bâches tachées de sang sont vus sur le quai au lendemain d'une attaque à la roquette contre la gare de la ville de Kramatorsk, dans le Donbass (est de l'Ukraine), le 8 avril 2022. (AFP).
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Publié le Vendredi 08 avril 2022

«Pour nos enfants»: un missile frappe la gare bondée de Kramatorsk, 50 morts

  • Selon le gouverneur de la région, Pavlo Kyrylenko, au moins 50 personnes, dont cinq enfants, ont été tuées dans cette «frappe des troupes d'occupation russes sur la gare de Kramatorsk»
  • Un coup d'oeil au parvis donne vite une idée de l'ampleur de la tragédie: de longues traînées de sang, des bris de verre, des bagages abandonnés éparpillés partout

KRAMATORSK: Le missile s'est abattu vers 10H30, à l'heure où les candidats à l'évacuation se regroupent depuis des jours par centaines: au moins 50 personnes, dont 5 enfants, ont été tuées vendredi dans un bombardement sur la gare de Kramatorsk, dans l'Est de l'Ukraine.

En fin de matinée, un silence de mort règne sur la coquette gare au fronton de briques rouge et blanc, et sa grosse locomotive à vapeur des années 1930 installée sur la pelouse du rond-point où stationnent d'habitude taxis et familles des voyageurs.

Un coup d'oeil au parvis donne vite une idée de l'ampleur de la tragédie: de longues traînées de sang, des bris de verre, des bagages abandonnés éparpillés partout.

Même spectacle un peu plus loin, sur le quai: une canne gît près d'un écœurant amas de chair informe. Là, un lapin en peluche rougi par le sang...

Un sac à main en cuir, intact, est posé à deux pas d'un point d'impact qui a troué le béton, un pied arraché dans sa chaussure de basket est encore visible sous un banc où patientaient les candidats au départ.

Au milieu des bris de verre, un policier ramasse ici et là dans un carton les téléphones sanguinolents, dont l'un sonne dans le vide.

Londres renforce son aide militaire à l'Ukraine après l'attaque de Kramatorsk

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé vendredi renforcer l'aide militaire britannique à l'Ukraine, avec l'envoi de missiles antichars et antiaériens, après l'attaque "inconsciente" contre la gare de Kramatorsk.

Boris Johnson a annoncé la livraison d'"équipements militaires de haute qualité" d'une valeur de 100 millions de livres (120 millions d'euros), dont des missiles antiaériens Starstreak et 800 missiles antichars.

"Les crimes de la Russie en Ukraine ne resteront pas impunis", a averti le dirigeant britannique lors d'une conférence de presse avec le chancelier allemand Olaf Scholz, qui a dénoncé de son côté des bombardements "épouvantables".

Les deux hommes ont également abordé la question des importations d'énergies fossiles russes. Londres a déjà annoncé vouloir mettre fin cette année à tout achat de pétrole et charbon russes, et à terme de gaz russe, et appelle les Européens à en faire plus vers cet objectif.

"Nous ne pouvons pas transformer nos systèmes énergétiques du jour au lendemain mais nous savons aussi que la guerre de Poutine ne va pas se terminer du jour au lendemain", a assuré M. Johnson.

"Nous faisons tout ce que nous pouvons et nous en faisons beaucoup", a affirmé de son côté le chancelier allemand.

"Nous sommes assez optimiste sur le fait que nous allons nous débarrasser de la nécessité d'importer du gaz de Russie très prochainement", a-t-il ajouté.

«Frappe délibérée»

Ce qui vient de se passer est une boucherie. On ne peut s'empêcher d'imaginer les cris et l'horreur de la foule quand se sont abattus les shrapnels.

Les corps déchiquetés ou criblés d'éclats ont été rassemblés dans un coin du parvis, sous les auvents de petites boutiques où les voyageurs achètent d'habitude une boisson ou des cacahuètes avant de sauter dans le train.

Dans ce sinistre alignement, on comptabilise plus d'une trentaine de corps, dans les sacs mortuaires ou sous des bâches plastiques vertes. 

A une main vieillie déjà blanchie par la mort, une botte de fourrure enfantine, une calvitie... on devine que les victimes sont de tout âge.

La tente qui accueillait et abritait ordinairement les familles du froid ou de la pluie a été soufflée par l'explosion, sa bâche kaki découpée pour ramasser et couvrir les dépouilles.

Sous les ordres d'un médecin militaire, des soldats et policiers procèdent déjà péniblement à l'évacuation des corps à bord d'un camion mortuaire de l'armée. 

Certains sacs ne pèsent pas, deux hommes suffisent à les monter dans le fourgon, vraisemblablement un enfant ou des morceaux de corps.

A côté de tous ces corps sans vie alignés, un secouriste a déposé un chihuahua entouré d'un tissu noirci, hébété mais encore vivant, la mâchoire trouée par un éclat. L'animal attire tous les regards. Beaucoup des familles emportaient dans leur exode leurs animaux de compagnie.

Selon le gouverneur de la région, Pavlo Kyrylenko, au moins 50 personnes, dont cinq enfants, ont été tuées dans cette "frappe des troupes d'occupation russes sur la gare de Kramatorsk".

Une centaine ont été hospitalisées, notamment dans un hôpital militaire.

"Une cinquantaine étaient dans un état grave, beaucoup vont mourir car ils ont perdu beaucoup de sang, et nous manquons de sang ici", a commenté un militaire sur place ayant participé à la réception des blessés.

Le directeur des chemins de fer ukrainiens Ukrzaliznytsia, Oleksandre Kamychine, a dénoncé une "frappe délibérée".

Des milliers de personnes avaient été évacuées ces derniers jours par train depuis la gare de Kramatorsk, capitale du Donbass sous contrôle ukrainien et qui vit dans l'angoisse d'une offensive russe majeure et imminente.

Les autorités ukrainiennes n'ont cessé ces derniers jours d'appeler la population à évacuer le Donbass au plus vite.

Pour l'armée russe pourtant, qui dénonce une provocation, "le but de la frappe orchestrée par le régime de Kiev (...) était d'empêcher le départ de la population" de Kramatorsk.

Ukraine: Macron dénonce l'attaque «abominable» contre des civils à Kramatorsk

Emmanuel Macron a dénoncé vendredi sur Twitter l'attaque "abominable" qui a coûté la vie à plusieurs dizaines de personnes à la gare de Kramatorsk, dans l'est de l'Ukraine.

"Les civils ukrainiens fuient pour échapper au pire. Leurs armes? Des poussettes, des peluches, des bagages. Ce matin, gare de Kramatorsk, les familles qui allaient partir ont connu l'horreur. Des morts par dizaines, des blessés par centaines. Abominable", a réagi le président français.

"Nous pensons aux victimes de Kramatorsk, de Boutcha, de Marioupol, de Kharkiv: partout en Ukraine, nous soutiendrons les enquêtes pour que la justice soit faite. Nous pensons aux familles qui continuent de fuir, nous les accueillerons dans notre Union, notre Union de paix", a ajouté Macron.

Emmanuel Macron a regretté, dans un entretien au Parisien, le "refus explicite" par Vladimir Poutine de l'opération humanitaire que proposaient de mener la France, la Turquie et la Grèce à Marioupol.

«Où est mon mari?»

Environ une heure avant la frappe, ils étaient déjà des dizaines de civils -personnes âgées, femmes et enfants- à faire la queue devant la gare.

"Je cherche mon mari, il était là, je n'arrive pas à le joindre", sanglote une femme à col roulé rouge. Tremblante, elle hésite à s'approcher des corps, son téléphone collé à l'oreille.

Une autre femme, Natalia, elle aussi traumatisée, court "chercher son sac avec son passeport" au milieu des affaires abandonnées. 

"Il y avait plein de monde dans et devant la gare. J'étais à l'intérieur, j'ai entendu comme une double explosion, je me suis précipitée contre le mur pour me protéger".

Elle peine à parler tant elle est essoufflée, un policier l'accompagne, tous deux marchent rapidement en essayant d'éviter les traînées de sang sur le sol.

"J'ai alors vu des gens en sang rentrer dans la gare, des corps partout par terre, je ne sais pas s'ils étaient blessés ou morts. Les militaires se sont précipités pour nous dire d'évacuer la gare, j'ai tout laissé ici".

L'équipe de l'AFP a pu également collecter sur place des morceaux d'acier en forme de petits anneaux à ailettes, tranchants comme des rasoirs.

Sur le missile est tagué en russe, à la peinture blanche, "Pour nos enfants". 

Une sentence qui sonne comme une vengeance, expression récurrente des séparatistes pro-russes en référence à leurs enfants tués depuis la première guerre du Donbass, commencée en 2014.

Kramatorsk: la Turquie réclame l'ouverture urgente de couloirs d'évacuation

La Turquie a exprimé vendredi sa "grande tristesse" après le tir de missile sur la gare ukrainienne de Kramatorsk qui a fait au moins 50 morts et appelé à "l'ouverture urgente" de couloirs d'évacuation pour les civils.

"Cet événement tragique a une fois de plus démontré l'importance et l'urgence d'établir des couloirs humanitaires afin d'assurer l'évacuation en toute sécurité des civils", indique le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Proche allié de l'Ukraine, la Turquie fait en sorte de maintenir le contact avec Kiev et Moscou, en encourageant les deux parties à reprendre les pourparlers de paix sur son sol.

Sur la pelouse du parvis devant la gare, un ruban de police interdit de s'approcher trop près des restes d'un imposant missile kaki tordu.

"C'était un missile Tochka, une bombe à fragmentation", a affirmé à l'AFP un officier de police sur place: "Il explose en plusieurs endroits, sur une superficie de la taille d'un terrain de football".

A en croire le sang sur le sol et les témoignages recueillis sur place, les victimes ont été fauchées en plusieurs endroits de la gare, sur le quai principal attenant et son parvis.

L'AFP a comptabilisé au moins quatre points d'impacts dans le périmètre de la gare, autour desquels étaient concentrées les victimes. 


Vote attendu du Conseil de sécurité de l'ONU pour autoriser une force internationale à Gaza

Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d'une force internationale, sous la pression des Etats-Unis qui mettent en garde contre le risque d'une reprise de la guerre. (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d'une force internationale, sous la pression des Etats-Unis qui mettent en garde contre le risque d'une reprise de la guerre. (AFP)
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  • Le projet de résolution américaine, plusieurs fois modifié lors de négociations sensibles, "endosse" le plan de Donald Trump ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas
  • Le texte, vu par l'AFP, "autorise" la mise en place d'une "force de stabilisation internationale" (ISF) chargée notamment de l'appui à la sécurisation des frontières en coopération avec Israël et l'Egypte, de la démilitarisation de Gaza

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se prononcer lundi sur le soutien au plan de paix de Donald Trump à Gaza, en particulier le déploiement d'une force internationale, sous la pression des Etats-Unis qui mettent en garde contre le risque d'une reprise de la guerre.

Le projet de résolution américaine, plusieurs fois modifié lors de négociations sensibles, "endosse" le plan de Donald Trump ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien du 7 octobre 2023.

Le texte, vu par l'AFP, "autorise" la mise en place d'une "force de stabilisation internationale" (ISF) chargée notamment de l'appui à la sécurisation des frontières en coopération avec Israël et l'Egypte, de la démilitarisation de Gaza, du désarmement "des groupes armés non étatiques", de la protection des civils, et de la formation d'une police palestinienne. La composition de cette force n'est pas évoquée.

Il donne également mandat jusqu'au 31 décembre 2027 à un "Comité de la paix", organe de "gouvernance de transition" à Gaza jusqu'à la réforme de l'Autorité palestinienne. Selon le plan en 20 points annexé à la résolution, ce comité doit être présidé par Donald Trump.

Contrairement aux premières versions du texte, le projet qui doit être soumis au vote lundi à 17H00 (22H00 GMT) évoque l'éventualité d'un Etat palestinien.

Après la réforme de l'Autorité palestinienne et l'avancée de la reconstruction de Gaza, "les conditions pourraient finalement être en place pour un chemin crédible vers une autodétermination palestinienne et un statut d'Etat", dit ainsi le texte.

Un avenir clairement rejeté par Israël. "Notre opposition à un Etat palestinien sur quelque territoire que ce soit n'a pas changé", a insisté dimanche le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Objections russes 

La Russie, qui a fait circuler un texte concurrent, a justifié cette initiative notamment par le fait que la résolution américaine n'allait pas assez loin sur ce point, affirmant quant à elle un "engagement indéfectible" en faveur de la solution à deux Etats.

Le texte russe, également consulté par l'AFP, n'autorise ni la création d'un Comité de la paix ni le déploiement d'une force à ce stade, demandant au secrétaire général de l'ONU de proposer des "options" en la matière.

Face à ce qu'ils ont qualifié de "tentatives de semer la discorde", les Etats-Unis ont redoublé d'efforts ces derniers jours pour pousser le Conseil à donner son feu vert.

"Tout refus de soutenir cette résolution est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a insisté vendredi l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz dans un texte publié dans le Washington Post.

Les Américains ont également mis en avant l'ampleur du soutien pour ce texte, publiant une déclaration commune avec le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie.

Plusieurs sources diplomatiques ont estimé auprès de l'AFP que, malgré les critiques affichées de la Russie, qui a un droit de veto, et les réticences d'autres Etats membres, qui s'inquiètent d'un manque de clarté dans les mandats du Comité de la paix et de l'ISF, il serait surprenant que le texte américain soit rejeté.

"Les Russes savent que, même si beaucoup de membres du Conseil vont jouer le jeu des Américains, ils partagent des inquiétudes sur le contenu du texte américain et la façon dont Washington a tenté d'accélérer" son adoption, commente Richard Gowan, de l'International Crisis Group, doutant d'un veto russe à une résolution soutenue par les pays arabes.

"Il est plus probable que la Chine et la Russie s'abstiennent, expriment leur scepticisme sur le plan, puis regardent les Etats-Unis se débattre pour le mettre en oeuvre", ajoute-t-il auprès de l'AFP.

 


Gaza: les Etats-Unis font pression pour l'adoption de leur résolution à l'ONU lundi

Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
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  • Les États-Unis poussent pour l’adoption par le Conseil de sécurité de leur résolution soutenant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza
  • Malgré des réticences de certains membres et un texte concurrent présenté par la Russie, Washington met en avant un large soutien arabe et occidental et avertit qu’un rejet ouvrirait la voie à la poursuite du conflit

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont mis la pression vendredi pour convaincre de la nécessité d'adopter leur projet de résolution endossant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza, qui sera mis au vote du Conseil de sécurité de l'ONU lundi.

La semaine dernière, les Américains ont officiellement entamé des négociations au sein du Conseil sur un projet de texte qui "endosse" le plan du président américain ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas. Le texte autorise notamment le déploiement d'une "force de stabilisation internationale" (ISF).

Face aux réserves de certains membres et à la proposition d'un texte concurrent de la Russie, ils ont mis en garde vendredi contre les risques d'un rejet de leur texte et affiché le soutien de plusieurs pays arabes et musulmans.

"Les Etats-Unis, le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, le royaume d'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie expriment leur soutien conjoint" au projet de résolution américaine autorisant notamment une force internationale dans le territoire palestinien, et espèrent son adoption "rapide", disent-ils dans une déclaration commune.

Ce plan offre "un chemin viable vers la paix et la stabilité, non seulement pour les Israéliens et les Palestiniens, mais pour toute la région", ont-ils insisté.

Le Royaume-Uni a également apporté vendredi son soutien public au texte américain.

Et le Conseil se prononcera lundi à 17H00 (22H00 GMT) sur le texte, ont indiqué vendredi soir plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

Le projet de résolution américain, plusieurs fois modifié, prévoit de donner un mandat jusqu'à fin décembre 2027 à un "comité de la paix" censé être présidé par Donald Trump, organe de "gouvernance de transition" pour administrer Gaza.

Il "autorise" également le déploiement de l'ISF qui pourra utiliser "toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international": appui à la sécurisation des frontières en coopération notamment avec Israël et l'Egypte, démilitarisation de Gaza, désarmement "des groupes armés non étatiques", protection des civils, formation d'une police palestinienne...

- Conflit perpétuel" -

La décision de programmer le vote intervient alors que la Russie a fait circuler aux membres du Conseil un projet de résolution concurrente qui n'autorise ni la création d'un "comité de la paix", ni le déploiement immédiat d'une force internationale à Gaza, selon le texte vu vendredi par l'AFP.

Ce texte demande simplement au secrétaire général de l'ONU "d'identifier des options pour appliquer les dispositions" du plan de paix et présenter "rapidement" des "options de déploiement d'une force" à Gaza.

"Nous voulons souligner que notre document ne contredit pas l'initiative américaine", a assuré vendredi dans un communiqué la mission russe à l'ONU.

La "logique" du texte russe est de permettre au Conseil "de définir des modalités claires de déploiement d'un contingent de maintien de la paix et d'établir une administration à Gaza tout en s'assurant que ces modalités sont en accord" avec les normes internationales, a-t-elle ajouté.

Alors que des échanges publics de ce type lors de négociations du Conseil sont plutôt rares, l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz a également publié un texte vendredi dans le Washington Post.

"Tout refus de soutenir cette résolution (le texte américain, ndlr) est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a-t-il déclaré.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas en Israël, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.

Plus de 69.185 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par la campagne militaire israélienne de représailles, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas et dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".