Egypte: le zar, quand l'exorcisme se met en scène

A Makan, dans le centre populaire du Caire, pas de sang versé, les musiciens présentent une version adoucie qui émerveille Egyptiens curieux et touristes avides d'exotisme. (AFP).
A Makan, dans le centre populaire du Caire, pas de sang versé, les musiciens présentent une version adoucie qui émerveille Egyptiens curieux et touristes avides d'exotisme. (AFP).
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Publié le Jeudi 12 mai 2022

Egypte: le zar, quand l'exorcisme se met en scène

  • Le zar, arrivé il y a plusieurs siècles d'Ethiopie et du Soudan, s'est répandu dans toute l'Afrique du Nord
  • Dans une société patriarcale où les femmes se disent discriminées par la loi, les cérémonies du zar sont menées par des femmes, initiées entre elles

LE CAIRE: Une salle de spectacle, des musiciens, un public... un concert ordinaire? Non, car sur cette scène du Caire, les esprits côtoient l'audience et sous les lumières tamisées, Oum Sameh chante pour guérir les malades de leurs démons.


Le zar, arrivé il y a plusieurs siècles d'Ethiopie et du Soudan, s'est répandu dans toute l'Afrique du Nord. Les noms et les instruments varient mais le but est le même: exorciser les victimes des djinns, des esprits malfaisants.

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Oum Sameh a appris dès 11 ans le rituel avec sa mère et sa grand-mère. (AFP).

Traditionnellement, le rituel dure plusieurs jours et nécessite des sacrifices d'animaux. Mais à Makan, dans le centre populaire du Caire, pas de sang versé, les musiciens présentent une version adoucie qui émerveille Egyptiens curieux et touristes avides d'exotisme.


Envoûté par la voix d'Oum Sameh et captivé par son regard souligné de khôl, le public balance la tête en rythme.

Mépris 

"Le zar est un rituel très ancien, rattaché à la guérison, c'est une sorte de traitement médical", explique à l'AFP Ahmed el-Maghraby, fondateur de Mazaher, dernier groupe selon lui à pratiquer le zar en public. 


En 2000, il inaugure Makan "pour conserver ce patrimoine et archiver la musique populaire égyptienne", explique l'homme aux cheveux gris.


Et pour redonner ses lettres de noblesse au zar, décrié par les religieux musulmans et chrétiens dans ce pays conservateur et par des autorités voulant en finir avec les traditions rurales pour embrasser modernité et développement industriel.


"En Egypte, on a parfois tendance à mépriser la culture ou les traditions locales", se désole M. Maghraby. D'ailleurs, en débutant il y a 22 ans, Mazaher n'attirait quasiment que des étrangers.

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"On n'est ni des charlatans ni des sorciers", s'agace Oum Sameh, 72 ans, la chanteuse principale de Mazaher encore dans sa tenue de lumière après la représentation. (AFP).


"Les étrangers venaient au spectacle avec des Egyptiens. Ces derniers venaient à reculons, car pour eux le zar c'était +des djinns et du sang+, mais quand ils ont vu le groupe Mazaher et sa version allégée du zar, ils ont été agréablement surpris."

C'est pas sorcier

"On n'est ni des charlatans ni des sorciers", s'agace Oum Sameh, 72 ans, la chanteuse principale de Mazaher encore dans sa tenue de lumière après la représentation. 


Dans une société patriarcale où les femmes se disent discriminées par la loi, les cérémonies du zar sont menées par des femmes, initiées entre elles.


Oum Sameh a appris dès 11 ans le rituel avec sa mère et sa grand-mère.


Soixante ans plus tard, elle chante les mêmes mots et les mêmes airs et, dit-elle fièrement, "sans notes ni paroles écrites, on l'a hérité comme ça et on a grandi avec".


"C'est un chant spirituel qui évacue les énergies négatives. Il y a aussi quelques prières soufies", poursuit-elle, imposantes créoles aux oreilles et bras couverts de bracelets tintinnabulants en or.


Pourtant, déplore Abou Samra, le joueur de tanboura, une sorte de lyre antique, "certains ont une idée très négative du zar à cause des films" en Egypte, le "Hollywood arabe".


Dans les années 1980, Daqat Zar, le coup du zar en arabe, évoquait ainsi des musiciens manipulant une femme en agitant le spectre des djinns, tandis que dans "al-Taaouiza", la malédiction, les divas arabes Youssra et Tahia Carioca se prêtaient au désenvoûtement à coup de faux sang et de cris stridents.


"Mais c'est un art comme tous les autres, il faut oublier ces idées reçues", exhorte Abou Samra, crâne dégarni et longue djellaba. 

Sang frais

Signe que les temps changent, Mazaher, dont tous les membres dépassent la soixantaine, a enfin trouvé une nouvelle recrue: Azza Mazaher, la fille quadragénaire d'Oum Hassan, une des percussionnistes de la troupe. 


Le contraste entre mère et fille est frappant: pendant qu'Oum Hassan tambourine sur une chaise en retrait, Azza, elle, enchaîne les pas de danse avec énergie. 


"Si quelqu'un se sent mal et que les médecins ne trouvent pas de traitement, on peut organiser une cérémonie (...) mais, ici, on présente quelque chose de léger, folklorique, pour que les gens le découvrent, le comprennent et l'apprécient", explique-t-elle à l'AFP. 


Et la formule semble marcher.


Mazaher a déjà participé à plusieurs festivals européens. Et au Caire, il convainc de plus en plus d'Egyptiens.


"Ils nous ressemblent et nous représentent", s'enthousiasme Mariam Essawi, la vingtaine, après le concert.


Pour cette Egyptienne, look branché et nez percé, "le zar fait partie de notre histoire et de notre patrimoine".


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.