Liban: Les réformistes évaluent leurs choix après les élections législatives

Des partisans du Courant patriotique libre du Liban portent des drapeaux et des pancartes devant le bureau du parti à Sin El Fil, Liban, 17 mai 2022 (Photo, Reuters).
Des partisans du Courant patriotique libre du Liban portent des drapeaux et des pancartes devant le bureau du parti à Sin El Fil, Liban, 17 mai 2022 (Photo, Reuters).
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Publié le Jeudi 19 mai 2022

Liban: Les réformistes évaluent leurs choix après les élections législatives

  • Les analystes ont additionné les députés pour déterminer la taille des blocs parlementaires, qui sont divisés entre les blocs souverainiste et les groupes pro-Hezbollah
  • Plusieurs députés réformistes se sont empressés de se réunir avec leurs groupes pour déterminer les prochaines étapes au Parlement

BEYROUTH: Les députés réformistes nouvellement élus au Liban planifient leurs options futures à la suite des percées électorales qui leur accordent un poids important dans l'équilibre du pouvoir parlementaire.

Treize députés réformistes du Liban, participants à la course aux législatives sur les valeurs du soulèvement anti-institutionnel de 2019, ainsi que 21 députés indépendants, ont fait leur entrée au Parlement libanais nouvellement élu.

Les analystes ont additionné les députés pour déterminer la taille des blocs parlementaires, qui sont divisés entre les blocs souverains et les groupes pro-Hezbollah.

Les chiffres montrent que les députés élus peuvent être positionnés au sein de 13 blocs divisés en deux grands camps opposés, formant le Parlement de 128 députés.

Les députés en faveur d'un Liban souverain peuvent être classés en fonction de leurs positions antérieures. Au total, 68 députés sont opposés au Hezbollah. Ils comprennent des membres du parti des Forces libanaises, du parti socialiste progressiste, du groupe islamique et du parti des Phalanges libanaises, ainsi que des indépendants et des réformistes.

Quant au camp pro-Hezbollah, il comprend le parti lui-même, le Mouvement Amal, le Courant patriotique libre, le Mouvement Marada, le Parti Tashnaq et le parti d’Al-Ahbach, pour un total d'environ 60 députés.

Les spéculations vont bon train sur la manière dont les nouveaux députés indépendants vont gérer les événements à venir et se positionner sur la carte parlementaire.

«Nous verrons les vraies couleurs de chaque député lorsque les sujets liés aux questions fondamentales seront discutés», a expliqué un observateur politique interrogé par Arab News.

«Ces députés changeront-ils de position concernant les armes illégales du Hezbollah, bien que certains aient évité d'aborder cette question sensible dans le passé? Ces députés seront-ils en mesure de former un bloc unifié capable d'influencer les décisions au sein du Parlement, ou resteront-ils indépendants, chacun travaillant de son côté ?», a-t-il ajouté.

Sleiman Frangieh, chef du mouvement Marada et candidat à la présidence, a lancé un appel aux députés réformistes : «ne vous imposez pas de conditions strictes afin de ne pas vous isoler, car la théorie est une chose, et la pratique en est une autre.»

Pour Fouad Siniora, ancien Premier ministre libanais, qui a soutenu une liste à Beyrouth et dont les candidats ont tous échoué à atteindre le Parlement, «les députés en faveur d'un Liban souverain doivent développer une vision correcte pour l'avenir sur la manière de faire face à la domination et au contrôle du Hezbollah afin de restaurer l'État libanais.»

«En 2008, les forces souverainistes avaient remporté 72 sièges au Parlement, mais le Hezbollah avait alors refusé de former un gouvernement sur la base de cette majorité», a-t-il poursuivi.

Siniora a également mis en garde contre la tentation de reculer comme l'ont fait les forces du 14 mars en 2009, ce qui leur a coûté leur pouvoir.

Une vidéo partagée sur les réseaux sociaux a choqué les électeurs à Tripoli et dans tout le pays. Le député élu Firas Salloum, qui était sur la liste du Changement réel avec le Groupe islamique, a été filmé célébrant sa victoire en dansant sur une chanson soutenant le régime du président syrien, Bachar Assad.

La vidéo a incité le Groupe islamique à publier une déclaration dans laquelle il renonce à Salloum. «Il ne nous représente pas car il semblait fier de son affiliation au tyran criminel, qui a fait exploser les mosquées Al-Taqwa et Al-Salam à Tripoli, et a tué notre peuple en Syrie», a-t-il déclaré.

La déclaration exigeait que Salloum démissionne «car il ne représente pas la ville et ne ressemble pas à ses habitants».

D'après le député réformiste Elias Jarada, «faire passer la révolution de la rue au Parlement nécessite d'adopter une politique de dialogue avec tous afin que la révolution du 17 octobre devienne un modèle d'action politique dynamique. Il est important d'être réaliste, car le Parlement comprend des groupes qui représentent d'autres catégories du peuple libanais.»

Plusieurs députés réformistes se sont empressés de se réunir avec leurs groupes pour déterminer les prochaines étapes au Parlement.

«Les députés réformistes seront la voix révolutionnaire au Parlement. Nous ne ferons pas de compromis avec le régime criminel qui a détruit nos vies, et nous ne ferons pas de compromis face à l'intimidation par les armes, ni sur la vente des actifs de l'État, l'argent des déposants, ou le chemin de la justice avec l'explosion du port de Beyrouth et l'explosion d’Akkar», a affirmé le député Ibrahim Mneimneh, dont la liste a remporté trois sièges parlementaires dans la deuxième circonscription de Beyrouth.

Des fuites ont laissé entendre que le député réformiste Melhem Khalaf, ancien chef du barreau de Beyrouth, qui a pris part à des manifestations contre la corruption de l'État et a contribué à la libération de manifestants détenus, pourrait être élu vice-président du Parlement, succédant ainsi à Elie Ferzli, qui occupe ce poste depuis 2000, mais n'a pas réussi à atteindre le Parlement lors des récentes élections.

Entre-temps, le président du Parlement, Nabih Berri, qui brigue un nouveau mandat, s'efforcerait de rallier la société civile et serait favorable à ce que Khalaf soit son adjoint.

Des défis majeurs attendent le Parlement nouvellement élu, dont le premier est l'élection d'un président et d'un vice-président, suivie de consultations parlementaires afin de désigner un Premier ministre chargé de former un nouveau gouvernement, puis de l'élection d'un nouveau président en septembre ou octobre, après la fin du mandat de Michel Aoun.

Il existe également d’importantes obligations législatives, dans le cadre des réformes exigées par la communauté internationale, pour sortir le Liban de sa crise économique qui continue de s'aggraver.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
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  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.


Israël approuve la création de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie

Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
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  • Israël a approuvé l’installation de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie, portant à 69 le nombre de colonies validées en trois ans, dans une démarche visant selon le gouvernement à empêcher la création d’un État palestinien
  • Cette décision, critiquée par l’ONU et de nombreux pays, intervient dans un contexte d’intensification de la colonisation et de fortes violences depuis le 7 octobre 2023

JÉRUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé dimanche avoir approuvé l'installation de 19 colonies en Cisjordanie, une mesure visant selon elles à "bloquer l'établissement d'un Etat palestinien terroriste", dans un contexte d'intensification de la colonisation depuis le 7-octobre.

Cette annonce porte à 69 le nombre total de colonies ayant obtenu un feu vert ces trois dernières années, d'après un communiqué publié par les services du ministre des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich, lui-même colon et partisan d'une annexion de ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Elle intervient quelques jours après un rapport du secrétaire général des Nations unies faisant état d'une croissance record des colonies israéliennes depuis le début du suivi en 2017.

"La proposition du ministre des Finances Bezalel Smotrich et du ministre de la Défense Israël Katz de déclarer et formaliser 19 nouvelles colonies en Judée et Samarie (la Cisjordanie, NDLR) a été approuvée par le cabinet" de sécurité du gouvernement, ont annoncé les services de M. Smotrich.

Selon lui, cette initiative doit permettre d'empêcher l'émergence d'un Etat palestinien.

"Sur le terrain, nous bloquons l'établissement d'un Etat palestinien terroriste. Nous continuerons à développer, construire et à nous implanter sur la terre de notre patrimoine ancestral", est-il écrit dans le communiqué.

Hormis Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

Sur les colonies dévoilées dimanche, cinq sont des avant-postes qui existent déjà depuis plusieurs années, c'est-à-dire des colonies déjà implantées en territoire palestinien, sans avoir obtenu les autorisations nécessaires des autorités israéliennes.

Ces 19 colonies se trouvent dans des zones "hautement stratégiques", ont précisé les services du ministre. Deux d'entre elles, Ganim et Kadim, dans le nord de la Cisjordanie, seront réinstallées après avoir été démantelées il y a deux décennies.

- "Expansion implacable" -

La colonisation s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite depuis 1967, et s'est nettement intensifiée sous l'exécutif actuel, en particulier depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

Dans le rapport de l'ONU consulté mi-décembre par l'AFP, son secrétaire général Antonio Guterres avait "condamné l'expansion implacable de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem Est, qui continue à alimenter les tensions, empêcher l'accès des Palestiniens à leur terre et menace la viabilité d'un Etat palestinien totalement indépendant, démocratique, continu et souverain".

"Ces développements enracinent encore l'occupation israélienne illégale et viole le droit international et le droit des Palestiniens à l'autodétermination", a-t-il ajouté.

L'avancée de la colonisation s'accompagne en outre d'une augmentation "alarmante" des violences des colons, dénonce-t-il dans le document, évoquant des attaques parfois "en présence ou avec le soutien des forces de sécurité israéliennes".

Depuis le 7-octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les nouveaux projets de colonies dévoilés par Israël provoquent régulièrement un tollé international, Paris y voyant une "menace existentielle" pour un Etat palestinien.

Fin septembre, le président américain Donald Trump, pourtant un soutien indéfectible d'Israël, avait averti qu'il "ne lui permettrait pas d'annexer la Cisjordanie".