La France en « économie de guerre », une question d'organisation autant que de moyens

Le chef d'état-major des armées Pierre Schill (C) s'entretient avec des soldats français au salon international de la défense et de la sécurité terrestres et aéroterrestres Eurosatory, à Villepinte, dans la banlieue nord de Paris. (AFP).
Le chef d'état-major des armées Pierre Schill (C) s'entretient avec des soldats français au salon international de la défense et de la sécurité terrestres et aéroterrestres Eurosatory, à Villepinte, dans la banlieue nord de Paris. (AFP).
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Publié le Mardi 14 juin 2022

La France en « économie de guerre », une question d'organisation autant que de moyens

  • Le conflit en Ukraine le montre: les consommations de munitions (obus, bombes et missiles) sont effarantes lors d'un conflit de haute intensité
  • De quoi consommer très rapidement les maigres stocks français, même si Paris estime que tout conflit l'impliquant se ferait au sein d'une coalition

VILLEPINTE: Une réorganisation industrielle plus qu'une révolution budgétaire: l'"économie de guerre", dans laquelle la France est "durablement" entrée avec le conflit en Ukraine selon le président Emmanuel Macron, vise surtout à permettre à l'industrie de défense d'augmenter rapidement ses cadences et capacités de production.

Depuis l'invasion russe déclenchée le 24 février, "on ne peut plus vivre avec la grammaire d'il y a un an", il faut "ajuster les moyens aux menaces" en réévaluant la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, a estimé le chef de l'Etat français en inaugurant lundi le grand salon Eurosatory de défense et de sécurité terrestres à Villepinte, au nord-est de Paris.

Après des années de disette et une remontée en puissance des crédits amorcée en 2017, cette loi prévoit trois milliards d'euros supplémentaires pour les armées pour chacune des trois prochaines années, afin de porter le budget de la défense à 50 milliards d'euros en 2025.

Pas question -en tout cas à ce stade- d'un effort budgétaire supplémentaire. "Au-delà de la question de la quantité de moyens" pour les armées, il s'agit, selon le ministre des Armées Sébastien Lecornu, de dire "à quel endroit exactement on veut mettre les moyens".

"Aux industries de se préparer à tenir, peut-être tenir des programmes (d'armements) parfois plus courts dans la durée" et d'"être capables aussi parfois de massifier", de produire davantage, décrypte-t-il auprès de l'AFP. "Cette économie de guerre va également passer par une réflexion sur nos stocks stratégiques", ajoute-t-il.

Le conflit en Ukraine le montre: les consommations de munitions (obus, bombes et missiles) sont effarantes lors d'un conflit de haute intensité.

De quoi consommer très rapidement les maigres stocks français, même si Paris estime que tout conflit l'impliquant se ferait au sein d'une coalition.

Les cantines scolaires pourront-elles limiter la hausse du prix des repas à la rentrée ?

Elle inquiète les maires, les parents d'élèves et les gestionnaires de cantines scolaires, publiques ou privées : la flambée de l'inflation va renchérir le prix des repas des cantines à la rentrée, grevant le budget des ménages et celui des collectivités locales.

"Au premier trimestre, le prix de certaines matières premières a augmenté de manière extrêmement violente : le lait a pris 16%, le riz 13%, la viande hachée de bœuf 22%, soit une hausse moyenne de 12% sur un an", observe Bernard Gault, directeur général par intérim du groupe Elior, qui approvisionne 1.300 cantines scolaires.

"Il n'y a pas que la guerre en Ukraine : le retour de l’inflation du coût des matières premières est une tendance de fond à laquelle s'ajoutent des évènements comme la sécheresse et la grippe aviaire", dit-il à l'AFP.

Selon l'OFCE, le pouvoir d'achat des ménages français se contractera de 0,8% en 2022 du fait d'une inflation estimée à 4,9% sur l'année.

Pour préserver ses marges sans transiger sur la qualité, assure M. Gault, Elior renégocie chaque contrat avec ses clients, adaptant son offre afin de réduire les coûts.

Parmi les leviers : "réduire le nombre de plats, remplacer certaines protéines animales, ou réduire les portions et consommer moins d'énergie avec des cuissons lentes, nocturnes", précise Damien Penin, directeur général du marché enseignement en France.

Peu prisées des familles avant la flambée des prix, les "recettes anti-gaspillage" – feuilletés de fanes de carotte, pain perdu- ressortent des tiroirs. Et proposer davantage de repas végétariens à l'instar de Lyon ou Paris – pour 2023 –, est une "tendance qui s'accélère", indique M Penin.

Mais au final, les entreprises de restauration collective, qui gèrent 40% des cantines scolaires dans le cadre d'une délégation de service public – 60% étant gérées en direct par les municipalités – devront augmenter leurs prix.

Une inflation de 5% "dévore intégralement les marges" d'Elior, justifie M. Gault, expliquant : "on ne peut pas opérer durablement avec des pertes, on est obligés de passer les hausses de coûts à la collectivité locale : soit elle augmente ses impôts, soit elle demande aux bénéficiaires d'accepter une hausse des prix".

Contrats plus « flexibles »

De même, le concurrent Compass – via sa filiale Scolarest, qui dessert 500 restaurants scolaires en France – renégocie ses contrats face à une "hausse des coûts d'achat de 10%" et adapte menus et approvisionnements, s'engageant avec ses fournisseurs "sur la durée, en augmentant les volumes, en concentrant les achats sur des produits moins demandés" et en stockant le plus possible, dit Édouard Albertini, directeur des achats.

Acheter "les carcasses de bœuf entières et plus seulement les pièces de devant", très demandées, "limite un peu l'impact de l'inflation et donne un équilibre économique à l'agriculteur", indique-t-il.

Et rendre plus "flexibles" les contrats avec les collectivités soumis aux Codes des marchés publics, afin d'augmenter les tarifs "plus d'une fois par an" pour répercuter la hausse du prix des matières premières, devient crucial, dit M. Albertini.

À Marseille, l'impact de l'inflation sera principalement assumé par Sodexo, qui gère les 320 restaurants scolaires de la ville, car "c'est au délégataire de supporter les risques liés à son activité", dit Pierre Huguet, adjoint au maire en charge de l'éducation. "Attentive à la situation" de ses fournisseurs, la ville pourrait toutefois accepter, "à l'aune de justificatifs", une hausse du prix facturé par Sodexo, si "la situation devenait plus critique".

En France, une ville sur deux augmentera les tarifs des cantines face à la hausse de "5 à 10%" du prix des repas réclamée par ses fournisseurs, a averti récemment Philippe Laurent, vice-président de l'Association des maires de France.

"Certaines familles ne mettront plus leurs enfants à la cantine", s'inquiète Nageate Belhacen, coprésidente de la fédération de parents d'élèves FCPE, qui souhaite une "hausse de l'allocation de rentrée" voire la "gratuité des repas".

"État, collectivités territoriales et consommateurs" doivent faire "des efforts" pour "faire perdurer la cuisine sociale", s'alarment les acteurs de la restauration collective dans un texte collectif à paraître mercredi, estimant que ces difficultés budgétaires dégradent "la qualité des achats : moins de produits bio, labellisés...".

Sans action, avertit Restau’co, qui fédère la restauration collective en gestion directe, les budgets des cantines scolaires pour 2022 "auront été consommés" mi-septembre.

200.000 euros le missile 

Pour le général Charles Beaudouin, ancien patron de la section technique de l'armée de Terre et aujourd'hui directeur général de Coges Events, organisateur d'Eurosatory, "la première priorité est de combler les trous: il faut lancer rapidement des acquisitions de rechanges et de munitions". "On peut espérer en trois ans avoir des livraisons conséquentes et reconstituer des stocks stratégiques", dit-il.

Mais il met en garde contre un "effet d'éviction" sur certains programmes d'armements si les budgets n'augmentent pas, "alors qu'on est déjà dans une LPM de réparation" de capacités militaires affaiblies au cours du temps.

Le député (LR) Jean-Louis Thiériot, auteur en février d'un rapport sur la haute intensité, évalue "entre 3 et 6 milliards d'euros, en plus des 3 milliards déjà budgétés dans la LPM", les besoins pour reconstituer les stocks français de munitions.

Il faut en effet compter quelques milliers d'euros par obus d'artillerie, près de 200.000 euros pour un missile antichar MMP/Akeron, 132.000 euros pour un missile anti-aérien Mistral, selon des estimations de l'Institut français des relations internationales (Ifri).

Au-delà du coût, le problème est industriel: avec les délais d'approvisionnement pour certains composants et matières premières, il faut deux à trois ans pour fabriquer une munition dite "complexe", comme un missile.

Pour les entreprises du secteur, remonter en puissance requiert de la prévisibilité, donc des commandes, pour pouvoir mobiliser leur chaîne de fournisseurs.

L'outil industriel s'adapte à ce que l'Etat lui demande. Avec l'étalement des commandes depuis plus de 20 ans pour des raisons budgétaires, "on a appris à travailler lentement, c'est plus difficile de remonter en cadence que de ralentir", explique un industriel sous couvert d'anonymat.

Et "produire des armes est interdit par la loi, donc on ne peut pas produire des armes en avance et les stocker, s'il y a pas un contrat en face", rappelait le PDG du fabricant de missiles MBDA, Eric Béranger, lors d'une récente audition au Sénat. "La seule chose qu'on peut stocker sont des composants, qui après devront être assemblés."

Pour pouvoir remonter en puissance rapidement en cas de besoin, la Direction générale de l'armement (DGA) travaille sur un mécanisme qui permettrait de réquisitionner dans certaines circonstances des matériaux ou des entreprises civiles pour les besoins militaires.


Lancement de l'application d'IA saoudienne Humain Chat dans le Royaume

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  • L’Arabie saoudite a lancé ce mardi Humain Chat, une application d’intelligence artificielle en arabe
  • Cette application constitue la première solution de la suite IA développée par Humain, et repose sur un modèle de langue arabe appelé ALLAM 34B, conçu et développé en Arabie saoudite par des Saoudiens

RIYAD: L’Arabie saoudite a lancé ce mardi Humain Chat, une application d’intelligence artificielle en arabe, désormais accessible aux utilisateurs du Royaume.

Cette application constitue la première solution de la suite IA développée par Humain, et repose sur un modèle de langue arabe appelé ALLAM 34B, conçu et développé en Arabie saoudite par des Saoudiens.

Humain, une entreprise d’intelligence artificielle entièrement détenue par le Fonds d’investissement public (PIF), a été lancée en mai dernier par le prince héritier Mohammed ben Salmane. L’objectif est de développer des modèles linguistiques arabes de grande envergure et de positionner le Royaume comme un pôle mondial de l’innovation en IA.

L’application est disponible sur iOS, Android, ainsi que via navigateur web, et devrait prochainement être déployée dans d’autres pays arabophones.

« Le lancement de HUMAIN Chat est une source de fierté pour l’Arabie saoudite, marquant une étape historique dans notre mission de construire une IA souveraine, à la fois techniquement avancée et culturellement authentique, » explique Tareq Amin, PDG de HUMAIN.

ALLAM, développé entièrement par une équipe de plus de 120 spécialistes de l’IA, dont 35 chercheurs titulaires d’un doctorat en Arabie saoudite, a été conçu pour servir les 350 millions de locuteurs arabes à travers le monde.

Le modèle est sensible aux aspects culturels, comprend les différents dialectes arabes, et maîtrise l’ensemble des formes de la langue, de l’arabe classique aux variantes locales.

Disponible également en anglais, ce modèle a été entraîné sur l’un des plus grands ensembles de données arabes jamais réunis, puis affiné grâce aux retours de plus de 600 experts sectoriels et 250 évaluateurs. Le résultat : une maîtrise inégalée de l’arabe, alignée sur les nuances culturelles, religieuses et sociales du monde islamique et du Moyen-Orient, selon l’agence de presse saoudienne (SPA).

« Nous prouvons que des technologies compétitives à l’échelle mondiale peuvent naître de notre propre langue, notre infrastructure et nos valeurs — construites en Arabie saoudite par des talents saoudiens, » ajoute Tareq Amin.

« Ce n’est pas une fin en soi, mais le début d’un voyage pour servir le Royaume, le monde arabophone, et au-delà. Le potentiel est illimité, accélérant l’innovation et le progrès dans tous les domaines de la vie économique et sociale. »

Les utilisateurs en Arabie saoudite peuvent accéder à Humain Chat ici : https://chat.humain.ai/

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


France: la confiance des ménages se replie légèrement en août

La confiance des ménages en France s'est légèrement repliée en août, après trois mois consécutifs de stabilité, a indiqué l'Insee mardi.  L'indicateur qui synthétise la confiance des ménages a diminué d'un point pour s'établir à 87, son plus bas niveau depuis octobre 2023, et la part des ménages qui jugent opportun d'épargner dans la période actuelle est en net repli. (AFP)
La confiance des ménages en France s'est légèrement repliée en août, après trois mois consécutifs de stabilité, a indiqué l'Insee mardi. L'indicateur qui synthétise la confiance des ménages a diminué d'un point pour s'établir à 87, son plus bas niveau depuis octobre 2023, et la part des ménages qui jugent opportun d'épargner dans la période actuelle est en net repli. (AFP)
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  • Le solde d'opinion correspondant perd sept points mais demeure au-dessus de sa moyenne de longue période. L'opinion des ménages concernant leur capacité à épargner reste quasi-stable en août
  • La perception du niveau de vie futur par les ménages est marquée par une nouvelle dégradation et les craintes relatives à l'évolution du chômage ont été en léger rebond en août

PARIS: La confiance des ménages en France s'est légèrement repliée en août, après trois mois consécutifs de stabilité, a indiqué l'Insee mardi.

L'indicateur qui synthétise la confiance des ménages a diminué d'un point pour s'établir à 87, son plus bas niveau depuis octobre 2023, et la part des ménages qui jugent opportun d'épargner dans la période actuelle est en net repli.

Le solde d'opinion correspondant perd sept points mais demeure au-dessus de sa moyenne de longue période. L'opinion des ménages concernant leur capacité à épargner reste quasi-stable en août.

En revanche, les craintes concernant la situation financière personnelle future des ménages se dégrade légèrement. Après trois mois de stabilité, le solde d'opinion associé perd deux points, atteignant son plus bas niveau depuis septembre 2023. La proportion de ménages qui estiment pertinent d'effectuer des achats importants demeure quant à elle quasi-stable.

La perception du niveau de vie futur par les ménages est marquée par une nouvelle dégradation et les craintes relatives à l'évolution du chômage ont été en léger rebond en août.

Le solde d'opinion relatif au niveau de vie futur perd deux points, atteignant son plus bas niveau depuis mars 2023, le solde correspondant aux craintes liées au chômage gagne de son côté deux points.

L'indicateur traduit également une crainte de l'inflation.

La part de ménages qui estiment que les prix vont augmenter dans les douze prochains mois augmente de nouveau et le solde d'opinion atteint son plus haut niveau depuis mars 2023, au-dessus de sa moyenne de longue période.

L'indice synthétique de confiance des ménages de juillet 2025 a été révisé par l'Institut national de la statistique à la baisse d'un point (après arrondi), à 88 au lieu de 89, finalement stable par rapport à juin.


Les entreprises familiales renforcent l’attrait du festival des dattes de Buraidah

Le pavillon des familles productives du carnaval annuel des dattes de Buraidah connaît une affluence remarquable alors que le festival se poursuit au centre culturel King Khalid jusqu'au 9 septembre. (SPA)
Le pavillon des familles productives du carnaval annuel des dattes de Buraidah connaît une affluence remarquable alors que le festival se poursuit au centre culturel King Khalid jusqu'au 9 septembre. (SPA)
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  • Une initiative qui s’inscrit dans les objectifs de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite : autonomisation des femmes et soutien aux PME

BOURAIDAH:  Le pavillon des familles productives du carnaval annuel des dattes de Buraidah connaît une affluence exceptionnelle alors que le festival se poursuit au Centre culturel King Khalid jusqu’au 9 septembre, rapporte l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Des entrepreneurs locaux y présentent une large gamme de produits dérivés des dattes : mélasse, pâtisseries maamoul, café aromatisé aux dattes, ainsi que des objets artisanaux et des textiles patrimoniaux.

Selon la SPA, cet espace dédié joue un rôle de passerelle commerciale essentielle pour les entreprises familiales, en renforçant leurs sources de revenus et en favorisant leur autonomie économique. Les visiteurs y trouvent des produits de grande qualité à des prix accessibles, dans un cadre valorisant le savoir-faire artisanal local.

Le pavillon met en lumière un héritage de compétences transmis de génération en génération, tout en créant des opportunités concrètes pour que les femmes participent activement à l’économie régionale. Cette démarche s’inscrit pleinement dans les objectifs de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite visant à autonomiser les femmes et soutenir le développement des petites et moyennes entreprises (PME).

De plus en plus de familles et de touristes en quête de produits authentiques se dirigent vers ce pavillon, devenu un véritable pôle communautaire où se mêlent commerce, culture et divertissement, selon la SPA.

L’initiative reflète l’approche globale du carnaval : diversifier la programmation pour toucher tous les publics et faire de la région une destination touristique et économique incontournable pendant la haute saison des dattes.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com