Foot: incivilités, violences... l'inquiétante saison du monde amateur

Un arbitre se tient sur le terrain recouvert de fumée verte causée par des bombes fumigènes lancées par des supporters au début du match de football français L1 entre Girondins de Bordeaux et Montpellier Hérault SC au stade Matmut Atlantique de Bordeaux, dans l'ouest de la France, le 20 mars 2022. (Thibaud Moritz/AFP)
Un arbitre se tient sur le terrain recouvert de fumée verte causée par des bombes fumigènes lancées par des supporters au début du match de football français L1 entre Girondins de Bordeaux et Montpellier Hérault SC au stade Matmut Atlantique de Bordeaux, dans l'ouest de la France, le 20 mars 2022. (Thibaud Moritz/AFP)
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Publié le Lundi 20 juin 2022

Foot: incivilités, violences... l'inquiétante saison du monde amateur

  • Arbitres agressés, encadrants malmenés, le football amateur français s'inquiète après une saison marquée par la violence et les incivilités, et tente d'en tirer des conséquences
  • Si le monde professionnel a fait la Une des journaux pour des débordements de supporters, le football du dimanche a lui aussi vécu un exercice marqué par l'insécurité

PARIS: Il n'y a pas que chez les pros que la saison fut houleuse: arbitres agressés, encadrants malmenés, le football amateur français s'inquiète après une saison marquée par la violence et les incivilités, et tente d'en tirer des conséquences.

Théo Boucher, un jeune arbitre de 18 ans violemment frappé par des joueurs et des spectateurs après une rencontre de moins de 17 ans dans la Somme, a été l'une des victimes de cette inquiétante année.

"Une mère de famille m'a agressé en me giflant. Je ne comprends toujours pas son geste car j'aurais pu être son fils. Je ne sais pas ce qui lui est passé par la tête", témoigne-t-il pour l'AFP. "J'avais déjà subi des insultes sur un terrain de la part de parents ou de pseudo-supporters. J'avais d'ailleurs parfois préféré en rire, mais je n'avais jamais subi d'actes aussi graves", reconnaît le jeune homme, qui a repris l'arbitrage.

Et le cas n'est pas isolé. Si le monde professionnel a fait la Une des journaux pour des débordements de supporters, le football du dimanche a lui aussi vécu un exercice marqué par l'insécurité.

Suspension des entraînements à Boulogne-Billancourt pour protester contre les incivilités de parents, report d'un week-end de compétition en Seine-et-Marne après l'agression d'un arbitre à Melun, durcissement des sanctions en Ligue Auvergne-Rhône-Alpes après une autre agression d'arbitre... Les instances locales ont multiplié les mesures.

Violences dans le foot amateur: «La crise du bénévolat a de graves conséquences»

L'aggravation des faits de violence dans le football amateur s'explique sans doute par la crise sanitaire, génératrice de "frustration", mais aussi par celle du "bénévolat associatif", explique à l'AFP Williams Nuytens, sociologue et enseignant-chercheur à l'université d'Artois, auteur de L'Épreuve du terrain (PUR, 2011).

Comment expliquez-vous la recrudescence des violences et incivilités dans le football amateur cette saison ?

Le phénomène n'est pas récent et il est très difficile à mesurer. Si on ose l'interprétation, cette aggravation des faits pourrait s'expliquer par la crise sanitaire. Il est possible que le Covid-19 ait suspendu la socialisation et le rapport au règlement, au contrôle de soi. La sociologie de l'agressivité nous montre que lorsque les pratiquants sont fatigués ou impréparés physiquement, comme en début ou en fin de saison, les faits de violence sont plus nombreux. Si deux mois d'arrêt de matches conduisent à une augmentation de la violence, on peut penser qu'après un an et demi, l'augmentation a du sens. La longue coupure a également impacté les arbitres, les éducateurs et les bénévoles. Si ces derniers ont en partie perdu la main sur le contrôle de l'environnement des matches, on peut imaginer que conjoncturellement, l'équilibre des situations a pu être modifié. On connaît aussi la fonction cathartique du football dans la libération des affects et des émotions. Le Covid a créé une forme de frustration. Quand on reprend, c'est l'explosion.

Les débordements observés dans le football professionnel cette saison ont-ils un impact sur la sécurité dans le monde amateur ?

Il y a des ponts. On a vu, notamment, beaucoup de débordements en début de saison par rapport aux supporters. Là aussi, il y a eu la même frustration. Les groupes ne se sont plus rencontrés pendant un an et demi mais les inimitiés ont continué sur la toile et la reprise a

été préparée, dans un contexte de faillite des forces de l'ordre et des services de sécurité qui, eux aussi, avaient perdu la main. Dans le football pro, les contestations de joueurs sur les décisions arbitrales sont quasiment devenues la norme. Ce n'est pas acceptable, car le professionnel a ce rôle d'exemple. Quand vous regardez un match à la télévision et que vous voyez vos idoles avoir un comportement contestataire, colérique, irascible, parfois physiquement intimidant, que faites-vous dans votre club ? Vous vous comportez de la même façon.

La situation est-elle particulière au football ?

En lui-même, le football n'est pas plus accidentogène ou criminogène dans ses propriétés. Pourtant, il y a moins de violences, statistiquement, dans les autres pratiques. Pourquoi ? Parce que le football est le seul sport qui réunit autant de licenciés, qui donne lieu à un million de matches par saison, qui se traduit aussi par un fort turnover des dirigeants et des bénévoles. Or la défiance diminue avec la durée de l'engagement associatif: vous aurez beaucoup plus confiance en votre encadrant si vous le connaissez depuis de longues années. La crise du bénévolat associatif et la disparition progressive du football des villages a de graves conséquences. C'est la théorie du petit monde: moins il y a de clubs, d'arbitres ou d'encadrants, plus vous finissez par rencontrer les mêmes personnes régulièrement, ce qui augmente le contrôle des gens sur eux-mêmes. Alors qu'en football, les interactions sont beaucoup moins régulières.

L'insécurité, première cause de démotivation

"Cette saison, on assiste clairement à une dégradation de l'environnement autour des terrains", analyse Jean-Claude Lefranc, président de l'Union nationale des arbitres de football (Unaf) et conseiller technique dans le district du Rhône. "Les éducateurs me le disent: ils n'en peuvent plus de voir autant de parents devenir insupportables parce que leurs gamins ne jouent pas".

L'aggravation observée par les Ligues et districts locaux est difficile à mesurer. Les derniers chiffres de "l'Observatoire des comportements" de la Fédération française de football (FFF) remontent à la saison 2018-19, avec 12.369 matches émaillés d'un incident, soit un pourcentage de 1,8% des rencontres concernées.

Les statistiques de la désaffection des arbitres sont plus évocatrices: la FFF a perdu 4.500 arbitres entre 2016 et 2021 et la cause N.1 de leur démotivation est l'insécurité, évoquée par 54% des personnes interrogées dans une étude menée par la Fédération au printemps.

"Cette saison, on a vu des coups, des vraies agressions physiques. C'est intolérable", se désole Eric Borghini, en charge de l'arbitrage au comité exécutif de la "3F".

"Tout cela est très paradoxal, car après 18 mois d'arrêt (pour cause de pandémie), on aurait pu penser que le retour sur les terrains serait empreint de joie et de plaisir", reprend Jean- Claude Lefranc. Il invoque à la fois la frustration suscitée par la crise sanitaire et les confinements, mais aussi "l'esprit de compétition de plus en plus exacerbé au sein des clubs".

Sanctions durcies

Comment traiter ce phénomène ? "Il faut se reprendre vite car le climat est tendu", martèle Pascal Parent, autre membre du "Comex" et président de la Ligue Auvergne-Rhône-Alpes, où toutes les sanctions disciplinaires pour voie de fait sur un joueur ou un officiel ont été doublées en fin de saison.

La plupart des acteurs se positionnent en faveur d'un durcissement du barème disciplinaire fédéral qui prévoit actuellement, pour une atteinte à un officiel, une suspension pouvant aller de huit mois (bousculade volontaire) à 15 ans (acte de brutalité grave).

"Mais il faut forcément associer une sanction collective à la sanction individuelle. C'est trop facile, sinon", poursuit Pascal Parent, faisant remarquer le caractère non systématique des sanctions collectives (retrait de points, exclusion de l'équipe).

C'est le sens d'une des 30 préconisations d'un groupe de travail sur l'arbitrage, validées samedi par l'Assemblée générale de la Fédération: "Nous proposons d'automatiser le retrait de points avec sursis en cas d'agression", plaide Eric Borghini.

Autres propositions validées par la "3F": généralisation du carton blanc (exclusion temporaire en cas de conduite inconvenante) à toutes les compétitions amateurs, création d'un module optionnel dédié à la gestion des conflits dans la formation à l'arbitrage, généralisation des cellules d'écoute, évaluation systématique du sentiment de sécurité dans le rapport officiel de chaque rencontre.

"Des mesures fortes pour faire face à cette flambée de violences", assure Eric Borghini, avant de conclure: "Frapper un arbitre, c'est tuer le foot."


10 septembre: la CGT accuse le gouvernement de tenter de «faire peur»

Le gouvernement tente de rendre "impopulaire" le mouvement pour "tout bloquer" le 10 septembre en faisant "peur", en évoquant des risques de violences, a dénoncé dimanche la CGT, alors que François Bayrou a assuré que "tous les moyens mobilisables sont mobilisés" avant cette journée. (AFP)
Le gouvernement tente de rendre "impopulaire" le mouvement pour "tout bloquer" le 10 septembre en faisant "peur", en évoquant des risques de violences, a dénoncé dimanche la CGT, alors que François Bayrou a assuré que "tous les moyens mobilisables sont mobilisés" avant cette journée. (AFP)
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  • "La dernière cartouche qui reste au gouvernement c'est de rendre impopulaires les mobilisations, c'est de faire peur", a commenté Sophie Binet, numéro un de la CGT, sur France 3
  • "Et c'est le discours que va tenter de faire monter monsieur Retailleau en faisant passer celles et ceux qui se mobilisent pour des personnes violentes"

PARIS: Le gouvernement tente de rendre "impopulaire" le mouvement pour "tout bloquer" le 10 septembre en faisant "peur", en évoquant des risques de violences, a dénoncé dimanche la CGT, alors que François Bayrou a assuré que "tous les moyens mobilisables sont mobilisés" avant cette journée.

"La dernière cartouche qui reste au gouvernement c'est de rendre impopulaires les mobilisations, c'est de faire peur", a commenté Sophie Binet, numéro un de la CGT, sur France 3. "Et c'est le discours que va tenter de faire monter monsieur Retailleau en faisant passer celles et ceux qui se mobilisent pour des personnes violentes".

Son syndicat a annoncé son soutien aux mobilisations du mercredi 10 septembre, considérées comme une "première étape" pour dénoncer les projets budgétaires du gouvernement Bayrou.

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau avait estimé vendredi que "la mouvance d'extrême gauche, d'ultra-gauche, aidée par la CGT" allait "être à l'oeuvre" mercredi et qu'il pouvait y avoir "des actions spectaculaires".

"Le gouvernement cherche à faire monter une forme de pression sur le mouvement, à expliquer qu'il peut déjà être violent", a estimé dimanche sur France 3 le premier secrétaire du PS, Olivier Faure.

Il a prévenu que "toute violence qui serait aujourd'hui exercée le 10 ne servirait pas la cause que nous défendons ensemble", mais permettrait au gouvernement de "passer à autre chose et de revenir à une logique purement sécuritaire".

François Bayrou, dont la démission est probable lundi à l'issue du vote de confiance à l'Assemblée nationale, a affirmé sur Brut que "tous les moyens mobilisables sont mobilisés pour éviter le blocage du pays et les violences".

Blocages à Paris? 

Les autorités s'attendent mercredi à des actions diverses allant de blocages de gares, de raffineries, d'axes de circulation, à des opérations de sabotages de radars automatiques et des manifestations classiques.

Des appels à la grève ont été lancés par plusieurs syndicats notamment dans les transports et les hôpitaux. Des appels à ne pas utiliser sa carte bancaire ou à ne pas aller faire ses courses circulent également sur les réseaux sociaux.

Les services de renseignements soulignent la difficulté à anticiper l'ampleur de ce mouvement "horizontal" et sans chef.

Sur une place du centre de Paris, une réunion a rassemblé environ 200 à 300 personnes dimanche en début de soirée pour évoquer de possibles actions, avec beaucoup de jeunes parmi les participants, a constaté une journaliste de l'AFP.

Y ont été mentionnés différents types d'actions comme des piquets de grève à la RATP et dans des hôpitaux, de possibles blocages des Halles, de certaines portes de Paris et de lycées, mais aussi des rassemblements et un "bal populaire" en fin de journée dans l'est de la capitale.

Selon un sondage publié par la Tribune dimanche, un peu moins d'un Français sur deux (46%) soutient le mouvement appelant à "bloquer" le pays le 10 septembre, tandis que 28% y sont opposés et 26% indifférents.

La première raison pouvant expliquer ce mouvement est "la baisse du pouvoir d'achat", selon cette étude Ipsos-BVA-CESI (école d'ingénieurs) réalisée les 3 et 4 septembre auprès d'un échantillon représentatif de 1.000 personnes.

 


Un peu moins d'un Français sur deux soutient le mouvement du 10 septembre

Le Premier ministre français François Bayrou pose depuis le balcon de son bureau à l'hôtel Matignon, résidence officielle du Premier ministre français, à Paris, le 6 septembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou pose depuis le balcon de son bureau à l'hôtel Matignon, résidence officielle du Premier ministre français, à Paris, le 6 septembre 2025. (AFP)
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  • Un peu moins d'un Français sur deux (46%) soutient le mouvement appelant à "bloquer" le pays le 10 septembre
  • Les sympathisants de gauche soutiennent massivement (à 73% pour LFI, 67% pour les écologistes et 61% pour le PS) ce mouvement né sur les réseaux sociaux

PARIS: Un peu moins d'un Français sur deux (46%) soutient le mouvement appelant à "bloquer" le pays le 10 septembre, tandis que 28% y sont opposés et 26% indifférents, selon un sondage publié par la Tribune Dimanche.

La première raison pouvant expliquer ce mouvement serait par ailleurs "la baisse du pouvoir d'achat", selon cette étude Ipsos-BVA-CESI (école d'ingénieurs) réalisée du 3 au 4 septembre auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Les sympathisants de gauche soutiennent massivement (à 73% pour LFI, 67% pour les écologistes et 61% pour le PS) ce mouvement né sur les réseaux sociaux, et dans une moindre mesure (à 58%) ceux du Rassemblement national, selon l'enquête.

A l'inverse, le mouvement est rejeté à 73% par les sympathisants Renaissance-Horizons-Modem et à 57% par les LR.

Par catégories d'âge, seuls les 60 ans et plus récusent majoritairement l'appel à tout bloquer et ses initiatives hétéroclites.

Des appels à la grève ont été lancés pour mercredi par plusieurs syndicats notamment dans les transports et les hôpitaux, et d'autres actions annoncées dont certaines rappellent celles des Gilets jaunes, avec des blocages d'axes routiers ou des sabotages de radars ou de distributeurs de billets.

Des appels à ne pas utiliser sa carte bancaire ou à ne pas aller faire ses courses circulent également sur les réseaux sociaux et messageries.

Les Français expliquent à 51% le mouvement "Bloquons tout" par "la baisse du pouvoir d'achat des ménages", à 47% par "le plan de François Bayrou pour la réduction du déficit", et à 43% par "l'hostilité" au président Emmanuel Macron et au Premier ministre François Bayrou, d'après le sondage publié à la veille de la chute probable de ce dernier, lundi, à l'issue d'un périlleux vote de confiance à l'Assemblée nationale.


Macron, en quête d'un Premier ministre, remet les mains dans le cambouis national

Le président français Emmanuel Macron arrive à la cérémonie d'adieu aux armes de l'ancien chef d'état-major des armées Thierry Burkhard dans la cour de l'hôtel des Invalides à Paris, le 5 septembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron arrive à la cérémonie d'adieu aux armes de l'ancien chef d'état-major des armées Thierry Burkhard dans la cour de l'hôtel des Invalides à Paris, le 5 septembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron se prépare à nommer un nouveau Premier ministre, anticipant la chute attendue du gouvernement Bayrou

PARIS: Une main tendue aux socialistes, le pied sur le frein face à leur programme économique, et un oeil ouvert sur de probables remous sociaux et financiers. Emmanuel Macron prépare l'après-Bayrou, en quête d'un Premier ministre ouvert sur sa gauche... mais capable aussi de le protéger.

A peine sorti d'un sommet sur l'Ukraine, voilà que le président doit remettre les mains dans le cambouis national.

Lundi, tout le monde s'attend à ce que le gouvernement de François Bayrou soit renversé à l'Assemblée nationale. Dès le soir, les regards se tourneront vers l'Elysée.

Le chef de l'Etat prendra-t-il la parole? Recevra-t-il les partis? Les questions, et le sentiment de déjà-vu, sont les mêmes à chaque épisode du feuilleton de l'instabilité politique née de la dissolution ratée de l'Assemblée l'an dernier.

"Le président proclame qu'il veut aller vite", rapporte un macroniste historique. "Il l'a déjà dit par le passé", tempère un autre proche, rappelant sa tendance à procrastiner lorsqu'il s'agit de nommer.

Les stratèges présidentiels ont plusieurs échéances en tête qui devraient l'inciter à brusquer son naturel: le mouvement "Bloquons tout" mercredi, suivi le 18 septembre d'une mobilisation syndicale; entre les deux, l'agence Fitch pourrait dégrader vendredi la note de la dette, envoyant un signal inquiétant aux marchés financiers.

Puis, le 22 septembre, Emmanuel Macron s'envole pour New York où il doit reconnaître l'Etat de Palestine à la tribune de l'ONU, son grand rendez-vous diplomatique qu'il prépare depuis des mois.

"Ce qui l'intéresse c'est l'international, et il a besoin de stabilité pour ça", théorise un député socialiste.

D'autant que son impopularité bat des records depuis 2017, et que les appels de LFI et du RN à sa démission connaissent un écho croissant dans l'opinion - 64% des Français la souhaitent, selon un sondage.

De fait, le président de la République s'est borné à invoquer la "responsabilité" et la "stabilité", prenant soin de ne pas devancer la chute de son allié historique.

Mais dans le huis clos élyséen, il prépare la suite, et exhorte la coalition gouvernementale à "travailler avec les socialistes".

Justement, leur patron, Olivier Faure, a fait acte de candidature pour Matignon, à la tête d'un gouvernement de gauche, sans LFI, mais aussi sans les macronistes, avec lesquels il serait seulement prêt à négocier des compromis.

Sans qu'on en connaisse l'origine, l'idée a flotté ces derniers jours qu'Emmanuel Macron caresserait l'idée de le nommer. Pourtant, aucun des nombreux proches et interlocuteurs du président interrogés par l'AFP ne l'imaginent emprunter cette voie.

"Si Faure expliquait qu'il veut prendre le pouvoir avec nous", dans une nouvelle alliance entre les socialistes et la macronie, "ça pourrait avoir de la valeur", explique un cadre du camp présidentiel. "Mais ce n'est pas du tout ce qu'il dit."

Ces mêmes sources voient plutôt le locataire de l'Elysée se tourner, à nouveau, vers un profil de la droite ou du centre.

"Quelqu'un dans le bloc central, plutôt proche du président, mais qui sache discuter avec le PS" pour négocier un pacte de non-censure plus durable que sous François Bayrou, résume un ténor du gouvernement.

Il s'agira du troisième Premier ministre en un an dans ce périmètre et les mêmes noms circulent que lors des précédentes nominations.

Parmi eux, les ministres Sébastien Lecornu (Armées), Gérald Darmanin (Justice), Catherine Vautrin (Travail et Santé) et Eric Lombard (Economie). Ou encore le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand.

Ces dernières heures, une source au fait de la réflexion présidentielle évoquait un pressing important auprès de l'ex-chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian, 78 ans et retiré de la politique active.

Emmanuel Macron avait déjà tenté en décembre de convaincre son ami breton d'aller à Matignon, en vain. Aujourd'hui, l'ex-socialiste serait moins ferme dans son refus, selon cette source.

"En réalité, ça dépendra de ce que le PS accepte", glisse un proche du président.

Tous préviennent que pour obtenir la non-censure du PS, il faudra lui "offrir de vraies victoires politiques".

Parmi les totems que les socialistes espèrent décrocher, un effort budgétaire revu à la baisse, mais aussi une remise en cause de la retraite à 64 ans et une taxation substantielle des plus riches.

Or sur ces deux derniers points, Emmanuel Macron "n'acceptera jamais", prévient un fidèle de la première heure. C'est pour cela qu'il veut choisir un Premier ministre "dans sa zone de confort".