Le Liban s'engage à des réformes en échange d'un programme viable du FMI

Une moissonneuse-batteuse est utilisée pour récolter de l'orge dans un champ à Mansourah, au Liban (Photo, Reuters).
Une moissonneuse-batteuse est utilisée pour récolter de l'orge dans un champ à Mansourah, au Liban (Photo, Reuters).
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Publié le Mardi 21 juin 2022

Le Liban s'engage à des réformes en échange d'un programme viable du FMI

  • Mikati a adressé un message clair : rapatriez les réfugiés syriens ou nous les expulserons
  • Le niveau de pauvreté des Libanais, des migrants et des Palestiniens s’est considérablement aggravé

BEYROUTH: Le président libanais Michel Aoun a souligné lundi que le Liban est «engagé à mener les réformes requises», mais a déclaré que le pays «a besoin du programme du FMI dans les limites de son applicabilité au Liban».
La prise de position de M. Aoun a coïncidé avec la mise en garde du Premier ministre sortant, Najib Mikati, qui a demandé à «la communauté internationale de coopérer avec le Liban pour assurer le retour des réfugiés syriens dans leur pays, faute de quoi le Liban s'emploiera à faire sortir les Syriens par des moyens légaux et l'application ferme de la loi libanaise».
Aoun a rencontré le représentant nouvellement nommé du Fonds monétaire international (FMI) à Beyrouth, Federico Lima, qui a appelé à l'adoption rapide de réformes, notamment le contrôle des capitaux, le secret bancaire et d'autres mesures liées à la restructuration du secteur financier.
En avril, le Liban et le FMI ont signé un accord au niveau du personnel, une déclaration d'intention mutuelle entre la mission du FMI et la délégation libanaise chargée des négociations. Toutefois, avant la signature, le Liban doit remplir toutes les conditions fixées par le FMI.
Le pays est politiquement divisé sur l'adoption des réformes requises, notamment sur le plan de relance économique, l'établissement de l'indépendance du pouvoir judiciaire et l'élaboration d'un plan crédible pour le secteur de l'électricité, l'éloignant du courtage, des quotas et des projets de distribution et de service.
Le pays n'a pas mis en œuvre les conditions du FMI au cours des deux dernières années, soit depuis le début des pourparlers. Les conditions comprennent, par exemple, la consolidation des taux de change de la Banque du Liban, le développement d'une stratégie claire pour la restructuration de la dette publique à moyen et long terme, le développement d'une stratégie convenue pour la restructuration du secteur bancaire, et un audit des budgets de la banque. Ces budgets déterminent sa position financière et ses liquidités restantes en devises étrangères, de manière à développer la transparence.
Parallèlement, le ministère des Affaires sociales a lancé lundi un appel au nom du gouvernement «pour obtenir 3,2 milliards de dollars afin de faire face aux effets persistants de la crise syrienne en fournissant une assistance vitale aux personnes dans le besoin, et en soutenant l'infrastructure des institutions publiques, les services et l'économie locale au Liban».
Lors du lancement du Plan de réponse à la crise au Liban, Mikati a rappelé que «le Liban accueille des déplacés syriens depuis maintenant plus de 11 ans. Alors que les ressources sont de plus en plus limitées par la crise économique, un soutien accru aux personnes déplacées et aux communautés d'accueil libanaises reste une priorité absolue pour le gouvernement libanais et ses partenaires».
«Nous vous prions instamment d'être aux côtés du Liban, de son peuple et de son gouvernement, et aux côtés des personnes déplacées pour répondre à leurs besoins urgents, et de travailler ensemble pour surmonter les obstacles à leur retour en toute sécurité dans leur patrie», a déclaré Mikati à la communauté internationale, ajoutant: «Notre situation actuelle est radicalement différente de ce qu'elle était auparavant, car nous traversons aujourd'hui l'une des plus graves crises économiques, financières, sociales et politiques du monde.»
«Par conséquent, environ 85 % des Libanais vivent désormais sous le seuil de pauvreté. Environ un tiers de la population libanaise est maintenant déplacée et souffre de la pauvreté, ce qui signifie que 11 ans après le début de la crise syrienne, le Liban n'a plus la capacité de supporter tout ce fardeau, surtout dans les circonstances actuelles.»
«Le Liban compte désormais sur vous pour nous aider à maintenir la sécurité et la stabilité économique et sociale», a-t-il ajouté.
«Le Plan de réponse à la crise au Liban réunit plus de 126 partenaires pour aider 3,2 millions de personnes dans le besoin vivant au Liban. Il vise à fournir un soutien à 1,5 million de Libanais, 1,5 million de déplacés syriens et plus de 209 000 réfugiés palestiniens», a déclaré le ministère des Affaires sociales, ajoutant que «l'aide de 9 milliards de dollars fournie par le Plan de réponse à la crise au Liban depuis 2015 a montré des résultats tangibles auprès de la population d'accueil et les personnes déplacées».
Il a ajouté que les personnes à travers le Liban s'enfoncent davantage dans la pauvreté en raison de la dépréciation de la monnaie, de l'inflation élevée, de la hausse des prix et de la perte de revenus. Les failles dans les chaînes d'approvisionnement, y compris le carburant, le blé et l'électricité, continuent d'avoir un impact sur l'environnement opérationnel des partenaires du Plan de réponse à la crise au Liban, alors qu'ils sont simultanément confrontés à une augmentation de la pression des autorités et des communautés locales pour fournir de l'aide dans un contexte de besoins croissants.
Najat Rochdi, coordinatrice humanitaire pour le Liban, a déclaré que «neuf Syriens sur dix au Liban vivent dans la pauvreté».
Elle a ainsi rappelé l'augmentation considérable du niveau de pauvreté des Libanais, des migrants et des Palestiniens. Ces circonstances poussent les familles à envoyer les enfants travailler au lieu de les inscrire à l'école, à sauter des repas et à s'endetter.
L'ambassadrice du Canada au Liban, Chantal Chastenay, s'exprimant au nom des pays donateurs, a déclaré: «Environ 4,1 milliards de dollars ont été promis aux réfugiés syriens lors de la conférence de Bruxelles.»
Elle a réaffirmé l'engagement en faveur d'une solution politique à la crise syrienne, insistant sur le processus de redressement à l'intérieur de la Syrie et promettant de soutenir les pays d'accueil et d'aider le Liban à faire face au déplacement à long terme par le développement et le financement.


Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Gaza: 27 morts dans des frappes israéliennes, Israël et le Hamas s'accusent de violer la trêve

Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
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  • Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre
  • Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer

GAZA: Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu.

Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre.

Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer. L'armée israélienne a dit viser le mouvement islamiste Hezbollah qu'elle accuse de se réarmer en violation du cessez-le-feu en vigueur à sa frontière nord depuis bientôt un an.

"Les bombardements et les morts ont recommencé. Ils ne nous laissent même pas le temps de respirer", déplore auprès de l'AFP Ahraf Abu Sultan, 50 ans, tout juste rentré à Gaza-ville pour réparer sa maison détruite après avoir été déplacé un an dans le sud du territoire.

"Il n'y a aucun espoir pour la vie à Gaza", se lamente Nivine Ahmed, déplacée sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, évoquant le bruit des explosions, la fumée, les gens qui courent et les sirènes des ambulances.

"Nous n'en pouvons plus, nous voulons que la guerre se termine complètement ou que les passages soient ouverts" pour permettre à la population de fuir, a confié Noha Fathi, déplacée dans le sud de la bande de Gaza.

Selon la Défense civile de la bande de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, quatorze personnes ont été tuées mercredi à Gaza-ville, et 13 dans la région de Khan Younès. Deux hôpitaux contactés par l'AFP ont confirmé ce bilan.

"Escalade dangereuse" 

L'armée israélienne a affirmé "frapper des cibles terroristes du Hamas dans toute la bande de Gaza" en riposte à des tirs "en direction de la zone où [ses] soldats opèrent à Khan Younès".

Ces tirs n'ont fait aucun blessé a précisé l'armée mais constituent "une violation de l'accord de cessez-le-feu".

Rejetant une "piètre tentative pour justifier [...] des violations qui ne cessent jamais", le Hamas a dénoncé une "escalade dangereuse" et appelé les Etats-Unis à "exercer une pression immédiate et sérieuse pour [forcer Israël] à respecter le cessez-le-feu".

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

La trêve a déjà été marquée par plusieurs accès de violences dans le territoire palestinien dévasté par plus de deux ans d'hostilités déclenchées par l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Depuis le 10 octobre, plus de 300 Palestiniens ont été tués par des frappes ou des tirs israéliens selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. L'armée israélienne affirme ne frapper qu'en riposte à des violations de la trêve.

Les raids israéliens les plus meurtriers ont tué, le 29 octobre, plus de cent Gazaouis, selon la Défense civile et des données recueillies par l'AFP auprès de cinq hôpitaux.

Selon la Défense civile, qui ne fait jamais état de combattants tués, les bombardements de mercredi ont notamment tué un couple et ses trois enfants à Gaza-ville, et deux mineurs à Khan Younès.

Deuxième phase ? 

Le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, est apparu dans une vidéo exhibant les corps de trois jeunes enfants.

L'accord de cessez-le-feu a permis dans sa première phase le retour des vingt derniers otages vivants du 7-Octobre, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retour de 25 corps d'otages morts, sur 28 que le Hamas s'est engagé à rendre.

Israël réclame leur remise, en accusant de retard le mouvement islamiste, qui invoque la difficulté de les retrouver dans un territoire noyé sous des tonnes de décombres.

La mise en œuvre de la deuxième phase du plan du président américain Donald Trump n'a pas encore été approuvée. Elle prévoit notamment le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition pour gouverner le territoire et le déploiement d'une force internationale de stabilisation.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi une résolution pour endosser ce plan Trump, mais le Hamas, écarté de tout rôle dans la gouvernance du territoire et qui refuse de désarmer aux conditions posées par Israël, a dénoncé un texte qui "ne répond pas aux exigences et aux droits politiques et humains" du peuple palestinien.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 69.500 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués mais ses données indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.


Israël appelle à des évacuations dans deux villages du sud du Liban en prévision de frappes

L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
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  • L’armée israélienne a appelé les habitants de Deir Kifa et Chahour à évacuer, affirmant que des infrastructures militaires du Hezbollah s’y trouvent et annonçant des frappes imminentes
  • Malgré le cessez-le-feu de novembre 2024, Israël poursuit des attaques ciblées au Liban avec le soutien tacite des États-Unis, accusant le Hezbollah de reconstruire ses capacités militaire

JERUSALEM: L'armée israélienne a appelé mercredi la population à évacuer les zones de bâtiments abritant selon elle des installations militaires du mouvement islamiste libanais Hezbollah dans deux villages du sud du Liban, annonçant son intention de les frapper sous peu.

"Les forces [israéliennes] attaqueront prochainement des infrastructures militaires appartenant au groupe terroriste Hezbollah dans différentes zones du sud du Liban, en réponse aux tentatives illégales de l'organisation de se rétablir dans la région", annonce le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne dans un message en arabe sur X.

L'officier appelle précisément la population à évacuer sans tarder les alentours de deux bâtiments dont il précise, cartes à l'appui, la localisation dans les villages de Deir Kifa et Chahour.

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener, avec l'aval tacite des Etats-Unis, des attaques régulières au Liban contre ce qu'elle présente comme des membres ou des installations du mouvement chiite, qu'elle accuse de chercher à reconstituer ses capacités militaires.

Le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran - ennemi juré d'Israël, a été très affaibli par la dernière guerre avec Israël, et Washington a accru la pression ces dernières semaines sur les autorités libanaises pour qu'elles obtienne son désarment, ce que le mouvement islamiste refuse pour l'heure.


L'Arabie saoudite et les États-Unis signent des accords pour approfondir leur partenariat stratégique

La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
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  • Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques
  • Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales

RIYAD: L'Arabie saoudite et les États-Unis ont signé mardi un certain nombre d'accords visant à renforcer leurs liens stratégiques, à l'occasion de la visite du prince héritier Mohammed bin Salman à la Maison Blanche.

Lui et le président américain Donald Trump ont signé des accords sur la défense stratégique, l'intelligence artificielle, l'énergie nucléaire, les métaux critiques, les investissements saoudiens, le partenariat financier et économique, l'éducation et la formation, et les normes de sécurité des véhicules.

Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques.

Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales.

La réunion était coprésidée par M. Trump et le prince héritier, et de hauts responsables saoudiens et américains y ont assisté.

L'accord de défense affirme que les deux pays sont des partenaires de sécurité capables de travailler ensemble pour faire face aux défis et menaces régionaux et internationaux, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Il approfondit la coordination de la défense à long terme, améliore les capacités de dissuasion et la préparation, et soutient le développement et l'intégration des capacités de défense entre les deux pays, a ajouté l'agence de presse saoudienne.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid bin Salman, a déclaré que l'accord "souligne l'engagement ferme des deux nations à approfondir leur partenariat stratégique, à renforcer la sécurité régionale et à faire progresser la paix et la stabilité dans le monde".

L'ambassadrice saoudienne aux États-Unis, la princesse Reema bint Bandar, a déclaré que les "accords stimuleront les investissements dans les deux pays, généreront des opportunités d'emploi pour les Saoudiens et les Américains, et renforceront notre engagement commun en faveur de la sécurité régionale et mondiale".

Un peu plus tôt, dans le bureau ovale, M. Trump a accueilli chaleureusement le prince héritier, qui a annoncé que les investissements américains du Royaume seraient portés à près de 1 000 milliards de dollars, contre une promesse de 600 milliards de dollars annoncée par Riyad au début de l'année.

"Aujourd'hui est un moment très important de notre histoire", a déclaré le prince héritier. "Il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous travaillons pour l'avenir.