La Journée mondiale de la population ternie par le bilan migratoire

Des agents de la patrouille frontalière passent devant des migrants haïtiens dans un camp de fortune, le 17 septembre 2021, à Del Rio, au Texas (Photo, AP).
Des agents de la patrouille frontalière passent devant des migrants haïtiens dans un camp de fortune, le 17 septembre 2021, à Del Rio, au Texas (Photo, AP).
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Publié le Mercredi 20 juillet 2022

La Journée mondiale de la population ternie par le bilan migratoire

La Journée mondiale de la population ternie par le bilan migratoire
  • L'année 2022 a atteint de nouveaux records, notamment avec la guerre en Ukraine, qui a provoqué l'un des plus grands déplacements forcés depuis la Seconde Guerre mondiale
  • Les gouvernements se préparent à l’augmentation des zones urbaines et se demandent s'il sera possible de répondre en permanence aux besoins quotidiens des habitants

La Journée mondiale de la population, qui sera à nouveau observée la semaine prochaine, est depuis bien longtemps une occasion de célébrer le progrès humain. Mais cette année, elle a pour toile de fond un sombre bilan, avec un nombre record de 100 millions de personnes déplacées.

Poussées par la violence, les persécutions et les violations des droits de l'homme, ces personnes forcées de fuir leur foyer représentent environ une personne sur 78 dans le monde. Ce chiffre est supérieur à la population de nombreux pays.

Ces données proviennent du rapport annuel «Tendances mondiales» publié le mois dernier par l'Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Si les chiffres ont empiré chaque année depuis une décennie, l'année 2022 a atteint de nouveaux records, notamment avec la guerre en Ukraine, qui a provoqué l'un des plus grands déplacements forcés depuis la Seconde Guerre mondiale.

Plus de 7 millions d'Ukrainiens sont déplacés à l'intérieur du pays et plus de 6 millions ont fui le pays en tant que réfugiés. Cette situation s'ajoute aux tensions existantes qui se sont intensifiées, entraînant de nouveaux déplacements dans des pays allant du Burkina Faso au Myanmar.

Selon le HCR, les dernières données sur les déplacements forcés comptent 26,6 millions de réfugiés, 50,9 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, 4,4 millions de demandeurs d'asile et 4,1 millions de Vénézuéliens déplacés à l'étranger.

L'Ukraine mise à part, le rapport indique que plus des deux tiers des réfugiés proviennent de cinq pays seulement: la Syrie, le Venezuela, l'Afghanistan, le Sud-Soudan et le Myanmar. La Turquie a accueilli la plus grande population de réfugiés en 2021, soit près de 3,8 millions.

Il est possible que les crises liées à l'environnement aggravent davantage le problème du déplacement des populations.

Andrew Hammond

À l'avenir, il est possible que les crises liées à l'environnement aggravent davantage le problème du déplacement des populations. Ce constat s'inscrit dans le contexte de la croissance continue de la population mondiale, qui est aujourd'hui d'environ 7,7 milliards, et qui devrait atteindre 10 milliards dans les trois prochaines décennies. Plus de la moitié de cette croissance devrait être concentrée dans seulement neuf pays, principalement dans les pays en voie de développement.

La croissance démographique est à l'origine de la mégatendance de l'urbanisation par la migration. En 1800, moins de 3 % de la population vivait dans des villes, mais à la fin de 2008, cette proportion avait dépassé les 50 % et on comptait 26 mégapoles (villes de 10 millions d'habitants ou plus). On prévoit que cette proportion passera d'environ 55 % en 2018 à 68 % en 2050, ce qui, combiné à la croissance globale de la population mondiale, pourrait ajouter 2,5 milliards de personnes dans les zones urbaines d'ici le milieu du siècle.

Les gouvernements se préparent de plus en plus aux risques que posent ces zones urbaines massives. Les principales questions qui se posent sont notamment de savoir s'il sera possible de répondre en permanence aux besoins quotidiens des habitants en matière de nourriture, d'eau et de santé. Ceci tout en faisant face à la vulnérabilité croissante des grandes zones urbaines vis-à-vis des contraintes environnementales exacerbées par les effets du changement climatique.

En raison de l'incapacité à faire face à certains risques récents touchant les mégapoles, les gouvernements se préparent à de multiples défis et élaborent des stratégies pour gérer l'ensemble des facteurs environnementaux susceptibles d'apparaître.

 

Andrew Hammond est un associé auprès de LSE IDEAS à la London School of Economics.

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com