En Irak, une station thermale renaît après les massacres de l'EI

Cette photo montre l'entrée des bains de Hamam al-Alil, au sud de la ville de Mossoul, dans le nord de l'Irak, le 30 juin 2022. (AFP)
Cette photo montre l'entrée des bains de Hamam al-Alil, au sud de la ville de Mossoul, dans le nord de l'Irak, le 30 juin 2022. (AFP)
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Publié le Mercredi 13 juillet 2022

En Irak, une station thermale renaît après les massacres de l'EI

  • Hamam al-Alil («le bain du malade», en arabe) s'est bâti depuis des décennies une solide réputation grâce à ses eaux sulfureuses aux vertus thérapeutiques
  • Mais la localité, située à une trentaine de kilomètres au sud de Mossoul, est aussi connue pour les massacres commis par le groupe Etat islamique (EI) lorsqu'il occupait cette partie de l'Irak

HAMAM AL-ALIL: Enfant, Hicham se rendait souvent avec son père aux bains de Hamam al-Alil. Mais depuis que cet établissement thermal du nord de l'Irak a été restauré, il y vient seul: son père, policier, a été exécuté par les djihadistes non loin de là en 2016.

Hamam al-Alil ("le bain du malade", en arabe) s'est bâti depuis des décennies une solide réputation grâce à ses eaux sulfureuses aux vertus thérapeutiques.

Mais la localité, située à une trentaine de kilomètres au sud de Mossoul, est aussi connue pour les massacres commis par le groupe Etat islamique (EI) lorsqu'il occupait cette partie de l'Irak.

La réouverture en juin des bains sur les bords du Tigre contribue au retour à la normalité, même si les cicatrices sont encore ouvertes et la reconstruction lente, six ans après que les djihadistes ont été chassés.

"J'ai perdu les êtres les plus chers", lâche Hicham Khaled, torse nu, assis près du bassin circulaire.

Son père, colonel de police, a été exécuté par l'EI, comme des centaines d'autres dont les corps ont été découverts en novembre 2016 dans un charnier près de la faculté d'agriculture de Hamam al-Alil, à quelques centaines de mètres des bains.

"Ca me fait mal au coeur. Mon père et moi venions ensemble aux bains. Maintenant, il est parti et moi je suis resté", ajoute l'homme de 21 ans, papa de jumelles.

Il est aujourd'hui masseur dans l'établissement et se baigne régulièrement dans ses eaux riches en soufre qui l'ont guéri d'une allergie et de problèmes dermatologiques.

Psoriasis 

Dans les salles carrelées flambant neuves, hommes et enfants profitent d'un moment de détente thérapeutique pour 5 000 dinars (un peu plus de trois euros).

En caleçon ou en short, ils remplissent des baquets de cette eau de source verdâtre et chaude et se la versent sur la tête, puis se frottent vigoureusement le corps... malgré l'odeur nauséabonde caractéristique du soufre.

Un vieil homme a quitté son fauteuil roulant. On le baigne à grande eau pendant qu'il enchaîne des étirements des bras.

L'établissement, construit en 1984, peut accueillir entre 75 et 100 personnes, hommes et femmes disposant de salles séparées.

Sur les trottoirs alentour, des étals de fortune proposent des bouteilles en plastique remplies de boue sulfureuse.

Salam Adel Hassan a fait le déplacement depuis Bagdad: "J'étais venu il y a 20 ans environ, c'était très rudimentaire, pas comme maintenant. Les rénovations sont réussies, je suis séduit", se réjouit-il.

"Mon frère souffre de psoriasis, il n'a pas pu venir. Je vais lui rapporter de l'eau et de la boue", ajoute-t-il.

Après la défaite de l'EI en 2017, les bains sont restés très populaires même si le bâtiment tombait en ruine, avec ses carreaux de céramique ébréchés et ses vitres brisées.

Pour lui redonner une seconde jeunesse, les autorités ont entrepris en 2019 des travaux pour environ un demi-million de dollars.

Les matériaux ont été soigneusement sélectionnés pour résister à l'usure et à l'oxydation que provoque le soufre, explique Ahmed Aziz Ahmed, un adjoint au directeur de l'établissement.

"Dès le lendemain de l'inauguration, nous avons commencé à recevoir des groupes de visiteurs de toutes les provinces" d'Irak, raconte-t-il s'enorgueillit-il.

Des familles de Mossoul mais vivant à l'étranger sont venues et aussi des touristes britanniques et allemands, ajoute-t-il.

Comme les Mongols 

Il compare les exactions des djihadistes de l'EI et leur "occupation" aux invasions des Mongols, qui ont pris et pillé Mossoul au 13e siècle.

Fin 2016, avant d'être chassés de Hamam al-Alil par l'armée irakienne et une coalition internationale, l'EI a exécuté des centaines de personnes.

Le charnier découvert près de la faculté d'agriculture renfermait "au moins 300 anciens policiers", estimait à l'époque Human Rights Watch, citant les témoignages d'habitants.

Une vingtaine de victimes ont été retrouvées pieds et poings liés, les yeux bandés, selon un rapport gouvernemental cité par HRW.

Aujourd'hui, des responsables locaux dénoncent les lenteurs du gouvernement central, car toutes les victimes n'ont pas encore été identifiées. Leur nombre reste inconnu.

Les djihadistes "oeuvraient de nuit, ils les exécutaient et les enterraient au bulldozer", explique Ahmed Aziz Ahmed.


Il faut «vaincre totalement» le Hamas à Gaza pour «libérer tous les otages israéliens», dit Netanyahu

Une vue de la bande de Gaza bombardée par Israël. (AFP)
Une vue de la bande de Gaza bombardée par Israël. (AFP)
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  • Israël doit "vaincre totalement" le Hamas à Gaza pour obtenir la libération "de tous les otages" israéliens encore captifs dans ce territoire palestinien, a déclaré mardi le Premier ministre, Benjamin Netanyahu
  • "Il est nécessaire de vaincre totalement l'ennemi à Gaza, de libérer tous nos otages et de s'assurer que Gaza ne constituera plus une menace pour Israël. Nous n'abandonnons aucune de ces missions'"

JERUSALEM: Israël doit "vaincre totalement" le Hamas à Gaza pour obtenir la libération "de tous les otages" israéliens encore captifs dans ce territoire palestinien, a déclaré mardi le Premier ministre, Benjamin Netanyahu.

"Il est nécessaire de vaincre totalement l'ennemi à Gaza, de libérer tous nos otages et de s'assurer que Gaza ne constituera plus une menace pour Israël. Nous n'abandonnons aucune de ces missions'", a affirmé M. Netanyahu, selon un communiqué de ses services.

 

 


Israël se prépare à une nouvelle étape de la guerre à Gaza

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  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, doit réunir mardi son cabinet de sécurité en vue d'enclencher une nouvelle étape de la guerre dans la bande de Gaza
  • Cette réunion, annoncée par les médias mais dont la tenue n'a pas été confirmée officiellement dans l'immédiat, doit intervenir alors que le Conseil de sécurité de l'ONU tient mardi une session consacrée à la question des otages israéliens à Gaza

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, doit réunir mardi son cabinet de sécurité en vue d'enclencher une nouvelle étape de la guerre dans la bande de Gaza, où il a réautorisé mardi l'entrée partielle des marchandises privées.

Cette réunion, annoncée par les médias mais dont la tenue n'a pas été confirmée officiellement dans l'immédiat, doit intervenir alors que le Conseil de sécurité de l'ONU tient mardi une session consacrée à la question des otages israéliens à Gaza, initiée par Israël, qui veut porter le dossier "au centre de l'agenda mondial".

"Aujourd'hui (mardi), une réunion de sécurité restreinte se tiendra au cabinet du Premier ministre", réunissant notamment les ministres de la Défense et des Affaires stratégiques, et le chef d'état-major de l'armée,  a annoncé dans la matinée la chaîne de télévision N12.

La presse israélienne, citant des officiels s'exprimant sous couvert d'anonymat, est unanime à prédire la décision à venir:  "Netanyahu veut que l'armée israélienne conquière toute la bande de Gaza", résume la radio publique Kan.

"Le sort est jeté"

Plusieurs membres du cabinet ayant parlé avec le Premier ministre "ont confirmé qu'il a décidé d'étendre le combat aux zones où des otages pourraient être détenus", toujours selon Kan.

"Le sort en est jeté. Nous allons pour la conquête totale de la bande de Gaza", assure également le quotidien Ma'ariv.

En guerre contre le Hamas depuis l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur son sol le 7 octobre 2023, le gouvernement israélien fait face à une pression croissante pour trouver une issue au conflit.

En Israël sur le sort des 49 otages du 7-Octobre - dont 27 déclarés morts par l'armée - , et dans le monde pour alléger les souffrances de plus de deux millions de Palestiniens entassés sur un territoire dévasté et menacé de "famine généralisé" selon l'ONU.

Mardi matin, le Cogat, un organisme du ministère de la Défense en charge de l'administration civile à Gaza, a réautorisé l'entrée partielle des marchandises privées dans l'enclave, de manière "contrôlée et progressive".

"L'objectif est d'augmenter le volume de l'aide entrant dans la bande de Gaza, tout en réduisant la dépendance à l'égard de la collecte de l'aide par l'ONU et les organisations internationales", selon le Cogat.

Un nombre limité de commerçants locaux seront autorisés à envoyer dans Gaza "des produits alimentaires de base, aliments pour bébés, fruits et légumes et articles d'hygiène (...), sous réserve de plusieurs critères et d'un contrôle de sécurité rigoureux", a détaillé le Cogat.

L'objectif reste de "prendre toutes les mesures possibles pour empêcher l'implication" du Hamas dans "l'acheminement et la distribution de l'aide", selon le Cogat.

"Ramener les otages" 

Israël a levé fin mai le blocus humanitaire total qu'il avait imposé début mars au territoire palestinien, totalement dépendant de l'aide internationale, mais n'autorise l'entrée que de quantités très limitées, jugées insuffisantes par l'ONU.

La communauté internationale presse Israël d'y ouvrir en grand les vannes humanitaires. "Refuser l'accès à la nourriture aux civils peut constituer un crime de guerre, voire un crime contre l'humanité", a ainsi répété lundi le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Volker Türk.

Au moins 1.373 Palestiniens ont été tués depuis la mise en place le 27 mai d'un nouveau système de distribution d'aide via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF) soutenue par Israël et les Etats-Unis, la plupart par des tirs israéliens, "alors qu'ils cherchaient de la nourriture", a accusé l'ONU la semaine dernière.

Le Hamas accuse lui Israël d'entretenir volontairement le "chaos" et "d'organiser la famine".

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 60.933 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Des vidéos, publiées en fin de semaine dernière par le Hamas et le Jihad islamique, exhibant deux otages israéliens affaiblis et décharnés ont ravivé dans l'opinion publique le débat sur l'urgence d'un accord permettant le retour des captifs.

Familles d'otages en tête, de nombreux Israéliens exigent la fin des hostilités pour ramener "les otages chez eux". M. Netanyahu "mène Israël à sa ruine et les otages à leur mort", a accusé le Forum des familles, la principale organisation de familles des captifs à Gaza.


Israël réautorise l'entrée partielle des marchandises privées dans Gaza

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  • "L'objectif est d'augmenter le volume de l'aide entrant dans la bande de Gaza, tout en réduisant la dépendance à l'égard de la collecte de l'aide par l'ONU et les organisations internationales", selon la même source
  • Cette mesure est prise "suite à la décision du cabinet (du Premier ministre) d'élargir l'aide humanitaire et après un travail préparatoire mené par les services de sécurité"

JERUSALEM: Israël a réautorisé l'entrée partielle des marchandises privées dans la bande de Gaza assiégée et menacée de famine, a annoncé mardi le Cogat, un organisme du ministère de la Défense en charge de l'administration civile de ce territoire palestinien.

"Un mécanisme a été approuvé pour reprendre progressivement et de manière contrôlée l'entrée de marchandises via le secteur privé à Gaza", indique un communiqué du Cogat.

"L'objectif est d'augmenter le volume de l'aide entrant dans la bande de Gaza, tout en réduisant la dépendance à l'égard de la collecte de l'aide par l'ONU et les organisations internationales", selon la même source.

Cette mesure est prise "suite à la décision du cabinet (du Premier ministre) d'élargir l'aide humanitaire et après un travail préparatoire mené par les services de sécurité".

Pour "mettre en place ce mécanisme, le système de sécurité a approuvé un nombre limité de commerçants locaux, sous réserve de plusieurs critères et d'un contrôle de sécurité rigoureux", détaille le Cogat.

Le paiement des marchandises "s'effectuera uniquement par virement bancaire, sous contrôle et supervision".

"Les marchandises approuvées comprennent des produits alimentaires de base, des aliments pour bébés, des fruits et légumes et des articles d'hygiène", affirme le Cogat.

Toutes les marchandises seront soumises à un contrôle rigoureux par l'Autorité des passages terrestres du ministère de la Défense avant leur entrée dans la bande de Gaza, souligne cet organisme.

L'armée israélienne, "par l'intermédiaire du Cogat et en collaboration avec les services de sécurité, continuera à mettre en œuvre des mécanismes de contrôle et de surveillance de l'entrée de l'aide dans la bande de Gaza, tout en prenant toutes les mesures possibles pour empêcher l'implication de l'organisation terroriste Hamas dans les processus d'acheminement et de distribution de l'aide", conclut le communiqué.

Depuis le début de la guerre, Israël assiège plus de deux millions de Palestiniens entassés dans un territoire de 365 km2, déjà soumis à un blocus israélien depuis plus de 15 ans.

Il a levé fin mai le blocus humanitaire total qu'il avait imposé début mars, mais n'autorise l'entrée que de quantités très limitées, jugées insuffisantes par l'ONU.

Le territoire palestinien, totalement dépendant de l'aide humanitaire, est désormais menacé d'une "famine généralisée", selon l'ONU.