«On ne sait pas où aller»: des Syriens craignent un assaut de la Turquie

Des gens font leurs courses dans un marché de la ville de Manbij, dans le nord de la Syrie, près de la frontière avec la Turquie, alors qu'une menace d'assaut plane sur la ville (Photo, AFP).
Des gens font leurs courses dans un marché de la ville de Manbij, dans le nord de la Syrie, près de la frontière avec la Turquie, alors qu'une menace d'assaut plane sur la ville (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 23 juillet 2022

«On ne sait pas où aller»: des Syriens craignent un assaut de la Turquie

  • La Turquie a déjà déclenché des offensives en Syrie, la plus récente étant le lancement d'un vaste assaut aérien et terrestre contre les milices kurdes en 2019
  • Toute opération turque dans une zone densément peuplée entraînera des déplacements massifs, mettent en garde des analystes

MANBIJ: Ghazwan al-Atman pensait enfin être en paix à Manbij où il a refait sa vie avec ses enfants, mais il craint aujourd'hui que sa famille ne soit à nouveau déplacée de cette ville du nord de la Syrie sur laquelle plane la menace d'une offensive turque.

"Nous sommes épuisés. On vivait en sécurité et maintenant on ne sait pas où aller", s'inquiète Ghazwan dans son magasin de chaussures vide, dans le centre de Manbij, à seulement 30 kilomètres de la frontière syrienne avec la Turquie.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a menacé à plusieurs reprises de lancer une offensive militaire contre les militants kurdes dans le nord de la Syrie, afin de créer une "zone de sécurité", à la suite d'une opération menée en 2019.

La Turquie a déjà déclenché des offensives en Syrie, la plus récente étant le lancement d'un vaste assaut aérien et terrestre contre les milices kurdes en 2019, après que l'ancien président américain, Donald Trump, a retiré les troupes américaines de la région.

Ces dernières semaines, Manbij a été progressivement désertée et ses boutiques qui d'ordinaire grouillent de monde sont presque vides. Pour trouver du monde désormais, il faut se rendre devant les échoppes de produits alimentaires où de nombreux habitants font leurs provisions.

"Les gens achètent du riz, du sucre et du lait", explique Hussein Hamdouch, qui tient une échoppe.

Il y a quatre ans, Ghazwan a été déplacé du gouvernorat d'Idleb, dans le nord-ouest, pour échapper aux combats acharnés entre les forces du régime syrien et les factions, avant de refaire sa vie à Manbij.

"J'ai quitté ma maison quatre ou cinq fois. Je vais devoir déménager à nouveau car j'ai peur pour mes enfants", dit l'homme de 43 ans.

"La guerre m'a détruit... Tout ce que nous voulons, c'est la stabilité dans notre pays", ajoute-t-il.

«Autant mourir à la maison»

Entre 2016 et 2019, la Turquie a lancé trois opérations militaires en Syrie pour chasser de ses frontières les Unités de protection du peuple kurde, l'épine dorsale des Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les Etats-Unis, qu'elle considère comme "terroriste".

Toute opération turque dans une zone densément peuplée entraînera des déplacements massifs, mettent en garde des analystes.

Selon la presse turque, Ankara ne devrait pas lancer d'offensive avant fin août ou début septembre, même si la Russie et l'Iran n'ont pas donné leur feu vert lors d'un sommet qui a réuni les présidents turc, russe et iranien cette semaine à Téhéran.

Hussein refuse de rejoindre ceux qui ont fui vers Raqa: "le déplacement, c'est la misère", soupire-t-il: "Où irions-nous? Autant mourir à la maison".

Ce n'est pas la première fois qu'Ankara menace de lancer une opération militaire à Manbij, ville à majorité arabe et dont les combattants kurdes ont expulsé le groupe État islamique (EI) en 2016.

Si Ankara a confirmé ses intentions, des analystes estiment que la Turquie se contentera d'une attaque limitée ou même de frappes aériennes contre les combattants kurdes, faute d'avoir obtenu un "feu vert" de Téhéran et de Moscou pour une attaque de grande envergure.

"Les menaces turques ne sont pas nouvelles pour nous à Manbij, mais le niveau de ces menaces a fortement augmenté ces derniers temps", estime Cherfan Darwich, porte-parole du Conseil militaire de Manbij, affilié aux FDS.

«Nouvelles tactiques»

Les FDS aussi prennent des mesures préventives, notamment en creusant des tranchées aux abords de la ville, selon un correspondant de l'AFP.

"Nous avons formé nos troupes et nos défenses(...) sur la base de notre précédente guerre contre l'EI", explique M. Darwich.

Se préparant à une attaque, les FDS ont demandé à Damas de les aider à repousser un éventuel assaut turc, comme elles l'ont fait lors des campagnes précédentes.

Selon M. Darwich, les forces du régime ont apporté "des armes lourdes et de haute qualité".

Dans les zones frontalières, des combattants du Conseil militaire de Manbij ont été déployés sur les lignes arrières parmi les oliviers, par crainte d'éventuelles frappes aériennes. Des drapeaux syriens flottent sur la ligne de front.

Les soldats syriens ont afflué ces deux derniers jours, installant leur camp dans les villages voisins.

Hussein, lui, espère que ce déploiement de l'armée syrienne réussira à "empêcher une guerre". Mais Ali Abou Hassan, 50 ans, n'est pas optimiste: "J'aimerais que nous puissions avoir la paix, mais cette (guerre) est un jeu international, et nous sommes les victimes".


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.