L’émissaire américain encourage les pourparlers entre le Liban et Israël sur le différend maritime

Le ministre libanais sortant de l'Énergie, Walid Fayad, rencontre le conseiller principal américain pour la sécurité énergétique, Amos Hochstein, à Beyrouth (Photo, AFP).
Le ministre libanais sortant de l'Énergie, Walid Fayad, rencontre le conseiller principal américain pour la sécurité énergétique, Amos Hochstein, à Beyrouth (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 01 août 2022

L’émissaire américain encourage les pourparlers entre le Liban et Israël sur le différend maritime

  • Hochstein s'est dirigé vers la direction générale de la Sûreté générale, où il a rencontré le général Abbas Ibrahim
  • Il a ensuite rencontré le ministre sortant de l'Énergie, Walid Fayad, et le vice-président du Parlement, Elias Bou Saab

BEYROUTH: L'émissaire américain Amos Hochstein est arrivé à Beyrouth dimanche pour faire avancer les pourparlers visant à résoudre un différend frontalier maritime amer entre le Liban et Israël au sujet des eaux méditerranéennes contenant des gisements de gaz offshore.

L'ambassadrice américaine au Liban, Dorothy Shea, et des représentants de l'ambassade l'ont accueilli à l'aéroport international Rafic Hariri de Beyrouth à son arrivée.

M. Hochstein s'est rendu à la direction générale de la Sûreté générale, où il a rencontré le général Abbas Ibrahim. Il a ensuite rencontré le ministre sortant de l'Énergie, Walid Fayad, et le vice-président du Parlement, Elias Bou Saab. Lundi, il rencontrera le président Michel Aoun et des responsables libanais.

Le département d'État américain a déclaré: «Le coordinateur présidentiel spécial pour le partenariat pour les infrastructures et les investissements mondiaux, Amos Hochstein, se rendra à Beyrouth le 31 juillet pour discuter de solutions durables à la crise énergétique du Liban, notamment de l'engagement de l'administration Biden à faciliter les négociations entre le Liban et Israël sur la frontière maritime. Parvenir à une résolution est à la fois nécessaire et possible, mais cela ne peut se faire que par la négociation et la diplomatie.»

Les observateurs politiques au Liban ont convenu que le temps était compté pour les deux pays et qu'il n'y avait pas de place pour les manœuvres. «Parvenir à une solution pour les frontières maritimes contestées avant septembre est le seul moyen d'éviter les implications sécuritaires», ont-ils déclaré.

Sur la base de la proposition de M. Hochstein au Liban, la démarcation commencerait à partir de la ligne 23 tracée en zigzag pour donner au Liban le champ de Qana et à Israël le champ de Karish.

La ligne 29 est considérée comme un point de négociation qui ferait passer 2 290 kilomètres carrés d'eaux régionales dans la zone du Liban, y compris une partie du gazole de Karish dont Israël prévoit d'extraire du gaz en septembre.

Le soir de la visite de Hochstein, le président du Parlement, Nabih Berri, a estimé que «se rendre à Naqoura, sous le drapeau de l'ONU, est mieux que de se rendre dans un autre endroit».

Naqoura est le siège de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul).

M. Berri s'attend à ce qu'«une délégation militaire de négociation soit formée conformément à l'accord» et qu'il n'y ait «aucune offre ou suggestion floue, car les conditions économiques et de sécurité ne permettent aucun report».

Il a souligné qu'il n'y aurait «ni compromis ni naturalisation» quelles que soient les circonstances et la pression.

Les médias israéliens ont rapporté que la société française Total se verrait proposer d'extraire du gaz et du pétrole «dans l'intérêt du Liban et d'Israël, afin d'éviter tout problème de coordination et d'assurer un partage équitable des gains dans les zones contestées».

Un responsable israélien a indiqué que l'envoyé américain présenterait une nouvelle suggestion concernant la démarcation des frontières maritimes avec le Liban.

Dimanche, selon un rapport de Reuters, le responsable israélien a déclaré: «Notre nouvelle proposition permettrait aux Libanais d'exploiter les réserves de gaz dans la zone contestée tout en préservant les droits commerciaux d'Israël.»

Dimanche, le Liban a renoncé aux images de drone diffusées par le Hezbollah montrant des navires israéliens dans les eaux contestées avant l'arrivée de Hochstein.

Le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, a déclaré: «C'est le gouvernement libanais qui décide de la démarcation des frontières maritimes, et les images de drone des coordonnées des champs de gaz ne représentent pas le Liban. Nous n'avons pas de problème avec la résistance. Les responsables libanais adopteront une seule position : Reprendre les négociations à Naqoura.»

Le Hezbollah a envoyé un message à Israël après le lancement de trois drones le 2 juillet. Une courte vidéo disait: «À portée de main. Jouer avec le temps n'est pas utile». Elle montrait le champ gazier de Karish et ses coordonnées.

Des activistes affiliés au Hezbollah avaient préparé le terrain pour la vidéo sur les plateformes de médias sociaux avant sa diffusion.

La vidéo montrait de nouvelles images de navires israéliens à Karish et faisait référence au discours du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, prononcé plus tôt en juillet: «Il n'y aura pas d'extraction de pétrole si le Liban ne prend pas son droit ; la guerre n'est pas inévitable, mais la guerre dépend de l'action de l'ennemi israélien.»

Les médias israéliens ont décrit la vidéo du Hezbollah comme «un message d'avertissement clair à l'intention d'Israël qui s'inscrit dans le cadre d'une guerre psychologique», après que des rumeurs israéliennes avaient circulé, exprimant un certain optimisme quant à un accord avec le Liban.

La ministre israélienne de l'Énergie, Karin Elharrar, a déclaré: «Israël a soumis une nouvelle proposition, et c'est la première proposition depuis que nous avons commencé le cycle de négociations, prêts à des solutions innovantes. Le gouvernement libanais a la possibilité de mettre fin au conflit sur les frontières maritimes et de développer un champ gazier qui sert les intérêts économiques libanais.»


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.