A Gaza, brûler le plastique pour en faire du carburant pas cher

Un ouvrier palestinien prépare du plastique à traiter pour extraire du carburant à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 23 août 2022 (Photo, AFP).
Un ouvrier palestinien prépare du plastique à traiter pour extraire du carburant à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 23 août 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 28 août 2022

A Gaza, brûler le plastique pour en faire du carburant pas cher

  • Mahmoud allume des bûches sous une cuve métallique remplie d'une tonne de plastique afin de distiller le pétrole qui le compose
  • Une solution économique et pratique, comme il y en a beaucoup dans l'enclave sous strict blocus israélien depuis 15 ans, mais qui représente aussi une potentielle «catastrophe» environnementale et sanitaire

JABALIA, Territoires palestiniens : A Gaza, le prix de l'essence est l'un des plus élevés du Moyen-Orient et la population l'une des plus pauvres. Pour remédier à cette crise, Mahmoud al-Kafarneh et ses frères ont eu une idée: faire brûler des bouteilles de plastique pour en extraire du carburant.

Une solution économique et pratique, comme il y en a beaucoup dans l'enclave sous strict blocus israélien depuis 15 ans, mais qui représente aussi une potentielle «catastrophe» environnementale et sanitaire, s'alarment les spécialistes.

Sur un terrain poussiéreux de Jabalia, dans le nord frontalier d'Israël, Mahmoud allume des bûches sous une cuve métallique remplie d'une tonne de plastique afin de distiller le pétrole qui le compose.

La cuve --recouverte de boue pour conserver la chaleur-- est reliée à un tuyau faisant passer ces émanations dans un réservoir d'eau qui condense la vapeur et la refroidit pour obtenir un carburant «Made in Gaza», non sans causer des fumées noirâtres et toxiques.

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Un Palestinien travaille sur un four pour brûler du plastique afin d'extraire du carburant à Jabalia, au nord de la bande de Gaza, le 23 août 2022 (Photo, AFP).

«Nous avons commencé nos expérimentations en 2018. Nous cherchions sur internet. Nous avons fait beaucoup d'essais et d'erreurs et, après huit mois de tests, nous avons réussi à extraire notre premier carburant», explique Mahmoud, 25 ans.

Chaque cuvée produit près de 1.000 litres de carburant, dit-il à l'AFP. Mais entre chaque opération, son équipe doit attendre huit heures pour que le réservoir se refroidisse puis soit nettoyé. Le plastique y fond à plus de 200 degrés, selon Mahmoud.

«Notre méthode est vraiment rudimentaire avec uniquement des équipements locaux. L'extraction dure de 12 à 14 heures», affirme-t-il.

Certains employés portent gants et masques et d'autres non. «Il n'y a pas de risques et cette zone, industrielle, n'est pas habitée», soutient Mahmoud.

Mais Ahmed Hillis, directeur de l'Institut national pour l'environnement et le développement à Gaza, s'alarme lui d'un phénomène «catastrophique» car dépourvu de tout contrôle.

«La méthode utilisée est rudimentaire et nuit beaucoup aux travailleurs», explique-t-il à l'AFP, notamment en raison de l'inhalation de gaz toxiques.

Et le réservoir, rouillé, est «une bombe à retardement car il peut finir par exploser» sous la chaleur, ajoute-t-il.

Mais à Gaza, micro-territoire peuplé de 2,3 millions de Palestiniens, l'enjeu sanitaire se fait doubler par la réalité économique.

- «Moitié prix» -

Contrôlée par les islamistes du Hamas depuis 2007, la bande de Gaza a une économie exsangue. Le taux de chômage avoisine 50% et le salaire horaire moyen avoisine les deux euros.

Quand le litre de fioul acheminé depuis Israël est passé autour de 2,45 euros dans le sillage de la guerre en Ukraine, la situation est devenue difficilement tenable.

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Un ouvrier palestinien prépare du plastique à traiter pour extraire du carburant à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 23 août 2022 (Photo, AFP).

Résultat: le carburant artisanal de Mahmoud a fait tourner bien des têtes. Sur le port de Gaza, Abd al-Muti al-Habil, 23 ans, l'utilise pour remplir le réservoir de son bateau.

«Il coûte la moitié du prix de son équivalent israélien. Il n'a aucun défaut, il est de même qualité, n'affecte pas le moteur et a même un rendement élevé», dit-il à l'AFP.

Chaque nuit ou presque, les pêcheurs partent pour des heures en Méditerranée à bord de rafiots tractés par des moteurs.

«Nous avons besoin d'environ 900 litres de fioul par jour et je ne peux pas compter sur le carburant venu d'Israël car il coûte trop cher. Malheureusement, les quantités (de carburant artisanal) livrées ne suffisent pas. Je ne reçois que 500 litres tous les deux jours», explique-t-il.

- Glaneurs de plastique -

Bercée par la Méditerranée mais sans capacités suffisantes de désalinisation, Gaza est le royaume des bouteilles d'eau en plastique.

Dans un garage de l'est de la ville de Gaza, des hommes trient des piles de plastique de plusieurs mètres de haut, glanées dans les rues avant d'être transformées par Mahmoud Al-Kafarneh.

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Un ouvrier palestinien déverse du carburant traité à partir de plastique recyclé à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 23 août 2022 (Photo, AFP).

«Nous achetons le plastique, le trions et le broyons dans une machine pour le rendre doux comme des grains de riz. Puis nous l'emballons dans des sacs et le revendons», détaille l'un d'eux, Imad Hamed.

Mais cette machine aussi à besoin d'énergie. Or à Gaza, l'unique centrale ne suffit pas pour répondre à la demande et les pannes d'électricité s'étirent sur 11 heures par jour.

«On s'arrête quand le courant coupe. On doit travailler la nuit parfois, s'il y a de l'électricité», soupire-t-il.

Et pour alimenter en fioul la centrale de Gaza, le petit atelier de Mahmoud et ses frères ne suffit définitivement pas.


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com