Abbas prêt à fournir un dernier effort pour sauver la solution à deux États

Le président palestinien, Mahmoud Abbas (Photo, Fournie).
Le président palestinien, Mahmoud Abbas (Photo, Fournie).
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Publié le Lundi 19 septembre 2022

Abbas prêt à fournir un dernier effort pour sauver la solution à deux États

Abbas prêt à fournir un dernier effort pour sauver la solution à deux États
  • A New York nombreux sont ceux qui répéteront sans véritable sérieux l'expression «solution à deux États
  • Bien que l'administration Biden ait clairement fait savoir aux Palestiniens qu'elle opposera son veto à la résolution, ce sera beaucoup plus difficile politiquement que de simplement lever la main pour s'opposer à l'initiative

La question de la Palestine sera une fois de plus au cœur de la 77e session de l'Assemblée générale des Nations unies. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui a donné l'année dernière 12 mois à la communauté internationale pour aider à la réalisation d'un État palestinien, fera pression pour que le Conseil de sécurité des Nations unies reconnaisse la Palestine comme un État membre à part entière sous occupation. L'année dernière, il a affirmé: «Les autorités israéliennes ont un an pour se retirer du territoire palestinien qu'elles ont occupé en 1967, notamment Jérusalem-Est.»

Le premier jour du débat général de haut niveau à New York aura lieu mardi 20 septembre et nombreux sont ceux qui répéteront sans véritable sérieux l'expression «solution à deux États».

La mission permanente palestinienne auprès des Nations unies fera pression sur le Conseil de sécurité pour qu'il vote sur ce que le représentant de la mission, Riyad Mansour, appelle une «initiative pratique» pour sauver la solution à deux États. Mansour est convaincu que la proposition palestinienne recevra plus que les neuf votes positifs nécessaires de la part des 15 États membres du Conseil, mais on ne sait pas encore comment l'ambassadeur américain, qui a le droit de veto, votera. La plupart des membres du Conseil de sécurité (CSNU) ont déjà voté en faveur de l'État de Palestine au niveau de l'Assemblée générale.

Au total, 13 États européens l'ont fait, dont trois — l'Albanie, la Norvège et l'Irlande — sont actuellement membres du CSNU. L'Inde, le Brésil et les Émirats arabes unis sont également connus pour leur soutien à l'État de Palestine.

La résolution palestinienne sera un pas en arrière par rapport à la demande de l'année dernière concernant le retrait d'Israël des territoires occupés, puisqu'elle demande simplement que la Palestine soit reconnue comme un État membre à part entière, même si elle est sous occupation.

Selon le règlement de l'Assemblée générale, le débat général doit se tenir sans interruption pendant neuf jours ouvrables. Toutefois, dans la pratique, sept jours suffisent généralement dans le but d’accueillir tous les orateurs. Abbas s'adressera à nouveau à l'assemblée plénière des Nations unies. Beaucoup s'attendent à ce que ce soit le dernier discours que le dirigeant de 87 ans prononce devant l'auguste assemblée. La propre faction d'Abbas, le Fatah, prévoit son huitième congrès avant la fin de 2022. Lors de cet événement, les stratégies, les politiques et les tactiques du mouvement palestinien, ainsi que son personnel dirigeant, apparaîtront clairement.

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«L'absence d'un horizon politique a été la cause la plus puissante de l'augmentation des attaques violentes dans les territoires occupés.» 

Daoud Kuttab

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Abbas a été un défenseur acharné d'une solution pacifique négociée au conflit israélo-palestinien. Ceux qui pourraient prendre sa place ne sont pas nécessairement attachés à cette approche singulière. S'il est peu probable qu'un leader révolutionnaire émerge et insiste sur une approche violente, indépendamment des politiques et des leaders choisis, ils seront très probablement moins protecteurs à l'égard des Israéliens et moins engagés dans la coordination de la sécurité qui a été la marque de fabrique de la direction palestinienne depuis qu'Abbas a signé, avec feu Shimon Peres, la déclaration de principes sur la pelouse de la Maison Blanche en septembre 1993.

La statistique la plus destructrice depuis cette date concerne le nombre croissant de colonies illégales et de colons dans les territoires occupés. Le nombre de colons juifs a triplé et les terres palestiniennes ont été confisquées. En conséquence, la zone située entre la mer et le fleuve est clairement devenue une zone où le crime de guerre qu'est l'apartheid a été documenté comme étant la norme, plutôt que l'exception.

Bien que l'administration Biden ait clairement fait savoir aux Palestiniens qu'elle opposera son veto à la résolution, ce sera beaucoup plus difficile politiquement que de simplement lever la main pour s'opposer à l'initiative.

Si les États-Unis sont beaucoup plus intéressés par un accord avec l'Iran et par leurs relations avec les pays arabes du Golfe, les questions relatives à la Palestine et à Israël ne disparaîtront pas. L'administration Biden a du mal à obtenir des Israéliens qu'ils enquêtent ne serait-ce que sur le meurtre de la citoyenne américaine et célèbre journaliste de télévision, Chireen Abou Akleh. Le refus du gouvernement israélien actuel d'engager les Palestiniens sur le plan politique a également contrarié les tentatives de Washington d'apparaître comme un intermédiaire honnête. Lors de sa récente visite à Bethléem, Biden a été contraint d'admettre que le moment n'est «approprié» pour des négociations.

L'absence d'horizon politique a été la cause la plus puissante de la recrudescence des attaques violentes dans les territoires occupés. La politique israélienne est centrée sur l'affirmation que presque tous les Palestiniens qui s'opposent à sa domination sont des terroristes, même s'il s'agit d'organisations de défense des droits de l'homme légitimes, reconnues au niveau international, ou d'un héros humanitaire des Nations unies, comme Mohammad El-Halabi, ou simplement d'individus qui insistent sur leur droit de résister à l'occupation et à une entreprise de colonisation illégale.

L'opposition des États-Unis sonne creux, puisqu'ils fournissent des milliards de dollars aux résistants ukrainiens tout en menaçant d'opposer leur veto à une «initiative pratique» des Palestiniens visant à maintenir en vie la solution à deux États. La crédibilité de la politique étrangère américaine sera à nouveau en jeu lorsque le Conseil de sécurité se réunira pour examiner l'initiative visant à reconnaître l'État de Palestine sur les frontières du 4 juin 1967, en tant que membre à part entière des Nations unies.

 

  • Daoud Kuttab est un journaliste palestinien primé de Jérusalem. Twitter : @daoudkuttab

 

Les opinions exprimées par les auteurs de cette section sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com