Les Palestiniens ont le droit de relancer la question d’un État à l'ONU

Les dirigeants palestiniens veulent que l'ONU crée un autre comité spécial sur la Palestine (Photo, AFP).
Les dirigeants palestiniens veulent que l'ONU crée un autre comité spécial sur la Palestine (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 16 septembre 2022

Les Palestiniens ont le droit de relancer la question d’un État à l'ONU

Les Palestiniens ont le droit de relancer la question d’un État à l'ONU
  • Le plan de partage des Nations unies pour la Palestine était voué à l'échec dès le départ
  • L'Unscop 2 serait l'endroit idéal pour lancer une nouvelle campagne qui aurait pour but d’effacer l’échec d'Oslo

Un an avant qu'Israël ne déclare son existence, l'ONU a créé son Comité spécial sur la Palestine, connu sous l’acronyme d'Unscop, dans le but de trouver une solution à un conflit croissant.

Au lieu d’y participer, les dirigeants palestiniens de l'époque ont fait ce qui est devenu la réponse politique des Palestiniens à tout ce qui ne leur plaît pas: ils l'ont boycottée. Quatre mois plus tard, le comité spécial recommande la partition de la Palestine en deux États.

Le plan de partage des Nations unies pour la Palestine était voué à l'échec dès le départ, puisqu'il recommandait un État majoritairement non juif et un second divisé à parts égales entre Juifs et non-Juifs. Pire encore, les États proposés constituaient un damier qui faisait double emploi, destiné à s'effondrer et à engendrer de nouveaux conflits. Nous savons tous ce qui s'est passé.

Cette semaine, alors que le monde continue à se désintéresser de la justice pour les Palestiniens et que leurs dirigeants continuent de rejeter toutes les solutions qui leur déplaisent, un petit groupe de dirigeants palestiniens – dont cinquante sont issus de divers secteurs de la société civile, un membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et un membre du comité central de l'OLP – exhortent les Nations unies à relancer l’affaire.

Ils veulent que l'ONU, qui a entamé cette semaine la 77e session de son Assemblée générale, crée un autre comité spécial sur la Palestine, ou Unscop 2, pour achever ce que le premier n'a pas réussi à faire aboutir il y a près de soixante-quinze ans.

Hélas, bien sûr, les Palestiniens sont plus divisés aujourd'hui qu'ils ne l'ont jamais été. Ils sont dispersés dans une diaspora déchirée par les querelles et des conflits internes qui rendent extrêmement difficile l’union des dirigeants.

Mais si les Palestiniens, qui ont réussi à survivre aux conséquences du premier Unscop en vivant sous le système d'apartheid brutal d'Israël – qui n'a jamais été anticipé par les Britanniques ou les Nations unies, mais a été planifié par les dirigeants sionistes de l'époque –, peuvent mettre de côté la diaspora et faire ce qui doit être fait, peut-être que quelque chose pourra changer.

Les partisans de l'Unscop 2 espèrent que les Nations unies adopteront le plan au cours des réunions des prochaines semaines, qu’elles «produiront, dans les quatre mois qui viennent, un plan global pour mettre fin au conflit israélo-palestinien et [qu’elles] le présenteront à l'Assemblée générale ».

Se tourner vers l'ONU est probablement le seul espoir de la Palestine. L'ONU est l’unique endroit où les Palestiniens ont pu trouver un soutien honnête depuis l’oppression et le déplacement qui touchent plusieurs générations – bien différent des mensonges et des distorsions du système politique américain, qui a aujourd'hui la mainmise sur l'avenir de la Palestine.

Quelles que soient les différences de discours et d'attitude des deux partis politiques américains et de leurs dirigeants, il est clair que l'administration du président Joe Biden n'est en rien différente de celle de l'ancien président Donald Trump. Les résultats sont les mêmes, bien que la politique républicaine repose sur une approche exclusivement unilatérale alors que la vision démocrate s’habille de discours heureux et hypocrites ainsi que de promesses non tenues.

L'ONU est l’unique endroit où les Palestiniens ont pu trouver un soutien honnête depuis l’oppression et le déplacement qui touchent plusieurs générations.

Ray Hanania

Permettez-moi de l'expliquer ainsi: les Palestiniens sont des prisonniers. Sous Trump, la prison a affamé les prisonniers. Sous Biden, la prison a promis du pain, mais au lieu de le fournir, elle n'a offert que des miettes. Malheureusement, lorsque vous êtes affamé de liberté, les miettes de pain semblent bien plus attrayantes qu'elles ne le sont en réalité.

Les Palestiniens doivent retirer la prérogative qui consiste à statuer sur leur État aux Américains, dont le système politique est étroitement lié à celui d'Israël. Grâce à une propagande magistrale en matière de relations publiques, à des efforts stratégiques de financement de campagnes politiques et simplement parce qu'il est bien meilleur en diplomatie que les Palestiniens ne l'ont jamais été, Israël est en mesure d'influencer la politique américaine au sujet de la Palestine. Ce n'est qu'en soumettant la question à l'ONU que les Palestiniens peuvent nourrir quelque espoir.

Les Palestiniens qui habitent les territoires occupés doivent également s'affranchir des efforts d’une diaspora dysfonctionnelle et divisée qui demeure dans le ressentiment, la colère et les émotions incontrôlables.

L'Unscop 2 serait l'endroit idéal pour lancer une nouvelle campagne qui aurait pour but d’effacer l’échec d'Oslo et celui de l'ancien processus de paix, sapé par la droite israélienne le jour de l'assassinat d'Yitzhak Rabin, en novembre 1995.

Les partisans de l'Unscop 2, parmi lesquels les dirigeants du Lobby juif pour la paix, déclarent que «l'idée d'aller aux Nations unies pour établir l'Unscop 2 a fait surface pour la première fois dans une chronique du New York Times de 2012 rédigée par l'ancien ministre israélien des Affaires étrangères Shlomo Ben Ami, l'ancien haut représentant de l'Union européenne Javier Solana et Jerome Segal, fondateur du Peace Consultancy, qui sert de conseiller à la nouvelle initiative palestinienne».

Lors d'une récente conférence de presse à Ramallah, ils ont affirmé que l'Unscop 2 «créerait un nouveau processus de résolution des conflits dans lequel les Nations unies pourraient rétablir la paix entre le peuple palestinien et les citoyens d'Israël. On pense que ce nouveau processus peut transformer la politique israélienne et celle de la communauté internationale, en particulier les États-Unis, de manière à donner finalement naissance à un gouvernement israélien qui sera un partenaire sérieux pour la paix comme l'ont été les gouvernements des Premiers ministres Rabin et [Ehud] Olmert».

Je suis d'accord avec eux et tout Palestinien de la diaspora qui souhaite voir un État palestinien se concrétiser devrait l'être aussi.

 

Ray Hanania est un ancien journaliste politique et chroniqueur plusieurs fois primé de la mairie de Chicago. Vous pouvez le joindre sur son site Internet personnel à l'adresse www.Hanania.com
Twitter: @RayHanania

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com