Ouverture de pourparlers interlibyens en Tunisie, l'ONU « optimiste »

Des délégués libyens, Abdessalam Shuha, Abdallah Shibani, Hussein Mohamed Elansari, un participant non identifié et Abdel Majid Mlayqtah assistent à l'ouverture du Forum de dialogue politique libyen organisé à Gammarth dans la banlieue. (AFP)
Des délégués libyens, Abdessalam Shuha, Abdallah Shibani, Hussein Mohamed Elansari, un participant non identifié et Abdel Majid Mlayqtah assistent à l'ouverture du Forum de dialogue politique libyen organisé à Gammarth dans la banlieue. (AFP)
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Publié le Mardi 10 novembre 2020

Ouverture de pourparlers interlibyens en Tunisie, l'ONU « optimiste »

  • L'émissaire par intérim de l'ONU en Libye, Stephanie Williams, s'est dite « optimiste », évoquant « une lueur d'espoir »
  • Dans le sillage d'une embellie diplomatique, ce Forum de dialogue politique réunit durant environ une semaine 75 Libyens de tous bords à Gammarth, près de Tunis

GAMMARTH : Des représentants libyens de tous bords ont débuté lundi des pourparlers directs en Tunisie, sous l'égide de l'ONU, relançant l'espoir d'un accord sur un nouveau gouvernement unifié et l'organisation d'élections, après neuf ans de conflit.

L'émissaire par intérim de l'ONU en Libye, Stephanie Williams, s'est dite « optimiste », évoquant « une lueur d'espoir ». En ouverture, le président tunisien Kais Saied a appelé à saisir ce « rendez-vous avec l'Histoire ».

Dans le sillage d'une embellie diplomatique, ce Forum de dialogue politique réunit durant environ une semaine 75 Libyens de tous bords à Gammarth, près de Tunis.

Ces participants ont été sélectionnés par l'ONU, y compris parmi les deux principaux camps rivaux: celui de l'Ouest, le gouvernement d'union (GNA) reconnu par les Nations unies et basé à Tripoli, et celui de l'Est, incarné par le maréchal Khalifa Haftar qui dispose du soutien d'un Parlement élu et de son président, Aguila Saleh.

L'objectif est de sortir la Libye du chaos dans laquelle elle a sombré après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, dans le contexte du Printemps arabe.

Toutes les initiatives diplomatiques des dernières années ont échoué à résoudre ce conflit qui a vu l'implication croissante de puissances étrangères: le GNA est soutenu militairement par la Turquie tandis que le camp Haftar est notamment appuyé par les Emirats arabes unis, la Russie et l'Egypte.

« Entre vos mains »

Pour Peter Millett, ancien ambassadeur britannique pour la Libye, le but premier est d'obtenir un accord sur un calendrier électoral de court terme. Ceci exige « un message clair de la communauté internationale » sur le fait « qu'elle sanctionnera quiconque entravera les processus ».

Un consensus est réalisable « si les forces étrangères s'abstiennent de toute ingérence », a relevé le président tunisien.

« Le futur de la Libye est entre vos mains », a exhorté Antonio Guterres, dans un message vidéo adressé aux participants. Le patron de l'ONU a appelé au respect de l'embargo sur les livraisons d'armes vers la Libye.

Les forces rivales ont cessé les combats en juin, après l'échec de l'offensive lancée en avril 2019 par les pro-Haftar pour prendre Tripoli.

Cette accalmie a permis aux camps rivaux de retourner à la table des négociations et depuis septembre, des réunions thématiques se sont succédé au Maroc, en Egypte et en Suisse.

En octobre, les deux principaux camps ont conclu un accord de cessez-le-feu permanent, ouvrant la voie notamment à une reprise de la production pétrolière, économiquement vitale pour un pays qui dispose des réserves de pétrole les plus abondantes d'Afrique.

« Longue souffrance »

A Gammarth, un accord sur l'organisation d'élections nationales à court terme doit favoriser la fin d'une période de transition interminable qui a miné les institutions et leur capacité à répondre aux besoins des Libyens.

Les participants auront aussi à choisir un conseil présidentiel de trois membres représentant la Cyrénaïque (Est), la Tripolitaine (Ouest) et le Fezzan (Sud) -les trois régions libyennes-, et un chef de gouvernement.

Ils devront s'accorder sur la façon de faire valider ces nominations par les institutions libyennes.

Ce Forum de Gammarth comprend 26 membres désignés par le Parlement pro-Haftar et le Haut conseil d'Etat -l'équivalent d'un sénat- basé à Tripoli. Les 49 autres participants ont été invités par l'ONU de façon à représenter les différents pôles du pouvoir et de la société: villes, tribus, forces politiques...

Ils ont tous renoncé à briguer un mandat dans les institutions résultant de ces pourparlers qui se déroulent dans un hôtel cossu en banlieue de Tunis, hors d'atteinte des journalistes, officiellement pour limiter les risques de contagion du Covid-19.

L'ambassadeur européen pour la Libye, Jose Sabadell, qui a suivi l'ouverture en visio-conférence parmi de nombreux autres diplomates, a souligné le « soutien ferme » de l'UE.

« Il y a sur le dossier libyen des signaux encourageants », « une dynamique positive », a jugé le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, en déplacement à Rabat.

Le pape François a exprimé dimanche l'espoir que ce dialogue mette fin à « la longue souffrance du peuple » libyen.

Mais celui-ci demande à voir. Si certains médias qualifient ces pourparlers de « dernière chance », d'autres redoutent une nouvelle transition prolongée.

« Pour le citoyen ordinaire ça ne changera rien tant que ce sont les étrangers qui décident pour nous », affirme à l'AFP Malek Abdallah, un pharmacien de Tripoli.

« C'est une occasion de tourner la page de la guerre », lance Ismaïl al-Mahdaoui, un fonctionnaire à la retraite, en appelant à une « pression internationale sur les pays impliqués en Libye ». 

Pour Jalal Al-Fitouri, un professeur d'université basé à Tripoli: « la volonté internationale est essentielle pour mettre fin à la crise, car ce sont des acteurs étrangers qui contrôlent les parties en conflit ».

 


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.


Série de raids israéliens sur le Liban, Israël dit viser le Hezbollah

Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
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  • Israël a mené des raids aériens contre le sud et l’est du Liban, affirmant viser des infrastructures militaires du Hezbollah
  • Ces frappes surviennent à la veille d’une réunion du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, toujours fragile

BEYROUTH: L'aviation israélienne a lancé jeudi matin une série de raids contre le sud et l'est du Liban, selon l'agence de presse officielle libanaise, Israël affirmant viser des infrastructures du Hezbollah pro-iranien.

Ces frappes interviennent à la veille d'une réunion du groupe de surveillance du cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre 2024, qui comprend, outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, l'ONU et la France.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), des raids ont visé plusieurs régions du sud du Liban, frontalier d'Israël, ainsi que des zones montagneuses de la Békaa (est), un bastion du Hezbollah.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir frappé "plusieurs structures militaires du Hezbollah où des armes étaient stockées, et à partir desquelles les terroristes du Hezbollah ont continué d'opérer récemment".

Deux personnes avaient été tuées mardi dans deux frappes israéliennes qui avaient visé une camionnette au sud de Beyrouth et une voiture dans le sud du Liban. L'armée israélienne avait affirmé avoir visé des membres du Hezbollah.

Malgré le cessez-le-feu qui a mis fin il y a plus d'un an à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier poursuit ses frappes au Liban, qui ont fait environ 340 morts selon une compilation de l'AFP sur la base des chiffres du ministère de la Santé.