Israël: Netanyahu se rapproche du pouvoir grâce à l'extrême droite

Le président du Likud Benjamin Netanyahou et son épouse Sara ont voté dans un bureau de vote à Jérusalem lors de la cinquième élection du pays en moins de quatre ans le 1er novembre 2022 (Photo, AFP).
Le président du Likud Benjamin Netanyahou et son épouse Sara ont voté dans un bureau de vote à Jérusalem lors de la cinquième élection du pays en moins de quatre ans le 1er novembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 03 novembre 2022

Israël: Netanyahu se rapproche du pouvoir grâce à l'extrême droite

  • Selon les projections actualisées dans la nuit de mardi à mercredi par trois grandes chaînes israéliennes, le parti de Netanyahou est crédité de 30 ou 31 sièges, sur les 120 du Parlement
  • Suivent ensuite neuf partis, dont l'alliance d'extrême droite «Sionisme religieux» de Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir avec 14 sièges

JÉRUSALEM: Au lendemain des législatives en Israël ayant placé son parti en tête, Benjamin Netanyahu semblait mercredi en passe de revenir au pouvoir grâce à l'extrême droite, même si les résultats définitifs pourraient changer la donne.

" Netanyahu cherche une victoire décisive, Lapid espère l'égalité, Ben Gvir fête la victoire", titrait le Yediot Aharonot, le journal israélien le plus vendu.

Après le dépouillement de 87% des bulletins, selon la commission électorale, le Likoud (droite) de M. Netanyahu obtient 32 sièges, devant la formation centriste Yesh Atid ("Il y a un futur") du Premier ministre sortant Yaïr Lapid qui récolte 24 sièges, sur les 120 du Parlement.

Les alliés d'extrême droite de M. Netanyahu, Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir , sont eux arrivés en troisième position avec 14 sièges, soit le double des sièges dont ils disposaient jusqu'alors.

Suit le parti de centre-droit de l'ex-chef de l'armée Benny Gantz (12 sièges), membre de la coalition sortante.

Avec ses alliés, le bloc de M. Netanyahu compterait au total 65 sièges, soit quatre de plus que la majorité absolue (61 sièges).

Mais ces scores pourraient changer à l'annonce des résultats définitifs, notamment en fonction des sièges remportés par les petits partis. Deux listes - un parti arabe israélien et la formation de gauche Meretz - flirtent avec le seuil d'éligibilité.

Les votes des soldats, des diplomates, des prisonniers et autres groupes spéciaux seront dépouillés dans les prochaines heures et les résultats définitifs sont attendus en principe tôt jeudi.

Sans vouloir "spéculer sur un gouvernement qui n'a pas encore été présenté", le département d'Etat américain a néanmoins dit espérer que "tous les responsables israéliens continueront de partager les valeurs d'une société ouverte, démocratique et porteuse de tolérance et de respect pour toute la société civile, en particulier les groupes minoritaires".

«Le temps est venu»
Le scrutin s'est déroulé sur fond d'un regain de violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël. Mercredi, l'armée israélienne a tué un Palestinien qui avait grièvement blessé un soldat dans une attaque.

Jugé pour corruption, M. Netanyahu, 73 ans, le plus pérenne des chefs de gouvernement de l'histoire d'Israël, avait perdu les élections en juin 2021 au profit d'une coalition hétéroclite mise sur pied par Yaïr Lapid.

"(...) Nous devons attendre les résultats définitifs mais notre chemin, celui du Likoud, a prouvé qu'il était le bon, nous sommes près d'une grande victoire", a lancé M. Netanyahu devant ses partisans à Jérusalem.

Son rival, M. Lapid, a lui aussi affirmé que "tant que le dernier bulletin de vote n'est pas compté, rien n'est joué".

Mais d'emblée, un ancien du Likoud, l'actuel ministre de la Justice Gideon Saar, a prévenu du risque de voir Israël se diriger vers une "coalition d'extrémistes" menée par M. Netanyahu et ses alliés.

"Le temps est venu pour un gouvernement de droite à part entière. Le temps est venu d'être les maîtres (...) dans notre pays !", a lancé M. Ben Gvir, réitérant son appel à user de la force, notamment contre les Palestiniens.

"Israël est sur le point d'entamer une révolution de droite, religieuse et autoritaire, dont le but est de détruire l'infrastructure démocratique sur laquelle le pays a été construit", s'est alarmé le grand quotidien de gauche Haaretz.

«Absurde»
Pour Lauren Vaturi Moses, 24 ans, restauratrice à Tel-Aviv, "c'est absurde que (Benjamin Netanyahu) puisse être élu alors qu'il est inculpé et que son procès est en cours".

Pour ces cinquièmes législatives en trois ans et demi, la classe politique craignait une "fatigue" des 6,8 millions d'électeurs inscrits. Mais le taux de participation a été de 71,3%, soit le plus élevé depuis 2015.

Dans le système proportionnel israélien, une liste doit obtenir au moins 3,25% des voix pour entrer au Parlement.

La situation est particulièrement critique pour les partis de la minorité arabe israélienne, hostiles au bloc de droite de M. Netanyahu.

En 2020, ils avaient obtenu un record de 15 sièges sous une seule bannière. Mais ils se sont cette fois présentés sous trois listes: Raam (islamiste), Hadash-Taal (laïc) et Balad (nationaliste). Si certains n'atteignent pas le seuil d'éligibilité, cela augmentera les chances d'une victoire de M. Netanyahu.

"Les résultats montrent que Netanyahu a le plus de chance de former un gouvernement, avec des fascistes à ses côtés", s'est inquiétée Aïda Touma-Suleiman, députée de Hadash-Taal. "Nous sommes profondément préoccupés car cela témoigne de la direction que prend ce pays et ce qui attend les Palestiniens."

 


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.