Au Liban en crise, des fans privés de Mondial

Des Libanais regardent en streaming le match de football du groupe G de la Coupe du Monde de la FIFA 2022 entre le Brésil et la Suisse, dans un café-restaurant du quartier de Sabtiyeh, au nord de Beyrouth, le 28 novembre 2022. (AFP)
Des Libanais regardent en streaming le match de football du groupe G de la Coupe du Monde de la FIFA 2022 entre le Brésil et la Suisse, dans un café-restaurant du quartier de Sabtiyeh, au nord de Beyrouth, le 28 novembre 2022. (AFP)
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Publié le Mercredi 30 novembre 2022

Au Liban en crise, des fans privés de Mondial

  • En raison de la crise financière qui a commencé fin 2019, seuls les plus assidus et les plus nantis peuvent se permettre de se rendre dans des cafés pour suivre les matchs diffusés sur écrans géants
  • Samer débourse 250 000 LL (six dollars) pour l'entrée au café. Certains cafés exigent le double, une fortune pour bon nombre de Libanais

BEYROUTH: "Pas de football cette année !" Devant sa télé désuète, Jean Bassil ne ménage pas sa colère. L'Etat en faillite n'a pas obtenu cette année les droits de retransmission du Mondial 2022, privant les fans libanais de la Coupe du monde.

Dans les rues de Beyrouth, les drapeaux du Brésil, de l'Argentine ou de l'Allemagne flottent, même si l'enthousiasme est moins fort que lors des précédentes Coupes du monde, les Libanais étant frappés de plein fouet par la crise économique.

Depuis sa petite boutique de téléphonie mobile au nord de la capitale, Jean zappe entre des chaînes plus ou moins grisées. Il est remonté contre les responsables libanais qu'une grande partie de la population accuse de corruption et d'incompétence.

"Ils m'ont privé de la seule chose qui me divertit au milieu de toutes ces mauvaises nouvelles", s'exclame cet homme de 58 ans aux cheveux blancs.

Si de nombreux fans du ballon rond au Liban ont recours au streaming, pour lui, regarder les matchs sur son téléphone (streaming) est impossible : "je ne vois que d'un seul œil", avoue-t-il.

Sans chef d'Etat depuis le 1er novembre, le Liban, en plein effondrement économique, est dirigé par un gouvernement démissionnaire incapable de prendre des décisions importantes.

Le cabinet, qui avait maintenu jusqu'au début du Mondial l'espoir d'une diffusion gratuite, n'a pas été capable de débloquer les cinq millions de dollars demandés par la chaîne BeINSports pour qu'elle cède à la télévision publique les droits de retransmission.

En raison de la crise financière qui a commencé fin 2019, seuls les plus assidus et les plus nantis peuvent se permettre de se rendre dans des cafés pour suivre les matchs diffusés sur écrans géants.

«Café ou streaming»

Dans la banlieue de Beyrouth, un café a pris les couleurs du Brésil pour accueillir les fans venus suivre le match, revêtus de bonnets aux couleurs de la "Seleção" et agitant des drapeaux.

"Nous les Libanais, on a senti après ces trois ans qu'on avait besoin de ce divertissement" déclare Samer Idriss, 18 ans, drapeau brésilien à la main.

"On essaie de s'amuser au café... autant que la situation économique nous le permet", ajoute-t-il.

Il explique que la lenteur de la connexion wifi au Liban et le coût trop élevé de la 4G le dissuadent de regarder les matchs en streaming. Et l'absence quasi-totale de courant, l'Etat ne fournissant plus qu'une ou deux heures par jour, complique la situation.

Samer débourse 250 000 LL (six dollars) pour l'entrée au café. Certains cafés exigent le double, une fortune pour bon nombre de Libanais.

La crise économique qui frappe le Liban depuis 2019, une des pires de l'époque moderne selon la Banque mondiale, a plongé plus de 80% de la population sous le seuil de pauvreté selon l'ONU.

La plus grande partie des Libanais a vu son pouvoir d'achat s'effriter face à l'effondrement de la devise locale et l'inflation galopante.

"On ne peut pas payer 125 dollars d'abonnement (au câble), donc on regarde au café en payant 150.000 LL (3.75 dollars) l'entrée ou en streaming", avoue de son côté Zein Nasreddine, agent de sécurité, depuis un café populaire de la banlieue sud de Beyrouth.

Certains fans démunis suivent même les matchs regroupés sur le trottoir, debout, devant des cafés illuminés alors que les rues sont plongées dans le noir faute de courant.

Charbel Ghoussoub et sa sœur préfèrent rester chez eux. Ils se sont cotisé pour s'abonner à un câblo-opérateur le temps du Mondial pour 90 dollars, soit plus que le salaire minimum moyen, un luxe.

"Ils auront même réussi à priver les Libanais du simple plaisir qui est de suivre le Mondial gratuitement", regrette Charbel, 35 ans, qui reproche au gouvernement son "inaction".


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.