Les Libanais accueillent 2023 alors que l'inquiétude grandit quant au sort du pays en crise

Un membre de la Force intérimaire des Nations unies au Liban s'entretient avec le ministre français des Armées Sébastien Lecornu, samedi, lors d'une visite de la zone de la « ligne bleue », une ligne de démarcation tracée par l'ONU pour marquer le retrait d'Israël du Sud-Liban en 2000, près de la ville méridionale de Naqoura. (AFP)
Un membre de la Force intérimaire des Nations unies au Liban s'entretient avec le ministre français des Armées Sébastien Lecornu, samedi, lors d'une visite de la zone de la « ligne bleue », une ligne de démarcation tracée par l'ONU pour marquer le retrait d'Israël du Sud-Liban en 2000, près de la ville méridionale de Naqoura. (AFP)
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Publié le Dimanche 01 janvier 2023

Les Libanais accueillent 2023 alors que l'inquiétude grandit quant au sort du pays en crise

  • Le conflit dans la région « peut nous conduire à une plus grande fragmentation », selon un analyste
  • « Ceux qui restent au Liban sont ceux qui n'ont pas le luxe de partir », déclare un militant

BEYROUTH : Des millions de personnes à travers le Liban se sont rassemblées samedi dans les marchés, les restaurants et les lieux de vie nocturne pour accueillir la nouvelle année. Mais malgré la bonne humeur et l'optimisme, 2022 a été une période difficile pour la plupart des habitants du pays et les perspectives pour 2023 restent sombres.

Arab News s'est entretenu avec des intellectuels, des universitaires et des militants pour connaître leur point de vue sur ce que réserve l'année à venir.

L'universitaire Bashir Esmat a déclaré qu'il craignait « l'effondrement complet de l'État libanais en 2023, car la classe politique au pouvoir est devenue impuissante et n’a pas d’alternative, tandis que les institutions de l'État ne peuvent être reconstruites avec de vieilles pierres, d'autant plus que le même équilibre des pouvoirs continue de régner. »

Il a ajouté : « Ceux qui ont pris les rênes du pouvoir au Liban pendant des décennies ont négligé le pays. Ils ont détruit la classe moyenne. Le Hezbollah est le décideur politique et le gouverneur de la banque centrale contrôle l’économie. Ceux qui défendent le Liban sont devenus des groupes sans valeur ».

« Ce qui s'est passé au cours de l'année dernière suffit à le prouver. Le Liban n'est pas en mesure de survivre dans sa structure actuelle, et le conflit dans la région peut nous conduire à une plus grande fragmentation. »

L'intellectuel Youssef Bazzi a déclaré que depuis 2019, date du début de la crise libanaise, il avait perdu toute envie de prendre part aux affaires publiques.

« Je suis pessimiste quant à la possibilité d'apporter des changements ou des réformes, et je commence à croire que le Liban est une idée qui n'est plus viable », a-t-il déclaré.

L'avocat Ashraf Al-Moussawi a déclaré : « Je suis préoccupé par l'effondrement des autorités judiciaires au Liban et la perte de confiance dans la justice. La nouvelle année va affaiblir, à mon avis, la confiance des citoyens dans le système judiciaire. »

Walid Fakhreddine, militant des affaires publiques, a déclaré que le Liban « est un pays qui produit des crises, pas des solutions. Nous répétons nos erreurs et n'adoptons jamais de projet de réforme. »

Il a ajouté : « Le Hezbollah insiste pour montrer qu'il a le pouvoir dans ce pays et l'attaque contre les casques bleus de la FINUL en est la preuve ».

« Il n'y a aucune stabilité et aucune solution au niveau régional. Jouer pour gagner plus de temps est effrayant, d'autant plus que le Liban est entouré de crises régionales, alors qu'une milice armée impose ses décisions au pays. »

Selon Fakhreddine, l'idée que le Liban soit le lien entre l'Orient et l'Occident ne tient plus.

« Nous devons déterminer la faisabilité économique et le type de services que nous voulons fournir. Nous devons également reconsidérer nos positions, même en ce qui concerne le conflit avec Israël, qui nécessite une vision différente. »

Le Dr Khaldoun Al-Sharif, militant politique, craint que si l'État continue de se désagréger, il sera difficile de le réunifier.

« La situation sociale se désintègre et la capacité du peuple à y résister diminue », a-t-il déclaré.

« Ceux qui restent au Liban sont ceux qui n'ont pas le luxe de partir, et ce qui maintient le Liban en vie, c'est le flux d'argent de la diaspora vers leurs familles ».

« Nous devons lancer un dialogue sur les perspectives du Liban. Avons-nous une valeur ajoutée ? Nous devons trouver un rôle après la destruction de nos secteurs bancaire, éducatif et sanitaire. »

Wadad Halawani, qui dirige le Comité des familles des kidnappés et des disparus au Liban, a déclaré qu'elle n’était pas optimiste pour l'avenir.

« Chaque année, nous répétons des phrases comme des perroquets et souhaitons la prospérité, dont nous savons d'avance qu'elle ne sera pas atteinte sous le règne de la classe dirigeante corrompue ».

« Ils coupent l'électricité, nous avons recours aux générateurs privés. Nous commençons à avoir faim, nous recevons 100 dollars de l'étranger pour nous faire vivre un moment. Nous commençons à manquer de carburant, nous faisons la queue aux stations-service. Nous les applaudissons tout en les insultant ».

Elle a ajouté : « Nous devons nous débarrasser des questions sectaires qui nous accablent et déterminer nos problèmes pour pouvoir les résoudre. Je ne suis pas optimiste ».

« Nous avons surmonté la guerre sans vraiment faire face à ses traumatismes. Tant qu'il n'y aura pas de sens de la citoyenneté, nous resterons dans ce trou dont nous nous efforçons de sortir depuis 47 ans maintenant. »

Le cheikh Zuhair Kubbi, directeur du fonds de la zakat à Dar Al-Fatwa, a déclaré qu'il s'attendait à ce que les crises se poursuivent au cours de la nouvelle année.

« Environ 70 % de la classe moyenne se trouve désormais sous le seuil de pauvreté. Même les riches sont en difficulté car ils n'ont plus accès à leurs économies et leurs entreprises ne sont plus aussi rentables qu'avant ».

 

« Il n'y a pas de signes positifs car nous nous contentons toujours du négatif. Nos préoccupations tournent autour de la nourriture, de l'eau et des médicaments. »

Maroun Helou, le chef du Syndicat des entrepreneurs de travaux publics, a déclaré qu'il appréhendait le vide présidentiel de la nouvelle année.

« La classe dirigeante fait partie de l'échec du Liban. Tant que ces partis seront au pouvoir, nous pouvons nous attendre à davantage de perturbations dans toutes les institutions de l'État et à une incapacité de répondre aux besoins des citoyens ».

« En l'absence d'un plan de redressement et de banques non fonctionnelles, le secteur contractuel est en péril. »

Le juge à la retraite Chukri Sader a déclaré : « Ce qui pourrait éliminer les inquiétudes relativement rapidement, c'est l'élection d'un président afin de relancer les institutions de l'État.

« Nous avons besoin d'un président qui adhère au Liban et à sa constitution pour rattraper les six années que nous avons perdues lors du mandat précédent. »


Gaza: l'armée israélienne dit avoir mené des frappes aériennes sur plusieurs combattants

L'armée israélienne a dit avoir mené lundi des frappes aériennes sur plusieurs combattants palestiniens qui tentaient, selon elle, de placer des engins explosifs dans la bande de Gaza. (AFP)
L'armée israélienne a dit avoir mené lundi des frappes aériennes sur plusieurs combattants palestiniens qui tentaient, selon elle, de placer des engins explosifs dans la bande de Gaza. (AFP)
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  • Malgré le cessez-le-feu entre le Hamas et Israël en vigueur depuis le 19 janvier, l'armée mène régulièrement des frappes dans le territoire palestinien
  • Samedi, des frappes à Beit Lahia (nord) ont fait neuf morts, dont quatre journalistes palestiniens, selon la Défense civile de Gaza, le plus lourd bilan sur un même site depuis le 19 janvier

JERUSALEM: L'armée israélienne a dit avoir mené lundi des frappes aériennes sur plusieurs combattants palestiniens qui tentaient, selon elle, de placer des engins explosifs dans la bande de Gaza.

Une première frappe a visé "trois terroristes qui opéraient à proximité des troupes (de l'armée) et tentaient d'enfouir un engin explosif dans le sol, dans le centre de la bande de Gaza", a indiqué l'armée dans un communiqué, rapportant une autre frappe dans la région de Rafah (sud) contre "plusieurs terroristes".

Malgré le cessez-le-feu entre le Hamas et Israël en vigueur depuis le 19 janvier, l'armée mène régulièrement des frappes dans le territoire palestinien dévasté par la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste sur le sud d'Israël le 7 octobre 2023.

Samedi, des frappes à Beit Lahia (nord) ont fait neuf morts, dont quatre journalistes palestiniens, selon la Défense civile de Gaza, le plus lourd bilan sur un même site depuis le 19 janvier.

Le Hamas a dénoncé "une violation flagrante du cessez-le-feu".

L'armée a confirmé deux frappes à Beit Lahia, contre "deux terroristes opérant un drone" et un véhicule transportant "d'autres terroristes venus récupérer" le drone.

 


Liban: l'armée israélienne dit avoir «frappé» des membres du Hezbollah dans le sud du pays

"Il y a peu, deux terroristes du Hezbollah qui servaient d'agents d'observation et dirigeaient des activités terroristes ont été frappés par les FDI (armée israélienne, NDLR) dans la région de Yohmor, dans le sud du Liban". (AFP)
"Il y a peu, deux terroristes du Hezbollah qui servaient d'agents d'observation et dirigeaient des activités terroristes ont été frappés par les FDI (armée israélienne, NDLR) dans la région de Yohmor, dans le sud du Liban". (AFP)
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  • L'armée israélienne a déclaré lundi avoir mené des frappes aériennes sur deux membres du mouvement chiite Hezbollah dans le sud du Liban, pays avec lequel elle a signé un accord de trêve le 27 novembre
  • "Il y a peu, deux terroristes du Hezbollah qui servaient d'agents d'observation et dirigeaient des activités terroristes ont été frappés par les FDI (armée israélienne, NDLR) dans la région de Yohmor, dans le sud du Liban"

JERUSALEM: L'armée israélienne a déclaré lundi avoir mené des frappes aériennes sur deux membres du mouvement chiite Hezbollah dans le sud du Liban, pays avec lequel elle a signé un accord de trêve le 27 novembre.

"Il y a peu, deux terroristes du Hezbollah qui servaient d'agents d'observation et dirigeaient des activités terroristes ont été frappés par les FDI (armée israélienne, NDLR) dans la région de Yohmor, dans le sud du Liban", précise le communiqué publié au lendemain d'une autre annonce de l'armée dans laquelle elle affirmait avoir identifié un tir depuis le Liban sur Israël.

 


Les autorités syriennes accusent le Hezbollah d'avoir tué trois militaires

Une source de sécurité libanaise a déclaré à l'AFP que "les tensions ont commencé après que trois membres de la sécurité générale syrienne ont pénétré en territoire libanais dans le village de Qasr, où ils ont été abattus par des hommes armés locaux liés à une famille impliquée dans la contrebande". (AFP)
Une source de sécurité libanaise a déclaré à l'AFP que "les tensions ont commencé après que trois membres de la sécurité générale syrienne ont pénétré en territoire libanais dans le village de Qasr, où ils ont été abattus par des hommes armés locaux liés à une famille impliquée dans la contrebande". (AFP)
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  • Le ministère a ajouté qu'il prendrait "toutes les mesures nécessaires après cette dangereuse escalade de la part de la milice du Hezbollah", précisant que l'incident s'était produit près du barrage de Zeita, à l'ouest de Homs, dans le centre de la Syrie
  • Le Hezbollah a nié, dans un communiqué, toute implication dans des affrontements avec les forces de sécurité syriennes ou en territoire syrien

DAMAS: Le ministère syrien de la Défense a accusé dimanche le Hezbollah, ancien allié du président déchu Bachar al-Assad, d'avoir enlevé et exécuté trois soldats syriens après les avoir emmenés au Liban.

"Un groupe de la milice du Hezbollah (...) a enlevé trois membres de l'armée syrienne à la frontière syro-libanaise (...) avant de les emmener en territoire libanais et de les éliminer", a affirmé le ministère, cité par l'agence officielle Sana.

Le ministère a ajouté qu'il prendrait "toutes les mesures nécessaires après cette dangereuse escalade de la part de la milice du Hezbollah", précisant que l'incident s'était produit près du barrage de Zeita, à l'ouest de Homs, dans le centre de la Syrie.

Le Hezbollah a nié, dans un communiqué, toute implication dans des affrontements avec les forces de sécurité syriennes ou en territoire syrien.

Le mouvement libanais a dit "nier catégoriquement tout lien avec les événements qui se déroulent aujourd'hui à la frontière libano-syrienne" et "réaffirmé ses précédentes déclarations selon lesquelles le Hezbollah n'a aucun lien avec les événements qui se déroulent sur le territoire syrien".

Par ailleurs, l'agence de presse officielle libanaise Ani a rapporté que des roquettes tirées depuis la Syrie avaient atterri dans le village libanais de Qasr, près de la frontière.

"De nombreuses roquettes, tirées depuis la région de Qusayr en territoire syrien, sont tombées sur la ville frontalière de Qasr", a indiqué l'agence.

Une source de sécurité libanaise a déclaré à l'AFP que "les tensions ont commencé après que trois membres de la sécurité générale syrienne ont pénétré en territoire libanais dans le village de Qasr, où ils ont été abattus par des hommes armés locaux liés à une famille impliquée dans la contrebande".

Cette source a indiqué que la raison pour laquelle ils étaient entrés au Liban n'était pas connue. Après leur mort, "les hommes armés ont remis leurs corps à l'armée libanaise, qui les a ensuite remis à la partie syrienne".

Ani a également rapporté que les corps de trois soldats avaient été remis à la Syrie par l'intermédiaire de la Croix-Rouge libanaise.

Selon la source libanaise, "les forces de sécurité syriennes ont ensuite bombardé des maisons à Qasr".

Le Hezbollah a été l'un des principaux soutiens de Bachar al-Assad avant qu'il ne soit renversé le 8 décembre par une offensive de groupes rebelles menés par des islamistes radicaux.

Les nouvelles autorités syriennes ont annoncé en février le lancement d'une campagne de sécurité dans la province frontalière de Homs, visant à fermer les routes de contrebande d'armes et de marchandises avec le Liban. Elles ont accusé le Hezbollah de lancer des attaques et de soutenir des groupes de contrebandiers.