Washington et Berlin vont livrer des chars lourds à l'Ukraine

Des militaires ukrainiens sur un char T-80 non loin de Lyman, dans la région de Donetsk, le 24 janvier 2023, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP).
Des militaires ukrainiens sur un char T-80 non loin de Lyman, dans la région de Donetsk, le 24 janvier 2023, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 26 janvier 2023

Washington et Berlin vont livrer des chars lourds à l'Ukraine

  • Washington a annoncé l'envoi de 31 Abrams tandis que le chancelier allemand Olaf Scholz a promis des Leopard 2
  • « Il ne s'agit pas d'une menace offensive contre la Russie», a tenu à assurer le président Joe Biden

WASHINGTON: Après des semaines d'hésitations, les Etats-Unis et l'Allemagne ont annoncé mercredi la livraison de chars lourds à l'Ukraine, traduisant un soutien occidental encore accru à Kiev dans la perspective d'une possible contre-offensive à l'invasion russe.

Washington a annoncé l'envoi de 31 Abrams tandis que le chancelier allemand Olaf Scholz a promis des Leopard 2, des blindés que réclamait Kiev depuis longtemps pour faire face au rouleau compresseur russe.

"Il ne s'agit pas d'une menace offensive contre la Russie", a tenu à assurer le président américain Joe Biden, qui s'est entretenu de l'aide à apporter aux Ukrainiens avec son homologue français Emmanuel Macron, Olaf Scholz, la Première ministre italienne Meloni et le chef du gouvernement britannique Rishi Sunak.

Berlin doit fournir à Kiev 14 Leopard 2 de type 2A6 issus des stocks de son armée, la Bundeswehr, et a décidé d'autoriser ses alliés occidentaux disposant de ces blindés de fabrication allemande à faire de même.

"Nous faisons ce qui est nécessaire et possible pour soutenir l'Ukraine, mais nous empêchons en même temps une escalade de la guerre, vers une guerre entre la Russie et l'Otan", a souligné M. Scholz devant le Bundestag, la chambre basse du parlement allemand.

Colère russe

"C'est une décision extrêmement dangereuse qui va amener le conflit vers un nouveau niveau de confrontation", a réagi l'ambassadeur de Russie à Berlin, Sergueï Netchaev.

"Cela nous persuade une fois encore que l'Allemagne, à l'instar de ses alliés les plus proches, ne veut pas d'une solution diplomatique à la crise ukrainienne et qu'elle veut une escalade permanente", a-t-il dit.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui salué la décision des Occidentaux, mettant la barre encore plus haut en leur réclamant des missiles de longue portée et des avions de combat.

Dans l'immédiat, "la clé est maintenant la vitesse et le volume" des livraisons des chars, a souligné le président ukrainien. La livraison de ces blindés est "une étape importante pour la victoire finale", a ajouté Volodymyr Zelensky. "Aujourd'hui, le monde libre est uni comme jamais auparavant avec un objectif commun: la libération de l'Ukraine", a-t-il insisté.

Sur le terrain, la Russie, "en supériorité numérique", "intensifie" ses combats dans la région de Donetsk dans l'Est de l'Ukraine, a affirmé la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar. "Les combats s'intensifient", a-t-elle indiqué sur le réseau social Telegram, citant la zone autour de Bakhmout, que les troupes de Moscou tentent de conquérir depuis plusieurs mois, mais aussi celle autour de Vougledar, une localité au sud-ouest de Donetsk.

Selon le ministère colombien des Affaires étrangères, deux Colombiens enrôlés dans l'armée ukrainienne ont trouvé la mort dans des combats contre l'armée russe.

Selon des experts, la crainte d'une escalade militaire avec Moscou était pour beaucoup dans les hésitations du camp occidental à fournir des chars lourds à Kiev.

 

Varsovie fête sa victoire diplomatique après le «oui» de Berlin sur les Leopard

La Pologne a salué mercredi la décision de l'Allemagne d'envoyer des chars de combat Leopard en Ukraine, une victoire diplomatique pour elle après des semaines de querelles avec Berlin.

"Nos démarches diplomatiques et nos discussions bilatérales ont donné le résultat escompté", a déclaré Wojciech Skurkiewicz, vice-ministre polonais de la défense, à la presse après l'annonce de Berlin.

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a salué cette décision comme "un grand pas vers l'objectif d'arrêter la Russie", tandis que le conseiller présidentiel Marcin Przydacz a qualifié les efforts de son pays de "diplomatie efficace".

La position particulièrement ferme de la Pologne a été saluée par l'Ukraine, qui réclamait les chars d'assaut, considérés comme essentiels sur le champs de bataille.

"Je remercie la Pologne pour son leadership et sa détermination concernant les chars Leopard 2 pour l'Ukraine et la mise en place d'une coalition internationale", a déclaré sur Twitter l'ambassadeur d'Ukraine en Pologne, Vasyl Zvarych.

La Pologne avait critiqué avec véhémence la réticence initiale de l'Allemagne à approuver l'envoi des fameux chars et avait envisagé de forcer la main de Berlin sur la question en déclarant qu'elle enverrait les chars quoi qu'il arrive.

La voix de Varsovie avait été amplifiée par les trois pays baltes ex-soviétiques, qui avaient ensemble appelé l'Allemagne à envoyer les Leopards le plus rapidement possible.

"L'offensive diplomatique conjointe de la Pologne et d'autres pays alliés a fait changer d'avis l'Allemagne", a déclaré à la presse le porte-parole du gouvernement polonais, Piotr Muller.

Le ministre lituanien de la Défense, Arvydas Anusauskas, a souligné mercredi le rôle qu'a joué l'unité de l'OTAN, "une chose à laquelle l'Allemagne ne peut se soustraire".

Multiples Leopard 2

Le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius a estimé que les premiers chars en provenance d'Allemagne pourraient être en Ukraine dans les trois mois.

La Norvège a aussi promis à l'Ukraine des Léopard 2. Selon plusieurs médias, la coalition de pays prêts à fournir de tels blindés comprend aussi le Danemark et les Pays-Bas, en plus de la Pologne et de la Finlande. L'Espagne a confirmé être "disposée" à livrer aussi des chars.

Les Leopard vont "renforcer la capacité défensive" de l'Ukraine, a estimé le Royaume-Uni qui s'est engagé à livrer 14 chars lourds Challenger 2. Paris et Varsovie ont salué l'envoi de chars lourds à l'Ukraine.

Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France et l'Italie sont dans un "soutien indéfectible à l’Ukraine" qui sera maintenu "aussi longtemps que nécessaire pour que l’Ukraine l’emporte", a assuré dans un communiqué la présidence française.

Pour le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, "à un moment critique de la guerre livrée par la Russie", les chars lourds envoyés à Kiev "peuvent aider l'Ukraine à se défendre, à vaincre et à l'emporter en tant que nation indépendante".

Auparavant, l'armée ukrainienne avait admis avoir cédé Soledar, une cité voisine de Bakhmout, deux semaines après l'annonce de sa prise par Moscou.

Dans un autre registre, l'Ukraine a parlé de "victoire diplomatique" après que le centre historique d'Odessa, ville portuaire ukrainienne des bords de la Mer Noire, a été inscrit mercredi sur la liste du patrimoine mondial en péril de l'Unesco en raison des "menaces de destruction" planant sur ce site depuis le début de l'invasion russe.

C'est une décision "politique" prise "à la va-vite", a critiqué de son côté le ministère russe des Affaires étrangères.

En liaison avec le conflit en Ukraine, décision a par ailleurs été prise de ne pas inviter de représentants de la Russie aux célébrations du 78e anniversaire de la libération, par l'Armée Rouge, du camp de la mort nazi d'Auschwitz-Birkenau, a annoncé le musée du site.

 

La France «se félicite» du feu vert allemand

La France "se félicite" du feu vert allemand à l'envoi en Ukraine de chars Leopard, estimant qu'il "prolonge et amplifie" le soutien en armement "engagé" par Paris, a déclaré mercredi l'Elysée.

Le gouvernement français n'a de son côté pas encore pris de décision au sujet de l'envoi de ses propres chars lourds Leclerc, une hypothèse que le président Emmanuel Macron n'exclut pas.

"La France se félicite de la décision allemande qui prolonge et amplifie le soutien que nous avions engagé avec la livraison des AMX10-RC", a réagi l'Elysée.

Paris avait annoncé le 4 janvier l'envoi de ces "chars de combat légers", suivie dans la foulée par une décision similaire de l'Allemagne et des Etats-Unis.

Au sujet des chars Leclerc - un type de matériel comparable au Leopard allemand -, le président Macron a assuré dimanche que "rien" n'était "exclu", mais a émis trois critères: "que ce ne soit pas escalatoire", "que ça puisse apporter un soutien réel et efficace" aux Ukrainiens en tenant compte des délais de formation, et que ça n'affaiblisse pas les capacités de défense françaises.

Selon des responsables français, si les réflexions en cours ont permis d'établir sur le premier point que l'envoi de ce type de chars ne serait pas "escalatoire", les discussions sont toujours en cours sur les deux autres critères. Ces responsables semblent à ce stade réservés sur l'utilité d'envoyer des Leclerc, dont les temps de formation sont longs et qui existent en Europe en nombre beaucoup plus réduit que les Leopard.

Aucune décision sur ce sujet n'est en tout cas attendue à très court terme, prévient-on à Paris.

La France doit par ailleurs accélérer les discussions avec l'Italie pour livrer à l'Ukraine un système de défense sol-air de moyenne portée MAMBA: le ministre français des Armées Sébastien Lecornu ce rend vendredi à Rome pour avancer sur ce dossier.

Elle étudie aussi la fourniture de batteries de missiles Crotale supplémentaires.


Plus de 200 personnalités demandent la libération du dirigeant palestinien Marwan Barghouti

Plus de 200 célébrités, dont l'écrivaine prix Nobel Annie Ernaux, la réalisatrice Justine Triet ou le chanteur Sting, ont demandé mercredi dans une lettre ouverte la libération de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien emprisonné en Israël depuis 2002. (AFP)
Plus de 200 célébrités, dont l'écrivaine prix Nobel Annie Ernaux, la réalisatrice Justine Triet ou le chanteur Sting, ont demandé mercredi dans une lettre ouverte la libération de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien emprisonné en Israël depuis 2002. (AFP)
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  • Cette initiative fait partie de la campagne internationale "Free Marwan", lancée par sa famille
  • La plupart des signataires se sont déjà exprimés publiquement pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza

PARIS: Plus de 200 célébrités, dont l'écrivaine prix Nobel Annie Ernaux, la réalisatrice Justine Triet ou le chanteur Sting, ont demandé mercredi dans une lettre ouverte la libération de Marwan Barghouti, dirigeant palestinien emprisonné en Israël depuis 2002.

Marwan Barghouti, 66 ans et ancien cadre du Fatah, défend une résolution politique au conflit israélo-palestinien. Parfois surnommé par ses partisans le "Mandela palestinien", il est connu pour sa lutte contre la corruption et est cité comme un possible successeur du président palestinien Mahmoud Abbas.

La lettre ouverte, consultée par l'AFP, réunit des stars du cinéma comme Josh O'Connor, Benedict Cumberbatch et Javier Bardem, ainsi que des musiciens tels que Fontaines D.C. et Sting. Les autrices à succès Sally Rooney, Annie Ernaux ou Margaret Atwood ont également apporté leur soutien, tout comme les anciens footballeurs Éric Cantona et Gary Lineker.

"Nous exprimons notre vive inquiétude face à la détention continue de Marwan Barghouti, à ses mauvais traitements et au déni de ses droits légaux en prison", écrivent-ils, appelant "les Nations Unies et les gouvernements du monde à œuvrer activement" pour sa libération.

Cette initiative fait partie de la campagne internationale "Free Marwan", lancée par sa famille. La plupart des signataires se sont déjà exprimés publiquement pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza.

Marwan Barghouti a été condamné à cinq peines de prison à vie par un tribunal israélien, qui l'a reconnu coupable d'implication dans des attaques meurtrières durant la seconde intifada (2000-2005).

Israël a refusé de le libérer dans le cadre des échanges de prisonniers, effectués depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée après l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Son fils a déclaré en octobre qu'il avait été violemment battu par des gardiens israéliens lors d'un transfert de prison. En août, le ministre israélien d'extrême droite Itamar Ben Gvir a diffusé une vidéo où il prend à partie et sermonne Marwan Barghouti, apparaissant affaibli dans sa cellule.


Ukraine: «aucun compromis» sur les territoires occupés après une rencontre Poutine-Witkoff à Moscou

"Aucun compromis" n'a été trouvé mardi sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie en Ukraine après une rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff, qui lui présentait le plan de Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine. (AFP)
"Aucun compromis" n'a été trouvé mardi sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie en Ukraine après une rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff, qui lui présentait le plan de Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine. (AFP)
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  • M. Witkoff, accompagné du gendre du président américain, Jared Kushner, s'est entretenu pendant près de cinq heures au Kremlin avec le dirigeant russe à propos de ce plan présenté par Washington
  • "Nous avons pu nous mettre d'accord sur certains points (...), d'autres ont suscité des critiques, mais l'essentiel est qu'une discussion constructive ait eu lieu et que les parties aient déclaré leur volonté de poursuivre leurs efforts"

MOSCOU: "Aucun compromis" n'a été trouvé mardi sur l'épineuse question des territoires occupés par la Russie en Ukraine après une rencontre à Moscou entre le président Vladimir Poutine et l'émissaire américain Steve Witkoff, qui lui présentait le plan de Washington pour mettre fin à près de quatre ans de guerre en Ukraine.

M. Witkoff, accompagné du gendre du président américain, Jared Kushner, s'est entretenu pendant près de cinq heures au Kremlin avec le dirigeant russe à propos de ce plan présenté par Washington il y a deux semaines et depuis retravaillé lors de consultations avec les Ukrainiens.

"Nous avons pu nous mettre d'accord sur certains points (...), d'autres ont suscité des critiques, mais l'essentiel est qu'une discussion constructive ait eu lieu et que les parties aient déclaré leur volonté de poursuivre leurs efforts", a indiqué le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov.

Sur la question des territoires occupés par la Russie en Ukraine, qui représentent environ 19% du pays, "aucune solution de compromis n'a encore été choisie", même si "certaines propositions américaines peuvent être discutées", a précisé M. Ouchakov.

Il a qualifié la discussion d'"utile", mais prévenu qu'il "reste encore beaucoup de travail" pour parvenir à un accord, alors que les troupes russes ont accéléré leur avancée sur le front.

"Ce que nous avons essayé de faire, et je pense que nous avons fait quelques progrès, est de déterminer ce qui pourrait convenir aux Ukrainiens et leur donner des garanties de sécurité pour l'avenir", a déclaré pour sa part le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio sur la chaîne Fox News, sans qu'il soit précisé s'il s'exprimait après la fin des pourparlers.

Après cet entretien avec les Russes à Moscou, Steve Witkoff et Jared Kushner pourraient rencontrer mercredi en Europe une délégation de Kiev, selon une source ukrainienne à l'AFP.

"Nous sommes prêts" 

Quelques heures avant sa rencontre avec les Américains, Vladimir Poutine avait menacé les Européens, les accusant de chercher à "empêcher" les efforts de Washington pour mettre fin au conflit.

"Nous n'avons pas l'intention de faire la guerre à l'Europe, mais si l'Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant", a-t-il lancé aux journalistes, en marge d'un forum économique.

Des propos qui tranchent avec ceux du chef de l'Otan, Mark Rutte, qui s'est dit peu avant convaincu que les efforts américains en Ukraine "finiront par rétablir la paix en Europe".

Le président américain Donald Trump a répété mardi que le règlement du conflit en Ukraine était une question complexe. "Ce n'est pas une situation facile, croyez-moi. Quel gâchis", a-t-il dit.

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, sous forte pression politique et diplomatique, a accusé la Russie d'utiliser les pourparlers actuels pour tenter "d'affaiblir les sanctions" visant Moscou.

Il a appelé à la fin de la guerre et pas "seulement à une pause" dans les combats.

Les Etats-Unis ont annoncé fin octobre des sanctions contre deux géants du secteur des hydrocarbures russes, Rosneft et Lukoil, les premières sanctions d'importance prises par Donald Trump contre la Russie depuis son retour au pouvoir.

Les Européens espèrent que l'administration Trump, soupçonnée de complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine, ne sacrifiera pas l'Ukraine, considérée comme un rempart face à la Russie.

Accélération russe 

Ces discussions se sont déroulées alors que les forces russes ont réalisé en novembre leur plus grosse progression sur le front en Ukraine depuis un an, selon l'analyse par l'AFP des données fournies par l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP, émanation de l'American Enterprise Institute), deux centres de réflexion américains spécialisés dans l'étude des conflits.

En un mois, la Russie a pris 701 km2 aux Ukrainiens, la deuxième avancée la plus importante après celle de novembre 2024 (725 km2), en dehors des premiers mois de guerre au printemps 2022.

La Russie a revendiqué lundi la prise de la ville de Pokrovsk dans l'est de l'Ukraine, un nœud logistique clé pour Kiev, ainsi que celle de Vovtchansk, dans le nord-est. Mais l'Ukraine a affirmé mardi que les combats à Pokrovsk se poursuivaient.

En novembre, la Russie a tiré plus de missiles et de drones lors de ses attaques nocturnes sur l'Ukraine que durant le mois précédent, soit un total de 5.660 missiles et drones longue portée (+2%).

En interne, le président ukrainien est affaibli par un vaste scandale de corruption impliquant ses proches et qui a contraint son puissant chef de cabinet, Andriï Iermak, à la démission vendredi.

 


Bissau: formation d'un gouvernement, le président renversé est à Brazzaville

Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé le président Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée de coups de force et de troubles politiques. (AFP)
Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé le président Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée de coups de force et de troubles politiques. (AFP)
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  • La junte a depuis nommé le général Horta N'Tam président d'une transition censée durer un an et un Premier ministre
  • Le nouveau gouvernement compte également cinq officiers, dont le général de brigade Mamasaliu Embalo, nommé au poste de ministre de l'Intérieur, et le général Stive Lassana Manssaly qui occupe le portefeuille de la Défense nationale

BISSAU: La junte au pouvoir en Guinée-Bissau a formé samedi un nouveau gouvernement composé de 28 membres, en majorité des civils, quatre jours après avoir renversé le président Umaro Sissoco Embalo, qui est arrivé à Brazzaville.

Mercredi, des militaires ont annoncé avoir renversé le président Embalo et suspendu les élections présidentielle et législatives du 23 novembre, dont les résultats devaient être annoncés cette semaine dans ce petit pays lusophone d'Afrique de l'Ouest à l'histoire jalonnée de coups de force et de troubles politiques.

La junte a depuis nommé le général Horta N'Tam président d'une transition censée durer un an et un Premier ministre.

Le nouveau gouvernement compte également cinq officiers, dont le général de brigade Mamasaliu Embalo, nommé au poste de ministre de l'Intérieur, et le général Stive Lassana Manssaly qui occupe le portefeuille de la Défense nationale. Quatre femmes intègrent aussi le gouvernement.

M. N'Tam a exhorté le nouveau gouvernement à "lutter contre la corruption et le trafic de drogue", dans ce pays très pauvre et considéré comme une plaque tournante de ce trafic entre l'Amérique latine et l'Europe.

Brièvement arrêté par les militaires mercredi, puis parti au Sénégal jeudi dans un vol affrété par le gouvernement sénégalais, M. Embalo "est arrivé à Brazzaville pour y rester", a affirmé samedi à l'AFP une source proche de la présidence congolaise, sous couvert de l'anonymat.

Echauffourées 

M. Embalo, 53 ans, est réputé proche du président congolais Denis Sassou Nguesso, et s'est rendu à plusieurs reprises en visite au Congo.

"Le président Embalo est arrivé en fin de matinée à Brazzaville à bord d'un jet privé affrété par les autorités", a indiqué à l'AFP une source proche du pouvoir congolais, jointe depuis Bissau.

Dans la capitale bissau-guinéenne, le Parti Africain pour l'Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), puissante et historique formation d'opposition, a dénoncé l'"envahissement" de son siège samedi matin dans la capitale et des "dégradations" par des "miliciens armés".

Selon le PAIGC, ces derniers ont "procédé à l'expulsion de toutes les personnes qui s'y trouvaient, à l’effraction des portes de bureaux et à la grave violation de l’intégrité des installations".

Le principal opposant Domingos Simoes Pereira - dirigeant du PAIGC, parti ayant mené la Guinée-Bissau à l'indépendance en 1974 - avait été écarté de la présidentielle du 23 novembre. Le parti avait ensuite soutenu le candidat d'opposition Fernando Dias, devenu le principal adversaire de M. Embalo lors du scrutin.

M. Pereira a été arrêté mercredi en Guinée-Bissau, selon des proches et un collaborateur.

Dans une déclaration jeudi à l'AFP, M. Dias affirme avoir largement remporté la présidentielle au premier tour et accuse M. Embalo d'avoir "organisé" le coup d'Etat pour empêcher son accession au pouvoir.

M. Dias affirme être "en sécurité" et se cacher dans le pays.

Par ailleurs, des échauffourées mineures ont eu lieu samedi dans la matinée dans un quartier périphérique de Bissau, non loin du siège de campagne de M. Dias, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Mercredi, les auteurs du putsch avaient expliqué vouloir garantir la "sécurité au niveau national et rétablir l'ordre", évoquant la découverte par les "renseignements généraux" d'un "plan visant à déstabiliser le pays avec l'implication des barons nationaux de la drogue".

Des opposants et des experts soupçonnent néanmoins M. Embalo, au pouvoir depuis 2020, d'avoir orchestré lui-même son renversement afin d'arrêter le processus électoral.

Coup "factice" 

La prise de pouvoir par les militaires a été largement critiquée, notamment par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui a dénoncé une "violation des principes démocratiques".

La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a suspendu la Guinée-Bissau de "tous ses organes décisionnels". L'Union africaine (UA) a également suspendu le pays de ses instances.

Samedi, le président du Conseil des Sages et ancien chef d'Etat du Nigeria, Goodluck Jonathan, qui faisait partie des observateurs des scrutins du 23 novembre, a à nouveau affirmé que le coup d'état était selon lui "factice".

Il répondait à un journaliste de la télévision nationale après avoir briefé le président nigérian Bola Tinubu sur la situation en Guinée-Bissau.

"C'est une cérémonie mise en scène par le chef de l'Etat (Embalo, NDLR) lui même", a-t-il accusé. "Nous sommes fatigués de tout cela en Afrique....", a-t-il fustigé.

La Guinée-Bissau, située entre le Sénégal et la Guinée (Conakry), a déjà connu quatre coups d'Etat et une kyrielle de tentatives de putsch depuis son indépendance du Portugal en 1974. La proclamation des résultats électoraux y a souvent donné lieu à des contestations.