Iran: L'effondrement de la monnaie ébranle encore un régime en crise de légitimité

L'isolement international croissant de Téhéran a eu de graves conséquences sur la valeur du rial iranien (Photo, AFP).
L'isolement international croissant de Téhéran a eu de graves conséquences sur la valeur du rial iranien (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 26 janvier 2023

Iran: L'effondrement de la monnaie ébranle encore un régime en crise de légitimité

  • Le rial, la monnaie iranienne, a perdu 29% de sa valeur depuis le début des manifestations d’une part et d'une sévère répression du régime d’autre part
  • Le double choc de la dépréciation de la monnaie et de l'inflation élevée a provoqué une crise du coût de la vie et un mécontentement

ERBIL, Kurdistan irakien: La monnaie iranienne a atteint un niveau record par rapport au dollar américain, ce qui, selon les observateurs, reflète l'isolement croissant du régime sur la scène internationale et la gravité des nouvelles sanctions de l'UE contre son exécuteur paramilitaire, le Corps des gardiens de la révolution islamique.
S'ajoutant aux manifestations de masse en cours, déclenchées par la mort de Jina Mahsa Amini, 22 ans, en garde à vue en septembre dernier, l'effondrement de la monnaie a défié des mesures telles que le remplacement du directeur de la banque centrale le mois dernier et a alimenté les spéculations selon lesquelles cela déstabiliserait, voire ferait tomber, le régime en 2023.
Le rial a perdu 29% de sa valeur depuis le début des manifestations antigouvernementales et de la sévère répression du régime à la fin de l'année dernière. Le 22 janvier, il s'échangeait à environ 450 000 rial iranien contre un dollar américain, ce qui représente un nouveau niveau historique.
Le Dr James Devine, professeur agrégé au département de sciences politiques et de relations internationales de l'université Mount Allison, estime que c'est l'isolement politique croissant de l'Iran – dû à sa répression brutale des manifestants, à son soutien militaire à la guerre de la Russie contre l'Ukraine et aux doutes quant à la relance de l'accord nucléaire de 2015 – qui a fait chuter la valeur du rial.
«Tout cela est aggravé par la mauvaise gestion et la corruption, qui ont entravé la planification économique iranienne depuis que le régime est au pouvoir», a déclaré Devine à Arab News.
Bien que la situation économique de l'Iran semble particulièrement sombre à l'heure actuelle, Emily Hawthorne, analyste principale pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord au sein de la société de renseignement sur les risques RANE, qualifie la dépréciation du rial de sérieuse, «mais certainement pas sans précédent».
«L'inflation élevée, l'isolement international, la faible confiance des investisseurs et la faible confiance des consommateurs sont autant de facteurs qui expliquent ce déclin», a-t-elle expliqué à Arab News.
Le double choc de la dépréciation du rial et de l'inflation élevée a déclenché une crise du coût de la vie, qui a à son tour répandu le mécontentement et alimenté la colère contre le régime.

De nouvelles manifestations sont attendues à cause de la hausse des prix et de la pénurie de produits pour les consommateurs iraniens (Photo, AFP).

Arach Azizi, auteur de The Shadow Commander: Soleimani, the US, and Iran's Global Ambitions (Le commandant de l'ombre: Soleimani, les États-Unis et les ambitions mondiales de l'Iran) et candidat au doctorat en histoire à l'université de New York, affirme que l'effondrement de la monnaie «a depuis longtemps un poids psychologique important en Iran», avec des conséquences politiques et économiques potentielles.
«Ceux qui se languissent de l'Iran d'avant 1979, par exemple, aiment généralement parler de la façon dont un dollar américain valait 70 rial, contre plus de 450 000 aujourd'hui», a déclaré Azizi à Arab News.
«Cela continue également à avoir un réel effet à la baisse sur les salaires, qui sont loin d'avoir suivi l'inflation et la chute de la monnaie.
«La grande partie des produits en Iran est importée et le paiement de ces importations est devenu de plus en plus difficile pour les particuliers et les entreprises. Cela a également rendu les voyages à l'étranger très difficiles pour la plupart des Iraniens, même pour des endroits proches comme Dubaï et la Turquie, bien que cette dernière ait également vu sa propre monnaie s'effondrer.»
Selon Hawthorne, la situation «mauvaise et fragile» de l'environnement économique mondial rend cette période pire que les précédentes et crée «une pression extérieure supplémentaire sur l'économie iranienne.»
«De plus, certains Iraniens ressentent une colère croissante contre le gouvernement, comme en témoignent les manifestations de Mahsa Amini et certaines grèves et manifestations syndicales organisées récemment, ce qui contribue au sentiment d'insécurité économique», a-t-elle ajouté.
Toutefois, Hawthorne doute que les nouvelles sanctions de l'UE contre le Corps des gardiens de la révolution islamique aient «un impact significatif sur le rial, au-delà de la pression à la baisse déjà créée par les sanctions croissantes de l'Europe à l'encontre d'autres personnes et entités iraniennes».
Pour sa part, Devine est convaincu qu'avec des sanctions de plus en plus sévères il y a un effet cumulatif qui devient sérieux pour le régime.»
Toutefois, si l'effondrement de la monnaie a accentué la pression sur Téhéran, il n'est pas certain qu'il s'agisse du «point le plus vulnérable» du régime.
«Je n'ai vu aucun signe clair indiquant que l'effondrement de la monnaie ou les sanctions représentent la goutte d'eau qui fait déborder le vase pour Le CGRI», a déclaré Devine. «Le CGRI contrôle entre 25% et 40% de l'économie iranienne, ils auront donc toujours accès aux biens et services en Iran.»

En Bref

- Fin décembre, le gouverneur de la banque centrale iranienne a démissionné après que le rial a perdu environ 30% de sa valeur en deux mois, passant de 330 000 à 430 000 rial iranien pour 1 dollar américain.
- Le 22 janvier, la monnaie nationale s'échangeait à environ 450 000 rial pour 1 dollar, un nouveau niveau historique, après que l'inflation a atteint 45% à la fin du mois de décembre 2022.

Compte tenu de cette position privilégiée, le CGRI est le mieux placé pour tirer parti du marché noir et de la contrebande, selon Devine. Et s'il ne fait aucun doute qu'il ressent la pression, ni ses dirigeants ni ses membres de base ne sont susceptibles d'envisager de changer de cap ou de faire défection au régime.
Devine a ajouté: «Si le régime disparaît, le CGRI disparaît avec lui. Il n'a aucune raison d'être sans la République islamique. En outre, s'il y avait un changement de gouvernement, les dirigeants du CGRI seraient probablement poursuivis dans leur pays et/ou à l'étranger.
«Aux niveaux inférieurs du rang, il n'y a peut-être pas le même engagement idéologique ou les mêmes privilèges, mais ils sont quand même mieux lotis que l'Iranien moyen et l'avenir post-régime est incertain pour eux aussi.
«En bref, il faudra beaucoup d’efforts pour découpler le CGRI et les services de sécurité du régime.»
Si le consensus mondial croissant contre l'Iran n'inclut pas la Chine et la Russie, la capacité des deux puissances non occidentales à contribuer à inverser le déclin du rial est sujette à caution.
«La Chine et la Russie partagent avec l'Iran une aversion pour les sanctions unilatérales d'un pays ou d'une institution et sont susceptibles de continuer à traiter avec l'Iran, en particulier la Russie, qui est également isolée du reste de la communauté mondiale en raison des sanctions liées à son invasion de l'Ukraine», a indiqué Hawthorne à Arab News.
«Néanmoins, cela ne constituera pas une bouée de sauvetage suffisante pour permettre à l'Iran de maintenir le rial à flot. Au contraire, cela pourrait permettre un certain commerce et un certain échange de biens et d'équipements, mais ne sauvera pas l'économie.»
Devine estime également que, même si l'Iran vend un nombre «sain» de barils de pétrole par jour, principalement à la Chine, cela ne suffira probablement pas à «redynamiser le rial».
Par ailleurs, Washington a commencé à réprimer la contrebande de dollars par l’Iran depuis l’Irak voisin, ce qui a également un impact négatif sur la valeur du rial.
«Si la Russie et la Chine ne sont peut-être pas en mesure de renflouer le rial, elles peuvent faire en sorte qu'à l'avenir, l'Iran ne soit pas aussi isolé économiquement qu'il l'a été par le passé», a signalé Devine.
Hawthorne prévoit qu'il y aura davantage de «manifestations à motivation économique» en Iran tout au long de l'année 2023, mais doute que le gouvernement iranien s'effondre cette année ou dans un avenir proche, «même si les tensions économiques contribueront à son impopularité».
Azizi affirme également que «le régime a longtemps survécu à de dures crises économiques et celle-ci n'est pas une exception». Il a ajouté: «Cela accentue ses problèmes, mais cela ne semble pas encore conduire à l'effondrement de l'État.»
Devine s'attend à de nouvelles manifestations en raison de la hausse des prix et de la pénurie de marchandises pour les consommateurs iraniens, ce qui minera encore davantage la légitimité du régime et le rendra plus dépendant du pouvoir coercitif pour maintenir son contrôle.
Mais qu'il s'agisse ou non d'un point de basculement pour le régime est une question beaucoup plus compliquée.
«Je pense que le régime possède la capacité institutionnelle et coercitive de survivre au niveau actuel d'agitation et probablement un peu plus», a révélé Devine. «Toutefois, il pourrait perdre le contrôle s'il commet des erreurs politiques.

Le rial a perdu 29% de sa valeur (Photo, AFP).

«Par exemple, si le régime réagit de manière excessive aux manifestations et commencent à tuer un grand nombre d'Iraniens dans la rue, en particulier des jeunes femmes. L'exécution de dissidents est également susceptible de provoquer un retour de bâton.»
Devine croit que le «facteur de complication» en jeu est la «cohérence du régime».
«Les réformistes et les modérés ont critiqué le président, Ebrahim Raïssi, pour avoir été trop dur avec les manifestants et par les partisans de la ligne dure pour avoir été trop indulgents», a-t-il souligné à Arab News. «Ce genre d'environnement pourrait conduire le régime à mesurer mal sa réaction.»
«À un moment donné, les membres les plus modérés du régime peuvent aller au-delà de la critique et désavouer le régime. Si un nombre suffisant d'entre eux le font, cela pourrait avoir un effet boule de neige et déboucher sur une crise, en particulier si l'armée régulière se joint à eux.»
En attendant, selon Devine, les manifestants ont besoin d'une meilleure organisation. S'ils peuvent créer «de petites perturbations», ajoute-t-il, ils ne semblent pas avoir le type d'organisation qui pourrait réellement remettre en cause le «contrôle du pays et de l'économie» par le régime.
«Peut-être que la crise monétaire donnera l'impulsion nécessaire pour que cela se produise, mais je ne l'ai pas encore vu», a-t-il soutenu.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


A Gaza, le chef humanitaire de l'ONU évoque "une tâche énorme"

Le responsable de l'aide humanitaire des Nations Unies, Tom Fletcher, montre un camion chargé d'aide humanitaire en route pour Gaza au point de passage de Rafah, le 16 octobre 2025. (OCHA via Reuters)
Le responsable de l'aide humanitaire des Nations Unies, Tom Fletcher, montre un camion chargé d'aide humanitaire en route pour Gaza au point de passage de Rafah, le 16 octobre 2025. (OCHA via Reuters)
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  • Tom Fletcher, a qualifié l’acheminement de l’aide à Gaza de « tâche énorme », annonçant un plan de 60 jours pour répondre aux besoins urgents : nourriture, santé, logement et éducation
  • Alors que l’accord de cessez-le-feu prévoit la restitution de toutes les dépouilles d’otages, seules 10 sur 28 ont été rendues par le Hamas, provoquant des tensions avec Israël qui accuse le mouvement de violer l’accord

Gaza, Territoires palestiniens: L'acheminement de l'aide d'urgence dans la bande de Gaza constitue une "tâche énorme", a plaidé samedi le chef des opérations humanitaires de l'ONU Tom Fletcher lors d'une visite dans le territoire palestinien dévasté par deux ans de guerre.

En parallèle, les autorités israéliennes ont annoncé samedi avoir identifié la dépouille d'un otage retenu à Gaza remise la veille dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Lors d'une visite à Gaza-ville, M. Fletcher a dit constater l'ampleur des destructions. "J'étais ici il y a sept ou huit mois. La plupart de ces bâtiments étaient encore debout. Mais là, c'est absolument épouvantable de voir une vaste partie de la ville devenue un terrain vague", a-t-il dit à l'AFP dans le quartier de Cheikh Radouane.

"Nous avons maintenant un plan massif de 60 jours pour intensifier l'approvisionnement alimentaire, distribuer un million de repas par jour, commencer à reconstruire le secteur de la santé, installer des tentes pour l'hiver, remettre des centaines de milliers d'enfants à l'école", a-t-il détaillé.

M. Fletcher, qui est entré vendredi dans la bande de Gaz a estimé que l'Ocha (bureau de coordination de l'aide humanitaire de l'ONU) devra faire face à "une tâche énorme (...) mais nous le devons aux gens ici qui ont traversé tant de choses".

-Recherche des corps-

A travers Gaza, les secours s'activent pour retrouver des corps de Palestiniens ensevelis sous les gravats, tandis que le Hamas cherche à retrouver des dépouilles d'otages israéliens qu'il doit remettre à la Croix-Rouge dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu.

Par ailleurs, pour aider à la recherche des corps, israéliens comme palestiniens, une équipe de 81 membres de l'Afad, l'agence turque de gestion des catastrophes, attend depuis vendredi à la frontière côté égyptien, selon un haut responsable turc à l'AFP.

Aux termes de l'accord, entré en vigueur le 10 octobre, le groupe islamiste palestinien devait libérer tous les otages, vivants et morts qu'il détenait encore, au plus tard le lundi 13 octobre à 09h00 GMT.

Le Hamas a libéré dans les temps les 20 derniers otages vivants mais n'a restitué depuis lundi que dix dépouilles sur les 28 qu'il retenait.

Samedi matin, les autorités israéliennes ont annoncé avoir la dépouille, remise la veille, d'Eliyahu Margalit, un septuagénaire tué le 7 octobre 2023 par un commando du Hamas qui l'a ensuite emmené à Gaza.

Israël ne fera "pas de compromis" et "n'épargnera aucun effort jusqu'au retour de tous les otages décédés", a affirmé le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Un porte-parole du Hamas, Hazem Qasem, a dit vendredi que le mouvement islamiste continuait à œuvrer en faveur de l'échange de prisonniers, tout en soulignant que "la question des corps est complexe et nécessite du temps".

Pour Israël, le retard dans la remise des dépouilles est une violation du cessez-le-feu.

Le Hamas dénonce de son côté de "nombreuses violations de l'accord".

La Défense civile, opérant sous l'autorité du Hamas, a affirmé samedi avoir récupéré les dépouilles de neuf Palestiniens tués selon elle la veille dans des tirs israéliens contre un bus. L'armée israélienne a indiqué dans un communiqué avoir "identifié" un véhicule "suspect en train de franchir la ligne jaune" et les soldats ont "ouvert le feu pour éliminer la menace" et ce "conformément à l'accord".

La veille au soir, le ministre de la Défense israélien Israël Katz a dit sur X que l'armée "a commencé à marquer la ligne jaune où elle se déploie sur plus de 50% du territoire de Gaza, avec un marquage continu spécial afin d'en déterminer clairement" la limite.

Selon la Défense civile de Gaza, "plus de 280 corps de martyrs [avaient] été retrouvés sous les décombres" depuis le début de la trêve. Les autorités locales estiment qu'environ 10.000 corps y sont toujours ensevelis.

- Accès restreints -

Le Programme alimentaire mondial a appelé vendredi à l'ouverture de tous les points de passage, contrôlés par Israël, vers le territoire palestinien pour "l'inonder de nourriture".

Le plan négocié sous l'égide de Donald Trump prévoit que "dès l'acceptation de cet accord, une aide complète sera immédiatement acheminée dans la bande de Gaza".

Une étape ultérieure du plan visant à la paix prévoit également le désarmement du Hamas et l'amnistie ou l'exil de ses combattants et la poursuite du retrait israélien, des points qui restent sujets à discussion.

L'attaque du 7 octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

L'offensive israélienne menée en représailles a fait 67.967 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.


Gaza: le Hamas restitue une dépouille, s'engage à rendre à Israël tous les corps d'otages

Des parents et des amis portent le cercueil drapé du soldat israélien Mohammad Alatrash lors de ses funérailles dans le village bédouin de Sawa, dans le sud d'Israël. (AP)
Des parents et des amis portent le cercueil drapé du soldat israélien Mohammad Alatrash lors de ses funérailles dans le village bédouin de Sawa, dans le sud d'Israël. (AP)
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  • Le Hamas a remis une nouvelle dépouille d’otage à Israël et affirme respecter l’accord de cessez-le-feu, prévoyant la restitution de toutes les dépouilles restantes
  • La Turquie s’apprête à jouer un rôle humanitaire et technique dans la mise en œuvre du cessez-le-feu, avec une équipe spécialisée prête à intervenir à Gaza pour retrouver les corps israéliens et palestiniens sous les décombres

Jérusalem: Le Hamas a restitué vendredi soir à Israël une nouvelle dépouille d'otage, s'engageant à rendre toutes les autres qu'il détient encore à Gaza conformément à l'accord de cessez-le-feu.

La dépouille a été remise par la Croix-Rouge aux forces israéliennes à l'intérieur de la bande de Gaza et doit être rapatriée en Israël jusqu'à l'Institut national médico-légal, à Tel-Aviv, pour être identifiée, a indiqué dans la nuit le Bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Le Hamas dit "respecter son engagement envers l'accord de cessez-le-feu" parrainé par le président américain Donald Trump, et "continuera à œuvrer pour mener à bien le processus d'échange de prisonniers", selon un communiqué du Hazem Qasem, porte-parole du mouvement islamiste.

Le Hamas avait néanmoins souligné un peu plus tôt que "la question des corps est complexe et nécessite du temps".

La Turquie, proche des dirigeants politiques du Hamas, entend jouer un rôle dans l'application du cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Une équipe de 81 membres de l'Afad, l'agence turque de gestion des catastrophes, "attend actuellement à la frontière côté égyptien. Ils sont prêts à mener des opérations de recherches et de secours dans les ruines", a déclaré vendredi un responsable turc, précisant que cette mission portait sur la recherche de corps de victimes "israéliennes comme palestiniennes".

La Défense civile de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, a indiqué que, depuis l'entrée en vigueur de la trêve, "plus de 280 corps de martyrs [avaient] retrouvés sous les décombres" du territoire. Les autorités locales estiment qu'environ 10.000 corps sont ensevelis sous les décombres à Gaza.

Selon une source du Hamas, citant des "médiateurs", la délégation turque est "attendue dimanche" dans la bande de Gaza.

- Matériel spécialisé -

Les spécialistes turcs sont équipés de matériel spécialisé, "notamment des chiens de recherche et des dispositifs de détection de signes de vie", a précisé le responsable.

Le Hamas doit indiquer des emplacements précis où rechercher les otages, dont les corps sont difficiles à retrouver, selon le mouvement.

Le Hamas avait assuré plus tôt que certains "corps ont été enterrés dans des tunnels" détruits par l'armée israélienne, "tandis que d'autres restent sous les décombres de bâtiments qu'elle a bombardés".

Israël accuse le Hamas de violer l'accord de cessez-le-feu, qui prévoyait un retour de tous les otages, vivants et morts, au plus tard le 13 octobre.

Le Hamas dénonce de son côté de "nombreuses violations de l'accord", et évoque la mort de 28 civils "tués par les tirs de l'occupant [Israël, NDLR] depuis le cessez-le-feu. L'armée israélienne a fait état vendredi de "plusieurs terroristes" qui s'approchaient de troupes israéliennes ont été "frappés" dans la zone de Khan Younes (sud).

Le ministre de la Défense israélien Israël Katz a indiqué avoir ordonné à l'armée de matérialiser sur le terrain la "ligne jaune" marquant la limite de son redéploiement aux termes de l'accord de cessez-le-feu.

Le Hamas a libéré dans les temps les vingt derniers otages vivants qu'il gardait captifs depuis le 7-Octobre. Il n'a en revanche restitué depuis lundi que dix dépouilles sur les 28 qu'il retenait encore, en incluant celle rendue vendredi.

Dans l'après-midi, des dizaines de personnes ont pris part à Rishon Lezion, dans le centre-sud d'Israël, au cortège funéraire de l'ex-otage Inbar Hayman, dont le corps a été rapatrié mercredi.

En échange du retour des dépouilles, Israël a remis au total 120 corps de Palestiniens, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Dans le sud de la bande de Gaza, des familles se rassemblent à l'hôpital Nasser de Khan Younes pour examiner des photos sur un écran, tentant d'identifier les corps de leurs proches qu'Israël a restitués. Akram Khalid al-Manasra explique à l'AFP avoir identifié son fils "grâce à son grain de beauté sur le nez et à ses dents".

- Accès restreints -

Les accès à Gaza, tous contrôlés par Israël, restent très restreints.

L'accord du cessez-le-feu prévoit la réouverture du point de Rafah passage crucial de Rafah, entre l'Egypte et le territoire palestinien.

Le responsable de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, est entré vendredi dans la bande de Gaza où il a visité une boulangerie qui a "désormais accès au carburant et à la farine, ce qui lui permet de produire jusqu'à 300.000 pains pita par jour", a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha).

Mais alors que l'ONU a déclaré fin août une famine dans plusieurs zones de Gaza, ce que conteste Israël, remédier à la situation "prendra du temps", a estimé vendredi le Programme alimentaire mondial, appelant à l'ouverture de tous les points de passage vers le territoire palestinien pour "l'inonder de nourriture".

Une étape ultérieure du plan visant à la paix prévoit notamment le désarmement du Hamas et l'amnistie ou l'exil de ses combattants et la poursuite du retrait israélien, des points qui restent sujets à discussion.

L'attaque du 7 octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.

L'offensive israélienne menée en représailles a fait 67.967 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.


Médine en tête du classement du secteur public saoudien

Médine a excellé dans l'adoption de méthodologies et le développement de mécanismes de gouvernance locale, principalement grâce au "modèle innovant d'excellence gouvernementale à Médine" établi par l'Autorité de développement de la région de Médine et la municipalité de la région. (SPA)
Médine a excellé dans l'adoption de méthodologies et le développement de mécanismes de gouvernance locale, principalement grâce au "modèle innovant d'excellence gouvernementale à Médine" établi par l'Autorité de développement de la région de Médine et la municipalité de la région. (SPA)
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  • Cette distinction reflète l’engagement des autorités saoudiennes à améliorer la qualité de vie et les services pour les résidents et les visiteurs, tout en soutenant la Vision 2030 du Royaume

MEDINE: L’Indice des capacités du secteur public 2025 a mis en lumière les forces de Médine en matière de renforcement des capacités institutionnelles, dans le tout premier rapport évaluant l’aptitude des villes à s’adapter et à se transformer.

Ce rapport, publié par l’Institute for Innovation and Public Purpose du University College London en partenariat avec Bloomberg Philanthropies, s’appuie sur des recherches de terrain menées dans 45 villes, avec la participation de plus de 200 responsables gouvernementaux et 100 experts internationaux.

Médine s’est distinguée par l’adoption de méthodologies innovantes et la mise en place de mécanismes de gouvernance locale, notamment grâce au modèle d’excellence gouvernementale innovant de Médine, initié par l’Autorité de développement de la région de Médine et la municipalité de la région.

Ce modèle favorise les partenariats et renforce la flexibilité afin de mieux intégrer les efforts entre gouvernement, secteur privé et société civile.

Cette distinction reflète l’engagement des autorités saoudiennes à améliorer la qualité de vie et les services pour les résidents et les visiteurs, tout en soutenant la Vision 2030 du Royaume.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com