Les engagements écologiques du Maroc, un exemple pour le monde arabe

Photo Reuters
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Cette photo prise par un drone et publiée par Greenpeace montre une chaîne humaine en forme de soleil à côté d'une banderole indiquant "Break Free - Go Solar" avec la mosquée Hassan II en arrière-plan, à Casablanca le 29 avril 2018. (Photo GREENPEACE / AFP)
Cette photo prise par un drone et publiée par Greenpeace montre une chaîne humaine en forme de soleil à côté d'une banderole indiquant "Break Free - Go Solar" avec la mosquée Hassan II en arrière-plan, à Casablanca le 29 avril 2018. (Photo GREENPEACE / AFP)
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Publié le Samedi 04 février 2023

Les engagements écologiques du Maroc, un exemple pour le monde arabe

Les engagements écologiques du Maroc, un exemple pour le monde arabe
  • Le Maroc s'est récemment classé au septième rang de l'indice de performance en matière de changement climatique, ce qui le place au premier rang dans le monde arabe et en Afrique
  • Compte tenu de leur visibilité, les pays du monde arabe n'ont tout simplement pas d'autre choix que de se mettre au vert, et ils n'ont certainement pas le temps dont disposent d'autres régions, plus tempérées, pour retarder leur transition

La région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord est gravement menacée par les effets du changement climatique, dont le réchauffement est deux fois supérieur à la moyenne mondiale. Les sommets consécutifs de la Conférence des parties (COP) se tenant dans le monde arabe en 2022 et 2023, il existe une réelle opportunité de créer une certaine dynamique. Cependant, selon l'indice de performance en matière de changement climatique de 2023, seul un pays de la région, le Maroc, s'est classé parmi les nations du monde orientant le plus leur économie vers une adaptation au changement climatique. Étant donné que la région subit de plein fouet les effets du changement climatique, il est important que les leçons tirées de la transition du Maroc soient répercutées ailleurs.
Le Maroc s'est récemment classé au septième rang de l'indice de performance en matière de changement climatique, ce qui le place au premier rang dans le monde arabe et en Afrique. La façon dont le Maroc oriente son économie vers une adaptation au changement climatique est de plus en plus importante, d'autant plus que cette initiative est cruellement nécessaire ailleurs dans le monde arabe. L'indice examine quatre catégories pour évaluer les performances en matière de protection du climat de soixante-trois pays, qui, ensemble, sont responsables de plus de 90% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Les deux pays suivants de la région sont classés quarante-huitième et soixante-deuxième, ce qui laisse une marge d'amélioration.
Ce n'est toutefois pas le seul domaine dans lequel le Maroc prend des mesures qui peuvent être reproduites ailleurs dans la région. L'Union européenne (UE) a renouvelé ce mois-ci son accord sur l'énergie verte avec le Maroc, Bruxelles cherchant à devenir la première économie neutre en carbone au monde. Bien que le Maroc ait été le premier pays de la région à signer un accord de partenariat vert avec l'UE, d'autres pays arabes partagent des avantages géographiques similaires, ce qui en fait des centres logistiques essentiels et générateurs d’ énergies renouvelables, tout comme le Maroc.
Alors que le Maroc augmente ses exportations d'énergies renouvelables vers l'Europe en investissant dans deux grandes interconnexions électriques, sa capacité de production de 11 000 mégawatts (MW) est complétée par une production supplémentaire de 4 030 MW d'énergies renouvelables. Une fois achevé, le complexe marocain Noor sera l'une des plus grandes installations de production d'énergie solaire au monde, couvrant plus de 2 000 hectares. D'ici à 2030, le Maroc prévoit qu'il fera plus qu'atteindre ses objectifs, en dépassant le seuil de 64% de production verte par rapport à ses besoins énergétiques totaux. Alors que d'autres pays de la région redoublent d'efforts pour exporter des hydrocarbures, ils risquent de rater le moment opportun pour investir dans les énergies renouvelables afin d’assurer leur propre prospérité économique à long terme et de réduire les effets néfastes du changement climatique sur leurs économies.
Bien que les perspectives économiques des producteurs de pétrole en 2023 soient solides, il est important que les pays arabes élargissent leur vision au-delà des hydrocarbures, car la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Mena) est sérieusement menacée par les effets du changement climatique. Alors qu'un nombre croissant de pays arabes s'engagent en faveur du «net zéro», il reste encore beaucoup à faire, non seulement pour atteindre les objectifs mondiaux, mais aussi localement pour augmenter la production d'énergie renouvelable et affecter des ressources pour réduire le changement climatique.

Il reste encore beaucoup à faire pour augmenter la production d'énergie renouvelable et affecter des ressources pour réduire le changement climatique

Zaid M. Belbagi

Des tempêtes de sable sans précédent dans la péninsule Arabique, ainsi que la sécheresse et la désertification dans des zones autrefois arables d'Afrique du Nord, font ressurgir la crise climatique. Selon le Forum économique mondial (WEF), si les températures mondiales augmentent de 2 degrés Celsius, les précipitations dans la région diminueront de 20 à 40%. À cette situation s’ajoute l’élévation du niveau de la mer, ce qui affectera les zones côtières et va provoquer une salinisation de l'eau des aquifères et des puits côtiers.
Bien que le Maroc ait fait de grands progrès, il doit, comme d'autres pays de la région, en faire davantage. Les protestations actuelles en Iran ont été précédées d'une série de manifestations concernant la pénurie d'eau. En Égypte et en Tunisie, les gouvernements croulent sous le coût des céréales importées – une nouvelle réalité grave, car les pays de la région ne peuvent plus subvenir à leurs propres besoins alimentaires.
En accueillant la COP22 en 2017, le Maroc a toutefois fait preuve de leadership, le sommet le plus récent ayant également eu lieu dans la région, à Charm el-Cheikh en Égypte. Une situation qui semble avoir remis au premier plan les questions climatiques à l’échelle régionale, le 28e rassemblement à venir ayant lieu à Abu Dhabi.
L'organisation d'une COP met invariablement la pression sur les pays hôtes pour qu'ils mettent en avant leurs propres engagements dans la lutte contre le changement climatique. En effet, avant d'accueillir la COP28, les Émirats arabes unis (EAU) ont mis à jour leur deuxième plan climatique national, avec un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 31% d'ici à 2030. Toutefois, si les pays arabes souhaitent apporter des changements durables, ils doivent chercher à réduire leur consommation d'énergie et d'eau. Et le Maroc se dirige vers une réduction de 15% de sa consommation d'énergie d'ici à la fin de la décennie.
Les récentes réunions de Davos ont été une autre occasion de souligner les progrès réalisés par le Maroc dans le domaine des énergies renouvelables. L'exemple du Maroc devrait servir de modèle important pour les autres nations de la région qui ressentent déjà les effets sociaux, politiques et économiques provoqués par le changement climatique. Compte tenu de leur visibilité, les pays du monde arabe n'ont tout simplement pas d'autre choix que de se mettre au vert, et ils n'ont certainement pas le temps dont disposent d'autres régions, plus tempérées, pour retarder leur transition.

 

Zaid M. Belbagi est commentateur politique et conseiller auprès de clients privés entre Londres et le CCG. Twitter : @Moulay_Zaid
NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com