L'obstruction politique viole les droits des survivants de l'explosion du port de Beyrouth

Plus de deux ans après l'explosion du port de Beyrouth qui a dévasté la capitale, l'enquête officielle est au point mort à cause de luttes politiques intenses et d'affirmations selon lesquelles des responsables corrompus sont protégés des poursuites (Photo, AFP).
Plus de deux ans après l'explosion du port de Beyrouth qui a dévasté la capitale, l'enquête officielle est au point mort à cause de luttes politiques intenses et d'affirmations selon lesquelles des responsables corrompus sont protégés des poursuites (Photo, AFP).
Des silos à grains moyens du port de Beyrouth (Photo, AFP).
Des silos à grains moyens du port de Beyrouth (Photo, AFP).
Des proches de victimes de l'explosion du port de Beyrouth en 2020 affrontent la police anti-émeute lors d'un rassemblement le 26 janvier 2023 pour soutenir le juge Tarek Bitar dans l'enquête sur la catastrophe (Photo, AFP).
Des proches de victimes de l'explosion du port de Beyrouth en 2020 affrontent la police anti-émeute lors d'un rassemblement le 26 janvier 2023 pour soutenir le juge Tarek Bitar dans l'enquête sur la catastrophe (Photo, AFP).
Des proches de victimes de l'explosion du port de Beyrouth en 2020 affrontent la police anti-émeute lors d'un rassemblement le 26 janvier 2023 pour soutenir le juge Tarek Bitar dans l'enquête sur la catastrophe (Photo, AFP).
Des proches de victimes de l'explosion du port de Beyrouth en 2020 affrontent la police anti-émeute lors d'un rassemblement le 26 janvier 2023 pour soutenir le juge Tarek Bitar dans l'enquête sur la catastrophe (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 06 février 2023

L'obstruction politique viole les droits des survivants de l'explosion du port de Beyrouth

  • Le pouvoir judiciaire et les politiciens ont accusé Tarek Bitar d'insubordination pour avoir repris son enquête après une interruption de 13 mois
  • Pour les survivants et les familles des victimes de l'explosion, la nouvelle démarche du juge Bitar offre une lueur d'espoir

DUBAÏ: Lorsqu'une explosion massive a ravagé le port de Beyrouth le 4 août 2020, tuant plus de 215 personnes, les responsables libanais ont promis une enquête rapide qui permettrait de traduire les coupables en justice en quelques jours.

Depuis lors, l'enquête a été bloquée à plusieurs reprises, son enquêteur principal Tarek Bitar étant accusé d'insubordination pour avoir repris son enquête sur l'explosion et inculpé plusieurs hauts responsables.

L'explosion, qui a dévasté le port et les quartiers environnants, faisant plus de 6 500 blessés et quelque 300 000 déplacés, s'est produite lorsqu'une grande quantité d'engrais à base de nitrate d'ammonium, mal stockée dans un entrepôt depuis 2014, a curieusement pris feu.

Les survivants, les proches des victimes et les groupes de défense des droits ont imputé la catastrophe à une classe politique largement considérée comme corrompue et inepte. À ce jour, aucun responsable n'a été tenu pour responsable.

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Des proches des victimes de l'explosion du port de Beyrouth se heurtent à la police devant le Palais de justice de Beyrouth (Photo, AFP).

«Le retardement de l'enquête sur l'explosion du port de Beyrouth en 2020 avait déjà démontré que le système judiciaire était un jouet entre les mains de personnalités puissantes, qui pouvaient joyeusement mettre des bâtons dans les roues de la justice afin de paralyser les procédures indéfiniment», a déclaré la présentatrice et commentatrice politique Baria Alamuddin dans une récente tribune pour Arab News.

L'enquête de Bitar a été initialement interrompue en décembre 2021 en raison d'un arrêt de la Cour de cassation. Trois anciens ministres avaient déposé des ordonnances judiciaires contre lui, tandis que des groupes opposés à l'enquête, dont le Hezbollah soutenu par l'Iran, l'accusaient de partialité.

Bitar était déjà le deuxième juge à diriger l'enquête après la révocation du juge Fadi Sawan. En décembre 2020, Sawan avait inculpé l'ancien Premier ministre Hassan Diab — qui avait démissionné au lendemain de l'explosion — et trois anciens ministres pour négligence.

Cependant, Sawan a été retiré de l'affaire après une pression politique croissante et l'enquête a été suspendue.

Son successeur, Bitar, a également convoqué Diab pour l'interroger et a demandé au Parlement de lever l'immunité des législateurs qui avaient été ministres, mais en vain. Le ministère de l'Intérieur a également refusé d'exécuter les mandats d'arrêt, compromettant encore davantage la quête de responsabilisation adressée par Bitar.

 

EN BREF

 

L'explosion de Beyrouth du 4 août 2020 a fait plus de 215 morts, 6 500 blessés et au moins 300 000 déplacés.

 

Le juge Fadi Sawan a lancé l'enquête initiale sur l'explosion, mais s'est retiré après une opposition politique et judiciaire.

 

Son successeur Tarek Bitar a interrompu son enquête en décembre 2021 à cause d'une décision de la cour de cassation.

 

Bitar a repris son enquête le 23 janvier, inculpant huit nouveaux suspects, dont le procureur général, Ghassan Oueidat.

 

En octobre 2021, des manifestations appelant à la destitution de Bitar ont été organisées par le Hezbollah et le Mouvement Amal, un parti politique chiite dirigé par Nabih Berri, dans le quartier de Tayouneh à Beyrouth, marqué par la guerre civile.

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Un partisan du Hezbollah et des mouvements Amal porte un portrait du juge Tarek Bitar lors d'un rassemblement à Beyrouth le 14 octobre 2021 (Photo, AFP).

Les manifestations ont rapidement pris une tournure mortelle lorsque des tireurs d'élite non identifiés ont ouvert le feu sur la foule, tuant sept civils et en blessant des dizaines, dans des échos de la période de la guerre civile de 1975 à 1990. Les tireurs étaient soupçonnés d'être des membres des Forces libanaises, un parti chrétien de droite.

Compte tenu de ces tensions et de ces obstacles, beaucoup ont été surpris lorsque Bitar a repris son enquête le 23 janvier, après une interruption de 13 mois, en inculpant huit nouveaux suspects, dont de hauts responsables de la sécurité et le procureur général du Liban, Ghassan Oueidat.

Bitar a également inculpé l'ancien Premier ministre Diab, le parlementaire Ghazi Zaiter, l'ancien ministre de l'Intérieur Nouhad Machnouk, le général de division Abbas Ibrahim, l'ancien commandant de l'armée Jean Kahwaji et le général de division Tony Saliba.

Oweidat a réagi en émettant une interdiction de voyager à l'encontre de Bitar, l'accusant d’«insurrection», d'«agir sans mandat», et de «rébellion contre le pouvoir judiciaire». Il a également émis un ordre de libération de 17 suspects placés en détention provisoire.

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Manifestation libanaise à Beyrouth le 28 janvier 2023 pour exiger la destitution et la poursuite du procureur en chef Ghassan Oueidat (Photo, AFP).

«Le système judiciaire libanais est devenu un objet de dérision, car les juges ont lancé des accusations de représailles les uns contre les autres et ont ordonné arbitrairement la libération de détenus», a indiqué la chroniqueuse Alamuddin.

«En déposant des accusations contre de hauts responsables, Bitar n'est pas un juge hors de contrôle. Au contraire, il indique que l'ensemble des dirigeants complices et corrompus méritent de rendre des comptes», a -t-elle révélé.

La querelle entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire est un nouveau test pour les institutions libanaises qui s'effritent. Détruite par la crise financière et la paralysie politique, sa monnaie est en chute libre et des milliers de professionnels et de jeunes gens fuient le pays et les attentes sont faibles.

Michael Young, rédacteur en chef de Diwan, un blog du programme Moyen-Orient de la Dotation Carnegie pour la paix internationale et auteur de «Ghosts of Martyrs Square», est convaincu que Bitar ne sera pas autorisé à faire son travail correctement.

«Nous devons comprendre qu'il y a deux étapes dans ce processus», a-t-il déclaré à Arab News. «Si Bitar convoque quelqu'un, il lui sera très difficile, voire impossible, de forcer les personnes sur lesquelles il veut enquêter à se présenter à leurs interrogatoires.

«La police ne fera rien à ce sujet parce que le ministère de l'Intérieur, à son tour, ne mettra rien en œuvre. La police judiciaire est contrôlée par le procureur général Oueidat et il a clairement fait savoir qu'il n'ordonnerait pas l'application d'une quelconque décision», a ajouté Young.

Il a estimé: «La capacité de Bitar à faire son travail correctement va être, à mon avis, impossible. Son enquête est techniquement bloquée.»

La raison pour laquelle Bitar a choisi de reprendre son enquête maintenant reste obscure. Mais pour les survivants et les familles des victimes de l'explosion, son retour offre une lueur d'espoir.

«Il était temps que le juge Bitar reprenne son travail. La vérité doit éclater à un moment donné et je pense que ce que le juge Ghassan Oueidat a fait en défiant le juge Bitar renforce sa volonté de découvrir la vérité», a déclaré à Arab News Tatiana Hasrouty, qui a perdu son père Ghassan Hasrouty dans l'explosion.

Elle a poursuivi: «J’ai confiance en le juge Bitar, non pas en tant que personne, mais plutôt en tant que juge chargé d'enquêter sur ce crime et qui s'efforce de découvrir la vérité et de faire respecter l'État de droit. Il remet en question la culture de l'impunité dont nous, Libanais, avons hérité, en assignant des hommes politiques et des hauts fonctionnaires.»

Bitar, qui a été nommé enquêteur principal pour la première fois en février 2021, était considéré par de nombreux Libanais comme un juge impartial et honnête.

Ce chrétien de 49 ans, originaire du nord du pays, apparaît rarement en public ou s’adresse peu à la presse. Il est connu pour avoir une réputation irréprochable et n'avoir aucune affiliation politique, ce qui est rare dans un pays aussi profondément sectaire.

«Bitar est dérangeant pour les classes dirigeantes corrompues parce qu'il ne suit pas leurs règles», a expliqué Alamuddin dans sa tribune d'Arab News. «Il décline les invitations à des occasions sociales pour éviter les perceptions d'influence et n'accepte pas les appels de ceux qui cherchent des faveurs.»

Dans un récent sermon, l'influent patriarche maronite Bechara al-Rahi a exprimé son soutien à Bitar, l'exhortant à «poursuivre son travail», en dépit d'un repli judiciaire et politique «inacceptable».

«Les réunions des instances judiciaires sont marquées par l'absence de quorum, les juges et les procureurs défiant le Conseil supérieur de la magistrature et son chef et s'abstenant d'assister aux réunions», a-t-il signalé.

Al-Rahi a prévenu: «Nous ne laisserons pas le crime du port sans punition, peu importe le temps qui passe et le nombre de dirigeants qui changent.»

Al-Rahi, qui est le patriarche de la plus grande communauté chrétienne du pays, a également appelé Bitar à demander l'aide et l'assistance de toute autorité internationale susceptible de l'aider à découvrir la vérité.

Human Rights Watch et Amnesty International ont appelé le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à «adopter de toute urgence une résolution visant à créer une mission d'enquête impartiale» sur l'explosion du port de Beyrouth.

«Les autorités libanaises ont fait obstacle à plusieurs reprises à l'enquête nationale sur l'explosion», ont déclaré les deux organisations dans un communiqué commun.

Dans le climat politique tendu du Liban, les chances d'obtenir justice pour les survivants de l'explosion du port et les familles des victimes semblent faibles.

«Nous avons compris dès le début que la classe politique ne veut pas que l'enquête aille jusqu'au bout, au point qu'elle est même prête — comme nous l'avons vu dans l'incident de Tayouneh il y a plus d'un an — à risquer un conflit sectaire», a déclaré Young, rédacteur en chef de Diwan, à Arab News

Il a ajouté: «Ils ne mettront pas en œuvre l'État de droit. Cela fait de toute façon défaut au Liban aujourd'hui. Ils ne se soucient pas des conséquences de l'absence d'un État de droit.»

Cependant, Hasrouty, qui a utilisé les médias sociaux pour exprimer son chagrin et sa colère face à la perte de son père, affirme que, quoi que fassent les politiciens et les responsables libanais, elle ne perdra pas espoir.

«La vérité fait peur à l'élite dirigeante et c'est pourquoi nous la poursuivrons jusqu'au bout», a-t-elle soutenu. «Les politiciens ont peur du pouvoir que détiennent désormais les familles et le public.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.


Trump avertit Israël de ne pas «interférer» avec la Syrie

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
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  • Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump
  • "Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère"

WASHINGTON: Donald Trump a mis en garde Israël lundi contre toute ingérence en Syrie qui risquerait de compromettre la transition du pays arabe en "Etat prospère", après une incursion vendredi de forces israéliennes dans le sud de la Syrie.

Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump.

"Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère", a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social, affirmant que les Etats-Unis étaient "très satisfaits des résultats affichés" par Damas.

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste.

Depuis la chute il y a près d'un an du président Bachar al-Assad, renversé par une coalition islamiste, Israël a mené des centaines de frappes et conduit des incursions en Syrie. L'opération de vendredi est la plus meurtrière de celles-ci et le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé un "crime de guerre".

Donald Trump avait reçu début novembre à la Maison Blanche le nouveau chef d'Etat syrien, Ahmad al-Chareh, pour une visite cordiale, au cours de laquelle l'ancien jihadiste avait annoncé que son pays rejoindrait la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI). Le président américain, qui a levé les sanctions contre Damas, pousse également pour qu'un accord de sécurité soit conclu entre Israël et la Syrie.

"Le nouveau président de la Syrie, Ahmad al-Chareh, travaille de manière assidue pour s'assurer que des bonnes choses arrivent et que la Syrie et Israël aient à l'avenir une relation longue et prospère ensemble", a déclaré lundi Donald Trump dans son post sur Truth Social.

"C'est une opportunité historique, et elle s'ajoute au SUCCÈS, déjà atteint, pour la PAIX AU MOYEN-ORIENT", a-t-il affirmé.

Invitation 

Lors de leur échange par téléphone lundi, Benjamin Netanyahu et Donald Trump ont évoqué un "élargissement" des accords de paix régionaux, selon un communiqué des services du Premier ministre israélien publié dans la foulée du post de Donald Trump.

"Trump a invité le Premier ministre Netanyahu à une rencontre à la Maison Blanche dans un avenir proche", ont-ils ajouté.

Benjamin Netanyahu a déjà effectué davantage de visites auprès de Donald Trump que n'importe quel autre dirigeant étranger depuis le retour du républicain au pouvoir.

"Les deux dirigeants ont souligné l'importance et le devoir de désarmer le Hamas et de démilitariser la bande de Gaza", précise le communiqué.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël a déployé des troupes dans la zone démilitarisée sur le plateau du Golan, au-delà de la ligne de démarcation entre la partie de ce territoire syrien annexée unilatéralement par Israël en 1981 et le reste de la Syrie.

Israël attache une "importance immense" à sa présence militaire dans la zone tampon en Syrie, avait déclaré le 19 novembre son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lors d'une visite à des soldats israéliens déployés dans cette zone censée être sous le contrôle de l'ONU.

Cette visite avait été dénoncée par Damas et par l'ONU.

Pendant l'été, des contacts de haut niveau entre responsables israéliens et syriens ont eu lieu, avec l'aide de Paris et Washington, les deux parties indiquant vouloir parvenir à un accord de sécurité.

Mais Benjamin Netanyahu exige pour cela une démilitarisation de toute la partie du territoire syrien courant du sud de Damas jusqu'à la ligne de démarcation de 1974, instituée après la guerre israélo-arabe de 1973.