Retraites: Les députés se penchent sur les régimes spéciaux, mobilisation moins suivie pour le 3e round

Des manifestants participent à une manifestation organisées dans tout le pays depuis le début de l'année, contre une réforme des retraites profondément impopulaire, à Strasbourg le 7 février 2023 (Photo, AFP).
Des manifestants participent à une manifestation organisées dans tout le pays depuis le début de l'année, contre une réforme des retraites profondément impopulaire, à Strasbourg le 7 février 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 08 février 2023

Retraites: Les députés se penchent sur les régimes spéciaux, mobilisation moins suivie pour le 3e round

  • Au vu du nombre d'amendements, le débat sur cet article du projet de loi n'était pas terminé en fin de séance et reprendra mercredi
  • Auparavant, tout au long de la journée de mardi, les cortèges ont réuni 757 000 personnes selon le ministère de l'Intérieur

PARIS: Les députés ont amorcé mardi soir sans l'achever l'examen de la fin des régimes spéciaux, au terme d'une troisième journée de mobilisation moins suivie contre la réforme des retraites, les syndicats se projetant déjà sur la prochaine journée d'action samedi.

"On a compris que vous n'aimiez pas les cheminots, et que vous méprisiez les électriciens gaziers", a lancé depuis l'hémicycle le communiste Sébastien Jumel au gouvernement dont le projet prévoit la suppression progressive de la plupart des régimes spéciaux (RATP, industries électriques et gazières, Banque de France...).

Au vu du nombre d'amendements, le débat sur cet article du projet de loi n'était pas terminé en fin de séance et reprendra mercredi.

Auparavant, tout au long de la journée de mardi, les cortèges ont réuni 757 000 personnes selon le ministère de l'Intérieur, "près de deux millions" selon la CGT et l'intersyndicale.

C'est moins que le 31 janvier où l'intersyndicale avait annoncé plus de 2,5 millions de participants, la CGT 2,8 et les autorités 1,27. Le 19, la CGT avait annoncé plus de deux millions de participants et le ministère de l'Intérieur 1,12.

À Paris, la manifestation a rassemblé 57 000 personnes selon la police, 400 000 selon la CGT. Ces chiffres s'élevaient respectivement à 87 000 et 500 000 le 31 janvier.

Dans de nombreuses villes de province, les cortèges ont été aussi moins fournis: à Strasbourg la préfecture a compté 7 000 personnes, contre 10 500 le 31.

Au Havre, la manifestation a pris la forme d'une retraite aux flambeaux.

Quelques tensions ont émaillé la manifestation parisienne, avec plusieurs vitrines brisées ou endommagées et des projectiles lancés sur les forces de l'ordre. La préfecture de police a fait part de 17 interpellations à 18H00.

L'intersyndicale a appelé dans un communiqué "à manifester encore plus massivement le samedi 11 février".

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a reconnu "un petit handicap avec les vacances" qui ont commencé pour la zone A, handicap temporaire donc, à ses yeux. Ce serait "une folie démocratique de rester sourd" à la contestation de la réforme, selon lui.

Le leader de la CGT Philippe Martinez a, de son côté, appelé à des grèves "plus dures, plus massives, plus nombreuses", "si le gouvernement persiste à ne pas écouter".

"Le premier responsable, c'est le président de la République parce qu'il en fait une affaire personnelle. Quand il décide quelque chose, il va jusqu'au bout, c'est dangereux", a-t-il averti sur BFMTV.

Les syndicats tablent sur une intensification de la contestation le 11 février.

"Dans ma famille, tout le monde ne fait pas grève car ils n'ont pas les moyens. Mais tout le monde viendra samedi", a promis Stéphanie Rivière, assistante sociale à Orléans.

"C'est tellement important d'être là. J'arrive au bout du marathon et on me dit qu'il faut courir encore 10 kilomètres de plus. On est déglingués physiquement", a témoigné à Bordeaux Fabrice Gaudin, 57 ans, qui fait les trois-huit.

Moins de grévistes

Les grévistes ont été eux aussi moins nombreux à se mobiliser.

Dans le secteur clé des transports, le taux de grévistes est tombé à 25%, contre 36% le 31 et 46% le 19. De nouvelles perturbations sont attendues à la SNCF mercredi.

Dans l'énergie, plus d'un opérateur sur deux (56%) des équipes du matin des raffineries de TotalEnergies ont fait grève selon la direction, entre 75 et 100% selon la CGT. La direction d'EDF a recensé 36,9% de grévistes, contre 46,5% le 31 janvier.

Le ministère de l'Education a fait état de 14,17% d'enseignants grévistes (contre 25,92% le 31 janvier), dans les zones qui ne sont pas en vacances.

Le mouvement a aussi été moins suivi dans la fonction publique d'Etat.

L'intervention de Quatennens provoque un bref tumulte

L'intervention mardi du député Adrien Quatennens, la première depuis son retour à l'Assemblée mi-janvier, a provoqué mardi un bref tumulte dans l'hémicycle, menant à une suspension de séance lors des débats sur la réforme des retraites.

Peu après 22H30, l'annonce de l'intervention imminente du député, suspendu du groupe des députés LFI après sa condamnation pour violences conjugales, a suscité huées et claquements de pupitre dans les rangs de la majorité.

"C'est une honte", a lancé la cheffe de file des députés Renaissance Aurore Bergé. "Ce qui se passe ce soir ne peut être passé sous silence. C’est scandaleux", a abondé le député macroniste Pierre Cazeneuve.

A gauche, plusieurs députées ont quitté leur place à l'annonce de l'intervention, notamment les écologistes Sandrine Rousseau, Marie-Charlotte Garin, Sophie Taillé-Polian et Sandra Regol, ainsi que la communiste Elsa Faucillon.

"On n'a pas demandé de projecteurs. On a juste agi en conscience. Et en silence", a expliqué à l'AFP Sandra Regol.

Devant ce qu'il a qualifié de "sorte de tumulte", le vice-président RN Sébastien Chenu, qui présidait les débats, a décidé d'une suspension de séance.

Après deux rappels au règlement des députés Benjamin Sainte-Huile (Liot) et Emmanuelle Menard (apparentée RN), Adrien Quatennens a ensuite pu défendre son amendement de suppression de l'article 1, visant à l'extinction des régimes spéciaux. La réforme des retraites va "faire 100% de perdants", a-t-il assuré.

"C'est compliqué qu'il revienne ce soir, cette semaine, en ce moment", a déploré sur BFMTV la patronne des Verts Marine Tondelier, qui "avai(t) envie de parler des retraites et doi(t) parler d'Adrien Quatennens".

Coup de force

Le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon a appelé Emmanuel Macron à devenir "raisonnable", l'accusant de "commencer son nouveau quinquennat par un coup de force".

Interrogé lors des questions au gouvernement à l'Assemblée, le ministre du Travail Olivier Dussopt a redit la détermination de l'exécutif.

"Si, il faut le faire, parce que le système est déficitaire structurellement", a-t-il assuré.

Après les concessions accordées sur les petites pensions, puis les carrières longues, il a évoqué sur RMC un "bilan d'étape" au Parlement avant la présidentielle de 2027. Une nouvelle main tendue à la droite dont les voix seront cruciales pour éviter de recourir au 49.3.

Le gouvernement a fixé une date butoir au 17 février pour l'examen du texte au Palais Bourbon.

Face aux critiques visant les milliers d'amendement déposés par les Insoumis, de "l'obstruction" selon la majorité, le coordinateur de LFI et député Manuel Bompard a ironisé: "Si on ne veut pas qu'il y ait des amendements, le plus simple c'est de supprimer l'Assemblée nationale".


Grève des éboueurs à Paris: Baisse sensible du volume de déchets non ramassés

Selon des sources syndicales, les représentants des salariés sont en négociation avec la direction et une proposition doit être présentée lundi aux salariés (Photo, AFP).
Selon des sources syndicales, les représentants des salariés sont en négociation avec la direction et une proposition doit être présentée lundi aux salariés (Photo, AFP).
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  • Cette amélioration notable dans certains quartiers, est due à la réouverture des trois usines d'incinération entourant la capitale
  • Le syndicat demande une augmentation des salaires et l'amélioration des conditions de travail

PARIS: Le volume de déchets non ramassés dans Paris, où des éboueurs sont en grève depuis plus de 20 jours, était en baisse dimanche avec 7.828 tonnes toujours en souffrance, mais de nouveaux arrondissements pourraient être touchés dès lundi.

"Ce dimanche, le tonnage d'ordures non ramassées dans Paris poursuit sa baisse, avec 7.828 tonnes estimées contre 9.800 tonnes hier", a indiqué la mairie de Paris, au 21e jour de la grève des éboueurs.

"Depuis ce matin, 162 bennes sillonnent les rues de Paris (...) C'est 2,5 fois plus qu'un dimanche normal", a précisé la mairie.

Cette amélioration, notable dans certains quartiers, est notamment due à la réouverture des trois usines d'incinération entourant la capitale.

Vendredi, le Syctom, syndicat métropolitain qui gère ces trois sites, avait annoncé la fin du mouvement de grève dans deux d'entre eux (Saint-Ouen et Issy-les-Moulineaux) tandis que le troisième, à Ivry-sur-Seine, a été réquisitionné par les forces de l'ordre.

Ces progrès restent toutefois précaires : alors que la grève était jusqu'ici essentiellement l'apanage des éboueurs de la Ville de Paris, qui gère la collecte de la moitié des arrondissements de la capitale, elle pourrait s'étendre à des prestataires privés où des négociations étaient en cours dimanche.

Un préavis de grève a notamment été déposé par la CGT pour l'entreprise Polyreva Derichebourg, installée à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) et qui s'occupe de la collecte des Xe et XVIIIe arrondissements.

Le syndicat demande une augmentation des salaires et l'amélioration des conditions de travail, tout en s'associant au mouvement contre la réforme des retraites.

La mobilisation n'a toutefois pas commencé comme prévu dimanche sur ce site. Selon des sources syndicales, les représentants des salariés sont en négociation avec la direction et une proposition doit être présentée lundi aux salariés, qui décideront alors s'ils font grève ou non.

Vendredi, le prestataire privé Pizzorno, qui gère la collecte dans le XVe arrondissement, avait lui annoncé la levée d'une grève qui durait depuis près d'un mois après la signature d'un "protocole de sortie de grève" avec la CGT.

Les ramassages ont repris dès vendredi après-midi et Philippe Goujon, le maire du XVe arrondissement, a dit sur Twitter espérer un retour à la normale "d'ici une semaine".


Manifestations: Zemmour appelle l'exécutif à «se défaire» du «syndrome Malik Oussekine»

Le président de Reconquête Eric Zemmour (Photo, AFP).
Le président de Reconquête Eric Zemmour (Photo, AFP).
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  • Pour M. Zemmour, le principal responsable de ce «climat» politique est l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, «imam caché» de l'union de gauche Nupes
  • Malik Oussekine, étudiant français âgé de 22 ans et d'origine algérienne, avait été tué à Paris par des policiers en marge d'une manifestation contre un projet de réforme universitaire en 1986

PARIS: Le président de Reconquête Eric Zemmour a appelé dimanche l'exécutif à "se défaire" du "syndrome Malik Oussekine", du nom d'un étudiant tué en marge d'une manifestation en 1986, et à "rétablir l'ordre" après les débordements et violences observés ces derniers jours.

Fustigeant des "nervis antidémocratiques" qui, dans les manifestations, "commencent à pourrir tout, à casser, à attaquer les flics et à risquer de tuer", M. Zemmour s'est dit "étonné" de "l'impunité non seulement judiciaire, mais aussi médiatique et politique" dont ces auteurs de violences bénéficieraient, lors du Grand rendez-vous Europe 1/Cnews/Les Echos.

À ce titre, M. Zemmour estime "qu'il faut donner des consignes de fermeté" et que "justice suive".

"Je sais bien que depuis 1986, tout pouvoir est tétanisé par le syndrome Malik Oussekine", du nom de cet étudiant français âgé de 22 ans et d'origine algérienne, tué à Paris par des policiers en marge d'une manifestation contre un projet de réforme universitaire.

"C'est ce qui hante tous nos gouvernants. Je pense qu'il faut se défaire de ce syndrome (...) et il faut absolument rétablir l'ordre", a-t-il insisté.

Selon le ministère de l'Intérieur, 441 policiers et gendarmes ont été blessés jeudi lors des mobilisations contre la réforme des retraites. Samedi, une manifestation interdite contre des bassines à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres a aussi tourné à l'affrontement entre gendarmes et militants.

Pour M. Zemmour, le principal responsable de ce "climat" politique est l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, "imam caché" de l'union de gauche Nupes, et "maestro de tout cela".

"Jean-Luc Mélenchon dirige tout le monde" et "oriente le pays", a-t-il martelé, dénonçant "que ce soit à l'Assemblée nationale, que ce soit dans la rue, que ce soit dans les esprits, dans les médias, à la télévision" une "NUPES-isation des esprits".

Cette critique s'étend pour M. Zemmour au Rassemblement national, qui "est fasciné par la NUPES" et "se soumet idéologiquement". Et "au sein de LR, même, vous avez de nombreux élus, (le député Aurélien) Pradié en tête, qui se prennent pour des Che Guevara de bars-cafés", a-t-il encore ironisé.

Interrogé sur l'attitude qu'Emmanuel Macron devrait adopter face à la contestation de la réforme des retraites, M. Zemmour a jugé que le président n'avait "pas d'autre solution que de tenir". Lui-même, en pareille situation, "ne céderai(t) pas".

S'il "renonce à sa réforme, il est ridicule" et "il peut aller finir son mandat tranquillement à Rambouillet", a-t-il-renchéri.

"S'il fait de nouvelles élections, s'il dissout, il reviendra avec une majorité moins forte", a-t-il fait valoir.


La France condamne l'intention russe de déployer des armes nucléaires au Bélarus

Le président russe Vladimir Poutine rencontre son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine rencontre son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko (Photo, AFP).
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  • Vladimir Poutine a affirmé samedi que Moscou allait déployer des armes nucléaires «tactiques» au Bélarus
  • Dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko, le Bélarus est frontalier de l'Ukraine, de la Pologne et de la Lituanie

PARIS: La France a condamné dimanche l'intention du président russe Vladimir Poutine de déployer des armes nucléaires "tactiques" sur le territoire de son allié bélarusse, appelant Moscou à faire preuve de "responsabilité" et à revenir sur sa décision, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

"Après la violation du traité FNI (traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, ndlr) par la Russie, qui a mené à sa disparition, et l'annonce de la suspension par la Russie de sa participation au traité New Start en février dernier, cet accord représente un élément supplémentaire d’érosion de l’architecture internationale de la maîtrise des armements et de la stabilité stratégique en Europe", souligne la porte-parole du Quai d'Orsay.