En Syrie, le séisme met sous pression ONG et pays occidentaux

Les opérations de recherche et de secours sont en cours dans les décombres d'un immeuble effondré dans la ville de Jableh dans la province du nord-ouest de Latakia en Syrie suite à un séisme, le 7 février 2023. (Photo, AFP)
Les opérations de recherche et de secours sont en cours dans les décombres d'un immeuble effondré dans la ville de Jableh dans la province du nord-ouest de Latakia en Syrie suite à un séisme, le 7 février 2023. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 07 février 2023

En Syrie, le séisme met sous pression ONG et pays occidentaux

  • Des pays comme la France, l'Allemagne et les Etats-Unis ont promis de secourir les victimes syriennes sans pour autant immédiatement déclencher les secours
  • La quasi totalité de l'aide humanitaire y est acheminée de Turquie par Bab al-Hawa, l'unique point de passage, garanti par une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies

PARIS: Le séisme de lundi en Turquie et en Syrie accentue pour les organisations humanitaires et les pays occidentaux le défi que constitue pour eux l'aide à la population syrienne, en particulier dans la zone rebelle d'Idleb, dans le nord-ouest.

Dès lundi, la communauté internationale s'est mobilisée pour la Turquie, acheminant sans délai l'aide d'urgence. Des pays comme la France, l'Allemagne et les Etats-Unis ont également promis de secourir les victimes syriennes sans pour autant immédiatement déclencher les secours.

"La Syrie reste une zone d'ombre d'un point de vue légal et diplomatique", observe Marc Schakal, le responsable du programme Syrie de Médecins sans Frontières, exhortant à envoyer de l'aide "au plus vite".

Il redoute que les ONG locales et internationales ne soient dépassées dans un pays ravagé par douze années de guerre civile, qui oppose rebelles, dont certains sont instrumentalisés par des puissances étrangères, djihadistes, forces kurdes et armée du gouvernement de Bachar al-Assad, soutenu par l'Iran et la Russie.

L'aide est d'autant plus cruciale que "la situation de la population était déjà dramatique", renchérit le professeur Raphaël Pitti, un responsable de l'ONG française Mehad, particulièrement inquiet pour la province d'Idleb.

L'un des problèmes majeurs est l'accès à ce dernier grand bastion des rebelles et des jihadistes, qui compte 4,8 millions de personnes, dit-il.

Points d'accès 

La quasi totalité de l'aide humanitaire y est acheminée de Turquie par Bab al-Hawa, l'unique point de passage, garanti par une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Acheminer de l'aide à partir du territoire syrien contrôlé par Damas est épineux diplomatiquement. Cela suppose aussi que le régime consente à la transmettre aux populations de la zone rebelle et que les belligérants s'accordent sur sa distribution.

Le passage de Bab al-Hawa, contesté par Damas et Moscou qui dénoncent une violation de la souveraineté syrienne, a été maintenu pour six mois supplémentaires, jusqu'en juillet prochain. Sous la pression de la Russie et de la Chine, les trois autres points de passage ont été supprimés.

Mais Bab al-Hawa a été touché par le séisme ayant frappé les deux pays, a déclaré l'ONU mardi.

Pour l'heure, les experts doutent de la possibilité que les anciens points de passage puissent être rouverts.

Le régime de Damas, sous le coup de sanctions internationales depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, a pressé la communauté internationale de lui venir en aide, sur fond de constant alourdissement du bilan humain : plus de 1.600 morts. Et plus de 3 400 en Turquie, selon des données provisoires.

L'ambassadeur syrien aux Nations unies a assuré lundi à l'ONU que cette aide irait "à tous les Syriens sur tout le territoire". A condition néanmoins que celle-ci soit acheminée de l'intérieur de la Syrie sous contrôle du régime.

Normalisation 

"Les accès à partir de la Syrie existent, ils peuvent se coordonner avec le gouvernement et nous serons prêts à le faire", a affirmé Bassam Sabbagh, rejetant en creux la possibilité d'envoyer de l'aide par des points transfrontaliers.

A Paris, comme à Berlin, les autorités bottent en touche.

L'Allemagne compte utiliser les "canaux habituels" des ONG.

La France pourrait, quant à elle, s'avérer moins présente que "dans d'autres crises" dans la mesure où elle est "gênée aux entournures" d'aller dans un pays où elle ne reconnaît pas la légitimité du régime, estime Emmanuel Dupuy, le président de l'Institut Prospective et Sécurité.

Raphaël Pitti estime que les zones sous l'autorité de Damas recevront très probablement l'aide internationale. "Comme cela a toujours été fait depuis dix ans".

Mais le professeur redoute que la population d'Idleb en particulier, "qui compte 2,8 millions de réfugiés", ne soit laissée pour compte.

La communauté catholique de Sant'Egidio, dont le siège est à Rome, a appelé mardi à "suspendre les sanctions pour que l'aide puisse parvenir dès que possible à la population épuisée par la guerre et le séisme". Le Croissant-rouge syrien également.

Les pays occidentaux ont retiré leurs diplomates de Damas et imposent des sanctions au régime de Bachar al-Assad depuis la brutale répression des manifestations antigouvernementales en 2011.

Et Emmanuel Dupuy y voit "une sorte de normalisation au niveau de la Ligue arabe".

La Syrie pourrait, de son côté, faire valoir "un retour en grâce du fait qu'elle est victime" de ce séisme, dit-il.

"Il est impératif que tout le monde considère cette situation (...) pour ce qu'elle est, une crise humanitaire où des vies sont en jeu", a lancé le porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU, Jens Laerke, de Genève. "S'il vous plaît, ne la politisez pas".


Le pape célèbre une messe en plein air à Beyrouth, moment fort de sa visite

Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens. (AFP)
Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens. (AFP)
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  • Au dernier jour de sa visite dans le pays meurtri par les conflits et une crise multiforme, il doit également se recueillir sur le site de la terrible explosion du port
  • Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens

BEYROUTH: Plus de 120.000 personnes sont attendues mardi à la messe en plein air présidée par Léon XIV à Beyrouth, moment fort de sa visite au Liban où il a été accueilli avec ferveur et a délivré un message de paix et d'unité.

Au dernier jour de sa visite dans le pays meurtri par les conflits et une crise multiforme, il doit également se recueillir sur le site de la terrible explosion du port, qui a dévasté la capitale en 2020, faisant plus de 220 morts.

Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens.

Son voyage qui s'achève mardi a apporté un souffle d'espoir au pays, qui sort d'une guerre meurtrière avec Israël et craint un renouvellement des violences.

Cette visite "nous a rendu le sourire (...) après toutes les difficultés que nous avons traversées", a confié à l'AFP Yasmine Chidiac, qui attendait lundi le passage du convoi papal pour l'acclamer.

Plus de 120.000 personnes se sont inscrites pour assister à la messe sur le front de mer et seront acheminées par bus, selon les organisateurs.

Dès lundi soir, les autorités ont interdit les accès à de larges parties du centre de Beyrouth, où des barrages de contrôle doivent être installés.

"Un avenir meilleur" 

Le chef de l'église catholique va également tenir une prière silencieuse sur le site de l'explosion du port de Beyrouth, le 4 août 202, une catastrophe qui a profondément meurtri le pays.

Il doit saluer certains proches des victimes et des survivants, qui, cinq ans après la catastrophe, continuent de réclamer justice.

La déflagration, l'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'Histoire, avait été provoquée par un incendie dans un entrepôt où était stocké sans précaution du nitrate d'ammonium malgré des avertissements répétés aux plus hauts responsables.

L'enquête n'a toujours pas abouti, des responsables politiques ayant fait obstruction au travail du juge indépendant qui en est chargé.

Peu avant, Léon XIV visitera un hôpital tenu par des religieuses dans la capitale.

Lundi, le souverain pontife a appelé les chefs des différentes communautés religieuses libanaises, réunis à l'occasion de sa visite, à combattre l'intolérance et la violence.

Il s'est également offert un bain de foule géant auprès de 15.000 jeunes du Liban au siège du patriarcat maronite à Bkerké, au nord de Beyrouth, qu'il a appelés à construire "un avenir meilleur".

"Vous avez l'enthousiasme nécessaire pour changer le cours de l'histoire!", a lancé Léon aux jeunes qui l'ont accueilli dans une ambiance survoltée.


Au Liban, le pape apporte l'espoir et appelle à l'unité

Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel. (AFP)
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  • Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898)
  • Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles

ANNAYA: Rencontre interreligieuse, discours aux jeunes et au clergé: Léon XIV devrait porter un message d'espoir et d'unité aux Libanais lundi, au deuxième jour de sa visite dans ce pays multiconfessionnel.

Dès le matin, des milliers de fidèles enthousiastes se pressent sous une pluie battante le long de la route empruntée par le pape pour l'acclamer.

"Nous sommes très heureux de la visite du pape, elle nous a rendu le sourire (..) après toutes les difficultés que nous avons traversées", déclare à l'AFP Yasmine Chidiac.

"Tout le monde va à Rome pour voir le pape, mais il est venu chez nous, et c'est la plus grande bénédiction (..) et un espoir pour le Liban", affirme Thérèse Darouni, 65 ans, qui attend le passage du convoi papal devant chez elle, au nord de Beyrouth.

Le chef de l'Eglise catholique a commencé sa journée par une visite à Annaya, un monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel Makhlouf (1828-1898).

Ce moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est très populaire chez des Libanais de toutes les communautés dont beaucoup croient en ses miracles.

"Nous devons nous unir" 

Devant le monastère, à 54 km au nord de Beyrouth, des hauts-parleurs diffusent des hymnes religieux et les fidèles agitent des drapeaux libanais et du Vatican.

Les autorités ont décrété deux jours fériés au Liban, où la visite papale suscite un vif enthousiasme, malgré les craintes d'un retour de la guerre avec Israël.

En dépit d'un cessez-le-feu intervenu il y a un an entre le Hezbollah pro-iranien et le pays voisin, l'armée israélienne a intensifié ces dernières semaines ses frappes au Liban.

Le Liban est la seconde étape du premier déplacement international du pape américain, après une visite en Turquie marquée par le dialogue pour l'unité des chrétiens.

Léon XIV est le troisième pape à effectuer une visite officielle au Liban, après Jean-Paul II en 1997 et Benoît XVI en 2012.

Il doit prononcer lundi un discours devant les évêques, prêtres et religieux du pays au sanctuaire de Harissa, au pied de la statue de Notre-Dame du Liban qui surplombe la baie de Jounieh, sur la Méditerranée.

Dans l'après-midi, deux autres moments forts sont prévus: une prière interreligieuse sur la place des Martyrs au centre de Beyrouth, un vaste espace emblématique symbole de mémoire nationale, et une rencontre avec des jeunes au patriarcat de Bkerké (nord).

"Au moment où nous sommes confrontés à de nombreux problèmes économiques, sociaux et politiques, nous avons besoin d'espoir", déclare Elias Abou Nasr Chaalan, 44 ans.

"Nous devons nous unir en tant que Libanais, comme le pape a réuni les responsables et les chefs religieux lors de son arrivée, car c'est en restant unis que nous pouvons surmonter toutes les difficultés", ajoute ce père de deux enfants.

 "Modèle de coexistence" 

Dimanche soir, tous les responsables politiques et religieux se sont rendus au palais présidentiel pour accueillir le souverain pontife.

Dans un discours, le pape a appelé les Libanais à "rester" dans leur pays, où l'effondrement économique depuis 2019 a aggravé l'émigration massive, et à oeuvrer pour la "réconciliation".

Devant les dirigeants, il a appelé la classe politique à "se mettre au service du peuple avec engagement et dévouement".

La crise économique inédite qui a éclaté à l'automne 2019 et ruiné les Libanais a été imputée en grande partie à la négligence de la classe politique, régulièrement accusée de clientélisme communautaire et de corruption.

Le système politique libanais garantit une parité unique dans la région entre musulmans et chrétiens,mais en dépit du rôle politique important que jouent ces derniers, ils ont vu leur nombre diminuer ces dernières décennies, en raison notamment du départ des jeunes.

"La sauvegarde du Liban, unique modèle de coexistence" entre chrétiens et musulmans, "est un devoir pour l’humanité", a déclaré dimanche soir le président Joseph Aoun, seul chef d'Etat arabe chrétien, devant le pape.

"Car si ce modèle venait à disparaître, nul autre lieu ne pourrait le remplacer".


Gaza: Israël dit avoir tué 40 combattants palestiniens dans des tunnels à Rafah

L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas. (AFP)
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  • Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah
  • Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien

JERUSALEM: L'armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué plus de 40 combattants palestiniens au cours de la semaine écoulée lors de ses opérations visant les tunnels près de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza ravagée par deux ans de guerre entre Israël et le Hamas.

Depuis 40 jours, les troupes concentrent leurs efforts dans la zone est de Rafah, "dans le but de démanteler les réseaux de tunnels souterrains qui subsistent dans la région et d'éliminer les terroristes qui s'y cachent", a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué.

"Au cours de la dernière semaine, plus de 40 terroristes ont été éliminés dans la zone du réseau de tunnels" et "des dizaines d'entrées de tunnels et de sites d'infrastructures terroristes, tant en surface que souterrains, ont été démantelés dans la région", a-t-elle poursuivi.

Plus tôt, l'armée israélienne avait dit avoir tué quatre combattants palestiniens qui sortaient de tunnels à Rafah.

Plusieurs sources au fait des discussions ont indiqué jeudi à l'AFP que des négociations étaient en cours sur le sort de dizaines de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas, coincés depuis plusieurs semaines dans des tunnels dans le secteur de la bande de Gaza contrôlée par l'armée israélienne.

Selon un responsable du Hamas à Gaza, "entre 60 et 80 combattants" seraient coincés sous terre à Rafah.

Mercredi, le Hamas a appelé les pays médiateurs à faire pression sur Israël pour permettre à ses combattants de quitter les tunnels où ils sont bloqués dans le territoire palestinien, dans le secteur où s'est redéployée l'armée israélienne dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre.

"Nos combattants à Rafah ne peuvent pas accepter de se rendre ou de remettre leurs armes à l'occupation (Israël, NDLR)", a déclaré dimanche dans un communiqué Hossam Badran, un haut responsable du mouvement.

L'envoyé spécial américain Steve Witkoff avait lui affirmé début novembre que jusqu'à 200 combattants du Hamas seraient bloqués dans des tunnels à Gaza.

Interrogé alors par l'AFP, un porte-parole du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait indiqué que celui-ci n'était pas disposé à leur délivrer un sauf-conduit.

La trêve conclue plus de deux ans après le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023 reste très fragile, les deux belligérants s'accusant mutuellement de la violer.

La bande de Gaza, dévastée par la campagne militaire israélienne, reste plongée dans une très grave crise humanitaire.