Le gouvernement israélien à l'épreuve des colonies sauvages en Cisjordanie

Un colon se promène dans l'avant-poste sauvage de Maale Shlomo sur les collines près de la colonie de Kokhav HaShahar en Cisjordanie, au nord-est de Jérusalem, le 1er février 2023. (Photo de MENAHEM KAHANA / AFP)
Un colon se promène dans l'avant-poste sauvage de Maale Shlomo sur les collines près de la colonie de Kokhav HaShahar en Cisjordanie, au nord-est de Jérusalem, le 1er février 2023. (Photo de MENAHEM KAHANA / AFP)
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Publié le Jeudi 09 février 2023

Le gouvernement israélien à l'épreuve des colonies sauvages en Cisjordanie

  • Le gouvernement de M. Netanyahu compte à des postes ministériels clés des figures de l'extrême droite opposées à toute concession territoriale vis-à-vis des Palestiniens
  • Comme Bezalel Smotrich, ministre des Finances, qui est également numéro deux au ministère de la Défense où il est chargé de la gestion civile en Cisjordanie, et donc des colonies

JERUSALEM: Légaliser ou évacuer les colonies construites sans autorisation du gouvernement israélien en Cisjordanie occupée: la question divise l'exécutif et met en évidence des tensions au sein de la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Sous les précédents gouvernements de M. Netanyahu (de 1996 à 1999 puis de 2009 à 2021), la colonisation juive n'a cessé de progresser en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël.

Mais le Premier ministre a mené une politique plus prudente vis-à-vis des colonies dites sauvages.

De taille très variable, pouvant aller de quelques tentes à des préfabriqués reliés aux réseaux d'eau et d'électricité, ces "avant-postes de colonie", selon l'appellation de l'ONU, pour qui toute l'entreprise de colonisation en Cisjordanie est illégale, sont qualifiés en Israël d'"avant- postes illégaux", car établis sans l'aval des autorités.

Le gouvernement de M. Netanyahu compte à des postes ministériels clés des figures de l'extrême droite opposées à toute concession territoriale vis-à-vis des Palestiniens.

Comme Bezalel Smotrich, ministre des Finances, qui est également numéro deux au ministère de la Défense où il est chargé de la gestion civile en Cisjordanie, et donc des colonies. En janvier, il s'est opposé à la destruction du minuscule avant-poste d'Or Haïm (dans le nord de la Cisjordanie) ordonnée par le ministre de la Défense lui-même, Yoav Gallant.

Membre du Likoud, le parti de droite de M. Netanyahu, M. Gallant a reçu le soutien du chef du gouvernement. Celui-ci a rappelé que les questions relatives aux colonies devaient faire l'objet d'une "coordination préalable avec le Premier ministre et des responsables chargés de la sécurité".

Des experts ont vu dans cet épisode un signe de fragilité pour le gouvernement, dont des membres s'écharpent sur le sort de quelques installations de fortune au sommet d'une colline.

Cette situation "représente un potentiel très dangereux pour l'Etat d'Israël", estime Gideon Rahat, analyste à l'Institut démocratique d'Israël (IDI), un centre de recherche à Jérusalem.

«Idéaux»

"Lorsqu'il est question de l'usage de la force, il anormal d'avoir deux personnes avec des responsabilités parallèles", estime M. Rahat, en référence aux attributions de MM. Gallant et Smotrich.

Deux jours après la destruction d'Or Haïm, lorsque des soldats israéliens sont retournés sur place pour évacuer des colons qui tentaient de s'y réinstaller, M. Smotrich a boycotté une réunion ministérielle.

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, qui comme M. Smotrich appartient au courant sioniste religieux, a appelé à la destruction de constructions palestiniennes en réponse à l'évacuation.

Si le différend semble désormais réglé, "il n'aurait tout bonnement pas dû survenir", estime M. Rahat.

Et la question devrait se reposer à l'avenir puisque des dizaines d'avant-postes ont été établis en Cisjordanie occupée (hors Jérusalem-Est, annexée par Israël), en plus des colonies autorisées par les autorités israéliennes et où vivent quelque 475.000 Israéliens.

L'ONU réclame depuis des années à Israël, sans succès, de "geler toutes ses activités de peuplement" en Cisjordanie et de "démanteler tous les avant-postes de colonie établis depuis mars 2001".

Dans la colonie sauvage de Maoz Esther, au nord-ouest de Ramallah, Emona, 20 ans, espère le soutien de M. Smotrich.

Selon l'organisation israélienne anticolonisation "La Paix maintenant", son implantation a été établie il y a plus d'une décennie et ne cesse d'être détruite par les autorités puis reconstruite.

Après "l'évacuation" d'Or Haïm, "cela peut arriver aussi" ici, s'inquiète la jeune femme de 20 ans, qui préfère taire son nom de famille et qui surveille d'un oeil son enfant jouant à l'extérieur de leur préfabriqué.

«Equilibriste»

D'après Emmanuel Navon, professeur de science politique à l'Université de Tel-Aviv, M. Netanyahu devrait garder le cap de sa politique de colonisation.

"Il se focalisera sur l'expansion des colonies, un peu, mais pas trop. Il a toujours joué un jeu d'équilibriste entre les pressions internationales et intérieures", dit-il.

Pour lui, malgré les éventuels blocages à venir, le gouvernement devrait tenir car tant M. Netanyahu, actuellement jugé dans une série d'affaires de corruption, que ses alliés d'extrême droite, qui ont "gagné le jackpot" en entrant au gouvernement, auraient trop à perdre en abandonnant le pouvoir.

Dans la colonie sauvage de Har Gidon (nord de la Cisjordanie), accessible par une route goudronnée, Itamar Azoulay, 60 ans, ne cache pas sa satisfaction.

Le gouvernement Netanyahu risque certes d'abandonner "les plus petites" colonies sauvages, dit-il. Mais il va "pousser pour que les grosses [...] soient légalisées", et son soutien à la colonisation est tel, qu'à ses yeux, la création de nouveaux avant-postes n'est même plus nécessaire.


Israël dit «  avancer » dans les préparatifs de son opération militaire sur Rafah

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics. (AFP).
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  • "Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer
  • Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi

JERUSALEM: Le gouvernement israélien dit "avancer" dans les préparatifs de son opération militaire prévue sur Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, où selon lui quatre bataillons de combattants du mouvement islamiste palestinien Hamas sont regroupés.

"Israël avance vers son opération ciblant le Hamas à Rafah", a déclaré mercredi un porte-parole du gouvernement, David Mencer, lors d'un point presse. "Les quatre bataillons qui restent à Rafah ne peuvent pas échapper à Israël, ils seront attaqués".

M. Mencer a ajouté que "deux brigades de réservistes" avaient été mobilisées pour des "missions défensives et tactiques dans Gaza".

Depuis le début de l'offensive terrestre dans le territoire palestinien, le 27 octobre, "au moins 18 ou 19 des 24 bataillons" du Hamas ont été défaits, a-t-il poursuivi.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré à plusieurs reprises qu'Israël entendait mener un assaut contre Rafah, ville où sont réfugiés des centaines de milliers de Gazaouis, déplacés par la guerre.

M. Netanyahu insiste sur le fait que l'anéantissement des derniers bataillons du Hamas à Rafah est cruciale dans la poursuite des objectifs de la guerre contre le Hamas, mouvement islamiste qui a pris le pouvoir dans le territoire côtier depuis 2007.

Poussés par les combats et les destructions dans le reste de la bande de Gaza, plus d'un million de Palestiniens ont trouvé refuge à Rafah - ville de quelque 250.000 habitants - et s'entassent dans des tentes et des bâtiments publics.

Mais les ONG et un nombre croissant de pays - et même l'allié historique américain - s'opposent à cette opération, craignant qu'elle ne fasse de nombreuses victimes civiles.

Le Hamas de son côté a répété sa demande de cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza, ce qui à ce stade de la guerre est inacceptable pour M. Netanyahu et son gouvernement qui ont juré d'"anéantir" le mouvement.

"Au moins 26.000 terroristes ont été tués, appréhendés, ou blessés dans les combats", a avancé M. Mencer.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a promis d'anéantir le Hamas et lancé une offensive massive qui a fait jusqu'à présent 34.262 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.


L'armée israélienne annonce mener une offensive sur le sud du Liban

Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Cette photo prise depuis une position israélienne le long de la frontière avec le sud du Liban montre de la fumée s'échappant du village libanais d'Odaisseh lors du bombardement israélien le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
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  • "Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant
  • Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi mener une "action offensive" sur le sud du Liban, où elle affirme que son aviation et son artillerie ont frappé 40 cibles du Hezbollah libanais et tué la moitié de ses commandants dans ce secteur.

"Des troupes sont déployées en nombre à la frontière et les forces armées mènent actuellement des actions offensives dans tout le sud du Liban", a indiqué le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant dans un communiqué.

"La moitié des commandants du Hezbollah dans le sud du Liban ont été éliminés, l'autre moitié se cache et laisse le champ libre aux opérations" militaires israéliennes.

Un porte-parole de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a indiqué à l'AFP que celle-ci "n'avait détecté aucun franchissement terrestre" de la frontière mercredi.

Le mouvement libanais pro-iranien n'a pas réagi dans l'immédiat aux déclarations israéliennes.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas le 7 octobre, le Hezbollah mène des attaques quasi-quotidiennes contre Israël pour soutenir le mouvement islamiste palestinien, son allié.

L'armée israélienne riposte en bombardant de plus en plus en profondeur le territoire libanais et en menant des attaques ciblées contre des responsables du Hezbollah.

"Il y a peu de temps, les avions de combat et l'artillerie israélienne ont frappé environ 40 cibles terroristes du Hezbollah" autour d'Aïta el-Chaab dans le sud du Liban, y compris des sites de stockage d'armes, a affirmé plus tôt l'armée israélienne dans un communiqué.

Le Hezbollah "a mis en place des dizaines de moyens et d'infrastructures terroristes dans la région" pour attaquer Israël, a-t-elle ajouté.

L'agence officielle libanaise ANI a fait état de son côté de 13 frappes israéliennes près d'Aïta el-Chaab.

"Des avions militaires israéliens ont effectué plus de 13 frappes aériennes ciblant la périphérie des villes d'Aïta el-Chaab, Ramya, Jabal Balat et Khallet Warda", a déclaré l'agence.

Le Hezbollah avait annoncé mardi avoir tiré des dizaines de roquettes sur le nord d'Israël, en représailles à la mort de deux civils dans le sud du Liban dans une frappe imputée à Israël.

Ces violences entre Hezbollah et Israël ont fait depuis le 7 octobre 380 morts du côté libanais, en majorité des combattants du mouvement libanais ainsi que 72 civils, selon un décompte de l'AFP.

Dans le nord d'Israël, onze soldats et huit civils ont été tués d'après l'armée.

 

 


L'Égypte nie avoir discuté avec Israël d’une offensive à Rafah

Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
Un vendeur de pain pousse son chariot devant les décombres d’un bâtiment effondré à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains
  • L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah

LE CAIRE: L’Égypte nie avoir tenu des discussions avec Israël au sujet d’une offensive dans la ville palestinienne de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Diaa Rashwan, chef du service d’information de l’État égyptien, a réfuté ce qui a été affirmé dans l’un des principaux journaux américains, selon lequel l’Égypte a discuté avec Israël de ses projets d’offensive à Rafah.

M. Rashwan a réaffirmé l’opposition totale de l’Égypte à cette opération, position annoncée à plusieurs reprises par les responsables politiques du pays, qui estiment que cette opération conduira à de nouveaux massacres, à des pertes humaines massives et à une destruction généralisée.

Il a ajouté que les avertissements répétés de l’Égypte sont parvenus à la partie israélienne par tous les moyens depuis qu’Israël a proposé de mener une opération militaire à Rafah. Ces avertissements mentionnent les pertes attendues et les répercussions négatives sur la stabilité de l’ensemble de la région.

Alors qu’Israël envisage de mener cette opération à laquelle l’Égypte, la plupart des pays du monde et leurs institutions internationales s’opposent, les efforts de l’Égypte depuis le début de l’agression israélienne se focalisent sur la conclusion d’un accord de cessez-le-feu et sur l’échange de prisonniers et de détenus, a précisé M. Rashwan.

Ce dernier a indiqué que l’Égypte cherchait à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, en particulier dans le nord et dans la ville de Gaza, ainsi que l’évacuation des blessés et des malades pour qu’ils soient soignés en dehors de cette région.

L’Égypte s’est opposée à plusieurs reprises au déplacement des Palestiniens de Gaza et met en garde contre toute opération militaire à Rafah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com