Ankara s’oriente vers l’UE au milieu des craintes de sanctions

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’adresse virtuellement aux membres du parti au pouvoir depuis son pavillon Vahdettin, à Istanbul, dimanche 22 novembre 2020 (Photo, AP).
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s’adresse virtuellement aux membres du parti au pouvoir depuis son pavillon Vahdettin, à Istanbul, dimanche 22 novembre 2020 (Photo, AP).
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Publié le Mardi 24 novembre 2020

Ankara s’oriente vers l’UE au milieu des craintes de sanctions

  • Ces dernières semaines, Erdogan a rédigé un programme de réforme démocratique afin de gagner le cœur et l’esprit de ceux qui sont à Bruxelles
  • Avec Trump parti et Biden au pouvoir, les Turcs sont conscients que la période de traitement de faveur – pendant laquelle les actions de la Turquie n’ont pas eu les conséquences attendues – est terminée

ANKARA: Selon des experts, la Turquie tente de réparer sa relation fragile avec Bruxelles alors que la menace de sanctions imminentes de l’Union européenne (UE) menace le pays.

Le changement d’attitude d’Ankara a commencé lorsque le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, a rencontré vendredi des responsables de l’UE à Bruxelles, quelques jours après que le haut-représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, a déclaré qu’aucun «signal positif» ne venait de la Turquie concernant le conflit méditerranéen.

Une journée a suffi au président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui avait déclaré plus tôt que «la place de la Turquie est en Europe», pour appeler l’UE à tenir ses promesses sur le processus d’adhésion de la Turquie à l’UE et sur la question des réfugiés.

Ces dernières semaines, Erdogan a rédigé un programme de réforme démocratique afin de gagner le cœur et l’esprit de ceux qui sont à Bruxelles.

Cependant, les experts ont averti que «les actions d’Ankara comptent plus que les mots».

Selon Sinem Adar, une associée au Centre d’études appliquées sur la Turquie de l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité, trois facteurs simultanés motivent les récentes déclarations du gouvernement turc.

«Le premier concerne la situation intérieure. Ici, il est nécessaire de penser à la démission du ministre des Finances, Berat Albayrak, et à l’accent mis sur les réformes à venir, principalement dans l’économie et le droit, ainsi qu’au conflit au sein de l’alliance au pouvoir qui semble dépasser les limites des réformes potentielles, mais qui, en réalité, est une question de pouvoir politique », explique-t-elle à Arab News.

 «La marge de manœuvre d’Erdogan se rétrécit à mesure que l’influence du leader du Parti d’action nationaliste (MHP), Devlet Bahceli, devient plus prononcée au sein de l’alliance au pouvoir», ajoute Sinem Adar.

«Deuxièmement, ces appels sont définitivement liés à la nouvelle administration de Joe Biden, au cours de laquelle la résolution des problèmes par le biais de relations personnelles entre les deux dirigeants ne sera pas aussi facile que sous l’administration Trump», poursuit-elle.

 «Enfin, Ankara tente d’empêcher d’éventuelles sanctions de la part des États-Unis et de l’UE. Les sanctions américaines prendront probablement la forme du Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act (Caatsa) et du procès Halkbank pour contournement des sanctions américaines contre l’Iran», détaille le Dr Adar.

Pour Karol Wasilewski, analyste à l’Institut polonais des affaires internationales, il y a deux motifs interdépendants derrière les récentes mesures prises par la Turquie. Le premier est lié à la protection de l’économie turque, et le second, au changement de leadership américain.

«Avec Trump parti et Biden au pouvoir, les Turcs sont conscients que la période de traitement de faveur – pendant laquelle les actions de la Turquie n’ont pas eu les conséquences attendues – est terminée», explique-t-il à Arab News.

«Biden ne sera pas aussi disposé à protéger la Turquie des sanctions de la Caatsa ou des retombées de la question de Halkbank en faisant obstruction au système judiciaire américain comme Trump le supposait, et ces deux problèmes pourraient faire sombrer l’économie de la Turquie, tout en ayant également un impact négatif sur le pouvoir d’Erdogan,» ajoute Karol Wasilewski.

 «La soudaine volte-face turque est une tentative pour “gagner du temps” et pour convaincre les partenaires occidentaux que la Turquie est “prête pour une réinitialisation”», poursuit-il.

Pendant ce temps, la Turquie a renvoyé son navire de recherche sismique l’Oruc Reis dans les eaux de l’UE le 21 novembre, pour huit jours supplémentaires, avant le sommet des dirigeants de l’UE les 10 et 11 décembre, où la possibilité de nouvelles sanctions contre la Turquie pour ses activités méditerranéennes sera discutée.

«Compte tenu de la profondeur de la crise économique actuelle en Turquie, les sanctions aggraveraient une situation déjà mauvaise. Ces signaux adressés aux États-Unis et à l’UE sont également liés au mauvais équilibre qu’Ankara tente d’instaurer depuis un certain temps entre la Russie et l’alliance transatlantique », explique Sinem Adar.

«De ce point de vue, ce n’est pas un hasard si les messages turcs aux États-Unis suggèrent qu’Ankara “pourrait être un partenaire” des États-Unis pour contenir la Russie», ajoute-t-elle.

«D’une part, la Turquie signale sa volonté de rétablir les relations avec les États-Unis et avec l’UE, et, en même temps, elle continue de mettre l’accent sur l’autonomie de la politique étrangère turque et semble s’attendre à une compréhension des États-Unis sur ses efforts pour se relever par ses propres moyens», poursuit le Dr Sinem Adar.

Karol Wasilewski explique que la relance du processus d’adhésion n’est pas possible, car elle exigerait une «démocratisation profonde de la Turquie», dont la reconstruction des institutions, la modification du système présidentiel et la réintroduction d’une liberté des médias et de l’indépendance judiciaire. «Et cela va à l’encontre de l’intérêt fondamental du régime d’Erdogan qui est la survie», ajoute-t-il.

«Dans ces circonstances, le plus loin que l’UE et la Turquie puissent aller est de trouver une nouvelle formule de relations, comme la modernisation de l’union douanière. Mais même cela ne sera pas facile, car cela exige des changements dans les politiques étrangères et nationales de la Turquie.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.