Aider le peuple syrien est plus important que la politique

Des sauveteurs arméniens passent au crible les décombres d'un bâtiment effondré dans la ville d'Alep, le 9 février 2023 (Photo, AFP/Archives).
Des sauveteurs arméniens passent au crible les décombres d'un bâtiment effondré dans la ville d'Alep, le 9 février 2023 (Photo, AFP/Archives).
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Publié le Vendredi 17 février 2023

Aider le peuple syrien est plus important que la politique

Aider le peuple syrien est plus important que la politique
  • Les sanctions à l'encontre de la Syrie, notamment la loi César promulguée par les États-Unis sous l'ère Trump, ont eu un effet dévastateur
  • La situation actuelle en Syrie a mis en évidence l'importance de la coopération avec le gouvernement syrien pour faire face à la crise humanitaire

En temps de crise, comme lorsqu'une catastrophe humanitaire se produit, l'importance de sauver des vies et d'aider ses semblables doit surpasser la politique. Les récents tremblements de terre ayant frappé la Turquie et la Syrie ont causé la mort, la destruction et une situation de sans-abri pour des milliers de nos semblables. Mais alors que l'aide a afflué du monde entier vers la Turquie, seule une poignée de pays ont envoyé de l’aide en Syrie.

Selon l'Organisation des nations unies (ONU), ces tremblements de terre ont touché plus d'un million de Syriens, dont des centaines de milliers ont besoin d'aide et d'assistance. La catastrophe a également considérablement endommagé les infrastructures et les habitations, rendant encore plus difficile l'accès des personnes touchées aux produits de première nécessité tels que la nourriture, l'eau et les fournitures médicales.

Outre le tremblement de terre, la crise humanitaire en Syrie a été aggravée par des années de conflit et par les sanctions économiques imposées à Damas par la communauté internationale à la suite des violations répétées, commises par les dirigeants, des droits humains fondamentaux de leurs propres citoyens. Ces sanctions, qui visent le gouvernement syrien et ses partisans, ont rendu difficile pour les organisations d'aide et les gouvernements étrangers le fait d'apporter de l’aide à la population touchée.

Les sanctions à l'encontre de la Syrie, notamment la loi César, promulguée par les États-Unis sous l'ère Trump, ont eu un effet dévastateur. Mais c'est le peuple, et non le régime, qui a payé le prix le plus élevé de ces sanctions. Le peuple syrien paie à nouveau un prix élevé pour l'inaction et l'hésitation de nombreux pays.

Bien que les sanctions imposées au régime de Bachar al-Assad en raison du traitement sévère qu'il inflige à ses concitoyens syriens prévoient une exception pour l'aide humanitaire, la plupart des pays se sont abstenus de fournir cette aide. Soit ces pays ne sont pas au courant de cette exception, soit ils évitent de coopérer avec le gouvernement syrien parce qu'ils ont une crainte excessive d'enfreindre les sanctions internationales.

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«Le peuple syrien paie à nouveau le prix fort pour l'inaction et l'hésitation de nombreux pays.»

Daoud Kuttab

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Malgré le boycott généralisé de la Syrie, plusieurs pays – en grande partie ses voisins – ont apporté une aide au peuple syrien. Mais à l'heure où nous écrivons ces lignes, aucun pays occidental n'a offert de soutien direct.

Les pays qui ont offert leur soutien sont, entre autres, les suivants: l'Arabie saoudite, qui a envoyé des fournitures médicales et humanitaires dans les zones touchées et s'est engagée à continuer de soutenir les efforts de secours par l'intermédiaire de ses organisations humanitaires; la Jordanie, qui a envoyé une équipe de travailleurs humanitaires et des fournitures médicales et s'est engagée à continuer de soutenir les efforts de secours si nécessaire; la Russie, qui a envoyé des équipes d'urgence et des fournitures d'aide; la Turquie, qui a envoyé des équipes de recherche et de sauvetage ainsi que des fournitures d'aide; l'Iran, qui a envoyé une aide médicale et humanitaire; le Qatar, qui s'est engagé à soutenir financièrement les opérations de secours; l'Égypte, qui a envoyé cinq avions de transport militaires chargés de grandes quantités de fournitures médicales en Turquie et en Syrie; et l'Algérie, qui a envoyé des avions chargés de quelque 115 tonnes de nourriture et de fournitures médicales, de tentes et de couvertures.

Outre ces pays, plusieurs organisations internationales ont également offert leur aide, notamment l'ONU, le Comité international de la Croix-Rouge et diverses organisations non gouvernementales (ONG). Ces organisations ont fourni des produits essentiels tels que de la nourriture, de l'eau, des abris et des fournitures médicales aux personnes touchées par les tremblements de terre. Des groupes religieux, notamment des mosquées et des églises, et des organisations caritatives privées de Jordanie, de Palestine et d'autres pays ont également organisé des collectes de fonds pour les Syriens touchés par cette catastrophe naturelle.

Il est important de mentionner que l'aide fournie par ces pays et organisations a été coordonnée avec le gouvernement Assad, avec l'assurance qu'elle parviendra à ceux qui en ont le plus besoin. En travaillant ensemble, toutes les parties concernées espèrent que la population touchée recevra l’aide et l'assistance nécessaires.

Malgré les défis posés par les sanctions, la communauté internationale et les organisations d'aide doivent travailler en étroite collaboration avec le gouvernement syrien pour faire face à cette crise humanitaire. Cela nécessite un effort coordonné afin de s'assurer que l'aide est distribuée de manière efficace et réelle et que les personnes les plus vulnérables reçoivent le soutien et l'aide dont elles ont besoin.

Il est également important de souligner que les sanctions de la loi César ont pour but de faire pression sur le gouvernement Assad pour qu'il mette fin au conflit et respecte les droits de l'homme. Toutefois, à la suite des tremblements de terre de lundi, il est essentiel que ces sanctions ne sapent pas la capacité de la communauté internationale et des organisations d'aide à fournir une aide et une assistance aux personnes affectées. L'administration Biden doit revenir sur cette loi, qui a fait beaucoup plus de mal au peuple syrien qu'au régime d'Assad.

La situation actuelle en Syrie a mis en évidence l'importance de la coopération avec le gouvernement syrien pour faire face à cette crise humanitaire. Malgré les défis posés par les sanctions américaines et le conflit en cours, il est crucial que toutes les parties travaillent ensemble de manière à apporter aide et assistance à ceux qui en ont besoin. Le bien-être du peuple syrien doit être la priorité absolue. Il est temps de mettre de côté les désaccords politiques face à cette catastrophe.



 

Daoud Kuttab est un journaliste palestinien de Jérusalem. Il est un ancien professeur de journalisme de l'université de Princeton. Twitter: @daoudkuttab

 

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français. 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com