Le gaz nigérian, enjeu d'une guerre énergétique au Maghreb

Le terminal pétrolier et gazier de Shell Oil sur l'île de Bonny, dans le delta du Niger, au sud du Nigéria (Photo, AFP).
Le terminal pétrolier et gazier de Shell Oil sur l'île de Bonny, dans le delta du Niger, au sud du Nigéria (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 01 mars 2023

Le gaz nigérian, enjeu d'une guerre énergétique au Maghreb

  • Rivaux régionaux, le Maroc et l'Algérie sont engagés dans deux mégaprojets de gazoduc concurrents les reliant au Nigeria
  • Mais des questions émergent au moment où Bruxelles affirme vouloir s'affranchir des énergies fossiles à moyen terme

RABAT: Rivaux régionaux, le Maroc et l'Algérie sont engagés dans deux mégaprojets de gazoduc concurrents les reliant au Nigeria, en ciblant le marché européen, mais dans un contexte où l'UE voudrait se passer du gaz d'ici la fin de la décennie.

Le plus récent est le gazoduc Nigeria-Maroc (NMGP), long d'environ 6 000 km, qui devrait traverser 13 pays africains sur la façade atlantique pour acheminer des milliards de mètres cubes de gaz nigérian jusqu'au royaume chérifien. De là, il doit être connecté au Gazoduc Maghreb Europe (GME).

Aucune date de début du chantier n'a été fixée: "le pipeline est en cours de planification. Nous sommes au stade de l'étude de faisabilité", a précisé à l'AFP le ministre nigérian du Pétrole, Timipre Sylva.

L'idée du projet avait été lancée en 2016 par le roi Mohammed VI lors d'une visite à Abuja, visant à renforcer les partenariats avec les pays africains.

Sa relance s'explique par la décision d'Alger – premier exportateur africain de gaz naturel – de mettre fin l'an dernier au contrat du GME desservant l'Espagne en gaz algérien via le Maroc, après la rupture des relations diplomatiques avec Rabat.

Ces dissensions motivées notamment par l'épineux dossier du Sahara occidental – territoire sur lequel Rabat revendique sa souveraineté tandis qu'Alger soutient les indépendantistes du Front Polisario – ont privé le Maroc du gaz algérien qu'il prélevait comme droit de passage.

Au-delà, le NMGP s'inscrit dans un contexte géopolitique marqué par l'envolée des prix des hydrocarbures depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

La mise en oeuvre de ce gazoduc géant – au coût estimé à 23 milliards d'euros – reste toutefois conditionnée à "l'obtention de l'accord des pays par lesquels il passera", a rappelé le ministre nigérian du Pétrole.

Fin 2022, Rabat et Abuja ont signé sept protocoles d'accord avec la Gambie, la Guinée-Bissau, la Guinée, le Sierra Leone, le Ghana, la Mauritanie et le Sénégal, et un autre avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

Des ententes qui "confirment l'engagement des parties dans ce projet stratégique", s'est félicité l'Office marocain des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM).

Rabat table sur les énormes réserves du Nigeria pour créer "un marché gazier stable, prévisible et mutuellement profitable" en Afrique, explique le chercheur en géopolitique marocain Jamal Machrouh, soulignant aussi son "intérêt stratégique pour l'Europe".

Besoins futurs de l'Europe?

Mais des questions émergent au moment où Bruxelles affirme vouloir s'affranchir des énergies fossiles à moyen terme.

"Il faut faire le compte quand il (le gazoduc) sera fini. Est-ce qu'on va encore vouloir utiliser des gaz, du méthane ?", s'interrogeait récemment à Rabat le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, soulignant que le Maroc dispose d'un fort potentiel dans des énergies propres comme l'hydrogène, l'éolien et le solaire.

L'accélération de la coopération entre Rabat et Abuja coïncide avec la relance du gazoduc transsaharien (TSGP) devant relier le Nigeria à l'Algérie via le Niger, d'un coût évalué à entre 12 et 18 milliards d'euros.

En juillet dernier, Alger, Abuja et Niamey ont signé un protocole d'accord pour matérialiser ce gazoduc long de 4 128 km, sans fixer de date de mise en route.

Lancé en 2009, le projet vise aussi à acheminer du gaz nigérian vers le continent européen. Une fois arrivé en Algérie, il devrait y être expédié, notamment via le gazoduc Transmed qui relie déjà les gisements algériens à l'Italie en passant par la Tunisie.

"Les études techniques sont en cours", a déclaré le 18 février à Alger le ministre algérien de l'Energie Mohamed Arkab.

Selon l'expert algérien Ahmed Tartar, les trois partenaires sont maintenant "en quête de bailleurs de fonds".

"On peut estimer un délai de 2 à 3 ans pour la finalisation du projet" qui "répondra à une part importante des besoins futurs de l'Europe", assure M. Tartar, dont le pays est le troisième fournisseur de gaz naturel pour l'Europe.

Un optimisme tempéré par l'analyste Geoff Porter qui souligne "sa grande vulnérabilité aux attaques djihadistes" dans la zone sahélienne et à l'hostilité "de communautés locales si elles ont la sensation d'être exploitées pour un projet dont elles ne tirent aucun avantage".

Autre bémol: l'Europe qui cherche à se libérer du gaz russe, pourrait ne pas accepter "une dépendance forte à un seul fournisseur", qu'il soit algérien ou marocain, selon le chercheur marocain Machrouh.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Short Url
  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

Short Url
  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.