Retraites: la presse fustige «l'échec» et la «faiblesse» de Macron

La presse française fustige unanimement vendredi le recours à l'article 49.3 pour faire passer la réforme des retraites, et pointe du doigt Emmanuel Macron pour la crise politique et sociale qui menace. (AFP)
La presse française fustige unanimement vendredi le recours à l'article 49.3 pour faire passer la réforme des retraites, et pointe du doigt Emmanuel Macron pour la crise politique et sociale qui menace. (AFP)
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Publié le Vendredi 17 mars 2023

Retraites: la presse fustige «l'échec» et la «faiblesse» de Macron

  • «Gain politique zéro, coût social majeur. L'échec d'une tactique signe, qui plus est, la solitude criante du Président», écrit Florence Chédotal dans La Montagne
  • «Emmanuel Macron s'est lui-même coincé dans une impasse politique», constate Patrick Jankielewicz dans La Voix du Nord

PARIS: "Aveu de faiblesse", "échec", "pantalonnade": la presse française fustige unanimement vendredi le recours à l'article 49.3 pour faire passer la réforme des retraites, et pointe du doigt Emmanuel Macron pour la crise politique et sociale qui menace.

La presse internationale n'est pas en reste, soulignant à l'instar du New York Times que "le conflit sur les retraites révèle un Macron affaibli et plus isolé", ou de Die Zeit selon qui "cette réforme pèsera longtemps sur le pays".

"Quel aveu de faiblesse!" s'exclame Jean-Marcel Bouguereau dans la République des Pyrénées."Le gouvernement ne dispose pas d'une majorité absolue pour faire passer la réforme phare du quinquennat", poursuit-il, estimant que "c'est une énorme crise politique qui s'annonce".

"Gain politique zéro, coût social majeur. L'échec d'une tactique signe, qui plus est, la solitude criante du Président", écrit Florence Chédotal dans La Montagne. "A présent, comment reprendre la main quand la mère des réformes se solde de la sorte?" se demande-t-elle, évoquant une "séquence désastreuse où s'épaissit le brouillard".

"Emmanuel Macron s'est lui-même coincé dans une impasse politique", constate Patrick Jankielewicz dans La Voix du Nord. "S'il fallait sauver la réforme des retraites, il n'y avait qu'une façon de le faire: il fallait aller jusqu'au vote. C'était bien sûr courir le risque d'être battu, mais en politique, il vaut parfois mieux tomber avec les honneurs que passer en force et sans gloire au risque de jeter de l'essence sur le brasier social", poursuit-il.

«Quinquennat déjà fini ?»

"Une question domine déjà toutes les autres après cette journée historique: onze mois après son commencement, le quinquennat d'Emmanuel Macron est-il déjà fini?" s'interroge Maurice Bontinck dans La Charente Libre, pour qui l'usage du 49.3 "résonne comme un aveu de faiblesse de ce qu'il convient d'appeler aujourd'hui +la minorité présidentielle+".

"Le goût de l'échec", titre pour sa part Yves Thréard dans Le Figaro, qui estime également que "l'exécutif est plus que jamais affaibli".

Même constat pour Christophe Lucet (Sud-Ouest), pour qui "c'est un tandem affaibli qui va devoir gérer l'après". "La colère syndicale et populaire qui s'est intensifiée hier, après la séance avortée au palais Bourbon, est grosse de menaces. Avec, dans le pire des cas, un blocage prolongé du pays. Et sinon, une rancœur qui trouvera d’autres motifs pour s'exprimer, bridant la volonté réformatrice du gouvernement", met en garde l'éditorialiste.

Même inquiétude pour Libération, dont l'éditorial de Dov Alfon estime que "c'est dans l'instabilité que (la) réforme des retraites mal acquise pousse la France, sa démocratie et ses travailleurs".

"Le Président pourrait sauver les meubles en annonçant que la loi sera abrogée après ce passage antidémocratique. Mais ce n'est pas son genre d'écouter les Français", regrette-t-il.

"Y a-t-il encore un pilote dans l'avion élyséen, responsable et les pieds sur terre, pleinement conscient du chaos qu'il est en train d'installer dans son propre pays ?" s'interroge Olivier Biscaye (Midi Libre). "Emmanuel Macron voulait marquer l'Histoire, il vient de décrocher le pompon de la pantalonnade", fustige-t-il.

«L'incendiaire de l'Elysée»

"Crise de régime", titre pour sa part Maud Vergnol dans L'Humanité. "Avec ce nouveau recours au 49.3, le divorce entre nos institutions et le peuple est consommé, acmé d'une crise rampante de délégitimation du pouvoir politique, ouvrant une voie royale aux tentations autoritaires. L'incendiaire de l'Elysée est l'unique responsable de cette situation", estime-t-elle.

Plus mesurée dans ses critiques, la presse internationale n'en dresse pas moins le même constat d'un président affaibli et d'une situation sociale explosive en France.

"La République bloquée", titre Die Zeit, selon qui "il y a des réformes donc un gouvernement ne se relève jamais". "La confiance dans le président et le Parlement, déjà en berne, a subi un coup supplémentaire ce jeudi. Emmanuel Macron en est le premier responsable", juge l'hebdomadaire allemand.

L'utilisation du 49.3 symbolise "l'échec de la politique et une crise institutionnelle profonde", estime Ana Fuentes dans El Pais.

Pour cette ancienne correspondante à Paris du quotidien espagnol, "Macron, dont la popularité est au plus bas, toujours remis en question pour son caractère hautain et déconnecté de la rue, est entré dans la même phase que ses prédécesseurs Alain Juppé, en 1995, et Nicolas Sarkozy, en 2010, lorsqu'ils ont eux aussi réformé les retraites."


Canicule: la France étouffe, 14 départements en alerte maximale

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  • Au lendemain d'une journée marquée par plusieurs records de températures (41,6°C à Bordeaux, 41,4°C à Bergerac...), le thermomètre devrait monter jusqu'à 42°C en Ardèche et 40°C sur le littoral atlantique
  • "Fait déjà trop chaud", constate Alain Bichot, 34 ans, attablé de bon matin en terrasse à Dijon, en vigilance orange. "Je préfère encore aller au bureau. Au moins, il y a la clim'", dit-il dans un sourire

LYON: La France continue de suffoquer avec 14 départements du sud-ouest et du centre-est en vigilance rouge canicule mardi, une vague de chaleur exceptionnelle, même pour un mois d'août, qui pousse les autorités à multiplier les mesures de précaution.

Le Rhône, l'Isère, la Drôme et l'Ardèche rejoignent à midi les 10 départements du sud-ouest déjà placés en alerte maximale depuis lundi. A 6H00, la Charente et la Charente-Maritime sont repassées en vigilance orange, comme les deux tiers du pays.

A Lyon, le mercure a franchi la barre des 30°C dès 10H00. "C'est étouffant, il n'y a pas d'air, que du béton", constate Andréa, 21 ans, qui démarche les piétons au profit d'une association. Canicule oblige, ses horaires ont été adaptés: "On arrête à 14H00. De toute manière après, il n'y a plus personne dans les rues."

Au lendemain d'une journée marquée par plusieurs records de températures (41,6°C à Bordeaux, 41,4°C à Bergerac...), le thermomètre devrait monter jusqu'à 42°C en Ardèche et 40°C sur le littoral atlantique.

"Fait déjà trop chaud", constate Alain Bichot, 34 ans, attablé de bon matin en terrasse à Dijon, en vigilance orange. "Je préfère encore aller au bureau. Au moins, il y a la clim'", dit-il dans un sourire.

La vigilance rouge sera levée mercredi sur les départements du sud-ouest, sauf l'Aude, à 6H00, mais sera maintenu sur la vallée du Rhône jusqu'à minuit, selon Météo-France.

La puissante vague de chaleur a aussi déclenché des alertes rouges en Italie et dans plusieurs régions des Balkans, qui, avec la péninsule ibérique, luttent contre de violents incendies. Une partie du site touristique espagnol de Las Médulas, classé au Patrimoine mondial de l'Unesco, a déjà été ravagé par les flammes.

Malaises 

Alors que l'épisode devrait se prolonger, "il va y avoir une augmentation des malaises et d'autres raisons liées directement ou indirectement à la chaleur", a prévenu mardi le secrétaire général de l'Association des médecins urgentistes de France, Franck Becker, sur RTL.

Lors de la première canicule en juin, qui a duré 16 jours, Santé Publique France a relevé 480 décès "en excès" par rapport à la normale en France.

Malgré ses 86 ans, Régine Blachère assure bien supporter la chaleur. "Mais je ne suis pas idiote, je ne sors pas à 40°C, je ne cherche pas le drame", explique-t-elle en attendant l'ouverture d'un magasin dans une rue lyonnaise.

Face aux risques, les autorités multiplient les mesures préventives: la préfète du Rhône a suspendu les chantiers extérieurs et interdit toute manifestation publique dehors ou dans des établissements non climatisés jusqu'en soirée.

Les municipalités ont aussi réagi: Lyon a instauré la gratuité de ses musées climatisés et autorise à dormir dans un des parcs de la ville, Bordeaux a ouvert un centre d'accueil aux sans-abri. "Pouvoir, sans pression, me reposer dans un lieu frais, c'est un bonheur", y confiait lundi William, un trentenaire à la rue depuis des mois.

Monde dangereux 

"Des vagues de chaleur plus étendues, plus longues et plus fréquentes sont une conséquence prévisible de la hausse des concentrations de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, principalement due à notre utilisation des combustibles fossiles", explique à l'AFP Richard Allan, professeur à l'université britannique de Reading.

Les épisodes météorologiques extrêmes "continueront de s'aggraver progressivement jusqu'à ce que nous maîtrisions" ces émissions, ajoute-t-il, insistant sur la nécessité de se "préparer à un monde plus dangereux".

D'ores et déjà, le pic de chaleur participe à la détérioration de la qualité de l'air et augmente le risque de feux de forêts, notamment sur la partie sud du pays.

Dans le vignoble bordelais, l'épisode caniculaire laisse craindre "une baisse de rendement", avant le début des vendanges, craint Laurence Rival, présidente de l'AOC Bergerac.

La France subit depuis vendredi sa 51e vague de chaleur depuis 1947 et sa deuxième de l'été 2025. Selon Météo-France, elle devrait durer "au moins jusqu'au weekend du 15 août" et pourrait même "sans doute" se prolonger jusqu'au 19 ou 20 août, ce qui fait que "l'épisode global pourrait durer de 12 à 14 jours".


Aude: «vigilance maximale» face au risque de réactivation du feu

L'incendie géant survenu la semaine dernière dans le massif des Corbières, le pire sur le pourtour méditerranéen français depuis un demi-siècle, a été "maîtrisé" dimanche, mais 550 pompiers restent déployés mardi afin de tenter de l'éteindre totalement dans les prochains jours. (AFP)
L'incendie géant survenu la semaine dernière dans le massif des Corbières, le pire sur le pourtour méditerranéen français depuis un demi-siècle, a été "maîtrisé" dimanche, mais 550 pompiers restent déployés mardi afin de tenter de l'éteindre totalement dans les prochains jours. (AFP)
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  • L'incendie géant survenu la semaine dernière dans le massif des Corbières, le pire sur le pourtour méditerranéen français depuis un demi-siècle, a été "maîtrisé" dimanche
  • "La vigilance reste maximale sur le secteur, compte-tenu des conditions météo qui restent difficiles, et notamment de notre vigilance canicule rouge, qui devrait se prolonger jusqu'au moins demain (mercredi) soir"

TOULOUSE: La vigilance est encore "maximale" mardi dans l'Aude, toujours en alerte rouge canicule, pour éviter toute réactivation de l'incendie qui a parcouru 16.000 hectares, avant d'être maîtrisé dimanche, a indiqué mardi la préfecture.

L'incendie géant survenu la semaine dernière dans le massif des Corbières, le pire sur le pourtour méditerranéen français depuis un demi-siècle, a été "maîtrisé" dimanche, mais 550 pompiers restent déployés mardi afin de tenter de l'éteindre totalement dans les prochains jours.

"La vigilance reste maximale sur le secteur, compte-tenu des conditions météo qui restent difficiles, et notamment de notre vigilance canicule rouge, qui devrait se prolonger jusqu'au moins demain (mercredi) soir", a déclaré à l'AFP la secrétaire générale de la préfecture Lucie Roesch.

Lundi, "il y a eu 20 largages pour des petites reprises, donc il reste encore un travail qui est important", a-t-elle ajouté, précisant que ce type de largages sont faits depuis des hélicoptères bombardiers d'eau et non pas depuis des avions.

"La stratégie d'intervention sur ce type de sinistre, ce n'est pas de ratisser toute la zone, c'est plutôt, et notamment en utilisant des drones" d'identifier les "points chauds un par un" pour "ensuite aller sur zone à pied et les traiter", selon Mme Roesch.

Une enquête a été ouverte sur les causes de l'incendie parti d'un bord de route à Ribaute et qui a parcouru 16.000 hectares, dont 13.000 ont été brûlés, selon la sécurité civile.

Le feu maîtrisé dimanche soir a détruit 36 maisons, d'autres ont été endommagées, et plus d'une vingtaine de hangars agricoles ont été brûlés, sur les 3.000 bâtis qui ont été défendus par les pompiers, selon la préfecture.

Une femme de 65 ans est morte dans sa maison. Une enquête sur ce décès est en cours.

Une autre habitante a été grièvement brûlée. Quatre autres personnes ont été légèrement blessées.

Dans les rangs des pompiers, 19 ont été blessés, dont un a subi un traumatisme crânien.


Evacuation de familles migrantes devant l'Hôtel de Ville de Paris

Quelque 200 personnes migrantes qui dormaient depuis une semaine devant le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris faute de place dans des hébergements d'urgence étaient en cours d'évacuation mardi matin, a constaté une journaliste de l'AFP. (AFP)
Quelque 200 personnes migrantes qui dormaient depuis une semaine devant le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris faute de place dans des hébergements d'urgence étaient en cours d'évacuation mardi matin, a constaté une journaliste de l'AFP. (AFP)
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  • Leur évacuation se déroulait dans le calme en présence d'un important dispositif policier
  • De nombreuses familles, vivant à Paris depuis plusieurs mois, ont refusé d'être éloignées de la capitale française, comme Nico, 33 ans, père de quatre enfants

PARIS: Quelque 200 personnes migrantes qui dormaient depuis une semaine devant le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris faute de place dans des hébergements d'urgence étaient en cours d'évacuation mardi matin, a constaté une journaliste de l'AFP.

Les sans-abri, principalement des femmes avec de jeunes enfants, mais aussi quelques pères de famille, ont été réveillés à l'aube et priés de quitter les lieux avec leurs maigres effets personnels.

Au moins trois cars étaient stationnés aux alentours de la mairie afin de transporter les familles qui le souhaitaient en région, à Marseille, Bourges et Besançon, où elles  devaient être accueillies dans un sas d'accueil temporaire (SAS).

Leur évacuation se déroulait dans le calme en présence d'un important dispositif policier tandis qu'une trentaine personnes du service assistance des sans-abri de la mairie de Paris et des membres de l'association France terre d'asile s'activaient aux côtés des familles, également épaulés par l'association Utopia 56.

De nombreuses familles, vivant à Paris depuis plusieurs mois, ont refusé d'être éloignées de la capitale française, comme Nico, 33 ans, père de quatre enfants.

Ce Congolais et sa femme, en situation régulière, mais sans logement ont refusé de monter dans un car: "Bientôt c'est l'école, nous on travaille, là, et on va laisser tout, pour aller dans la province pour recommencer dans un endroit qu'on maîtrise pas ?", s'est-il indigné.

Il fait des démarches pour obtenir un logement depuis un an et demi, sans succès: "Ma priorité, c'est de protéger mon travail", dit-il.