La violence en Tunisie entraîne une augmentation de migrants vers l'Europe

Ci-dessus, un migrant campant devant le siège de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), à Tunis, le 7 mars 2023. (AFP)
Ci-dessus, un migrant campant devant le siège de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), à Tunis, le 7 mars 2023. (AFP)
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Publié le Lundi 20 mars 2023

La violence en Tunisie entraîne une augmentation de migrants vers l'Europe

  • Les migrants subsahariens traversent la Méditerranée après que le président Saïed les a accusés d’être responsables de faire augmenter la criminalité et d’œuvrer au changement démographique
  • La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, met en garde sur le risque d’«invasion» de l’Europe si rien n'est fait pour arrêter le flux de personnes

LONDRES: Des migrants de Côte d'Ivoire et d'autres pays subsahariens tentent de fuir vers l'Europe après une recrudescence de la violence les visant en Tunisie.

L'Afrique du Nord a longtemps été utilisée comme relais pour les personnes prêtes à tout pour quitter le continent et se rendre vers le nord. Mais leur nombre a augmenté après que le président tunisien, Kaïs Saïed, a accusé les migrants d’être responsables de l’augmentation de la criminalité dans son pays et a affirmé que leur présence faisait partie d'un complot visant à «changer la composition démographique» de la Tunisie.

Cela a conduit à des violences exercées à l’encontre d’un certain nombre de migrants, ou à des expulsions de leur logement. Certains ont même été la cible de tirs.

Une migrante ivoirienne, Noela, âgée de 30 ans, a déclaré au Times: «Mon mari a été arrêté, j'ai été volée sous la menace d'un couteau et j'ai peur de quitter la maison. Les gens ici étaient gentils, mais maintenant les choses ont changé.»

Un grand nombre d’entre eux achète maintenant des bateaux pour se rendre en Italie, malgré les efforts de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, visant à limiter le nombre de migrants se rendant dans la péninsule.

Un militant de la ville portuaire tunisienne de Sfax, constatant l’ampleur de ce mouvement, a affirmé que «les départs sont liés au  discours du président» et «que les Ivoiriens constituent le plus grand groupe parmi ceux qui partent».

Giorgia Meloni affirme que les organisations caritatives qui gèrent des bateaux dans la région aident les migrants à effectuer des traversées dangereuses, et a mis en garde contre «une  invasion» de l’Europe si rien n'est fait pour arrêter le flux. Jusqu'à présent, 20 000 personnes ont réussi à se rendre en Italie en 2023, dont 12 000 en provenance de Tunisie.

Au moins 80 personnes sont mortes en Méditerranée le mois dernier alors qu'elles se rendaient en Italie depuis la Turquie, tandis que 30 autres se sont noyées au large des côtes libyennes la semaine dernière.

Entre le 6 et le 12 mars, les Ivoiriens, dont le pays a connu plusieurs guerres civiles depuis le début du siècle, ont constitué le groupe le plus important parmi les 3 300 personnes qui ont effectué le voyage vers l'Italie, la plupart via l'île de Lampedusa. Environ 1 500 autres personnes, pour la plupart originaires d'Afrique subsaharienne, ont été refoulées par les garde-côtes tunisiens.

Un passeur tunisien a indiqué au Times que nombreux étaient ceux qui faisaient le voyage maintenant car c'était «pour eux la dernière chance» en pleine hostilité croissante de la Tunisie et du durcissement de la réglementation par l'Italie.

Un autre passeur a ajouté que les Tunisiens refusaient de plus en plus de prendre la mer avec des Subsahariens pour des questions d’identité et de couleur de peau, ce qui a conduit les migrants à acheter des navires pour effectuer le voyage par eux-mêmes.

«Ils n'ont pas de travail, pas de nourriture, rien. Cela les a convaincus de partir le plus tôt possible», a-t-il affirmé au Times. «Ce sont des gens bien, ils ne volent pas de bateaux, mais les achètent.»

Le DJ ivoirien Dobe Aboubacar, basé à Tunis, a déclaré que la plupart de ses compatriotes en Tunisie prévoyaient de partir pour l'Allemagne ou la France. «En raison d’une économie tunisienne affaiblie – et après le discours du président – un plus grand nombre cherche maintenant à partir», a ajouté Aboubacar, qui gère une page Facebook pour les migrants en Tunisie.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.


Trump avertit Israël de ne pas «interférer» avec la Syrie

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
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  • Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump
  • "Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère"

WASHINGTON: Donald Trump a mis en garde Israël lundi contre toute ingérence en Syrie qui risquerait de compromettre la transition du pays arabe en "Etat prospère", après une incursion vendredi de forces israéliennes dans le sud de la Syrie.

Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump.

"Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère", a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social, affirmant que les Etats-Unis étaient "très satisfaits des résultats affichés" par Damas.

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste.

Depuis la chute il y a près d'un an du président Bachar al-Assad, renversé par une coalition islamiste, Israël a mené des centaines de frappes et conduit des incursions en Syrie. L'opération de vendredi est la plus meurtrière de celles-ci et le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé un "crime de guerre".

Donald Trump avait reçu début novembre à la Maison Blanche le nouveau chef d'Etat syrien, Ahmad al-Chareh, pour une visite cordiale, au cours de laquelle l'ancien jihadiste avait annoncé que son pays rejoindrait la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI). Le président américain, qui a levé les sanctions contre Damas, pousse également pour qu'un accord de sécurité soit conclu entre Israël et la Syrie.

"Le nouveau président de la Syrie, Ahmad al-Chareh, travaille de manière assidue pour s'assurer que des bonnes choses arrivent et que la Syrie et Israël aient à l'avenir une relation longue et prospère ensemble", a déclaré lundi Donald Trump dans son post sur Truth Social.

"C'est une opportunité historique, et elle s'ajoute au SUCCÈS, déjà atteint, pour la PAIX AU MOYEN-ORIENT", a-t-il affirmé.

Invitation 

Lors de leur échange par téléphone lundi, Benjamin Netanyahu et Donald Trump ont évoqué un "élargissement" des accords de paix régionaux, selon un communiqué des services du Premier ministre israélien publié dans la foulée du post de Donald Trump.

"Trump a invité le Premier ministre Netanyahu à une rencontre à la Maison Blanche dans un avenir proche", ont-ils ajouté.

Benjamin Netanyahu a déjà effectué davantage de visites auprès de Donald Trump que n'importe quel autre dirigeant étranger depuis le retour du républicain au pouvoir.

"Les deux dirigeants ont souligné l'importance et le devoir de désarmer le Hamas et de démilitariser la bande de Gaza", précise le communiqué.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël a déployé des troupes dans la zone démilitarisée sur le plateau du Golan, au-delà de la ligne de démarcation entre la partie de ce territoire syrien annexée unilatéralement par Israël en 1981 et le reste de la Syrie.

Israël attache une "importance immense" à sa présence militaire dans la zone tampon en Syrie, avait déclaré le 19 novembre son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lors d'une visite à des soldats israéliens déployés dans cette zone censée être sous le contrôle de l'ONU.

Cette visite avait été dénoncée par Damas et par l'ONU.

Pendant l'été, des contacts de haut niveau entre responsables israéliens et syriens ont eu lieu, avec l'aide de Paris et Washington, les deux parties indiquant vouloir parvenir à un accord de sécurité.

Mais Benjamin Netanyahu exige pour cela une démilitarisation de toute la partie du territoire syrien courant du sud de Damas jusqu'à la ligne de démarcation de 1974, instituée après la guerre israélo-arabe de 1973.