Ramadan: Pour les Libyens, le plus dur sera de se passer de café

Un homme sirote son café dans un marché de Tripoli (Photo, AFP).
Un homme sirote son café dans un marché de Tripoli (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 22 mars 2023

Ramadan: Pour les Libyens, le plus dur sera de se passer de café

  • Comme tous les musulmans pratiquants, les Libyens observent le jeûne durant le mois du ramadan
  • La tradition du café remonte au XVe siècle en Libye

TRIPOLI: Espresso, lungo ou ristretto ? Seul pays arabe colonisé par les Italiens, la Libye, comme ses anciens occupants, ne badine pas avec les nuances de café. À l'approche du ramadan, les jeûneurs se préparent à se priver de leur dose de caféine pendant la journée.

Comme tous les musulmans pratiquants, les Libyens observent le jeûne durant le mois du ramadan qui commence en fin de semaine. Du lever au coucher du soleil, il leur est interdit de manger et de boire, y compris évidemment du café.

Dans le centre de la capitale Tripoli, des hommes, plus rarement des femmes, se réunissent devant les innombrables cafés, souvent de minuscules échoppes équipées d'imposantes machines très sophistiquées venues d'Italie.

"Le café que les Libyens boivent en 16 heures en temps normal, ils le boivent en deux heures pendant le ramadan, après le coucher du soleil", s'amuse Mohamed Zourgani, qui tient un café au coeur de la médina, la vieille ville.

Hérité de son grand-père qui l'avait acheté à un Libyen juif dans les années 1950, le petit commerce de l'homme de 31 ans, à la barbe bien taillée, ne désemplit pas. Et le ramadan ne l'inquiète pas : après la rupture du jeûne, ses clients vont se ruer pour "se rassasier de café aussi naturellement qu'on boit de l'eau".

La tradition du café remonte au XVe siècle en Libye. Cultivés au Yémen, les grains voyageaient de la péninsule arabique vers l'Europe notamment via la Libye. Puis, sous l'influence des Italiens, succédant aux Ottomans en 1911, les Libyens adoptent le fameux espresso en plus de l'épais café turc, qu'ils appellent "café arabe".

Variantes italiennes 

"L'ancienne génération est encore attachée au café arabe mais les jeunes commandent surtout de l'espresso ou du macchiato" (café surmonté d'une mousse de lait), raconte Mohamed Zourgani, pendant que ses employés versent à tour de bras l'aromatique liquide noir dans des gobelets en carton.

"Même en pleine guerre, les Libyens ne peuvent pas se passer de leur café", ironise le jeune patron, en référence aux violences armées qui ont secoué le pays depuis la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi, à la faveur de la révolution de 2011.

À Tripoli, la vie a repris et les cafés font le plein. Sur une terrasse ou un bout de trottoir, on installe parfois des tables de bar autour desquelles, sirotant une "tazza" de café à moins d'un euro, on se raconte la journée ou on se désole du chaos politique.

Les cartes de boissons chaudes abondent de variantes à l'italienne, de l'espresso, pour les puristes, à l'affogato (sans alcool), pour les plus gourmands. Et comme à Rome, l'americano s'avère plus corsé qu'ailleurs dans le monde.

À la terrasse d'un autre café de la médina, des hommes de tous âges devisent tranquillement autour d'un café. Emmitouflé dans une doudoune et un bonnet, Abdel Basset Hamza a abandonné son magasin de valises pour commander rapidement son café de fin d'après-midi.

Soirées caféinées 

"Il n'y a rien qu'on boive plus que le café", constate l'homme de 63 ans à la barbe blanche, un latte à emporter bien en main.

Dans les pays voisins, "vous ne trouvez pas de café de cette qualité, fait de cette manière avec de telles machines", s'enorgueillit le commerçant, qui tient aussi à boire "tous les matins" la version turco-arabe de sa boisson préférée.

Alors pendant le ramadan, "on pense toute la journée au café que l'on va boire", confie-t-il. Et directement après la prière du coucher du soleil, il s'en donne à coeur joie, même s'il assure avoir réduit sa consommation pour sa santé.

Buveur invétéré depuis l'adolescence, Ali Khawaja, 24 ans, appréhende comme chaque année les journées sans café. Mais le ramadan est aussi l'occasion de se réunir autour de l'envoûtant fumet de cette boisson.

"Le café est sur toutes les tables de l'iftar", le repas de rupture du jeûne, fait remarquer ce jeune habitant de la banlieue de Tripoli, veste en cuir et chevelure soigneusement brossée sur le côté. Et après l'iftar, "on passe la soirée à en boire dehors avec les amis", durant les longues nuits du ramadan.


Syrie: opération israélienne aéroportée près de Damas, selon un média d'Etat

Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays. (AFP)
Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays. (AFP)
Short Url
  • L'aviation israélienne avait frappé mardi ce site près de Kesweh, à une trentaine de km au sud de Damas, tuant six soldats syriens, selon le ministère syrien des Affaires étrangères
  • Mercredi, le site a été bombardé à nouveau, selon la télévision d'Etat, puis l'armée israélienne a "mené une opération aéroportée dont les détails ne sont pas encore connus", a rapporté l'agence de presse officielle Sana, citant une source gouvernementale

DAMAS: Un média d'Etat syrien a affirmé jeudi que l'armée israélienne avait mené mercredi soir une opération aéroportée dans un secteur au sud de Damas qu'elle avait auparavant bombardé.

Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays.

Si ce raid est confirmé, il s'agirait de la première opération du genre près de la capitale depuis l'arrivée au pouvoir en décembre d'une coalition islamiste qui a renversé le président Bachar al-Assad.

L'aviation israélienne avait frappé mardi ce site près de Kesweh, à une trentaine de km au sud de Damas, tuant six soldats syriens, selon le ministère syrien des Affaires étrangères.

Mercredi, le site a été bombardé à nouveau, selon la télévision d'Etat, puis l'armée israélienne a "mené une opération aéroportée dont les détails ne sont pas encore connus", a rapporté l'agence de presse officielle Sana, citant une source gouvernementale.

Depuis décembre, Israël a mené des centaines de frappes sur la Syrie et des incursions terrestres dans le sud du pays.

Un responsable du ministère de la Défense avait indiqué mardi à l'AFP que le site visé par Israël abritait des bâtiments de l'armée syrienne.

Des soldats syriens avaient trouvé mardi des "dispositifs de surveillance et d'écoute" dans la zone avant les frappes israéliennes, selon Sana, qui ne précise pas qui les avait installés.

"Les frappes aériennes et les drones ont continué à empêcher l'accès à la zone jusqu'à mercredi soir", avant l'opération aéroportée, a indiqué la même source.

"D'après ce que nous comprenons, les forces syriennes ont découvert des dispositifs de surveillance et de renseignement, apparemment israéliens", a expliqué au bureau de l'AFP à Jérusalem l'analyste israélienne Carmit Valensi.

"Les forces israéliennes tentaient essentiellement de démanteler les dispositifs de renseignement qui avaient été installés, afin d'empêcher qu'ils ne tombent entre les mains de diverses forces syriennes", a-t-elle ajouté.

Le site abritait des armes utilisées par le Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran et allié de M. Assad, selon selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni mais disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a fait aucun commentaire sur les frappes.

"Nos forces opèrent sur tous les théâtres de guerre, jour et nuit, pour la sécurité d’Israël", a écrit jeudi M. Katz, sans plus de détails, sur son compte X.

Israël et la Syrie sont techniquement en état de guerre depuis des décennies, mais ont entamé un dialogue sous l'égide des Etats-Unis depuis la prise de pouvoir par le président par intérim  Ahmad al-Chareh, dans le but affiché de parvenir à des arrangements de sécurité.

 


Gaza: des experts de l'ONU dénoncent des «disparitions forcées» sur des sites d'aide

Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza. (AFP)
Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza. (AFP)
Short Url
  • Les sept experts indépendants ont assuré dans une déclaration commune avoir reçu des informations selon lesquelles plusieurs personnes, dont un enfant, avaient disparu après avoir visité des sites de distribution d'aide à Rafah
  • L'armée israélienne était "directement impliquée dans les disparitions forcées de personnes cherchant de l'aide", ont ajouté les experts, mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, mais qui ne parlent pas au nom des Nations Unies

GENEVE: Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza.

Les sept experts indépendants ont assuré dans une déclaration commune avoir reçu des informations selon lesquelles plusieurs personnes, dont un enfant, avaient disparu après avoir visité des sites de distribution d'aide à Rafah.

L'armée israélienne était "directement impliquée dans les disparitions forcées de personnes cherchant de l'aide", ont ajouté les experts, mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, mais qui ne parlent pas au nom des Nations Unies.

"Les signalements de disparitions forcées visant des civils affamés cherchant à exercer leur droit fondamental à se nourrir ne sont pas seulement choquants, mais équivalent à de la torture", ont-ils déclaré. "Utiliser la nourriture comme un outil pour mener des disparitions ciblées et massives doit cesser immédiatement", selon eux.

De son côté, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) a déclaré jeudi qu'il n'y avait "aucune preuve de disparitions forcées" dans ses sites d'aide dans les territoires palestiniens, après que des experts de l'ONU ont fait état d'informations sur de telles exactions.

"Nous opérons dans une zone de guerre où de graves allégations pèsent contre toutes les parties opérant en dehors de nos sites. Mais à l'intérieur des installations de la GHF, il n'y a aucune preuve de disparitions forcées", a déclaré la fondation dans un communiqué à l'AFP.

L'ONU a déclaré une famine dans le gouvernorat de Gaza la semaine dernière, accusant l'"obstruction systématique" des livraisons humanitaires par Israël. Israël, qui a accusé le Hamas de piller l'aide fournie par l'ONU, a imposé un blocus total sur Gaza entre mars et mai.

Une fois que les restrictions ont commencé à s'assouplir, la GHF, une organisation privée soutenue par Israël et les États-Unis, a été créée pour distribuer l'aide alimentaire, mettant de fait à l'écart les agences de l'ONU.

Le bureau des droits de l'Homme de l'ONU a déclaré la semaine dernière qu'il avait documenté la mort de 1.857 Palestiniens cherchant de l'aide depuis fin mai, dont 1.021 près des sites du GHF.


Liban: des formations palestiniennes remettent leurs armes à l'armée

Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes. (AFP)
Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes. (AFP)
Short Url
  • Le Liban accueille environ 222.000 réfugiés palestiniens, selon l'ONU, dont une majorité vit dans des camps. En vertu d'un accord tacite, les organisations palestiniennes contrôlent ces camps où l'armée libanaise ne pénètre pas
  • Dans un communiqué, le Comité de dialogue libano-palestinien (officiel) a annoncé jeudi que "huit camions" contenant "des armes lourdes appartenant aux factions de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) ont été remis à l'armée

TYR: Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes.

Lors d'une visite à Beyrouth en mai, le président palestinien Mahmoud Abbas avait conclu avec le président libanais Joseph Aoun un accord prévoyant la remise aux autorités de toutes les armes présentes dans les camps palestiniens.

L'application de cet accord a commencé le 21 août lorsque le Fatah de Mahmoud Abbas a remis des armes dans le camp de réfugiés de Bourj al-Barajneh, à la périphérie de Beyrouth.

Le Liban accueille environ 222.000 réfugiés palestiniens, selon l'ONU, dont une majorité vit dans des camps. En vertu d'un accord tacite, les organisations palestiniennes contrôlent ces camps où l'armée libanaise ne pénètre pas.

Dans un communiqué, le Comité de dialogue libano-palestinien (officiel) a annoncé jeudi que "huit camions" contenant "des armes lourdes appartenant aux factions de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) dans les camps de Rachidiyé, Bass et Bourj Chemali ont été remis à l'armée".

Un photographe de l'AFP a vu au moins sept camions dans une caserne de l'armée dans la ville côtière de Tyr, que jouxte le camp de Rachidiyé.

Le Fatah est la plus importante composante de l'OLP dont le Hamas islamiste ou le Jihad islamique, alliés du Hezbollah libanais, ne font pas partie.

Selon le communiqué, le processus va se poursuivre dans les autres camps palestiniens du Liban.

A Ramallah, en Cisjordanie occupée, le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a confirmé que "la deuxième partie d'armes de l'OLP" dans les trois camps avait été remise, conformément à l'accord.

La remise des armes des formations palestiniennes intervient dans le cadre de la décision des autorités libanaises de désarmer tous les groupes non étatiques.

Sous forte pression américaine, le gouvernement libanais a également chargé ce mois-ci l’armée d’élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah pro-iranien d’ici la fin de l’année.

Des factions armées palestiniennes, dont le Hamas, ont revendiqué des tirs sur le territoire israélien au cours de la guerre entre Israël et le Hezbollah qui s'est terminée en novembre 2024.