France: La réforme des retraites promulguée, l'opposition ne désarme pas

«Monsieur le président de la République, ne promulguez pas cette loi ce week-end», a insisté le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger sur TF1 vendredi soir (Photo, AFP).
«Monsieur le président de la République, ne promulguez pas cette loi ce week-end», a insisté le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger sur TF1 vendredi soir (Photo, AFP).
Une manifestation après que le Conseil constitutionnel français a approuvé les éléments clés de la réforme des retraites du président français, à Nantes, dans l'ouest de la France, le 14 avril 2023 (Photo, AFP).
Une manifestation après que le Conseil constitutionnel français a approuvé les éléments clés de la réforme des retraites du président français, à Nantes, dans l'ouest de la France, le 14 avril 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 15 avril 2023

France: La réforme des retraites promulguée, l'opposition ne désarme pas

  • «Retraites: ce n'est pas fini», ont réagi les huit principaux syndicats français et cinq organisations dans un communiqué
  • L'intersyndicale demande au Parlement de délibérer à nouveau, comme le prévoit l'article 10 de la Constitution

PARIS: L'impopulaire réforme des retraites en France et sa mesure phare de recul de l'âge de départ à 64 ans a été promulguée samedi matin au Journal officiel, après la validation de l'essentiel du texte par le Conseil constitutionnel.

Après la décision du Conseil constitutionnel vendredi, les syndicats avaient demandé "solennellement" au président français Emmanuel Macron de "ne pas promulguer la loi". Une demande restée lettre morte: en promulguant le texte, M. Macron a opposé une fin de non-recevoir.

Le président français disposait de quinze jours après la validation de la plupart des mesures de la réforme par le Conseil constitutionnel pour apposer sa signature et lui donner ainsi son caractère exécutoire.

"Le code de la sécurité sociale est ainsi modifié (...) Au premier alinéa, le mot: +soixante-deux+ est remplacé par le mot: + soixante-quatre+", énonce le texte.

Le Conseil constitutionnel a validé vendredi l'essentiel de la réforme des retraites et bloqué une première demande de référendum d'initiative partagée (RIP) de la gauche, qui espérait entamer la collecte de 4,8 millions de signatures en vue d'une inédite consultation des Français.

"Il n'y a ni vainqueur ni vaincu", avait assuré la Première ministre Elisabeth Borne, évoquant "la fin du cheminement institutionnel et démocratique" du texte adopté à l'Assemblée après l'utilisation du "49.3", article controversé de la Constitution française permettant d'adopter un projet de loi sans vote.

Huées, consternation, colère 
La décision a été accueillie par des huées, de la consternation ou de la colère lors de rassemblements dans toute la France, qui ont parfois débouché sur des manifestations sauvages émaillées de dégradations.

"Certains disent que la mobilisation faiblit, moi je crois qu'elle se radicalise", a estimé Raji Aletcheredji, 24 ans, du syndicat Solidaires.

A Paris, plusieurs centaines de personnes s'étaient réunies en cortèges sauvages. Dans la soirée, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a confirmé l'arrestation de "quelques dizaines de personnes" et une "trentaine de mises à feu de poubelles".

A Rennes, dans l'ouest de la France, la porte d'un poste de police a été brièvement incendiée. Et à Marseille, dans le sud, le trafic ferroviaire a été suspendu en raison de la présence de manifestants sur les voies.

A Paris, retranché derrière des barrières anti-émeutes, le Conseil constitutionnel était sous bonne garde. Toute manifestation aux abords de son siège, dans une aile du Palais Royal, est interdite jusqu'à samedi matin. La Comédie française voisine a annulé ses représentations de vendredi.

Réunie en soirée, l'intersyndicale a souligné que la censure par le Conseil de six articles de la loi (notamment sur l'emploi des seniors) rendait ce texte, "déjà injuste", "encore plus déséquilibré".

La rencontre proposée par Emmanuel Macron aux syndicats pour mardi devra attendre: l'intersyndicale n'entend pas se rendre à l’Élysée avant le 1er mai, traditionnel rendez-vous social qu'elle souhaite transformer en "journée de mobilisation exceptionnelle et populaire".

La lutte continue
Le président du parti de droite traditionnelle LR, Eric Ciotti, a pour sa part appelé "toutes les forces politiques" à "accepter" la décision du Conseil constitutionnel.

"La lutte continue", a réagi le patron de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, tandis que la cheffe de file de l'extrême droite Marine Le Pen estimait que "le sort politique de la réforme des retraites n'est pas scellé".

Rassemblés sur le parvis de l'Hôtel de ville à Paris, des centaines d'opposants ont accueilli cette décision par des huées.

"On va continuer bien sûr, on va amplifier les manifestations, avec ou sans l'intersyndicale. Le temps va jouer pour nous. Macron sera obligé de reculer", assurait John Barlou, 37 ans.

La contestation, qui agite le pays depuis mi-janvier, s'était essoufflée lors des dernières journées d'action, notamment jeudi, la 12e.

Mais la colère reste vive même si l'exécutif espère, avec cette décision, reprendre la marche de ce second quinquennat de M. Macron, sérieusement entravé.

La France est l'un des pays européens où l'âge de départ à la retraite est le plus bas, mais avec des systèmes très différents.

L'exécutif justifie son projet par la nécessité de répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population, mais les opposants le jugent "injuste", notamment pour les femmes et les salariés aux métiers pénibles.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.