«Se tenir prêts»: à Taïwan, des habitants se préparent en cas d'invasion chinoise

Sur cette photo prise le 16 avril 2023, des étudiants participent à un cours de défense civile à l'Académie Kuma à Taipei. Lin Yuh-ting, médecin, a pris le temps, pendant son week-end, d'apprendre des conseils de défense civile qu'elle pourra transmettre à ses deux jeunes enfants en cas d'invasion de Taïwan par la Chine. (AFP).
Sur cette photo prise le 16 avril 2023, des étudiants participent à un cours de défense civile à l'Académie Kuma à Taipei. Lin Yuh-ting, médecin, a pris le temps, pendant son week-end, d'apprendre des conseils de défense civile qu'elle pourra transmettre à ses deux jeunes enfants en cas d'invasion de Taïwan par la Chine. (AFP).
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Publié le Mercredi 19 avril 2023

«Se tenir prêts»: à Taïwan, des habitants se préparent en cas d'invasion chinoise

  • «Quand la possibilité d'une guerre est là, alors je pense qu'il faut se préparer», explique Lin, 45 ans, qui a suivi une formation au sein de l'académie Kuma à Taipei
  • «Il y a d'autres moyens de se rendre utiles que d'être sur le front», ajoute-t-elle, estimant que ses deux enfants de 12 et 8 ans devraient également savoir comment réagir en cas de crise

TAIPEI : A l'image d'un nombre croissant de Taïwanais, Lin Yuh-ting, médecin, a sacrifié une partie de son week-end pour suivre une formation sur la défense civile, en cas d'invasion de son île par la Chine.

La guerre en Ukraine et deux manoeuvres militaires chinoises à grande échelle en moins de 12 mois ont fini de convaincre nombre des 23 millions d'habitants de l'île de la nécessité de se préparer au pire.

"Quand la possibilité d'une guerre est là, alors je pense qu'il faut se préparer", explique Lin, 45 ans, qui a suivi une formation au sein de l'académie Kuma à Taipei.

"Il y a d'autres moyens de se rendre utiles que d'être sur le front", ajoute-t-elle, estimant que ses deux enfants de 12 et 8 ans devraient également savoir comment réagir en cas de crise.

Les formations se veulent très concrètes: comment trouver efficacement l'abri antiaérien le plus proche ou préparer au mieux un sac de secours en cas d'évacuation.

Elles abordent aussi la désinformation en provenance de Chine, la possibilité par exemple que 1 000 missiles s'abattent simultanément sur Taïwan ou que 50 000 navires de guerre débarquent sur ses côtes.

Les responsables de la formation expliquent construire "une première ligne de défense psychologique" contre les récits chinois visant à introduire le doute sur le système démocratique taïwanais et ses capacités de défense.

Les cours d'une journée, pour un coût de 1 000 dollars taïwanais (30 euros), se terminent par une initiation aux premiers soins, comme poser un garrot ou appliquer des compresses sur une blessure.

«Résister. Survivre. Vaincre!»

Pour mieux faire passer leurs messages, les formateurs ont recours à des images de frappes de missiles russes sur des immeubles résidentiels en Ukraine et même à des extraits du film de Steven Spielberg, "Il faut sauver le soldat Ryan".

"Ça a été très difficile d'obtenir une place. Je pense que c'est dû en partie à la guerre en Ukraine", explique Lin.

Depuis janvier 2022, l'académie Kuma a formé 10 000 personnes, et les billets pour chaque nouvelle session se vendent en quelques minutes.

Cette volonté des Taïwanais de mieux faire face à une attaque d'envergure se traduit également par la participation de civils à des simulations de frappes aériennes et à la conception d'un guide dédié à une invasion chinoise.

Plusieurs magnats de l'île ont contribué financièrement à mettre en place le programme de formations de Kuma, les mêmes qui ont injecté des millions dans le budget militaire de l'île. Parmi eux figure notamment Robert Tsao, un des hommes d'affaires les plus prospères de Taïwan, fondateur du fabricant de micropuces United Microelectronics Corp (UMC).

Kuma s'est donné pour objectif de former trois millions de Taïwanais et entend accélérer le processus grâce à des cours en ligne cet été.

"Nous pouvons nous retrouver sans argent. Sans gaz. Sans eau chaude. Mais pas sans liberté", est-il écrit dans un manuel de Kuma, avec en couverture le dessin stylisé d'un ours noir de Taïwan tenant un fusil-mitrailleur.

"Nous surmonterons tous les obstacles. Résister. Survivre. Vaincre!", ajoute le texte.

«Aider les autres»

Kuma a récemment ouvert des cours entièrement réservés aux femmes, expliquant que ces dernières étaient plus nombreuses à s'inscrire que les hommes qui doivent d'ores et déjà participer à des exercices militaires.

Femme au foyer, Lai, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, a laissé son mari et ses deux enfants à la maison pour venir s'initier à la défense civile.

"Si la guerre éclate, je serai à l'arrière. Je participe à ce cours pour savoir ce que je peux faire pour aider les autres", explique la quadragénaire.

"Je dois m'assurer de savoir ce qu'il faut faire et mettre en place pour préserver la sécurité de mes enfants."

Yu Chiao-ling, comptable de 37 ans, a de son côté suivi la formation en complément d'un stage de tir en mai, afin de défendre ses parents.

"En cas de guerre, je ferai usage d'un pistolet pour défendre ma maison. Je m'occupe de mes parents, qui ont plus de 60 ans et de 70 ans. J'ai la responsabilité de leur protection", dit-elle.

"Nous devons être bien préparés, et non pas éviter de regarder la réalité en face."


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.

 


UE: quatre pays bénéficiaires de l'aide à la répartition des migrants

Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
Des migrants, interceptés dans les eaux italiennes, débarquent après l'arrivée d'un navire transportant 49 migrants au port albanais de Shengjin, le 28 janvier 2025.(AFP)
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  • La Commission européenne propose de relocaliser au moins 30.000 demandeurs d’asile depuis l’Italie, l’Espagne, la Grèce et Chypre vers d’autres États membres pour alléger la pression migratoire sur ces pays
  • Les 27 pays de l’UE doivent désormais négocier : chaque État devra soit accueillir des migrants, soit verser 20.000 € par personne — un débat déjà tendu entre pays réticents

BRUXELLES: La Commission européenne a annoncé mardi que l'Italie, l'Espagne, la Grèce et Chypre devraient recevoir de l'aide pour répartir ailleurs au moins 30.000 demandeurs d'asile et ainsi alléger la "pression migratoire" pesant sur ces pays.

Cette annonce va ouvrir des négociations délicates entre les 27 États membres de l'Union européenne (UE), dont nombre d'entre eux se montrent réticents à l'idée d'en accueillir.

L'UE a adopté en 2024 une réforme de sa politique sur la migration et l'asile, qui va bientôt entrer en vigueur.

L'élément clé est un nouveau système de "solidarité" visant à aider les pays méditerranéens considérés par Bruxelles comme étant sous "pression migratoire".

Les autres pays devront soit accueillir une partie des demandeurs d'asile en provenance de ces pays, soit leur verser une aide financière de 20.000 euros par migrant.

Les États membres ont cherché à influencer la décision de la Commission, ce qui a retardé son annonce d'un mois.

"La Grèce et Chypre subissent une forte pression migratoire du fait du niveau disproportionné des arrivées au cours de l'année écoulée", a déclaré mardi la Commission dans un communiqué.

"L'Espagne et l'Italie subissent également une forte pression migratoire du fait d'un nombre disproportionné d'arrivées à la suite d'opérations de sauvetage et de recherche en mer durant la même période", a-t-elle ajouté.

Cette annonce servira de base aux négociations entre États membres sur le nombre supplémentaire de demandeurs d'asile que chacun est disposé à accueillir, ou le montant de l'aide financière qu'il est prêt à apporter.

Certains pays ont déjà assuré qu'ils n'accueilleraient personne dans le cadre de ce dispositif et qu'ils se limiteraient à verser de l'argent.

Au moins 30.000 migrants devront être "relocalisés" chaque année dans le cadre du nouveau système. Le nombre définitif reste à déterminer, et la décision de qui ira où doit être prise d'ici fin décembre.