La Ligue arabe réintègre la Syrie après onze ans d'absence

Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukry, le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit et le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe Hossam Zaki lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe au Caire, le 7 mai 2023 (Photo, AFP).
Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukry, le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit et le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe Hossam Zaki lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe au Caire, le 7 mai 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 08 mai 2023

La Ligue arabe réintègre la Syrie après onze ans d'absence

  • Selon M. Aboul Gheit, la réintégration de la Syrie n'équivaut pas à la normalisation des relations individuelles de tous les pays arabes avec Damas
  • «L'isolement régional de la Syrie est officiellement rompu» explique un expert qui qualifie la décision de la Ligue arabe de «victoire diplomatique» pour M. Assad

LE CAIRE: La Ligue arabe a réintégré dimanche le régime syrien dans ses rangs, mettant fin à une suspension de plus de dix ans et assurant le retour du président Bachar al-Assad dans le giron arabe après des années d'isolement.

Les délégations du gouvernement syrien «siégeront de nouveau à la Ligue arabe» à partir de dimanche, indique un communiqué publié à la suite d'une décision unanime des ministres des Affaires étrangères de la Ligue.

Le prince Faisal ben Farhane, ministre saoudien des Affaires étrangères, a participé à la réunion ministérielle qui s'est tenue au siège de la Ligue au Caire.

Les ministres «ont discuté des efforts réalisés pour parvenir à une solution politique à la crise syrienne qui mette fin à ses répercussions et préserve l'unité, la sécurité, la stabilité et l'identité arabe de la Syrie, et la réintègre dans son environnement arabe, pour le bien de son peuple frère», indique le ministère saoudien des Affaires étrangères sur Twitter.

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a déclaré dans un communiqué télévisé que cette décision permettrait à M. Assad de participer au prochain sommet de la Ligue, qui se tiendra le 19 mai. Il a ajouté que cette décision s'inscrivait dans le cadre d'un processus graduel de résolution du conflit.

«Cela ne signifie pas que la crise syrienne a été résolue, bien au contraire», a-t-il affirmé, «mais cela permet aux (États) arabes de communiquer avec le gouvernement syrien pour la première fois depuis des années afin de discuter de tous les problèmes».

Selon M. Aboul Gheit, la réintégration de la Syrie ne signifie pas que tous les pays arabes ont normalisé leurs relations avec Damas.

Le retour de la Syrie au sein de l'organisation est «le début... et non la fin de la question», a-t-il ajouté, précisant qu'il appartenait à chaque pays de décider de renouer ou non des liens avec Damas.

Le conseil de la Ligue des États arabes a salué les déclarations arabes publiées par la réunion de Djeddah sur la Syrie le 14 avril et la réunion d'Amman sur la Syrie le 1er mai 2023.

Le conseil a également décidé de former un comité ministériel composé de la Jordanie, de l'Arabie saoudite, de l'Irak, du Liban, de l'Égypte et du secrétaire général de la Ligue pour assurer le suivi de la mise en œuvre de la déclaration d'Amman, qui envisage une résolution «progressive» de la crise syrienne, et pour poursuivre le dialogue direct avec le régime.

Le Premier ministre syrien, Hussein Arnous, a déclaré dimanche que la Syrie était victime depuis douze ans de «campagnes de désinformation et de déformation lancées par nos ennemis».

Il a indiqué que les consultations de dimanche reflétaient la «position prestigieuse» qu'occupe la Syrie sur les plans régional et international.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a appelé à la «coopération arabe» et à «une approche arabe efficace et constructive (...) basée sur le dialogue, le respect mutuel et les intérêts communs des pays arabes».

La dernière participation de M. Assad à un sommet de la Ligue arabe remonte à 2010. Les dirigeants de l'opposition ont participé au sommet de la Ligue arabe à Doha en 2013, provoquant la colère de Damas.

«L'isolement régional de la Syrie est officiellement rompu», a affirmé l'expert Fabrice Balanche, qualifiant la décision de dimanche de «victoire diplomatique» pour M. Assad.

En avril, le prince Faisal a effectué la première visite à Damas d'un représentant officiel de l'Arabie saoudite depuis le début de la guerre. Ce séjour a suivi de quelques jours la visite du ministre syrien des Affaires étrangères, Faisal Mekdad, qui effectuait également le premier voyage de ce type dans le Royaume.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nucléaire : Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à entamer des négociations sans « préconditions »

Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025.  (Photo de Joe Klamar / AFP)
Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025. (Photo de Joe Klamar / AFP)
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  • es ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.
  • Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

PARIS : Selon une source diplomatique française, les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.

Lundi soir, Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul ont eu un entretien avec la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, et ont en outre « appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire », comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères a fait état d'un appel entre le ministre iranien des Affaires étrangères et chef négociateur pour le nucléaire et ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas. 

Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ainsi que l'UE, sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les États-Unis s'étaient retirés unilatéralement.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les États-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année, qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations était prévu la semaine dernière, mais il a été annulé après les frappes israéliennes.

Les États-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, que des experts considèrent comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été transmis par les ministres français, britannique et allemand à Israël « sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, les infrastructures et les populations civiles », selon une source diplomatique française.


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.