YouGov: Les Palestiniens saluent à 80% la médiation chinoise, dénoncent la partialité américaine

En mars, cinq jours de discussions intenses à Pékin ont abouti à un accord entre l'Arabie saoudite et l'Iran (Photo, AFP).
En mars, cinq jours de discussions intenses à Pékin ont abouti à un accord entre l'Arabie saoudite et l'Iran (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 15 mai 2023

YouGov: Les Palestiniens saluent à 80% la médiation chinoise, dénoncent la partialité américaine

  • Après le succès de la médiation de Pékin dans l'accord diplomatique entre l'Arabie saoudite et l'Iran en mars, 80% des personnes interrogées sont favorables à un rôle de la Chine dans les négociations de paix israélo-palestiniennes
  • «L'idée que les États-Unis puissent être le seul intermédiaire pour un accord de paix entre Israël et les Palestiniens n’est tout simplement plus crédible»

LONDRES: La majorité des Palestiniens considèrent la Chine et la Russie comme des médiateurs potentiellement efficaces pour leurs pourparlers de paix avec l'État d'Israël, révèle une enquête récente.

L'enquête, réalisée par YouGov en mai à la demande d'Arab News, montre que le médiateur potentiel préféré des Palestiniens est la Russie, suivie de près par l'Union européenne et la Chine. Les États-Unis sont loin d'être appréciés par les habitants de la Cisjordanie et de la bande de Gaza.

«La Russie n'a pas trahi ceux qui plaçaient leurs espoirs en elle», a affirmé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, commentant les résultats de l'enquête sur les préférences des Palestiniens.

«Moscou continue de croire que le cadre juridique international existant, l'initiative de paix arabe d'Al-Taif et le travail de fond réalisé entre Israéliens et Palestiniens tout au long du processus de négociation pour une solution à deux États peuvent servir de base à la reprise des négociations directes entre les parties au conflit», indique le département de l'information et de la presse du ministère russe des Affaires étrangères dans un commentaire à Arab News.

«Notre position est claire, immuable et ne dépend pas de la conjoncture politique», ajoute le département, «nous le répétons sans cesse à nos amis palestiniens et à la partie israélienne.»

En octobre dernier, l'Autorité palestinienne a informé le président russe Vladimir Poutine que les Palestiniens n'envisageaient la médiation des États-Unis que si ces derniers faisaient partie du Quartet, un quatuor de pays qui inclut la Russie.

Au vu du succès de la médiation de Pékin dans l'accord diplomatique entre l'Arabie saoudite et l'Iran en mars, 80% des personnes interrogées, qui ont exprimé une opinion claire sur le sujet, sont favorables à un rôle de la Chine dans les négociations de paix israélo-palestiniennes.

En décembre, le président Xi Jinping a exprimé, lors d'une visite officielle à Riyad, la volonté de son pays de contribuer à la résolution du conflit entre l'Arabie saoudite et l'Iran. En mars, cinq jours de discussions intenses à Pékin ont abouti à un accord qui prévoit le respect de la souveraineté des pays de la région, le rétablissement des liens diplomatiques et la relance des traités bilatéraux précédemment conclus entre l'Iran et l'Arabie saoudite.

Après cette avancée, la Chine a proposé en avril, dans un contexte de tension croissante à Jérusalem, de servir de médiateur pour les négociations de paix entre Israël et la Palestine, appelant à leur reprise dans les plus brefs délais.

Contrairement à la préférence chinoise, près de 60% des participants au sondage ne font pas confiance à une médiation américaine dans les négociations israélo-palestiniennes, même si – ou parce que – 86% d'entre eux estiment que les États-Unis exercent une influence considérable sur Israël.

«Les Palestiniens n'ont jamais considéré les États-Unis comme un intermédiaire neutre ou équitable», a déclaré Chris Doyle, directeur du Council for Arab-British Understanding (CAABU), basé à Londres, ajoutant que «les dirigeants (palestiniens) ont toléré les États-Unis parce que ces derniers ont constitué pendant de nombreuses années la seule superpuissance mondiale. Ils n'avaient tout simplement pas d'autre choix.»

«Plusieurs raisons expliquent pourquoi les Palestiniens, y compris les dirigeants, n'ont jamais considéré les États-Unis comme un intermédiaire responsable», a-t-il indiqué à Arab News.

«Les États-Unis déclarent ouvertement qu'ils sont pro-israéliens, qu'ils ont une alliance stratégique avec l'État d'Israël. Ils adoptent régulièrement des résolutions pro-israéliennes au Congrès et, évidemment, opposent leur veto aux tentatives d'adoption de résolutions du Conseil de sécurité critiquant l'État d'Israël et sa conduite», a expliqué M. Doyle.

Selon lui, «la position des États-Unis dans la région est clairement en déclin», ce qui «s'explique en partie par les décisions des présidents successifs, depuis l'administration Obama, de s'orienter vers l'Asie, de moins traiter avec le Moyen-Orient et d'éviter de se retrouver dans des conflits prolongés».

«Nous constatons donc que les États-Unis déploient de moins en moins d'efforts de médiation dans la région et s'impliquent de moins en moins. Ils sont toujours présents – ce n'est pas un non-acteur – mais ils ne le sont plus autant qu'avant. Cette approche diffère de celle qui prévalait, par exemple, sous l'administration Clinton ou lorsque John Kerry pratiquait une diplomatie dynamique il y a une dizaine d'années.»

L'Union européenne est le deuxième médiateur préféré des personnes interrogées pour le sondage parmi les cinq grandes puissances proposées, à savoir les États-Unis, l'Union européenne, le Japon et la Chine, aux côtés de la Russie. Or, selon M. Doyle, «le problème de l'Union européenne est qu'elle est de plus en plus divisée. Un grand nombre de pays d'Europe centrale et orientale s'éloignent de plus en plus du consensus international en place depuis 1980».

«Il existe un noyau dur d'États d'Europe occidentale qui adoptent des positions raisonnables fondées sur le droit national international», a-t-il poursuivi. «L'idée de voir l'Union européenne jouer un rôle de médiateur semble donc improbable à l'heure actuelle, car elle ne dispose pas de l'unité nécessaire pour jouer ce rôle.»

M. Doyle a souligné que l'Union européenne «doit avoir le courage politique d'agir de cette manière et d'ignorer les pressions que les États-Unis et Israël pourraient exercer sur [elle]. Jusqu'à présent, la volonté politique n'a pas été suffisante»

Un meilleur modèle de médiation impliquerait, selon M. Doyle, «l'intervention des Nations unies, avec la participation des grandes puissances, y compris les États-Unis, qui seraient les garants de tout accord issu de ce type de processus».

Certaines personnes interrogées ont également attribué l'échec récurrent des pourparlers de paix à la partialité des États-Unis à l'égard d'Israël. M. Doyle a estimé que «l'idée que les États-Unis puissent être le seul intermédiaire pour un accord de paix entre Israël et les Palestiniens» n'était «tout simplement plus crédible. Non seulement pour ceux qui sont à l'extérieur, mais surtout pour les Palestiniens».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Premier ministre du Qatar juge le cessez-le-feu à Gaza incomplet sans "un retrait total" d'Israël

Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
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  • Le Qatar affirme qu’un cessez-le-feu réel à Gaza ne peut être atteint sans un retrait total des forces israéliennes et le rétablissement de la stabilité dans l’enclave
  • Les médiateurs — Qatar, Turquie, Égypte et États-Unis — travaillent à une seconde phase incluant retrait complet, désarmement du Hamas et déploiement d’une Force internationale de stabilisation (FIS)

DOHA: Le cessez-le-feu dans la bande de Gaza reste incomplet sans un "retrait total" des forces israéliennes du territoire palestinien, a affirmé samedi le premier ministre du Qatar, pays médiateur dans le conflit.

"Nous sommes à un moment critique (...) Nous ne pouvons pas encore considérer qu'il y a un cessez-le-feu, un cessez-le-feu ne peut être complet qu'avec le retrait total des forces israéliennes, (et) un retour de la stabilité à Gaza", a affirmé Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, lors d'une conférence à Doha.

Après deux ans de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, les pays médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - ont arraché un accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 10 octobre.

La première phase prévoyait la restitution de tous les otages du 7-Octobre - les vivants comme les morts dont un dernier doit encore être remis à Israël - , en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens, ainsi qu'un retrait partiel des forces israéliennes de Gaza.

La deuxième étape du plan, qui n'a pas encore été approuvée, prévoit le retrait total de l'armée israélienne, le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation (FIS).

"En ce moment, nous (...) le Qatar, la Turquie, l'Égypte, avec les États-Unis, nous nous réunissons pour faire avancer la prochaine phase", a relevé le premier qatari. "Et cette prochaine phase est également temporaire de notre point de vue" dans l'attente d'une "solution durable", a-t-il ajouté.

Des discussions sur la structure de la FIS et les pays qui pourraient y participer sont en cours, a affirmé de son côté le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

Mais le premier objectif de cette force doit être "de séparer les Palestiniens des Israéliens", a-t-il souligné. "Cela doit être notre objectif principal. Ensuite, nous pourrons aborder les autres questions en suspens".

Ankara a indiqué qu'elle souhaitait participer à la FIS, mais Israël l'accuse d'être trop proche du Hamas, dont l'attaque sans précédent sur Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre à Gaza.

"La seule manière viable de terminer cette guerre est de s'engager sincèrement et fermement dans des pourparlers de paix", a également affirmé M.Fidan.

Egalement présent à Doha, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Badr Abdelatty, a rencontré son homologue qatari, en marge de la conférence.

Les deux hommes ont appelé à "la formation rapide de la FIS pour lui permettre de remplir son mandat", a indiqué le ministère égyptien.

Ils ont également "souligné l'importance de poursuivre les efforts visant à mettre en oeuvre l'accord de paix (...) dans toutes ses étapes, à consolider le cessez-le-feu".


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com